La librairie Descamps investit fortement dans la presse
et cette approche porte ses fruits
C'est dans la Leiestraat à Courtrai que nous trouvons la librairie Descamps. Quelques passants sont scotchés à la vitrine, admirant les chouettes articles-cadeaux. A l'entrée du magasin, on est accueilli par une belle sélection de cartes de vœux vintage. Ensuite, lorsqu'on avance, on a droit à un accueil chaleureux de la patronne, Valérie Descamps. Ici, les clients sont toujours les bienvenus pour un café, un journal ou un magazine, un chouette cadeau... "Mais ils peuvent aussi entrer pour discuter", ajoute Valérie. "Cela fait partie du métier d'écouter et de partager les soucis et les joies des clients."
L'entrepreneuriat dans le sang
"j'ai d'abord travaillé pour un patron"
Valérie Descamps est issue d'une famille d'entrepreneurs, c'est le moins que l'on puisse dire. Pendant toute leur carrière, ses parents ont tenu dans le centre de Courtrai un magasin de cigares, que Valérie a également tenu pendant 15 ans au cours de sa carrière tumultueuse. Mais c'est dans le textile qu'elle a commencé, en travaillant pour un patron, totalement contre son gré. "Lorsque nous avons quitté l'école, ma sœur et moi avons immédiatement voulu créer notre propre magasin de journaux. Mais notre père n'était pas de cet avis. Il a insisté pour que nous travaillions d'abord pour un patron pendant cinq ans. Je me suis lancée dans le textile, ma sœur a fait de l'administration dans un hôpital. Après ces cinq années, nous avons chacune ouvert un kiosque à journaux, moi à Roulers et elle à Courtrai. Lorsque ma mère est tombée malade, je suis retournée dans ma ville natale et j'ai continué à gérer le magasin de cigares de mes parents."
Un morceau du patrimoine de Courtrai
Le magasin de cigares de ses parents, Huis Descamps, était considéré comme un petit morceau de patrimoine par les Courtraisiens. Le magasin était là depuis 1961. "Cela m'a donc fait mal au coeur de fermer cette boutique", dit Valérie. "Mais le magasin se situait au-dessus de l'eau et lorsque des travaux ont été effectués sur le pont, la situation est devenue difficile. Surtout que le travail a duré quatre ans et demi au lieu des deux ans promis. J'ai alors décidé d'ouvrir sur la Grand-Place un magasin Casa del Tobacco, qui est une chaîne de magasins de cigares. Mais je me suis retrouvée avec le même problème qu'autrefois: je ne sais pas travailler pour un patron", dit-elle en riant. "Je ne pouvais pas mettre assez de moi-même dans la boutique. Lorsque je suis tombée sur ce bâtiment vide, ici, dans la Leiestraat, j'ai su que je pourrais m'en donner à coeur joie. En moins d'un mois, tout était en place. C'était il y a trois ans, en février."
Tirer le meilleur parti d'un petit espace
En novembre 2020, une opportunité unique s'est présentée. La ville de Courtrai et Designregio Kortrijk ont uni leurs forces et subventionné le petit magasin à hauteur de 5.000 euros pour la rénovation de ses locaux. La seule condition était de travailler avec un architecte de l'Eurométropole Lille, Courtrai ou Tournai. "J'ai travaillé avec un architecte de Tournai. Le commerce le mieux rénové était censé remporter un prix fin 2020 mais c'est tombé à l'eau à cause du corona."
Fusionner les visions
La rénovation était nécessaire. Un présentoir à journaux couvrait la seule fenêtre de la boutique et le comptoir d'angle empêchait à Valerie d'avoir une vue d'ensemble du magasin. Valérie débordait d'idées, mais l'exiguïté du magasin limitait les possibilités. "J'avais une assez bonne idée de la façon dont la rénovation devait être faite et cela ne correspondait pas toujours à la vision de l'architecte", avoue-t-elle. "Mais je voulais absolument mettre un peu de moi-même dans la nouvelle boutique. J'ai donc commencé par m'asseoir avec ma nièce, qui faisait des études d'architecte d'intérieur à l'époque, pour dessiner un premier plan. Je savais très bien ce que je voulais, mais bien sûr, l'architecte aussi. Il a regardé mon magasin d'une manière complètement différente de la mienne. Avec un espace aussi restreint, il faut tirer le meilleur parti de chaque mètre carré. Moi je ne m'y connais pas là-dedans et je n'avais fait que déplacer le problème. Mais après de nombreux croquis et discussions, nous avons réussi à fusionner nos visions. Et le résultat est formidable!"
Spécialisé dans la presse ...
Avec quelque 300 titres, Valérie peut se targuer d'être une spécialiste des produits de presse. Avant la rénovation, elle proposait même plus de 500 titres. "Un héritage de l'ancien manager Patrick", dit Valérie. "Il s'était beaucoup investi dans son offre de presse et j'essaie de continuer sur sa lancée. D'ailleurs, cette approche est payante! Les gens viennent de loin, surtout pour mes magazines français, mes magazines de déco et mes magazines de musique. Par exemple, j'ai toujours France Dimanche et pour beaucoup de mes clients, ce magazine sent bon la nostalgie. Il y a beaucoup d'architectes dans le quartier et aussi en dehors de Courtrai. Ils me rendent souvent visite pour acheter des magazines d'intérieur. Il est également utile que je lise beaucoup moi-même afin de pouvoir conseiller mes clients lorsqu'ils veulent essayer un nouveau titre. J'offre un excellent service: lorsqu'un article commandé arrive, j'en informe immédiatement le client par SMS."
Les livres écrits par des clients ou des Courtraisiens trouvent toujours une place dans mon magasin
... Et les cadeaux
"C'est dans mon assortiment de cadeaux que je peux faire jouer ma créativité au maximum. Ce qui se vend le mieux, c'est la gamme Lampe Berger. Je propose environ 80 % de leur gamme et les clients peuvent toujours commander dans le catalogue s'ils le souhaitent. Cette offre crée une grande fidélité car les clients doivent revenir pour se réapprovisionner en parfums. Je cherche toujours des articles que l'on ne trouve pas chez les autres marchands de journaux. Je pense que la littérature est très importante, ma gamme reflète mes intérêts - architecture, cuisine, art, décoration d'intérieur... Par ailleurs, les livres écrits par mes clients ou par des Courtraisiens comme Arne Quinze ont toujours une place dans mon magasin."
... Et les souvenirs
Mais outre de la bonne lecture, on trouve également des bougies parfumées faites à la main, des cartes de vœux et des affiches vintage, du rhum aux fruits dans de belles bouteilles et de jolies tasses. Valérie crée même ses propres souvenirs sur le thème de Courtrai. "Nous n'en avions pas encore ici, en ville. J'achète des photos auprès de photographes ou via la ville et je les transforme en tasses, en cartes postales, en magnets, en porte-clés, etc. Les musées et les hôtels envoient même les touristes dans ma boutique lorsqu'ils cherchent des souvenirs."
bar tabac
Le librairie Descamps sera-t-elle le terminus dans la carrière de Valérie? "C'est difficile à dire. Si j'avais 20 ans, je prévoirais toutes sortes de choses pour ce magasin. Mon rêve a toujours été d'ouvrir un bar tabac comme j'en ai souvent vu en France. Un bar tabac est un petit café où l'on peut aussi acheter des cigarettes et un journal. J'ai déjà vu quelques tables ici sur le côté de la rue et je me disais que je pourrais transformer la vitrine en bar ouvert - mais en pratique, c'était difficile à réaliser, ou alors je devrais employer une personne supplémentaire. Mais pour le moment, je suis là où je veux être, et je fais mon travail avec beaucoup d'amour."