Des faits ... rien que des faits
Chronique - Ferre Beyens, analyste/journaliste automobile
Les ventes privées de véhicules électriques sont au plus bas, c'est un fait. Il est également vrai que, par rapport à la demande, la production mondiale de VE est beaucoup trop importante. Les constructeurs sont donc confrontés à une autre réalité économique: les énormes investissements dans les voitures électriques ne sont absolument pas rentables. Posez donc la question à Mercedes ou à VW, par exemple, qui ont vu leurs bénéfices diminuer considérablement au cours du premier trimestre de cette année. Et à combien estime-t-on les pertes quotidiennes chez Ford pour chaque Mustang Mach-E vendue, compte tenu des coûts de développement élevés de ce véhicule électrique?
"Les faits scientifiques relatifs à l'échec des prévisions climatiques ne parviennent toujours pas à l'emporter sur les hypothèses ad hoc infondées"
Ce climat économique pour le moins maussade n'est pas seulement dû au fait que les ventes de véhicules électriques sont bien en deçà des attentes. Il y a d'autres facteurs en jeu, mais la question qui se pose est la suivante: pourquoi n'arrive-t-on pas à vendre plus de VE?
Des clients dissuadés et des subsides à la pelle. Il est indéniable que les pouvoirs publics ont imposé la voiture électrique avec une telle ferveur - pour ne pas dire agressivité - que les clients - certainement bien pensants et techniquement un peu éduqués - en ont eu peur. Les prix d'achat excessivement élevés pour la plupart des automobilistes ont également eu un effet dissuasif. Ce dernier est à son tour une conséquence réelle du coût de développement démesuré des VE. Les fabricants de VE - qui évoluent dans un secteur économique hautement fragilisé - doivent également faire face à une concurrence de plus en plus forte de la part de la Chine. Pays où l'industrie automobile est nettement moins perturbée par l'alarmisme-totalitarisme climatique. Un pays où les fabricants de véhicules électriques sont soutenus par un gouvernement qui les subventionne généreusement. Avec pour résultat des VE plus abordables et dont l'exportation est ainsi encouragée.
Ce n'est pas que l'avenir des constructeurs chinois de véhicules électriques soit rose. Le salon de l'automobile de Pékin en a donné l'impression, mais les analystes prévoient néanmoins que les fabricants chinois de VE devront, eux aussi, emprunter une route parsemée de nids de poule. Depuis que Tesla a réduit ses prix, une guerre des prix s'est engagée sur le marché intérieur chinois. Et une guerre fait des victimes. En Chine également, où - selon les analystes - un certain nombre de fabricants sont menacés de fermeture de leurs activités dans le domaine des véhicules électriques. Tesla a également déclenché une guerre des prix sur les marchés américain et européen en réduisant ses prix. En Chine, en Europe et en Amérique, cette situation va bouleverser le paysage industriel automobile. Le constructeur le moins puissant aura bientôt un pied dans la tombe; les plus grands constructeurs automobiles deviendront encore plus grands. En Chine, des mesures sont déjà prises pour éviter les fermetures d'usines. Ou comment le constructeur chinois de véhicules électriques, menacé sur son propre marché, va bientôt, grâce au soutien généreux du gouvernement local, rechercher encore plus qu'avant à grapiller sa part de marché sur la scène internationale.
Non, la voiture électrique n'apporte pas le salut industriel annoncé tambour battant. Les ventes de VE sont en chute libre, les bénéfices en baisse, les pertes en hausse, les fermetures d'usines menaçantes. Même en Chine. Comment en est-on arrivé là? Pourquoi l'industrie automobile s'est-elle laissée imposer l'électrification avec autant de bonne volonté? Pourquoi cette transition fossile/électrique imposée par la politique a-t-elle ignoré aveuglément des faits scientifiquement établis? Des vérités technologiques qui vont à l'encontre du paradigme de l'alarmisme climatique, comme le CO2 d'origine humaine qui serait le thermostat du réchauffement climatique (entre-temps subtilement rebaptisé "changement climatique")? Des faits aussi qui s'opposent aux mensonges des modèles informatiques. Des modèles qui se sont révélés n'être rien d'autre qu'un travail au doigt mouillé. Et cela nous confronte à un autre fait: la vérité scientifique sur l'échec des prévisions climatiques ne parvient toujours pas à l'emporter sur les hypothèses ad hoc infondées.
Les VE sont imposés, soi-disant pour protéger le climat. Ils y sont même contraints par des politiciens qui ont inconsidérément commencé à supprimer progressivement la source la plus importante d'une alimentation électrique neutre en CO2 pour les VE. En tant que fossoyeurs de l'énergie nucléaire, ils ne réalisent pas que seul le nucléaire peut remplacer les énergies fossiles "pernicieuses". Pas les champs meurtriers d'hélices sur-subventionnés qui ne laissent aucune chance aux oiseaux, et qui massacrent également nos horizons. Pas les panneaux solaires au charbon fabriqués en Chine. Ni les seules centrales à gaz qui recrachent vraiment du CO2. Et voici un autre fait pour tous ceux qui ont condamné l'énergie nucléaire: on produit trop peu d'électricité de manière fiable aujourd'hui et trop d'énergie solaire et éolienne instable. Ce qui conduit à un réseau électrique instable. Respectueux du climat? Fait: un parc éolien offshore aux Pays-Bas, subventionné à hauteur de 4,5 milliards d'euros, pourrait retarder le réchauffement climatique de 0,00000468 °C d'un peu moins de trois heures d'ici 2100...
Si l'on fait abstraction du fait qu'un approvisionnement en énergie neutre en CO2 devient possible, que l'on cesse immédiatement de perturber notre stratégie énergétique et que l'on empêche les politiciens de ruiner complètement notre approvisionnement en énergie, voici autre chose: un récent rapport de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) montre que la disponibilité de l'infrastructure de recharge des véhicules électriques est condamnée à être insuffisante. Si l'on veut qu'autant de VE circulent sur le marché européen d'ici 2030, comme on nous l'impose actuellement, il faudra également une disponibilité 'beaucoup' plus grande de points de charge publics. Le déficit de structure de recharge qu'évoque l'ACEA est beaucoup plus important que ce que la Commission européenne n'ose le souligner. En 2023, 150.000 bornes de recharge publiques ont été installées dans l'UE (3.000 par semaine). D'ici 2030, la Commission européenne espère installer 3,5 millions de points de charge (8.000/semaine), soit près de trois fois le dernier taux d'installation annuel. Si l'UE s'entête à respecter ces réductions absurdes de CO2, l'ACEA a calculé que 8,8 millions de points de charge publics seront nécessaires d'ici 2030. Soit 1,2 million d'unités supplémentaires par an (plus de 22.000 par semaine), sept fois le rythme d'installation annuel de 2023. Et d'espérer que d'ici là, le réseau déjà instable pourra fournir suffisamment d'électricité neutre en CO2 pour étancher la soif de ces 9 millions de bornes de recharge publiques....