MUSCLE CARS' SONT DES VOITURES QUI DECHIRENT!
CASTLE CARS: LA PASSION POUR LES OLDTIMERS
Impossible de passer à côté quand on allume la télé sur Discovery Channel: les émissions avec des voitures ont la cote. La restauration et la customisation d'oldtimers y jouent un rôle important. “Les émissions de télé américaines font une excellente promotion pour l'oldtimer", trouvent Steve De Raeymaecker et Barbara Dierickx de Castle Cars, “mais pour avoir un véritable aperçu du temps et du travail que nécessite le perfectionnement d'un oldtimer, mieux vaut passer chez nous." CarFix s'est donc rendu à Hamme et a été séduit par l'accueil, digne des authentiques garages de muscle cars, … sans parler des voitures dans l'atelier.
LA PASSION DES VOITURES VINTAGE
Quand on est un passionné de voiture, il faut avoir une fameuse dose de self-contrôle pour rester de marbre à la vue d'une Mustang, d'une Firebird ou d'une Corvette vintage. Les gérants de Castle Cars ont le rythme cardiaque qui s'emballe face à une carrosserie old-school. Et c'est de cette passion qu'est né le garage à Hamme.
Retrousser ses manches
“Je suis dans le secteur automobile depuis plus de vingt ans", commence Steve De Raeymaecker. “Et j'ai exercé à peu près tous les métiers automobiles, de mécanicien à vendeur. Mon amour des oldtimers a commencé très tôt. Après journée, je passais des heures à bricoler sur ma voiture. C'est ça qui me plaît avec les oldtimers: il s'agit encore d'une vieille mécanique et il faut mettre les mains dans le cambouis. Idem pour la carrosserie: on peut y aller au marteau de débosselage."
“Les oldtimers sont des voitures qui déchirent!", poursuit Barbara Dierickx avec enthousiasme. “Quand on roule avec, on sent et on entend le magnifique bruit du moteur, … nous sommes tous les deux fans des oldtimers."
De hobby à activité complémentaire puis entreprise à part entière
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Le bricolage d'oldtimers a séduit d'autres fanatiques et Steve a reçu de plus en plus de demandes d'entretien et/ou de restauration. Au bout d'un moment, il a créé un garage avec Barbara en activité complémentaire à Buggenhout. “Mais après six mois, je me suis rendu compte que je ne pourrais pas répondre à toutes les demandes sans y travailler à temps plein. Nous avons donc créé Castle Cars en 2016. Peu après, un autre problème s'est posé: étant donné notre démarrage sur les chapeaux de roue, nous avons vite manqué d'espace, tant pour l'atelier que pour le stockage. Nous avons donc dû chercher quelque chose de plus grand."
“Cet endroit possède une histoire", se souvient Barbara. “A l'époque, Steve a travaillé pour un pensionné de Hamme sur une Peugeot de 1930. Autrefois, celui-ci avait tenu un garage-carrosserie juste à côté de chez lui. Nous avons gardé le contact et lorsque nous avons cherché à nous agrandir, ce fut l'endroit rêvé."
“L'atelier était entièrement équipé, avec les ponts élévateurs et autres équipements. Aujourd'hui, nous louons ce bâtiment et le propriétaire est juste à côté", complète le patron. “Etant donné le succès dès le début, nous avons aussi un grand entrepôt à Zele, qui abrite une vingtaine de project cars (et leurs pièces)."
TOUS LES TRAVAUX AUTOMOBILES
Projets: fiction & réalité
Le mot 'project cars' vient de tomber. Les 'big builds' - les gros projets de restauration et de customisation - sont ce qui rend les émissions américaines aussi attrayantes. Mais derrière ce qui est restauré dans une émission de télé, se cache bien plus de travail héroïque, comme peut en témoigner le gérant de Castle Cars: “Il s'agit d'une magnifique promotion pour les oldtimers, mais l'émission ne donne pas une image très réaliste. Lors d'un voyage aux USA, nous avons visité les ateliers de certains 'garages télé' célèbres. Cela ne correspond pas à ce qu'on voit à la télé. En fait, ces ateliers ne sont pas beaucoup plus grands que le nôtre. L'émission travaille donc avec plusieurs sous-traitants qui se chargent chacun d'une partie de la restauration. Souvent, c'est planifié des mois à l'avance. Donc, cela va vite. Les vrais projets peuvent prendre des mois, voire des années."
De la mécanique à la carrosserie
Chez Castle Cars, tout est fait en interne. “Nous effectuons non seulement les réparations mécaniques et l'entretien, mais aussi le travail de carrosserie", explique Steve. “Sinon, on est toujours dépendant de quelqu'un d'autre pour avancer dans le travail. Nous ne faisons une entorse que pour le véritable travail de peinture, car nous ne possédons pas de cabine de pistolage. L'ancienne entreprise de notre propriétaire en possédait une, mais elle a été détruite par un incendie. En principe, nous avons toutes les autorisations - et la place - pour installer une cabine. Par conséquent, c'est une possibilité pour l'avenir." Depuis peu, De Raeymaeckere effectue tous ses travaux avec un mécanicien à temps plein.
“Et le samedi, un carrossier vient me donner un coup de main pour le travail de carrosserie sur les oldtimers. Ce jeune homme est venu se présenter spontanément, parce qu'il voulait s'occuper de ce genre de carrosserie. Il n'en a pas l'occasion avec son travail quotidien dans une entreprise de carrosserie moderne."
La chasse
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“Un élément important d'une entreprise d'oldtimers est bien sûr la chasse", dévoile le garagiste. “J'entends par-là la recherche d'oldtimers, mais également la quête de pièces adéquates pour tel modèle de telle année. C'est peut-être surprenant, mais on fait encore parfois de magnifiques trouvailles dans de vieilles remises, même en Belgique. Récemment, on nous a appelés pour quatre voitures d'Europe de l'Est datant des années 50 et 60, avec encore les papiers d'origine de la RDA. Elles étaient en train de prendre la poussière dans un entrepôt oublié et ont été découvertes, lorsque le propriétaire de l'entrepôt est décédé. Les histoires des voitures constituent souvent une grosse valeur ajoutée", déclare le gérant. “Une histoire bien documentée est très précieuse. 60 à 70% des oldtimers que nous voyons passer à l'atelier, ont une histoire qui mérite d'être racontée."
Le monde à portée de main
“Effectivement, la recherche - surtout de pièces spécifiques - est aussi difficile qu'il y paraît", déclare Barbara, qui se charge souvent de ce type de tâche. “Heureusement, nous avons plusieurs fournisseurs qui peuvent nous fournir des pièces 'exotiques'. Bien sûr, Internet est aussi une bénédiction pour ce type de travail. Nous surveillons aussi bien les sites spécialisés que les sites où les particuliers proposent des voitures d'occasion." “Et si une pièce est vraiment introuvable, nous la produisons nous-mêmes", conclut Steve. Le web est aussi très important pour la vente. “Notre site accueille des visiteurs du monde entier", déclare Barbara. “Nous vendions déjà des véhicules dans les pays voisins, mais certains de nos ancêtres ont aussi trouvé un nouveau foyer en Italie, en Croatie, en Suède, …"
“Ces derniers temps, même les Américains achètent des oldtimers en Europe", déclare le gérant. “Ils achètent des voitures américaines, parce que l'Europe s'est forgé une meilleure réputation en matière de restauration. Depuis peu, les Alfa Romeo vintage sont aussi en vogue, car elles ont été moins importées vers les USA."
Véhicules plus récents
Outre des travaux sur les oldtimers, le garage de Hamme effectue aussi l'entretien de véhicules modernes et vend des voitures d'occasion récentes. “Nous n'allons pas refuser du travail", explique De Raeymaecker. “Souvent, il s'agit de personnes du coin ou de clients oldtimer qui ont aussi une voiture plus récente à entretenir ou à vendre. Nous les aidons avec plaisir, mais c'est surtout pour les oldtimers que notre cœur bat."
Steve préfère aussi ne pas toucher aux véhicules notoirement problématiques qui ont été construits de l'autre côté de la Manche. “Les véhicules anglais sont une sorte à part et je ne les aime pas trop. Je préfère renvoyer vers un spécialiste du coin qui pourra certainement faire quelque chose. Je trouve que la collaboration entre les garages est une bonne chose."
INDEPENDANCE ET LEGISLATION
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Une route dégagée et un moteur ronflant … l'oldtimer est souvent considéré comme l'incarnation de la liberté et de l'indépendance. Ce sont aussi des choses auxquelles Castle Cars tient beaucoup. “Nous ne sommes membre d'aucun groupement d'achat ou concept de garage", explique la gérante. “De par notre situation, nous sommes proches de plusieurs fournisseurs avec lesquels nous entretenons de bons contacts."
Toutefois, Castle Cars est membre de la fédération automobile Traxio. “Principalement parce qu'ils nous informent des modifications en matière de gestion et de législation. Et il y a beaucoup de choses à surveiller."
Garages indépendants
“L'ouverture d'un établissement à plein temps a pris beaucoup de temps", se souvient Steve. “La législation à laquelle nous devons répondre, est très vaste. C'est pourquoi j'ai souvent du mal avec les acheteurs qui n'hésitent pas à faire des affaires sans numéro de TVA. Comment les clients peuvent-ils avoir confiance dans notre secteur? Je trouve que chacun dans le secteur automobile doit prendre ses responsabilités et se mettre en ordre. La voiture joue un rôle de plus en plus important dans la vie de nos clients et une petite négligence peut avoir des conséquences catastrophiques. Il faut avoir le sens des responsabilités!"
ENVIRONNEMENT ET VIEUX MOTEURS
En cette période d'écologisme (éventuellement poussé à l'extrême), les oldtimers ne cadrent guère avec l'attention pour les normes d'émission. Dans le secteur de l'oldtimer, Castle Cars ne constate pas forcément un recul, ce qui ne signifie pas qu'on ne percevra rien, lorsque les mesures entreront en vigueur. “L'incertitude et le règne de terreur qu'évoquent les zones à faible émission, sont désastreux pour les nombreux amateurs qui vivent dans ces villes", explique De Raeymaecker.
“Depuis les zones à faible émission à Anvers, nous avons racheté et sorti des garages une dizaine d'oldtimers. Les gens se sentent visés et ne savent pas quel durcissement peut encore leur tomber dessus. Alors, ils choisissent de jouer la carte de la sécurité et vendent leur petit bijou."
La voiture est visée
De manière générale, les gérants de Castle Cars trouvent que la voiture est souvent dénigrée: “Dans le débat autour du réchauffement climatique, des causes et des solutions possibles, on prend souvent des mesures disproportionnées au détriment de l'automobile. En fait, sa part est assez limitée, comparé aux émissions industrielles, par exemple. Pourtant, on introduit des zones à faible émission et voilà qu'il faut supprimer d'un coup tous les diesels."
Electrification
Steve a aussi un avis bien tranché concernant les véhicules électriques (EV): “Je n'y crois guère. Il faut toujours produire de l'électricité et la plupart des EV n'ont toujours pas l'autonomie nécessaire pour que le Belge se sente confortable. Je crois plus à l'hydrogène combiné à un moteur à combustion, mais cette technologie est un peu reléguée à l'arrière-plan avec toute cette attention pour l'électrification directe." Barbara est plus positive à l'égard de la conduite électrique, mais cette dernière n'apporte pour le moment aucune opportunité directe au secteur de l'oldtimer: “Cela fait plusieurs années que nous avons un oldtimer qui serait idéal pour un entraînement électrique. Hélas, la législation reste à la traîne et c'est encore un véritable chemin de croix administratif pour convertir ce genre de véhicule en version électrique afin de pouvoir l'utiliser sur la route en toute légalité. Cela pourrait pourtant apporter une solution aux nombreux amateurs dans les zones à faible émission. Mais bien sûr, il reste des petrol heads purs et durs qui n'échangeraient leur carburateur et leur pétrole raffiné pour rien au monde."
LE BOUCHE-A-OREILLE
Castle Cars ne fait pas vraiment de publicité. Cela se limite à la distribution de flyers et à une présence à certains meetings d'ancêtres locaux. “Notre réputation et notre spécialisation sont sans aucun doute bien connues dans le monde des oldtimers grâce au bouche-à-oreille", dit Barbara. “Finalement, c'est la meilleure manière de fonctionner. Les clients satisfaits amènent leurs connaissances et c'est comme ça que votre notoriété s'étend comme une tache d'huile dans le secteur."
“Au niveau des projets - le plus gros travail - notre carnet de commandes est plein pour 3 à 4 mois", complète le gérant. “Nous abordons ces travaux de manière très ciblée et progressivement afin de pouvoir fournir du travail de qualité. Les clients sont compréhensifs. Dans le monde de l'oldtimer, il n'est pas exceptionnel d'attendre plusieurs mois avant de pouvoir rouler avec le véhicule de ses rêves. Mais cette attente en vaut la peine!"