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L'Europe et le climat: chronique d'une mort annoncée

CHRONIQUE - FERRE BEYENS, ANALYSTE/JOURNALISTE AUTOMOBILE

Column Ferre Beyens: "Digitale ontgifting"

Nul besoin d'être ingénieur. Le bon sens suffit largement pour comprendre la probabilité d'un bilan économique désastreux au nom des folles ambitions de l'UE définies dans le 'Fit for 55'. Cette ordonnance de l'UE, qui s'appuie sur le nouveau dogme climatique, est supposée sauver le monde d'une catastrophe 'imaginaire'. La question qui reste sans réponse est la suivante: comment des sacrifices qui impliquent des dépenses pour le moins énormes pourront-ils avoir un effet sur le climat mondial si l'Europe n'est responsable que de 6,6% des émissions mondiales de CO2? Et comment une politique climatique aussi absurde peut-elle ou doit-elle mettre en péril l'avenir économique de l'industrie automobile, et des milliers de personnes qu'elle fait vivre, sans rencontrer la moindre opposition?

"Interdire ou rendre obligatoire des technologies spécifiques témoigne d'un manque de rationalité"

Les automobilistes européens sont appelés au front pour réduire les émissions de CO2 de 6,6% seulement, mais qui devraient 'sauver la planète'. À partir de 2035, plus aucune nouvelle voiture équipée d'un moteur à explosion ne pourra être vendue. En 2050, les voitures à moteur à combustion seront même 'interdites'. Nous ne savons pas si le monde entier suivra l'exemple de cette dictature climatique de l'UE, mais a-t-il déjà été scientifiquement prouvé de manière irréfutable que les voitures électriques sont plus durables et plus respectueuses des émissions de CO2? Personne ne semble y accorder d'importance. Sans aucune opposition, nous nous retrouverons contraints et on nous indiquera la 'prise' la plus proche au nom de la protection de l'environnement. L'énergie électrique fournie par cette même prise restera-t-elle abordable? Comment les énormes recettes générées par les taxes sur les prix des carburants, et ainsi sacrifiées, seront-elles récupérées? Et que dire de la pénurie d'électricité déjà prévisible maintenant que les éoliennes, les panneaux solaires et les centrales à gaz qui émettent quand même du CO2, entre autres, devront combler le déficit de production après l''interdiction' du nucléaire? Subsiste-t-il un soupçon de logique au sein l'UE?

Hormis de rares contestations, le monde de l'automibile reste étonnant calme. Mais ces trop rares levées de boucliers restent (et resteront) sous l'œil des médias. Cependant, les médias - qui se disent sérieux - manifestent un intérêt exceptionnel pour les constructeurs qui renoncent au moteur à combustion interne - ce qui est d'un point de vue technologique totalement irréfléchi et dangereusement prématuré. Bien entendu, cette prématurité s'inscrit parfaitement dans les stratégies éditoriales actuelles de chez MSM, portées par la politique (et subventionnées par celle-ci). Par exemple, lorsque Mercedes et BMW annoncent leur intention de délaisser le moteur à combustion condamné... Mais en accompagnant judicieusement ce communiqué de presse de l'ajout très important "Lorsque les conditions du marché le permetteront", ce qui n'est pas repris - ou trop discrètement - par les 'propagandistes' des médias qui ne jurent (par obligation?) que par la politique climatique actuelle pourtant synonyme d'une chronique d'une mort annoncée.

Les objections justifiées d'Oliver Zipse, président de l'ACEA et PDG de BMW, en réaction à ces plans climatiques ambitieux (!) n'ont pourtant pas fait la une des médias spécialisés. Pour le plus grand plaisir des propagandistes du dogme climatique, M. Zipse avait déclaré que tous les membres de l'ACEA (l'Association des constructeurs européens d'automobiles) restaient prêts à faire tout leur possible pour assurer le succès de ces plans climatiques. Mais - et la presse n'a apparemment pas écouté - interdire les technologies de combustion pour lutter contre le CO2 est tout sauf une stratégie rationnelle. Surtout quand on sait que l'Europe peine à déployer une infrastructure solide pour les véhicules à propulsion alternative au grand vilain moteur à combustion polluant.

Toutes les technologies, depuis les moteurs à combustion de plus en plus efficaces jusqu'aux véhicules hybrides, électriques à batterie et à hydrogène, peuvent contribuer à la transition vers la neutralité climatique (théorique). Il ne s'agit pas seulement de nouveaux véhicules plus respectueux des émissions de CO2, a souligné M. Zipse, mais d'une réduction de l'empreinte écologique de l'ensemble de la flotte utilisée. Dans ce contexte, il faut exhorter les institutions européennes à se concentrer sur l'innovation et non sur l'imposition de technologies spécifiques et l'interdiction effective des autres.

Sans des efforts conjoints et accrus de la part de toutes les parties prenantes (pas seulement les constructeurs automobiles) - y compris les États membres (politiques) et tous les secteurs concernés (c'est-à-dire les producteurs et fournisseurs d'énergie également!) - l'objectif proposé n'est tout simplement pas viable. Zipse: "La réduction drastique des émissions de CO2 d'ici 2030 entraînera une croissance explosive de la demande du marché pour les VE. L'approvisionnement énergétique de millions de VE - que les constructeurs automobiles européens mettront bientôt sur le marché - exige des objectifs contraignants en conséquence afin de garantir une infrastructure de recharge et de ravitaillement alternative nécessaire."

La Commission européenne elle-même déclare que son 'Green Deal' n'a aucune chance d'aboutir sans un renforcement des infrastructures de recharge et de ravitaillement dans tous les États membres. Pour réduire de 50% les émissions de CO2 d'ici à 2030, il faudrait (selon leurs propres chiffres) environ 6 millions de bornes de recharge publiques. La presse favorable à l'UE a noté que l'ACEA était heureuse de voir que le paquet contenait des objectifs contraignants pour le déploiement des infrastructures de recharge et de ravitaillement. Le fait que la même ACEA craint que cette promesse soit difficile à tenir n'a évidemment pas retenu l'attention. Cette crainte a été alimentée par la référence inquiétante à seulement 3,5 millions de points de charge au lieu des 6 millions nécessaires calculés par la Commission européenne elle-même. L'ACEA a donc raison d'avoir peur... Et avec l'ACEA, tout individu normalement constitué devrait s'en inquiéter. D'autant plus que le Green Deal, ce suicide économique collectif, accélère rapidement la transformation structurelle du secteur automobile. Les 'décideurs au service de l'écologie' ne comprennent pas que leurs rêves représentent une menace réelle pour notre économie (automobile) et l'emploi.

"L'approvisionnement en énergie de millions de VE implique (à tous les niveaux) des accords contraignants"

 

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Écrit par Ferre Beyens
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