L'avis des venderus de presse sur les mesures antitabac
Résultats de l'enquête de fin d'année 2023
En novembre 2023, nous avons réalisé un sondage auprès de nos lecteurs en réponse au nouveau plan antitabac du gouvernement fédéral. Pas moins de 91 répondants ont donné leur avis sur 5 questions d'actualité. Les résultats ont montré que, selon nos lecteurs, de nombreuses mesures ne réduiront pas le nombre de fumeurs.
Résultats de l'enquête
Interdiction de vente au détail
Une écrasante majorité des personnes interrogées pense que la décision d'interdire la vente de tabac dans les grandes entreprises de détail entraînera une augmentation significative des ventes dans leur propre magasin à partir de 2025. Cela semble logique. Mais aux Pays-Bas, où la vente de tabac dans les grandes surfaces sera interdite à partir du 1er juillet 2024, nous avons récemment constaté une augmentation du nombre de magasins de tabac, pour la première fois en dix ans. Ces magasins sont principalement situés à proximité des supermarchés. Et dans de nombreux cas, ces magasins appartiennent aux supermarchés eux-mêmes. Cette évolution ne peut absolument pas avoir lieu dans notre pays.
Avec l'interdiction de la vente de tabac dans les supermarchés néerlandais, plus de 6 000 points de vente de cigarettes et de tabac disparaîtront chez nos voisins du nord. Les consommateurs devront donc chercher ailleurs ce qui leur convient. Le tabac est également encore vendu dans des milliers de stations-service, ce qui est autorisé jusqu'en 2030. À partir de 2032, cela ne sera plus autorisé que dans les véritables bureaux de tabac, c'est-à-dire plus dans les magasins dits de proximité comme Primera et Bruna. Ceci explique pourquoi certaines chaînes retail ont pris cette mesure.
Mais l'augmentation du nombre de magasins de tabac ne compense donc pas la perte de ces milliers d'autres points de vente.
Interdiction d'affichage
L'interdiction d'étalage, qui deviendra également obligatoire dans les magasins de journaux à partir du 1er janvier 2025 (bien qu'elle n'ait pas encore fait l'objet d'un vote), entraînera sans aucun doute un surcroît de travail. Près de 80 % des personnes interrogées en sont convaincues.
En toute logique naturellement, lorsque la loi sur les emballages neutres a été introduite et que toutes les marques se ressemblaient, chaque détaillant cherchait un peu ses repères au début. Maintenant que tout devra être mis sous clé, il y aura un surcroît de travail et d'investissement.
Près de 70 % des personnes interrogées pensent que l'interdiction d'étalage n'entraînera pas une diminution des ventes de produits du tabac. La grande majorité ne croit donc pas au principe "loin des yeux, loin du cœur". Un fumeur invétéré ne va pas arrêter de fumer parce qu'il ne voit plus son paquet. Le gouvernement est convaincu que le fait de soustraire les cigarettes à la vue n'incitera pas les jeunes à faire leur premier achat.
Taxer les e-liquides
À la question 4, les avis étaient plutôt partagés. Les prix des cigarettes, du tabac et même des e-liquides ont encore augmenté depuis début 2024. Cette dernière catégorie est désormais également soumise à des taxes. Nous avons demandé aux personnes quelles étaient les conséquences de cette décision sur la poursuite de la professionnalisation du marché du vapotage. Et si cette décision renforcera encore les contrôles sur les importations de produits illégaux?
Si l'on additionne les réponses "oui" et "peut-être", une petite majorité tend (plutôt) à penser que les taxes permettront de professionnaliser le marché du vapotage. Bien entendu, nous sommes curieux de savoir comment le gouvernement contrôlera l'afflux de vapes jetables et, surtout, quelle sera la fréquence de ces contrôles.
Un pas en arrière?
Le vapotage est donc devenu plus cher depuis le début de l'année. Pas moins de 44 % des personnes interrogées doutent que de nombreux consommateurs reviendront à la cigarette pour cette raison. Avec les presque 33% qui pensent résolument que non, une majorité écrasante est donc convaincue que l'augmentation du prix des liquides n'affectera pas le marché du vapotage. Cela semble d'ailleurs peu probable, étant donné que les cigarettes et le tabac sont également redevenus plus chers.
"Ridicule, réfléchissez encore!"
Après les chiffres, les opinions franches. Nous avons demandé à trois lecteurs ce qu'ils pensaient de tout cela.
Sammy Vandeputte, SGT (Aalter)
"Interdire la vente en fonction de la surface d'un magasin n'est pas la bonne solution. Je n'aimerais pas avoir un magasin de 401 m². Il faudrait créer des bureaux de tabac comme en France et interdire la vente dans tous les autres magasins. Les ventes dans mon propre magasin vont certainement augmenter, car il y a cinq grands magasins à proximité. Enfin des nouvelles positives.
"Pour les commerçants, l'interdiction d'étalage est une mesure très ennuyeuse qui n'aura manifestement aucun effet. Le commerçant doit se cacher derrière un rideau des centaines de fois par jour, alors que tout le monde sait que les ventes ne baisseront pas. Les articles pour fumeur ne sont pas un achat impulsif comme les bonbons. Si vous rendez les bonbons invisibles, ils se vendront effectivement moins. Mais les articles pour fumeur sont une dépendance, les gens ne les achètent pas par hasard mais les cherchent jusqu'à ce qu'ils les trouvent, qu'ils soient visibles ou non."
"Je ne peux pas imaginer qu'un non-fumeur éprouve soudain le besoin irrésistible d'acheter un paquet de cigarettes marron avec de vilaines images et un avertissement sur la santé. Cela n'a aucun sens d'introduire une interdiction d'étalage, réfléchissez-y à deux fois!"
Freya Naeyaert, Europress (De Haan)
"De Haan est une petite commune, il n'y a donc pas de grands supermarchés. Les plus petits, comme les supermarchés de quartier, n'ouvriront pas de nouveau bureau de tabac à côté de leur porte parce que ce ne sera pas assez rentable pour eux. Les plus grands le feront peut-être, mais cela ne me dérange pas. Je vois bien Colruyt, par exemple, ouvrir des bureaux de tabac, d'autant plus qu'ils approvisionnent déjà les night-shops. Nous verrons ce qu'il en est. Mais je constate bel et bien une augmentation des ventes dans mon magasin, dans ma rue il n'y a que de petites supérettes de quartier."
"Je pense que l'interdiction d'étalage est une mesure ridicule. Une fois de plus, le gouvernement réussit à nous faire avaler une mesure hostile aux clients. Quand le contraire s'est-il déjà produit? L'interdiction d'étalage va réduire toutes les ventes, à l'exception de celles des articles pour fumeur. Les consommateurs ne vont pas soudainement arrêter de fumer parce qu'ils ne voient plus leur paquet".
"Enfin, on ne voit pas le retour de l'e-cigarette à la cigarette, d'autant que les taxes sur les articles pour fumeur ne cessent elles aussi d'augmenter. Je me demande si cette mesure fiscale permettra de professionnaliser le secteur. Le gouvernement pourrait bien contrôler davantage les magasins de nuit, où l'afflux de vapes jetables douteuses en provenance d'Asie est particulièrement élevé. En outre, les e-liquides ordinaires y sont vendus plus cher que dans un magasin de journaux ordinaire. Seulement, lorsqu'un magasin de nuit est ouvert, un fonctionnaire ne travaille pas. Je suis heureux que mon magasin se trouve dans un village et non dans une ville".
Erik Van Olmen, De Koerant (Berchem)
Eric est également responsable des articles pour fumeur chez Perstablo et cofondateur du nouveau label B18, qui compte entre-temps plus de 200 membres.
"Le tabac doit être vendu dans des magasins spécialisés. Il ne faut pas multiplier les lieux de vente de tabac. C'est la seule façon d'améliorer le contrôle de la vente aux jeunes. Et c'est bien ce que veut Vandenbroucke, que les jeunes ne commencent pas à fumer? Ce qui se passe actuellement aux Pays-Bas, où l'on voit apparaître de nouveaux bureaux de tabac à côté des grands magasins, ne doit pas se produire ici. J'espère que le cabinet de Mme Vandenbroucke le saura également".
"Quant à l'interdiction d'étalage, nous préférerions d'abord voir des chiffres étayés à ce sujet. Cela aidera-t-il les fumeurs à s'affranchir de leur dépendance? Cela empêchera-t-il les jeunes de commencer à fumer? Nous sommes d'accord pour dire qu'il faut réduire le tabagisme, mais cette mesure y contribuera-t-elle? L'interdiction d'étalage représente un lourd investissement pour chaque marchand de journaux. Si cette mesure ne contribue pas à parvenir à la génération sans tabac, il s'agira d'un nouveau camouflet. Le gouvernement ne doit pas oublier que nous avons travaillé très dur pendant la pandémie pour maintenir notre village et notre économie hors de l'eau. Est-ce là notre remerciement?"
"Les jeunes commencent à fumer sous l'effet de la pression de leurs pairs, et non dans le magasin. À la mi-décembre 2023, le conseil d'administration de Perstablo a été invité au cabinet de Vandenbroucke. Nos préoccupations ont été comprises et nous espérons un ajustement de cette mesure. Mais maintenant, il faut faire l'exercice. En quoi consiste exactement cette interdiction de l'étalage?"
"En ce qui concerne les taxes sur les e-liquides, je pense que chaque bande placée sur un e-liquide en Belgique devrait également être vendue en Belgique. Cela doit se faire avec des commandes via AliExpress, les cow-boys en général doivent être exclus. Nous avons également rendez-vous avec le ministre de la Justice Van Tigchelt à ce sujet. Mais il ne s'agit pas seulement de cet afflux de liquides et de vapes jetables. Il s'agit aussi du Track & Trace qui sera bientôt imposé à l'industrie du cigare, ce qui représente un énorme investissement. Le respect de la loi sera-t-il suffisamment contrôlé? Et comment? Cela se fait-il suffisamment au sein de l'industrie de la cigarette? J'en doute."
"Nous attirerons également son attention sur les implications de l'interdiction de la vente de sachets de nicotine. Ils sont désormais commandés en ligne sur europesnus.nl, zedsesnus.nl, snussie.com et d'autres, et entrent dans le pays depuis les Pays-Bas par le biais de diverses sociétés de vente par correspondance. Je les vois passer quotidiennement par des services de courrier. La question est donc de savoir ce qu'ils contiennent. À quoi servait donc l'interdiction? Au moins, les sachets qui se trouvaient sur les étagères des magasins avant l'interdiction provenaient d'un fabricant fiable.
"Il serait bon que l'État ne se contente pas de regarder le mauvais côté des choses et d'imposer des interdictions, mais qu'il nous aide aussi avec les bons outils, les bonnes lignes directrices et les bonnes lois qui éliminent les cow-boys. Ce n'est qu'ainsi que le rêve d'une génération sans tabac pourra devenir réalité".
Les cigarettes illégales ont toujours le vent en poupe
Le SPF Finances et les Douanes craignent à nouveau une augmentation du commerce de cigarettes illégales dans notre pays en raison de l'augmentation des prix des cigarettes et du tabac depuis le début de l'année 2024. L'Abattoir, le plus grand marché de Bruxelles, est depuis des années le Walhalla des vendeurs de cigarettes illégales. C'est ce que révèle un rapport de Bruzz.
En 2023, les services ont saisi plus de 317 millions de cigarettes illégales. C'est à peu près le même montant que les années précédentes. Au cours des cinq dernières années, ils ont également démantelé entre quatre et neuf usines illégales à chaque fois. Parmi les pays européens où l'on a découvert le plus d'usines illégales, la Belgique occupe la troisième place, après la Pologne et l'Espagne.
Auparavant, la plupart des fausses cigarettes découvertes n'étaient pas destinées au marché belge. Elles étaient presque immédiatement exportées vers la France ou le Royaume-Uni, où le paquet est plus cher qu'en Belgique depuis un certain temps déjà. Il y a de fortes chances qu'une partie de ce commerce reste désormais en Belgique en raison de la hausse des prix.
Plus les cigarettes sont chères, moins les gens fument. Mais les fumeurs peuvent aussi se tourner vers des cigarettes illégales, ce qui pourrait entraîner des problèmes de santé publique plus importants.
D'ailleurs, ce problème est également aigu chez nos voisins du Nord.