"L'offre d'un marchand de journaux n'est plus comparable à celle d'il y a dix ans"
Freya Naeyaert d'Europress De Haan nous parle des changements et des défis dans son secteur
Freya Naeyaert est gérante d'Europress De Haan, situé au 19 Stationsstraat depuis 2017. Avant, la librairie se trouvait deux maisons plus loin, au numéro 15. "Mais je n'étais pas propriétaire", dit-elle. "Et le bâtiment était assez vétuste, donc je n'avais pas envie de le racheter. Il faut dire que quand on est marchand de journaux, on n'a pas vraiment le temps de faire des rénovations dignes de ce nom." Elle a toutefois pu racheter le bâtiment du numéro 19, un ancien magasin de vêtements.

depuis l'âge de 16 ans, lorsqu'elle travaillait dans le magasin de ses parents
Restriction sur les immeubles de grande hauteur
Le Coq est une commune côtière plutôt intéressante pour les propriétaires secondaires, car il existe une restriction sur les immeubles de grande hauteur. Contrairement à d'autres communes côtières, le front de mer du Coq n'est pas truffé d'immeubles très hauts. La commune, connue pour ses villas de style Belle Epoque, tient à ce que ça reste comme ça. Elle le fait d'ailleurs savoir bien au-delà de ses frontières et l'endroit est très prisé par les Allemands, notamment.
Cette commune de moins de 13.000 habitants compterait autant de résidents secondaires. L'offre réduite par rapport à d'autres communes côtières se traduit certainement par des prix plus élevés, ce qui signifie que la plupart des propriétaires du Coq possèdent un certain capital.
Freya (40 ans) a toujours été marchande de journaux, depuis 2006. Avant ça, elle travaillait dans la librairie de ses parents depuis ses 16 ans, mais en tant qu'étudiante. Elle a obtenu un diplôme en Gestion de la communication à l'école Arteveldehogeschool de Gand. Maintenant que ses parents sont à la retraite, ils donnent de temps en temps un coup de main en tant que flexi-jobbers. En outre, une étudiante travaille également dans la librairie. "C'est une très bonne employée", dit Freya avec fierté.
Étudiants
"Auparavant, les étudiants qui travaillaient dans une librairie n'avaient pas besoin de savoir faire grand-chose. Aujourd'hui, ils doivent en savoir beaucoup plus, car l'offre de produits s'est considérablement élargie. Même au sein d'un groupe spécifique de produits ou de services, il existe des différences. Cela ne facilite pas le travail."
"Prenons l'exemple des paris sportifs: chaque fournisseur se distingue par sa façon de travailler, de payer, etc. Le personnel d'un magasin doit être au courant de tout cela. Mon étudiante, Britt, vient ici depuis l'âge de 16 ans. Elle a maintenant 22 ans et n'a jamais rien fait d'autre. Enfin, il y a aussi deux employées fixes: Petra et Nadine."

Freya ne vend pas de sandwichs. "Nous ne nous compliquons pas la vie les uns les autres"
respect des voisins
Europress se trouve dans une rue commerçante, avec une boulangerie et une boucherie à quelques pas. C'est aussi pour cette raison que Freya ne vend pas de sandwichs, par exemple. "Je n'ai pas envie de couper l'herbe sous le pied à mes voisins. Ils ne me le font pas non plus: par exemple, l'AD Delhaize juste à côté ne vend pas de produits de loterie ni de cartes téléphoniques. Nous évitons autant que possible de marcher sur les plates-bandes les uns des autres."
offre
disparition du journal?
Freya constate que les ventes de journaux diminuent de jour en jour, et cette tendance dure depuis un certain temps, dit-elle. "En fait, j'espère qu'un jour, le journal va disparaître de la librairie. Comme ça, je pourrai raccourcir mes heures d'ouverture. Aujourd'hui, je suis ouverte de 6h30 à 18h30, du lundi au samedi (en été, également le dimanche matin)."
"Cette heure matinale ne sert qu'aux clients qui viennent chercher le journal. Mais ils sont rares. Alors oui, si l'on supprime le journal de la librairie, je pourrai ouvrir quelques heures plus tard sans problème. Dans ce cas-là, nous ne serons plus 'un marchand de journaux' (rires), mais cela fait longtemps que nous évoluons de plus en plus vers une sorte de magasin de proximité. Si vous compariez l'offre actuelle à celle d'il y a dix ans, vous n'en croiriez pas vos yeux."
"Je vends encore quelques journaux allemands et français comme Le Figaro, Le Monde, The New York Times et le Financial Times, ce dernier surtout le week-end. Comme De Tijd; les journaux financiers se vendent toujours bien."
"Nous vendons encore un nombre raisonnable de magazines. Autrefois, il y avait beaucoup plus de magasins spécialisés à Bruges, Ostende, Ypres... avec une grande palette de titres, mais ce nombre a diminué au fil des ans, et il est donc toujours rentable pour moi d'avoir un bon assortiment. J'ai même des clients qui viennent de l'intérieur du pays pour leur magazine de loisir préféré."
"Car ce sont surtout les magazines thématiques spécialisés qui ont encore du succès. Chez moi en tout cas. Bien sûr, il est difficile d'acheter tous les magazines qui traitent d'un loisir ou d'un autre, il faut donc faire une sélection dans l'assortiment et on ne peut le faire qu'en discutant avec ses clients et en apprenant à les connaître. A cet égard, on peut donc dire que nous sommes toujours un marchand de journaux à l'ancienne."
"J'ai même des clients qui viennent de l'intérieur du pays pour leur magazine de loisir préféré"

Souvenirs de vacances
Freya vend également de nombreuses cartes postales, des boules à neige et des miniatures du Coq, autrement dit des souvenirs de vacances. Ou encore des bandes dessinées ou des livres de photos sur Le Coq ou la côte, particulièrement recherchés par les habitants. "Il y a par exemple une histoire de Kiekeboes qui se déroule au Coq. Ce genre de choses se vend très bien. Ce sont donc de véritables objets de collection, que les gens adorent."
"J'ai déjà vendu 10 exemplaires d'un livre rempli de vieilles affiches de la côte (Hannibal Books) et la demande est toujours là. Le livre de photos 'De kust 4 augustus 1945', avec des photos d'après la libération, est également très apprécié par mes clients."
"Les livres allemands et français se vendent bien également, mais seulement s'il s'agit de best-sellers. Les livres de cuisine ne se vendent plus aussi bien qu'il y a 15 ans. Par exemple, lorsqu'un nouveau 'SOS Piet' sortait, les ventes montaient en flèche. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. En effet, on peut tout trouver en ligne."
"Les livres bon marché, les romans à 5 ou 6 euros par exemple, se vendent bien. Les bandes dessinées ne sont pas en reste, surtout celles spécifiques au Coq. Heureusement, il n'y a pas de Standaard Boekhandel au coin de la rue."

produits tabac
En ce qui concerne les cigarettes, Freya constate que les grandes marques continuent de bien se porter. "Camel, Pall Mall, Marlboro, mais aussi Next, qui fait son retour et qui se vend à nouveau bien. Seules les marges ne sont pas du tout réjouissantes", explique-t-elle.
"Les ventes de cigares sont médiocres. C'est surtout pendant les vacances et la période estivale que les ventes sont les plus importantes. Les fournisseurs me demandent régulièrement de prendre une gamme plus importante. Mais je ne le ferai pas. Je ne vais certainement pas échanger un réfrigérateur contre un humidor supplémentaire." Freya vend une petite gamme de Cubacigar Benelux et de cigares Balmoral de Scandinavian Tobacco Group.
Les cigarettes électroniques marchent bien. "Il s'agit surtout d'anciens fumeurs de cigarettes qui cherchent quelque chose de similaire à une cigarette et qui se retrouvent rapidement avec des marques telles que Hexa, blu et Vuse. Nous n'avons pas vraiment un public jeune, il y a aussi un public plus âgé qui est fan de ces produits. Même des versions jetables. Les Daos sont également un produit à la mode, mais ils finiront par être interdits, je pense."
"Nous avons également une forte demande d'IQOS, surtout de la part des Allemands. Malheureusement, ce produit n'est pas encore commercialisé dans notre pays." Freya ne vend pas du tout d'appareils ouverts. "Il n'y a pas de demande pour ça non plus", explique-t-elle.
"En outre, le gouvernement ne fait rien pour nous soutenir dans ce domaine. Par exemple, le tabac devrait déjà pouvoir être retiré du secteur alimentaire", s'agace-t-elle.
"Les autorités devraient pouvoir retirer le tabac du secteur alimentaire. Mais elles ne font rien pour nous soutenir"

Les cigarettes électroniques se vendent bien également
boissons
L'établissement ne vend pas de spiritueux. "Je sais que de nombreux collègues le font pour élargir leur gamme, mais je crains que cela n'attire un public différent. Et ce n'est pas ce que je veux." Bien sûr, Freya vend de la bière ordinaire. "J'achète même les marques Jupiler et Red Bull chez Colruyt: c'est moins cher que chez les grossistes."
Jouets
"J'ai quelques jouets en exposition. La gamme est plutôt limitée, mais ils se vendent bien. Je ne surfe pas toujours sur les produits à la mode, car on ne sait pas à l'avance s'ils vont durer ou non. Les autocollants Panini, par exemple, sont de retour, tout comme les Pokémon."
Freya dispose d'une gamme limitée de Lego, mais pas de jeux de société. "Nous avons les classiques, comme le Puissance quatre, les jeux de cartes, les jeux de dés, le Uno, les échiquiers, etc. Même les sports cérébraux connaissent un regain d'intérêt."
colis
Freya ne réceptionne pas de colis. "Je n'ai pas de place, c'est trop de travail et ça ne rapporte pas assez. Je veux bien changer d'avis à partir d'un euro par colis, mais pas pour 20 centimes."

L'emplacement est crucial
Enfin, nous avons demandé à Freya ce qu'elle pensait être la meilleure façon de survivre en tant que marchand de journaux aujourd'hui. "Je pense qu'il faut être sympathique avec ses clients, mais cela ne suffit pas. L'emplacement est crucial. On ne peut pas survivre rien qu'avec ses amis."
N'y a-t-il pas trop de marchands de journaux en Flandre? "Si. A Jabbeke, il y en avait deux l'un à côté de l'autre, à un moment. C'est trop, ils se font concurrence. Le fait que tant de magasins disparaissent n'est donc peut-être pas une si mauvaise chose."
Europress De Haan
Stationsstraat 19, 8420 Le Coq
Surface: 100 m2
Heures d'ouverture: lundi-samedi (06h30–18h30), pendant les mois d'été également le dimanche matin
Chiffre d'affaires:
– 2021 vs 2020: +20% (nombre moyen de visiteurs par jour: 509, il y a 10 ans pendant l'été facilement 1.700)
– 2022 vs 2021: +10% (nombre moyen de visiteurs par jour: 504)
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