La Librairie chez BD fait face à une concurrence forte
Trouver des produits à marges
Cela fait 31 ans maintenant que Benoît Delbrouck a repris la librairie se situant à Saint-Georges-sur-Meuse en province de Liège, alors qu'il était, à l'époque, gérant d'une brasserie. Rien à voir donc, mais il avait envie de se lancer dans le commerce de détail et comme il avait de la famille dans la région, la décision fut prise de reprendre ce fonds de commerce. Depuis, la librairie est passée d'une superficie de 70 à 165 m2. Benoît travaille seul avec parfois l'aide d'un étudiant, d'un apprenti, d'un employé … ou de son fils Thibault qui envisage sérieusement d'assurer la succession.
Une librairie traditionnelle
Depuis toujours, la librairie de Benoît vend des journaux, des cigarettes et du tabac, de la papeterie ainsi que des petits jouets. Sa clientèle est essentiellement composée d'habitués et de clients de proximité. Le marché du jeudi est aussi un moment important pour ce commerce qui depuis 10 ans, doit faire face à la concurrence d'un zoning commercial implanté à Saint-Georges, à quelques kilomètres de là; et qui compte notamment un Club et un Action. Une concurrence qui a l'avantage d'obliger Benoît Delbrouck à se diversifier et à trouver de nouveaux créneaux.
"On peut le dire, notre magasin propose le plus grand choix de magazines de la région"
Attirer de nouveaux clients
Dans ce magasin, la presse, la loterie et le tabac représentent chacun 25% du chiffre d'affaires. Les 25% restants sont composés des colis et de divers produits comme la carterie (5 tourniquets en dépôt, ce qui assure une belle rotation avec toujours des cartes de saison et des nouveautés), la papeterie avec notamment la gamme Quattro Colori, les livres (de cuisine, pour enfants, les dictionnaires …) et quelques gadgets comme les bougies Woodwick, des boissons fraîches, des snacks, etc.
Adaptation constante
Pour survivre, le magasin a continuellement dû s'adapter à l'évolution de ce marché en pleine évolution et trouver de nouveaux créneaux. "C'est ainsi que nous avons donc débuté la gestion de colis pour différentes sociétés. Cela représente énormément de travail pour malheureusement de petites marges. Mais il est vrai que parfois cela nous amène aussi de nouveaux clients. Même s'il est parfois aberrant de constater, que certaines personnes se font livrer ici des livres, alors que le magasin en propose un beau choix et que nous pourrions également commander ceux que les clients souhaiteraient et que nous n'aurions pas en magasin. C'est un peu le monde à l'envers", sourit Benoît. La librairie assure actuellement, en moyenne, la gestion d'environ 150 colis par jour (à l'entrée comme à la sortie). Ce qui nécessite une surface de stockage assez importante et qui demande un travail conséquent.
120 m de linéaire journaux et magazines
"On peut le dire, notre magasin propose le plus grand choix de magazines de la région. Nous disposons, en effet d'un linéaire de 120 m de journaux et de magazines, hebdomadaires et publications spécialisées", nous dit encore Benoît Delbrouck, qui se plaint toutefois des ventes de magazines en grandes surfaces. "C'est justement sur la vente de ces derniers que nous faisons les meilleures marges", précise-t-il.
Le va-et-vient des fumeurs
"Pendant le covid, nous avions retrouvé la clientèle du tabac puisque les frontières étaient fermées, mais depuis que tout est revenu à la normale, nos clients ont repris leurs habitudes et vont malheureusement chercher leurs cigarettes au Luxembourg. Donc, non seulement nos marges sont insuffisantes, mais en plus les accises découragent les plus mordus! On peut même dire que le tabac nous fait perdre de l'argent car quand les accises augmentent, nos marges diminuent encore plus. Et c'est sans parler des paiements par Bancontact que nous devons désormais accepter pour toute somme, aussi minime soit-elle."
Le Bancontact, un mal nécessaire
Depuis juillet dernier, tous les commerçants sont obligés d'accepter tous les paiements par carte bancaire. "Le problème, c'est que nous payons un certain pourcentage sur ces paiements. Et nous n'avons pas les mêmes conditions en la matière que les grandes surfaces. Je trouve que ce n'est pas normal", nous dit encore Benoît qui précise toutefois que "le Bancontact est indispensable et même si ce n'était pas obligatoire, je trouve que cela fait partie du commerce d'accepter ce type de paiement. Nous n'avons pas vraiment le choix."
"Pendant le covid, nous avions retrouvé la clientèle du tabac puisque les frontières étaient fermées"
Baisse des fournitures scolaires
"D'autre part, nous constatons que l'évolution des listes des fournitures scolaires établies par les écoles ne favorisent pas l'évolution de notre commerce dans ce domaine", nous dit Benoît Delbrouck. "Le marché a fortement évolué et la concurrence fait rage dans tous les secteurs." Résultat: la librairie de Benoît propose toujours des articles scolaires mais en moindre quantité qu'autrefois. Il s'agit davantage de produits de dépannage que d'une gamme complète et bien construite.
De l'achat d'or à l'ouverture d'un compte bancaire
Une nouveauté qui attire une clientèle différente, c'est le fait que tous les trois à quatre mois, la Gold Trading Company Martin propose un service d'achat d'or, de platine et d'argent. Une activité qui intéresse certaines personnes qui peuvent ainsi découvrir l'assortiment du magasin. Depuis peu, le commerce de Benoît dispose également d'une borne Nickel qui permet à tout un chacun d'ouvrir un compte et d'obtenir 1 carte et 1 IBAN en 5 minutes selon la publicité. Les agences bancaires étant en voie de disparition, ce sont donc les librairies qui seraient appelés à faire une partie du travail … Une nouvelle opportunité que propose désormais aussi Benoît Delbrouck.
Les jeux de hasard
Et puis enfin, il y a aussi les jeux de hasard (comme les paris sportifs de Ladbrokes). Après une longue attente, le Fédéral a fini par adopter un arrêté royal afin de définir la librairie. Le texte devait permettre de supprimer définitivement les établissements frauduleux qui se servaient de l'appellation pour vendre des paris sportifs. Désormais, chaque librairie doit présenter au minimum 200 titres de presse différents et réaliser un chiffre d'affaires annuel de 25.000 euros pour être reconnue en tant que telle. Il faut rappeler que les librairies ont été privées de cette source de revenus vitale pendant plusieurs mois. "Cette période improductive nous a aussi fortement handicapés", nous dit Benoît, "et maintenant, il faut que les habitudes se remettent en place."
Les réseaux sociaux
En décembre dernier, Benoît avait organisé un concours sur Facebook dont l'enjeu était de remporter des pochettes de jeux. Plus de 2.000 personnes ont participé ou aimé et partagé la page. Une opération qui devrait être renouvelée à l'avenir, vu le succès remporté. "J'aimerais vraiment y consacrer plus de temps", nous dit Benoît, "mais les tâches administratives prennent souvent le pas car elles doivent aussi être effectuées en priorité."
L'avenir du commerce
Benoît a différents projets pour son magasin. Il envisage notamment d'ouvrir un département consacré aux cigares. Un produit qui a l'avantage d'attirer une nouvelle clientèle et qui offre en plus de belles marges. Un relooking extérieur du magasin est aussi prévu avec l'aide du Lotto ainsi qu'un réaménagement intérieur. La perspective de la reprise du magasin par son fils est évidemment un moteur important pour ce genre d'investissement et d'initiative. Une touche positive pour l'avenir de ce commerce qui veut décidément croire à des perspectives plus optimistes.
