EN QUETE D’UNE NOUVELLE CULTURE D’HABITAT URBAINE
PETER VAN IMPE (AST77), UN ŒIL CRITIQUE SUR L’ENVIRONNEMENT

(photo © Steven Massart)
A Tirlemont, nous rencontrons Peter Van Impe, architecte-ingénieur et source d’inspiration du cabinet d’architectes AST77. Son étude sur l’habitat dans la ville du sucre témoigne d’une quête farouche d’une nouvelle culture urbaine. “Pour nous, il est important de fournir de la qualité”, dit Van Impe. “Vous posez alors rapidement des questions de base du genre ‘Qu’est-ce qu’un bâtiment?’. Ce questionnement est essentiel pour notre travail. Réfléchir à un costume architectural sur mesure flexible, ça veux dire porter un regard critique sur l’environnement.”
L’EXAMEN DE LA VILLE FOSSILISEE
Tirlemont est une ville de 35.000 habitants. Un terrain de jeu idéal pour l’architecte et son équipe pour étudier le contexte urbain de manière créative – critique et optimiste. Il a ainsi entamé en 2013 de sa propre initiative une étude. Beaucoup de questions étaient surtout posées et les différents lieux dans la ville étaient donc examinés à la loupe. Peter Van Impe: “Nous nous sommes concentrés ici sur le potentiel présent, le magnifique patrimoine, mais également sur les lieux oubliés.Le but était de lancer un débat ouvert sur les initiatives micro/méso dans les petites villes non centrales de Flandre. Cela est progressivement devenu un parcours intriguant, qui a peu à peu enthousiasmé toute la ville et a pris forme durant les différents événements autour de ParkLife, de débats citadins, de Stads Forum, de balades en ville et d’aménagements de l’espace.”
Chaotic
Dans cette optique, le gérant Peter Van Impe a fait appel à deux architectes étrangers pour brosser un tableau objectif. “J’ai invité l’Espagnol Santi Amaro Serrano et le Tchèque Daniel Samiec. Ils n’ont pas de lien direct avec la ville ou la culture. Ils ont posé sur notre ville un regard ouvert, critique et objectif.”

(photo © Steven Massart)
Sillonnant Tirlemont, les deux architectes invités ont notamment pris des photos de façades, numéros de maison, carrelage et box de voiture. “Les images montrent clairement la diversité qu’offre Tirlemont. Cela donnait parfois un résultat un peu chaotique.”
Exploitation de l’espace public
“Nous voulions montrer au grand public la manière absurde dont l’espace extérieur public est souvent exploité. Avec de petites mesures, la ville peut déjà être bien plus agréable. Nous avons ainsi placé des tables de pique-nique blanches, où on peut souffler un moment ou réfléchir à ces lieux partagés dans la ville.”
Initiatives locales
Avec cette action, AST 77 a dévoilé le potentiel urbain de Tirlemont. Il n’y a pas eu de plan global. Reste à savoir si cela est nécessaire pour obtenir un résultat car de tels plans se heurtent à une sérieuse résistance et ne sont souvent pas réalisés.
Débat sur le côté urbain
Van Impe et son équipe ont, en tout cas, ouvert un débat animé sur le côté urbain, et la manière de le colorer différemment dans le futur. Ce sont plutôt les petites initiatives locales qui colorent la ville. Le débat public a vraiment débuté avec Parklife et les débats y étant liés lors desquels les Tirlemontois s’exprimaient, indépendamment du conseil de la ville, sur cette dernière. Notamment sur ce qui pouvait être amélioré, comme l’exploitation insuffisante du parc municipal et d’autres lieux de la ville.

(photo © Steven Massart)
BRINGING EARTH TO A SINKING ISLAND
Avec Atelier X, Van Impe monte aussi une exposition en marge de la Biennale de Venise, intitulée Bringing Earth to a Sinking Island. “C’est un projet ayant bien plus d’ambition que d’être simplement une maquette à une biennale de l’architecture”, dit l’architecte. “Il veut inciter à collaborer et à réfléchir ensemble à une ville. Comment pouvons-nous façonner une ville? En tant qu’artistes sous la forme d’une maquette, mais aussi en tant qu’habitant et qu’entrepreneur, qu’utilisateur actuel et futur? Bringing Earth to a Sinking Island est la recherche de réponses possibles aux questions de comment nous voyons l’avenir de nos villes. Comment pouvons-nous à nouveau ouvrir nos villes fossilisées afin de pouvoir à nouveau respirer au sens propre comme au sens figuré?”
"Avec Springwater for a Fossilized City, nous amenons les connaissances d’autres dans notre ville pour réfléchir ici à Tirlemont à cet avenir. Pour entamer un dialogue avec d’autres pouvant peut-être à leur tour apporter des solutions."

(photo © Steven Massart)
ATELIER X: VILLE SOCIO-ÉCOLOGIQUE
Atelier X est un collectif entre Peter Van Impe (architecte AST77), An Roovers (artiste-céramiste) et Steven Massart (photographe d’architecture). Trois Tirlemontois jetant un regard critique sur la société dans laquelle ils vivent, et cherchant en interaction entre eux et avec d’autres citoyens des transitions possibles pour leur ville. Atelier X étudie les propres fondations urbaines et tente de comprendre l’attachement humain au riche sol argileux tirlemontois.
Sur la base de l’étude Bringing Earth to a Sinking Island (Biennale de Venise 2018), ils veulent comprendre quels sont les courants sous-jacents urbains et essaient de les convertir en concepts innovants forts. Dans le but de passer d’une ville socio-économique à une ville socio-écologique, où l’accent serait mis sur la société urbaine partagée, et non sur la consommation de masse.
TERRE DAMEE
Outre l’étude sur l’environnement urbain, Peter Van Impe s’est également distingué lors de la dernière Journée de l’Architecture avec la construction durable. Le gérant a plus précisément impliqué une grande équipe d’experts dans la réalisation de son habitation privée. Les concepteurs actuels comme Peter Van Impe veulent disposer de connaissances sur le climat, l’état du sol, les matériaux, différentes formes de construction etc.

(photo © Steven Massart)
“Notre histoire, ce n’est pas où nous avons l’autorisation de construire, mais bien la capacité de construire. En périphérie de la ville, j’ai acheté un terrain s’inscrivant dans un plan global et englobant six zones d’habitation avec une qualité d’image très innovante. La maison repose sur une combinaison d’acier, de béton et de terre damée. Que pouvons-nous faire avec nos propres matières premières. Tel était le point de départ.”
L’avantage, c’est que la terre a un impact réduit sur l’environnement, possède d’excellentes propriétés de construction et régule, en outre, l’humidité de l’air. “Nous voulions réutiliser la glaise argileuse extraite sur place, ce qui a donné lieu à un mur de glaise damée central de 15 m de haut, un des plus hauts murs en glaise damée sans liant d’Europe”, selon le maître d’ouvrage-concepteur. Les trois murs extérieurs séparés de 50 cm d’épaisseur (construits en briques, en appareil flamand simple et double avec joint en retrait) sont couplés au mur central en terre avec des sols en tôle d’acier.
MAISON FAMILIALE ABORDABLE (LANDEN)
Le terrain est un ‘jardin de devant sur talus’ typique de la maison parentale du maître de l’ouvrage. Ces jardins typiques, souvent trop grands – dans ce cas orienté au sud – offrent énormément de potentiel pour la densification de zones résidentielles de petites villes.
Le maître de l’ouvrage voulait réaliser sur cette parcelle une maison familiale abordable avec une finition brute mais de qualité. La maison a été construite avec des matériaux de construction industriels très atypiques. Les deux noyaux ont ainsi été maçonnés avec des briques résiduelles de plusieurs autres chantiers: plus de dix types de briques différents au niveau de la couleur, de la forme et de l’appareil ont été combinés, disposés on-site et posés entièrement au hasard. Des éléments de mur de soutènement en béton (préfabriqués) ont aussi été utilisés comme matériau de façade. En combinaison avec les grandes fenêtres à effet miroir, ils confèrent à la maison un cachet très costaud et gai. (photo © Steven Massart)