Stores extérieursPremium

COMMENT L’ARCHITECTURE DIRIGE NOTRE ENSEIGNEMENT

Bert Dekeyzer en Wim Vinckier

Bert Dekeyzer et Wim Vinckier de l’ASBL School van de Toekomst: “Le Design & Build constitue le moteur pour repenser les processus d’entreprise classiques dans les bureaux d’études et les entreprises de construction en des modèles de collaboration actuels”

L’ASBL SCHOOL VAN DE TOEKOMST VEUT INSPIRER

Les architectes doivent avoir l’ambition de stimuler l’inno­vation dans notre enseignement, estime Wim Vinckier (De Vloed/Detoo Architects). Avec Bert Dekeyzer, il a fondé l’ASBL School van de Toekomst, organisation visant à montrer et stimuler les innovations dans le monde de l’enseignement. “Dans la construction d’écoles, nous sommes en pleine manœuvre de rattrapage et c’est tant mieux, car le besoin est bien là. Le concept DBFM est une bénédiction permettant de boucler les projets bien plus rapidement, mais il génère de nouveaux défis. Enseigne­ment et architecture sont étroitement liés: c’est l’archi­tecture qui détermine la manière d’enseigner.”

L’ECOLE DE DEMAIN

Ecologie et technologie vont de pair chez School van de Toekomst. Avec cette ASBL, le fondateur Bert Dekeyzer veut depuis déjà 2007 stimuler l’innovation dans l’enseignement. “Nous reposons entièrement sur des volontaires: une centaine de différents organismes faîtiers. Des maîtres d’ouvrage s’intéressant à la construction ou la transformation d’écoles nous rendent visite et nous nous chargeons des formations. Nous avons une installation photovoltaïque avec un système de stockage à batterie et faisons de la récupération d’eau de pluie, mais nous occupons aussi de domotique, de murs sur lesquels on peut écrire en peintures en phase aqueuse, de mobilier scolaire, … Les choses pour lesquelles les écoles manquent de temps. L’en­seignement accueille souvent des représentants; ils ont ainsi une belle vue d’ensemble des inno­vations. Pour le moment, nous nous penchons sur la construction d’écoles modulaire. Il y a une grande pénurie de classes et la construction d’écoles modulaire permet d’en construire de nouvelles rapidement.”

architectuur in school

“Construire des ecoles semble facile. Mais l’enseignement est aujourd’hui en pleine evolution et l’infrastructure des batiments ne doit pas entraver cette evolution”

Inspirer

Wim Vinckier (De Vloed/Detoo Architects) est actif depuis le début dans l’ASBL. Le cabinet d’architectes De Vloed existe depuis 1922 et est surtout spécialisé dans la construction d’infrastructure de soins et d’enseignement. “Nous exploitons aussi de plus en plus cette expérience à l’étranger”, explique Vinckier. “Avec Boeckx Architects d’Ostende, nous formons Detoo Architects avec lequel nous sommes notamment actifs depuis Singapour en Asie du Sud-Est. On y note une importante demande d’expertise du Benelux et de Scandinavie pour la conception de projets dans les soins. Detoo signifie ‘Design to Operate’ et il s’agit de notre marque commerciale. Nous concevons des projets d’infrastructure durables remplissant leur fonction de manière optimale, en bref des bâtiments fonctionnants.”

DBFM

“Un nouveau tour est actuellement en préparation pour un nouveau programme de construction d’écoles DBFM, pour lequel je suis optimiste. Dans le cas d’une procédure DBFM (Design, Build, Finance & Maintain, réd.), le projet est préparé complètement et minutieusement lors d’un concours d’offres. Etant donné que le projet a déjà été confronté aux services d’incendie, à l’urbanisme, à la protection des monuments et autres, la réalisation peut être bien plus rapide. L’autorisation écologique peut ainsi être introduite quasiment immédiatement après l’adjudication et le chantier peut, de ce fait, déjà débuter quelques mois plus tard. Dans le cadre d’une procédure classique, quelques années peuvent s’écouler. Outre ce gain de temps, il y a également pour le maître de l’ouvrage une obligation de résultat pour un projet concret, pour un prix concurrentiel fixe bien précis pour la construction et l’entretien, dans un délai de réalisation garanti.

Projets actuels

“Les bâtiments sont ainsi bien plus actuels. En raison des moyens limités au niveau des autorités et donc de la longue liste d’attente, le délai de réalisation d’un projet subsidié pour l’enseignement est en moyenne de quinze ans. Il n’est dès lors pas exceptionnel qu’un directeur initiant un projet de construction pour son école soit retraité quand les fruits de son travail peuvent être récoltés. Les projets mêmes étaient aussi souvent modifiés, ce qui est normal, vu l’évolution des visions de l’enseignement, les actualisations nécessaires pour satisfaire à la nouvelle légis­lation. Il y avait donc aussi beaucoup de travail perdu.

En déplaçant le financement des projets de construction, on ne s’attaque pas seulement aux listes d’attente. Grâce à la réduction substantielle du délai de réalisation, la nouvelle infrastructure est to the point et répond aux besoins et points de vue actuels.”

Défis

“A première vue, le Design & Build n’offre que des avantages pour la faisabilité financière et les chances de réussite d’un projet de construction. Le maître de l’ouvrage est, en outre, déchargé de ses soucis et les coûts d’échec à cause de facteurs inconnus et sensibles à la conjoncture sont en grande partie évités. Pour les concepteurs et les entreprises de construction rivalisant pour de tels marchés, il en va autrement. Le Design & Build génère pour eux des défis de taille, avec des risques comme des opportunités. La phase d’offre exige d’importants efforts des candidats pour concevoir non seulement à court terme un projet prêt à obtenir une autorisation, mais pour le chiffrer, en outre, de manière sûre et concurrentielle. Les autorités d’adjudication en sont heu­reusement de plus en plus conscientes et prévoient une compensation forfaitaire, même si elle est loin de couvrir les coûts réels engagés pour l’offre. Les efforts pour le préfinancement sont de telle nature que le pourcentage de réussite doit être d’au moins 20-25% pour pouvoir survivre. Un seul des projets candidats sera exécuté réellement. Tous les autres auront été un coup pour rien et disparaîtront à jamais dans les vastes archives des projets perdus. Le Design & Build exige aussi bien plus de flexibilité des candidats pour pouvoir gérer les priorités variant énormément dans la charge de travail.

Mais outre ces risques, il y a également des opportunités. Les concepteurs peuvent travailler dans le contexte et les conditions préalables en rapport avec l’espace avec l’ensemble d’exigences du maître de l’ouvrage, afin de valider radicalement leur expertise dans des projets réalisables. Pas de boniments étayés par de beaux discours commerciaux et des images de visualisation suggestives, pouvant peut-être être tentants un moment, mais s’avérant une expérience décevante par la suite, mais des solutions concrètes réalistes avec des plus-values mesurables, réalisables sur le plan spatial, pédagogique et financier et fonctionnant vraiment. Le Design & Build constitue également le moteur pour repenser les processus d’entreprise classiques dans les bureaux d’études et les entreprises de construction en des modèles de collaboration actuels. On évolue de plus en plus vers des équipes d’études et de construction multidisciplinaires collaborant de manière intégrée sur la base du BIM (Building Information Model, réd.), améliorant ainsi con­sidérablement l’efficacité du processus de con­ception et de réalisation.”

PROBLEME DE COUTS

“Le DBFM a beau offrir une solution pour boucler le financement plus rapidement et raccourcir le délai de conception et de réalisation, l’administration d’autorisation est un facteur prenant plus d’importance. Les exigences urbanistiques deviennent plus strictes et la réglementation évolue et est de plus en plus étendue et déterminante pour les projets. La note sur l’archéologie s’est ainsi rajoutée récemment et à partir du 5 juin, le plan de suivi de démolition. Le patrimoine d’anciens sites scolaires dans des centres de village peut aussi avoir une valeur de patrimoine et on ne peut pas en faire ce qu’on veut, même s’ils ne sont pas protégés. Les restaurations sont coûteuses et ces bâtiments ne peuvent pas toujours être transformés efficacement en la fonction nécessaire aujourd’hui. Les voisins s’expriment aussi de plus en plus et on connaît des exemples d’écoles enregistrant des années de retard à cause de la plainte d’une seule personne n’étant pas enchantée par l’extension d’une école au niveau de son jardin.

Même si un projet de construction pour l’en­seignement est subsidié, il ne faut pas oublier qu’une part importante d’au moins 30 à 40% du coût de réalisation doit être supportée par l’école même. Des montants impossibles à réunir avec les rentrées d’une fête d’école annuelle. Les écoles éprouvent par conséquent de plus en plus de difficultés à réunir leur part propre. Nous voyons par exemple des organismes faîtiers catholiques vendre des propriétés scolaires à des promoteurs immobiliers pour pouvoir financer leurs projets de construction. Ce sont des opérations uniques offrant une solution sur le moment. Mais qu’adviendra-t-il plus tard, lorsque le besoin de nouvelle infrastructure scolaire se fera sentir à nouveau?”

L’école devient promoteur immobilier

“Certaines organisations scolaires se mettent elles-mêmes à bâtir leurs terrains, généralement bien situés dans le centre de la commune. En construisant elles-mêmes des habitations en vue de les vendre ou de les louer par la suite, le rendement peut être maximisé. Il y a, en outre, des opportunités de créer des situations où toutes les parties sont gagnantes: la cour de récréation se transforme, par exemple, en plaine de jeu de quartier le soir et le week-end; le parking peut tout à fait être partagé de la même manière entre le personnel de l’école et les habitants. Il s’agit là d’initiatives pouvant offrir aux écoles une certaine marge financière, pour leur permettre d’investir dans leur infrastructure d’enseignement.”

Instituut voor Verpleegkunde
A l’Institut des Soins infirmiers (Gand), De Vloed/Detoo Architects a couvert la cour de récréation intérieure exis­tante. La compacité du bâtiment a ainsi été améliorée et de l’espace supplémentaire a été créé avec un atrium

LE BATIMENT

Lumière et air

“Dans le cas des bâtiments scolaires, deux éléments sont essentiels: la lumière et l’air. La possibilité de contrôler la qualité de la lumière et de l’air est primordiale dans un environnement pédagogique fructueux. Dans une situation idéale, on oriente, par exemple, autant que possible les fenêtres des classes au nord et à l’ouest afin d’éviter toute surchauffe à cause du soleil.

De nombreuses personnes sont, en effet, déjà rassemblées dans un espace limité, ce qui génère en soi déjà une charge thermique. Sans oublier le problème de l’éblouissement, par exemple par un soleil d’hiver bas. Quand il n’est pas possible de choisir l’orientation, le problème peut être résolu avec des écrans solaires externes. Ce sont les plus flexibles. On peut également prévoir des éléments de façade, mais ils ne sont pas flexibles par rapport à l’ensoleillement variant au fil de la journée et des saisons.

Une ventilation à la demande basée sur la mesure du CO2 fait en sorte que la qualité de l’air reste optimale. Un éclairage intelligent s’adapte au moment de la journée pour favoriser la concentration. Avant, tous ces aspects n’étaient pas pris en considération. L’introduction du niveau E a entraîné une véritable révolution dans le secteur large de la construction. La recherche autour des maisons passives a en particulier généré de nombreuses données liées à une isolation, un chauffage et une ventilation plus efficaces. Outre la qualité du bâtiment et le confort de vie accru, le rendement énergétique constitue un facteur important dans les bâtiments scolaires. Dans les vieilles écoles, les coûts de chauffage absorbent une part disproportionnée du budget de fonctionnement.”

Isoler

“La question reste toujours de savoir comment tirer le maximum des moyens disponibles. Nous avons rénové récemment l’Institut des Soins infirmiers à Gand. Il s’agit d’un bâtiment scolaire entourant une cour de récréation intérieure, comme il en existe tant. Couvrir la cour de récréation existante constituait non seulement une solution économique pour créer de l’espace supplémentaire au moyen d’un atrium, mais la compacité du bâtiment s’en est aussi trouvée fortement améliorée. Les surfaces de façade à isoler des classes existantes sont ainsi limitées. Leurs surfaces au sol ont, elles, pu être agrandies en déplaçant le couloir de circulation vers le nouvel atrium. L’atrium sert non seulement d’espace de circulation, mais également d’espace de rencontre et pour les événements, de réfectoire, d’espace multimédia, …

Au premier étage, une passerelle avec plate-forme a été prévue pour relier les blocs de construction existants entre eux au sein de l’atrium.”

verpleging gent

FAÇONNER L’ENSEIGNEMENT

“Indépendamment des aspects financiers et techniques, le défi majeur pour l’avenir est la nouvelle manière d’enseigner. Il est clair que les limites entre les classes s’estompent et que l’en­seignement actuel est basé sur la différentiation. En tant qu’architecte, nous devons en tenir compte. Dans l’école primaire De Weg-Wijzer à Zaffelare, des espaces ouverts sont, par exemple, intégrés entre les classes. Ces espaces facilitent le fonctionnement en cercle et per­mettent de sortir plus facilement des classes pour des activités rassemblant plusieurs classes. Dans la plupart des écoles primaires, cela se fait aujourd’hui chaque jour. Les enfants ne sont pas répartis uniquement sur la base de l’âge pendant les cours, mais sur la base de niveaux de compétences. Cela favorise la différentiation et le travail plus orienté sur les élèves.”

Importance de l’infrastructure

“Construire des écoles semble facile. Nous avons tous passé des années dans des écoles et savons tous à quoi ressemble une école. Mais l’enseignement est aujourd’hui en pleine évolution et l’infrastructure des bâtiments ne doit pas entraver cette évolution. Nous voyons souvent une envie de bouger chez les enseignants, mais que le bâtiment les empêche de mettre leurs idées en pratique. Avec le dialogue de conception, ils sont encouragés à remettre leur manière de travailler en question et à la réévaluer. Cela est chouette à voir. L’infrastructure est très importante pour l’enseignement. En tant qu’architecte, nous devons avoir l’ambition de contribuer à diriger et stimuler les innovations dans l’enseignement. Un bâtiment reste une donnée statique. Le défi consiste à façonner cette donnée statique de manière durable afin qu’elle soit suffisamment flexible pour faciliter efficacement des processus d’enseignement dynamiques. Un maître d’ouvrage m’a demandé: ”Notre bâtiment scolaire actuel a 90 ans, nous voulons une nouvelle école pouvant tenir au moins aussi longtemps.” Une demande plus que justifiée.”

Faites un essai gratuit!Devenez un abonné Premium gratuit pendant un mois et découvrez tous les avantages uniques que nous avons à vous offrir.
  • checkLa lettre d'information hebdomadaire avec des conseils supplémentaires et un contenu exclusif
  • checkAccès complet aux archives numériques
  • checkAccès illimité aux 3.000 instructions de construction
  • checkAccès illimité aux 1.400 vidéos d’instruction
Vous êtes déjà abonné? Cliquez ici pour vous connecter
S'inscrire gratuitement

Déjà enregistré ou abonné?Cliquez ici pour vous connecter

Inscrivez-vous à notre newsletter et conservez la possibilité de vous désinscrire à tout moment. Nous garantissons la confidentialité et utilisons vos données uniquement à des fins de newsletter.
Écrit par Stefan Acke

Dernière édition

Voir touschevron_right
Devenez un abonné Premium gratuit pendant un mois et découvrez tous les avantages uniques que nous avons à vous offrir.
Dans ce magazine