Oxygène prospère à Neufchâteau depuis 25 ans
"On ne peut survivre qu'en se diversifiant"
Il y a 25 ans, Guy Pierrard a transformé le garage de son père à Neufchâteau en une librairie-presse qu’il a baptisée 'Oxygène'. Une riche idée, puisque aujourd'hui encore, son commerce reste une référence dans la région. Les articles de presse font également partie de l'assortiment et les produits du tabac ont été ajoutés récemment, mais dans une mesure très limitée. Les jeux de loterie, quant à eux, représentent 20% du chiffre d'affaires.
Des moteurs aux livres
Un défi de taille
Dans la petite ville de Neufchâteau, le long d'une route très fréquentée, se trouve la grande librairie-presse Oxygène. Nous parlons volontairement d’une 'librairie', même si elle vend des journaux, de nombreux magazines et un petit assortiment de tabac.
Tout commence en 1999 dans le bâtiment qui abritait autrefois le garage automobile du père de l'actuel propriétaire, Guy Pierrard. À l'époque, Guy est encore un enseignant passionné de lecture qui a envie de relever un nouveau défi. Pourquoi ne pas ouvrir une librairie?

Deux agrandissements
Ses deux premières tentatives de reprise d'une librairie existante étant tombées à l’eau, il décide de créer sa propre entreprise de vente de livres et d'articles de presse: 'Oxygène'. Le garage était de toute façon inoccupé. Au bout de six ans, le magasin est devenu trop petit et s'est donc agrandi un peu.
Jeux de hasard et crise
Petit à petit, le magasin a grandi et a proposé des jeux de la Loterie Nationale. Cela n'a été possible qu'après environ sept ans, car une licence était alors disponible dans la région. "Nous ressentons la crise. Les clients essaient de 'limiter' les jeux avec les produits de la Loterie Nationale. L'un des moyens de maintenir l'intérêt pour ce segment est de publier régulièrement des nouvelles sur Facebook, par exemple lorsque quelqu'un a gagné une somme importante chez nous", explique le gérant.
Un mètre de tabac
Cela ne fait que cinq ans que Guy a 'autorisé' une gamme très limitée de produits du tabac dans son magasin. Par principe, tout simplement à cause du nom du magasin, 'Oxygène'. Et aussi parce que d'autres librairies, des supermarchés et une station-service vendaient ces produits à proximité immédiate. "Lorsque cela n’a plus été le cas, j'ai choisi de proposer une gamme limitée d'un mètre courant de tabac. Et nous en sommes toujours au même point aujourd’hui", poursuit Guy, en riant.
Journaux et magazines
Presse flamande
Oxygène veut avant tout être un magasin pour tous, avec une vision large du monde. Un large assortiment de livres donc, mais aussi de journaux et de magazines. Si, à l'origine, il vendait une centaine de journaux par jour, la librairie en écoule entre 15 et 30 aujourd’hui, et un peu plus le samedi et le lundi (sport). Là-bas, au fin fond de l’Ardenne, les journaux flamands ont également eu leur petit succès (tourisme), mais ce n'est plus vraiment le cas aujourd'hui. La faute aux abonnements numériques, sans doute.
Deux-cents pages
Selon Guy, la presse périodique constitue une part importante de son offre: "D'ailleurs, on trouve beaucoup de magazines aussi complets que des livres aujourd’hui. Un magazine sur un thème comme la philosophie, la moto ou la nature, par exemple, peut vite faire 200 pages. Comme un livre. Grâce à ma situation géographique, j'ai l'avantage d'avoir un magasin de vélos à proximité. Les magazines spécialisés sur le cyclisme et les courses cyclistes ont un impact non négligeable sur les ventes."
La fin des magazines TV
Ces gros magazines n'existaient pas il y a 25 ans, "à l'époque où Télé Moustique et Ciné-Télé-Revue passaient sans problème au comptoir", explique Guy. Il a été attristé par 'l'érosion' de ces magazines. "J'ai du mal à vraiment expliquer cette tendance: est-ce parce que les clients achètent ces magazines ailleurs ou parce qu'ils sont tranquillement passés au numérique? Il se peut aussi qu'ils se contentent des pages TV d'un Femmes d'Aujourd'hui."
Il note également que les consommateurs d'aujourd'hui s'abonnent apparemment moins à des magazines tels que Le Vif, qui étaient livrés à domicile. Ils préfèrent venir chercher à l’occasion un exemplaire chez Oxygène en fonction des thèmes du magazine de la semaine. Ou lorsqu’ils savent qu’ils auront le temps de lire Le Vif à leur aise.
Livres
Une sélection adaptée à la surface commerciale
Direction le rayon livres. Mais comment a-t-il commencé? Le fait que Guy soit un rat de bibliothèque a évidemment été très utile. De plus, une connaissance ayant travaillé dans une librairie bruxelloise l'a aidé à se lancer, ainsi qu'un collègue libraire de Libramont. M. Pierrard a fait des choix sur place avec les distributeurs en fonction de la surface disponible.
Trois fournisseurs
"En ce qui concerne le nombre de maisons d'édition, les choses étaient beaucoup plus simples il y a 25 ans. Il y en avait beaucoup moins qu'aujourd'hui. Pour le moment, je travaille principalement avec trois ‘groupes/distributeurs’, qui représentent chacun des centaines d'éditeurs et approvisionnent les librairies, les supermarchés ainsi que les plate-formes en ligne: Interforum, Dilibel (filiale du groupe Hachette) et MDS. Plus de 80% des livres que vous trouvez ici proviennent de ces trois groupes."
Des milliers de titres jeunesse par mois
Comment faire une sélection ? "De manière générale, on retient trois critères. Quels sont mes centres d'intérêt, c'est-à-dire ce que je connais bien et quels sont les livres dont je peux parler facilement à mes clients? Ensuite, quelles sont les questions posées par mon public? Et troisièmement, qu'est-ce que je peux présenter de manière pratique dans l'espace de mon magasin? Quoi qu’il en soit, les choses ne sont pas allées en se simplifiant: il y a 25 ans, il y avait beaucoup moins de livres publiés qu'aujourd'hui. Le segment jeunesse en est un excellent exemple: pour quelques centaines par mois à l’époque, on en compte des milliers aujourd’hui."
"Il y a 25 ans, il y avait beaucoup moins de livres publiés qu'aujourd'hui. Le segment jeunesse en est un excellent exemple: pour quelques centaines par mois à l’époque, on en compte des milliers aujourd’hui"
Problèmes de livraison
Et cela n'est pas sans conséquences. "C’est un point qui mérite d’être souligné: j'ai de plus en plus de problèmes avec les livraisons. Je passe 15 à 30 minutes par jour à faire défiler des listes de livres qui ne sont pas arrivés, avec une livraison qui est complètement en retard, etc. À l'automne 2024, par exemple, j'avais commandé certains livres pour la période de fin d'année, et ils ne sont arrivés qu'en janvier 2025. Alors quand on sait qu'un livre commandé sur Amazon est livré à domicile parfois dès le lendemain... c’est vraiment préoccupant pour les magasins physiques."
Un affichage clair
Comme le magasin était plutôt étriqué à ses débuts, Guy travaillait principalement au rythme des saisons: les livres de poche pendant les vacances, les grands formats à partir de septembre et les beaux livres pendant la période de fin d'année. Aujourd'hui, il propose de tout, tout au long de l'année. Grâce à son grand magasin, il peut proposer beaucoup plus de facings, et c'est payant. Les livres qu'il a essayé de vendre au début avec seulement la tranche visible, ont immédiatement trouvé un client dès qu’il les a présentés avec la couverture visible.
Groupements professionnels
Séances de lectures et dédicaces
Les clients peuvent-ils se fier à ses conseils? Oui, comme nous l'avons constaté dès que nous avons mis un pied dans le magasin. Et Louise, son employée, n’est pas en reste. Ils ont tous les deux déjà écrit un commentaire sur un livre sur un post-it accrocheur, collé sur le livre en question. Louise a également organisé des séances de lecture pour les enfants le mercredi après-midi.
Guy organise chaque année une séance de dédicaces (début décembre) avec des illustrateurs régionaux (Stédo, Jean-Claude Servais, ...). Il participe à la Fureur de lire (en octobre) et organise des rencontres avec les auteurs.
Pour les écoles et les bibliothèques
M. Pierrard connaît son métier. En témoigne le fait qu'il est membre de l'Association des librairies indépendantes en Belgique francophone. Il a également reçu le label 'Librairie de Qualité'. Grâce à cette adhésion, les rencontres avec les auteurs dans son magasin sont financées et il est reconnu pour la fourniture d’ouvrages aux institutions publiques telles que les écoles et les bibliothèques. Oxygène est également membre de Prodipresse, l'organisation professionnelle des libraires-presse indépendantes francophones de Belgique.
Livres 68%, Lotto 20%
85% de la clientèle d'Oxygène sont des habitués, 15% sont des passants occasionnels, bien qu'Oxygène soit situé sur une artère très fréquentée où le stationnement est aisé. C'est évidemment la vente de livres qui rapporte le plus: 68%. Guy a la chance qu'il n'y ait qu'une seule autre librairie dans un rayon de 20 km, à Libramont, et un magasin qui vend également des articles de presse.
En outre, 20% des recettes brutes proviennent des produits de loterie, 9,9% des journaux et (principalement) des magazines et seulement 0,1% du tabac. Les 2% restants sont assurés par la vente de boissons rafraîchissantes, de friandises, de jouets, de cartes de vœux, de quelques chocolats du célèbre chocolatier Deremiens et du service colis de GLS.
2.500 abonnés
Guy et son employée Louise, qui travaille à mi-temps, sont très attentifs aux publications sur Facebook. Ils comptent 2.500 abonnés. Dès qu'ils partagent un post sur un livre en particulier, les réservations affluent. La librairie-presse n’a rejoint Instagram que récemment, mais Guy pense que c’est plus compliqué de toucher un public local (et probablement un peu plus âgé) via ce canal. En outre, Oxygène partage des informations de base sur son site web.
Perspectives d’avenir
"Les trois piliers classiques du magasin de presse - tabac, presse et loterie - sont condamnés, selon moi. Pour tous ceux qui ne l'auraient pas encore compris, le message est le suivant: osez vous diversifier. Misez sur un ou plusieurs articles supplémentaires que vous êtes seul à vendre dans les environs immédiats. J'ai eu la chance de pouvoir miser sur les livres dès le début et cette stratégie s’avère payante aujourd’hui encore", conclut Guy.
Librairie-presse Oxygène
Adresse:
Rue Saint-Roch 26, 6840 Neufchâteau
Heures d'ouverture:
- lundi: 07h30 - 12h15
- du mardi au samedi: 07h30 - 12h15 en 13h30 - 18h
- dimanche: fermé
Contact:
Tél.: 061 27 15 12
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