L'efficacité énergétique est nécessaire, mais l'efficacité des coûts est cruciale
chronique - FERRE BEYENS, ANALYSTE/JOURNALISTE AUTOMOBILE
Tout le monde a reçu un cerveau à la naissance. Malheureusement, on dirait que tout le monde n'est pas capable de s'en servir. Ou n'est pas compétent pour activer le mode 'raisonnement logique'. Comme si la masse croissante d'informations - évaluatives mais généralement manipulatrices et mystificatrices - affaiblissait la capacité de raisonnement. Voir les débats actuels sur l'énergie et le climat et sur la décarbonisation des transports. Lors des rares échanges de point de vue effectués dans la sérénité, on a l'impression que le 'raisonnement logique" a été supprimé de l'app stores pour l'ordinateur biologique de l'homme.
"Si nous pouvons réduire le CO2 de 80% pour la moitié du coût du 'zéro carbone', la société s'en portera bien mieux"
Dans tous les débats sur l'énergie et la décarbonisation, l'accent est rapidement mis sur le changement climatique et les échanges de point de vue rationnels se transforment en polémiques inutiles. On peut débattre des zones LEZ, des gaz d'échappement moins nocifs ou de l'amélioration de la qualité de l'air. On peut argumenter logiquement avec des faits et des chiffres scientifiquement étayés. Mais sachez que dès que l'on passe inévitablement aux questions climatiques, toute discussion calme et rationnelle disparaît. Quiconque ose utiliser des arguments logiques pour remettre en question certains aspects du discours sur le climat - adulé par la presse grand public - est immédiatement considéré comme un négationniste du climat. Mattias Desmet, professeur de psychologie clinique et auteur de l'ouvrage "La psychologie du totalitarisme' (à lire absolument!), l'a parfaitement exprimé: "Lorsque les médias grand public diffusent des théories du complot, cela n'est jamais reconnu en tant que tel par la suite. Cependant, dès qu'émerge une opinion qui va à l'encontre de la pensée climatique dominante, elle est qualifiée de théorie du complot. Toute critique du discours climatique, toute analyse pointue est donc a priori une théorie du complot. Et quiconque ose s'engager astucieusement dans ce discours court le risque d'être relégué sans hésiter au rang de conspirationniste".
La situation a beau être grave, elle n'est pas désespérée. Les médias grand public modèlent un discours climatique effrayant et parlent même d'état d'urgence climatique. Et qui sommes-nous pour douter que le 'changement climatique' puisse avoir de sombres conséquences pour l'humanité, qu'un changement climatique 'grave' puisse potentiellement avoir d'horribles conséquences pour la planète? Toutefois, même (et surtout) au sein de la 'pensée climatique', il n'y a pas de perspective plus grave que des 'changements sérieux'. Les activistes climatiques aiment se référer à des modèles informatiques qui vont dans le sens de leur pensée. Pourtant, aucun des modèles standard cités ne prédit une fin sinistre pour la planète. Alors d'où viennent toutes ces descriptions témoignant d'une gravité existentielle en mode 'état d'urgence climatique'?
Chaque jour, on nous dit que nous devrions avoir peur du changement climatique, que nous devrions même nous sentir coupables. Toute personne dotée d'une once de bon sens se rend compte que l'évangile climatique est truffé d'incertitudes. Le doute critique, la réflexion logique et le raisonnement rationnel doivent absolument rester à l'ordre du jour. Les doutes sont essentiels. D'ailleurs, ces doutes sont parfaitement fondés et méritent donc une interprétation supplémentaire. Vous n'irez pas en prison pour ça. Du moins, pas pour l'instant.
Contrairement au 'climat', l'environnement bénéficie d'une meilleure compréhension collective et d'une argumentation beaucoup plus cohérente sur les solutions potentielles et abordables. Il ne fait aucun doute que la décarbonisation des transports sera bénéfique pour l'environnement. L'électrification des véhicules est l'une des clés possibles. Mais l'électrification va plus loin que l'électrification totale. C'est ce que l'on peut lire dans les récentes notes d'Emissions Analytics. Il y a aussi l'électrification à temps partiel et la fourniture d'énergie à partir d'un système de stockage d'énergie qui n'est pas basé sur une batterie. Mais la question n'est pas de savoir si les ventes de BEV vont continuer à exploser, mais si ces BEV réduiront l'impact du CO2 comme les 'modèles' l'ont laissé entendre. Et ne devrait-on pas s'interroger d'urgence sur le caractère abordable de toutes ces réductions d'émissions tant rêvées? Personne ne doute de l'utilité de l'efficacité énergétique, un aspect trop important de la réduction des émissions. Mais il ne faut surtout pas négliger l'efficacité des coûts, plus cruciale encore que l'efficacité énergétique si notre niveau de vie est la priorité. Le zéro carbone est un rêve, mesdames et messieurs les députés européens. Mais si nous parvenons à réduire les émissions de CO2 de 80% pour la moitié du coût, la société s'en portera beaucoup mieux.
On dirait que certains politiques de l'UE ont définitivement supprimé le 'raisonnement logique' de l'app store pour leur ordinateur biologique. Il n'y a pas que ces idées de zéro carbone ridicules et inabordables qui soulèvent des questions sur le manque de raisonnement cohérent de certains politiques européens. Ils pensent certainement à des 'sanctions à l'importation' pour les VE chinois parce qu'ils sont (beaucoup moins) chers et génèrent une 'perturbation du marché'. L'UE ne devrait-elle pas d'abord se demander pourquoi les Chinois peuvent proposer leurs VE beaucoup moins chers? Le fait que l'expression 'perturbation du marché' soit prononcée par la même élite européenne qui a interdit le moteur à combustion interne en Europe et a commencé à subventionner les VE de manière excessive, provoque naturellement des aigreurs d'estomac chez les connaisseurs. En effet, cette mesure irréfléchie était un véritable exemple de perturbation (contrôlée) du marché. Une distorsion du marché manipulée qui n'affecte d'ailleurs pas seulement notre secteur automobile. Les importations européennes d'œufs en provenance d'Ukraine en sont un exemple. Environ 70% de la consommation d'œufs de l'UE est assurée par des masses de poules entassées dans des batteries de ponte ukrainiennes. C'est ce qu'on appelle l'élevage en cage. Oui, c'est interdit dans l'UE par une politique qui a permis au raisonnement logique de muer en curiosité...