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Mobilité hybride et autres malentendus

Chronique - Ferre Beyens, analyste/journaliste automobile

Column Ferre Beyens: "Digitale ontgifting"

Il n'y a pas si longtemps, les prophètes du climat, peu réalistes en termes physiques, technologiques ou économiques, n'avaient à la bouche que l'objectif 'zéro CO2'. Pour traduire cette vision idéologique de l'avenir, il fallait selon eux rendre notre mobilité plus durable, pour le salut de notre planète mais aussi de l'économie. L'interdiction des moteurs à combustion interne et le virage contraint au profit des voitures électriques allaient, selon les prévisions, augmenter le nombre d'emplois vacants dans le secteur automobile. Malheureusement, aujourd'hui, la réalité économique est tout autre. Le secteur européen de l'automobile est à l'agonie. Les fermetures d'usines menacent de toute part, les licenciements massifs s'annoncent inévitables. Ces mêmes hommes politiques et constructeurs qui, dans un accès de bien-pensance, nous ont inondés à tours de bras de mesures dites climatiques et se sont moqués des conséquences désastreuses annoncées de cette interdiction injustifiée des moteurs à combustion interne, tirent à présent la sonnette d'alarme.

"Les transmissions partiellement électriques camouflent discrètement la réhabilitation techniquement justifiée des moteurs à combustion"

Les politiques climatiques agressives ont entraîné le secteur automobile européen dans une profonde récession. Avec des ventes de véhicules électriques décevantes et une concurrence chinoise féroce, notre secteur court droit à sa perte. Cette évolution désastreuse avait pourtant été annoncée précédemment dans ces lignes. Entre-temps, les fabricants et les responsables politiques prennent également conscience du danger. Eux aussi se rendent compte qu'ils ont commis une grave erreur sous la pression de l'activisme climatique. En interdisant de manière irréfléchie les moteurs à combustion, ils n'ont pas suffisamment tenu compte de la réalité technologique. À juste titre et, espérons-le, pas trop tard, des décideurs français, allemands et italiens - qui ne sont pas, par hasard, originaires de pays où l'industrie automobile fait encore vivre de nombreuses personnes - ont exprimé leurs doutes quant à la faisabilité des visions idéologiques sur le climat envisagées par l'Union européenne. Avec un appel à revenir sur l'interdiction des moteurs à combustion interne. Car, grâce à ces objectifs visionnaires de 'zéro CO2', l'Union européenne a condamné le moteur à combustion interne pour 2035. Et, à partir de cette année-là, la vente de voitures neuves équipées de moteurs à combustion sera tout bonnement interdite dans l'UE.

Les doutes concernant l'avantage idéologique du VE pour le climat ont fait passer à la vitesse supérieure la réhabilitation des moteurs à combustion prématurément déclassés. En effet, comme nous l'avons démontré à maintes reprises, l'avantage d'un VE en termes d'émissions de CO2 est et reste très relatif. De plus, l'avantage environnemental très discutable demeure. D'ailleurs, que pensent les fondateurs de la pensée climatique de l'UE des VE "qui sauvent la nature" et qui dévorent avidement les stocks de lithium, de cobalt, de nickel, de manganèse et d'autres ressources terrestres qui s'amenuisent? Il s'agit en outre de matières premières de base dont l'extraction et/ou la production impliquent une consommation abondante d'eau, provoquent l'érosion des sols et dont les résidus de production contiennent non seulement des substances toxiques mais aussi, dans certains cas, des résidus radioactifs.

Les constructeurs ont fait un mauvais calcul dans l'histoire des VE et sont maintenant obligés de donner un nouveau souffle à la conduite automobile. Un certain nombre de constructeurs ont déjà annoncé ce changement de stratégie au cours des derniers mois. Étonnamment, Volvo, qui jusqu'à récemment était encore un promoteur passionné de l'idéal électrique et annonçait haut et fort qu'il ne commercialiserait des voitures entièrement électriques qu'à partir de 2030, vient également d'annoncer qu'il mettait un terme à ces objectifs. Dans le cadre de ses efforts en faveur d'un véhicule électrique "neutre en CO2", Volvo ne parle plus que de véhicules "électrifiés" d'ici à 2030. C'est-à-dire des véhicules entièrement électriques et partiellement électrifiés. Ce dernier groupe comprend donc des moteurs à combustion assistés électriquement. Et ce, même après 2030.

"Hybride", ou comment jeter de la poudre aux yeux pour camoufler les moteurs à combustion interne. Il n'y a pas que chez Volvo, filiale de Geely, que d'autres constructeurs cherchent - ou recommencent - à utiliser le terme "hybride" pour l'intérêt technique somme toute justifié des moteurs à combustion interne. La politique climatique erronée, y compris l'interdiction des moteurs à combustion interne et le sanctuaire des véhicules électriques, en plus d'une inflation plus élevée et d'une croissance économique plus faible, a provoqué une chute effrayante des ventes de voitures pour le constructeur européen. On commence à prendre conscience que le remplacement d'une technologie efficace, alimentée par des combustibles fossiles, par une énergie "verte" moins fiable et de plus en plus coûteuse est à l'origine de pannes automobiles catastrophiques. Les constructeurs comprennent enfin que, sous la pression de politiciens quasi manipulés par des défenseurs de l'environnement qui ne comprennent pas tous les tenants et aboutissants de la question de la mobilité, ils ont été induits en erreur par des modèles informatiques qui ne font que prouver ce qui devait l'être. Des modèles aussi - et bien pires - qui, jusqu'à aujourd'hui, sont autorisés à être présentés comme la seule vérité scientifique. Alors même que les réalités économiques et environnementales les contredisent.

Mais l'industrie automobile reste prudente. Des moteurs à combustion? Oui, bien sûr, parce qu'il est impossible de faire sans. Mais toujours sous le couvert de la technologie hybride. Ce flou se veut moins conflictuel pour les fanatiques de l'environnement et du climat. Autour d'un moteur à combustion "essentiel", des groupes motopropulseurs partiellement électrifiés sont en cours d'élaboration. Avec des groupes motopropulseurs dont le moteur à combustion interne est la pierre angulaire "indispensable". Cet élément de base indispensable doit être alimenté en énergie par des combustibles fossiles. Un point que les promoteurs de l'hybride, qui font preuve d'un manque de connaissances techniques, passent cette donnée sous silence, préférant laisser planer le doute ou créer "malentendu". En effet, qu'il s'agisse d'un véhicule à essence ou d'un véhicule hybride, comme l'affirme aujourd'hui une publicité déroutante, dans les deux cas, c'est le moteur à combustion qui occupe le devant de la scène. Tant un véhicule hybride léger qu'un véhicule hybride complet à recharge automatique produisent à bord et à l'aide d'un combustible fossile l'énergie électrique nécessaire pour alimenter le moteur électrique d'appoint. Dans les deux cas, il s'agit donc d'une conduite purement fossile. Quant à l'hybride rechargeable, en plus du carburant fossile et de l'énergie fossile produite à bord, il nécessite également de l'énergie verte coûteuse provenant de la prise de courant. Et pour ce qui est des publicités délibérées dans ce dernier cas, il ne s'agira probablement pas d'une voiture hybride rechargeable que vous pourrez vous procurer pour le prix d'une voiture à essence...

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Écrit par Ferre Beyens
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