"Le mazout merite une place dans le mix energetique durable"

Informazout plaide pour un regard nuance sur la transition energetique

Le mazout et l’interdiction de la chaudière au mazout suscitent bien des malentendus. Le Vlaams Energie en Klimaatplan 2021-2030 – un plan, pas une loi – est néanmoins limpide: il reste certainement une place pour les chaudières au mazout performantes dans le mix de chauffage du futur. Willem Voets, general manager chez Informazout, explique de quelles manières et plaide pour un regard nuancé sur la transition énergétique.

DEFI

"La transition énergétique est l’un des importants défis sociaux de cette génération", affirme Voets. "Etant donné que le chauffage des bâtiments représente une part considérable de notre consommation d’énergie globale, tout le parc immobilier devra consentir des efforts fondamentaux. Pour relever ces défis, il faut des solutions innovantes, efficaces et abordables. Les systèmes de chauffage modernes offrent une solution idéale pour combiner tout au long de la transition l’énergie tant conventionnelle que renouvelable de façon efficace et flexible."

C’est une critique souvent entendue à propos de la politique de transition énergétique: l’absence de légitimité, les coûts et les problèmes techniques liés à la transition énergétique, confrontent d’ores et déjà les consommateurs et les entreprises à de grands défis. "Toutes les technologies qui offrent des solutions réalisables dans cette phase cruciale de la transition énergétique doivent être adoptées et stimulées", affirme Voets.

Et pour Informazout, le mazout en fait toujours partie. "Pour 3,5 millions de personnes, quasi un tiers des Belges, le mazout est aujourd’hui une source de chauffage sûre et fiable. Au total, 1,7 million d’installations au mazout sont utilisées, notamment mais pas exclusivement, dans les maisons unifamiliales en zones rurales. Dans ces endroits, il n'y a souvent aucune alternative abordable et techniquement sensée disponible."

"Pour l’heure, des systèmes de chauffage modernes au mazout offrent déjà des solutions pour améliorer nettement la transition énergétique en recourant à des sources d’énergie renouvelables et éviter ainsi de façon substantielle l‘émission de gaz à effet de serre dans le chauffage aux combustibles. L’introduction progressive de combustibles liquides à faible teneur en carbone et neutres pour le climat aidera le secteur du chauffage dans un proche avenir vers la neutralité climatique."

A propos d’INFORMAZOUT

Informazout est le centre d’information et de connaissances pour l’utilisation économe et rationnelle du mazout pour le chauffage et les applications professionnelles (machines agricoles, groupes de secours …). Informazout soutient les efforts vers une plus grande efficacité énergétique et un mix d’énergie plus durable, dans lequel le chauffage au mazout fait aussi partie de la solution.

Qui est Willem Voets?

Le general manager Willem Voets est ingénieur en génie civil avec une formation complémentaire en politique commerciale. Avant de travailler chez Informazout - Cedicol, il fut notamment actif comme directeur commercial et membre de la direction dans le secteur de la construction chez Theuma, chez T.Palm, et aussi dans le secteur du chauffage chez Buderus Heiztechnik.

Approche progressive

L’approche progressive est précisément importante pour Informazout. L’interdiction des chaudières au mazout dans la construction neuve et les rénovations profondes à partir de 2021, édictée par le gouvernement flamand, n’a donc pas été bien accueillie par le centre d’information. Les chaudières au mazout existantes ne peuvent plus être remplacées par d’autres chaudières au mazout, s’il est possible dans la rue de se raccorder au réseau de gaz naturel, à moins que les chaudières au mazout soient aussi performantes que les toutes dernières chaudières au gaz naturel à condensation.

"Depuis le 26 septembre 2015, nous disposons pour cela d’une réglementation claire, à savoir le règlement européen Eocodesign pour les labels énergétiques des appareils de chauffage et installations de chauffage. Le règlement scinde les appareils de chauffage en classes d’énergie et octroie un label de produit à chaque appareil aujourd’hui vendu. Sur cette base, tant les chaudières au mazout à condensation que les chaudières au gaz (naturel) à condensation satisfont à la classe d’efficacité énergétique A. En termes de performance, toutes deux atteignent une efficacité énergétique saisonnière pour le chauffage des locaux de minimum 90%, si bien qu’elles sont considérées comme d’égale valeur sur ce plan."

gaz naturel: une alternative qui respecte l’environnement?

"Le problème est que le gaz naturel, dont le composant principal est le méthane, est souvent présenté comme une alternative respectueuse de l’environnement et la technologie de transition idéale pour les secteurs de l’électricité et du chauffage", affirme Voets. "Celui qui raisonne ainsi examine seulement les émissions de dioxyde de carbone lors de la combustion finale, sans comptabiliser les émissions depuis l'extraction jusqu'à la combustion finale. Différentes études et recherches, qui prennent bel et bien compte de tous les paramètres, indiquent aussi qu’un repli exclusif sur le gaz, ne fera pas baisser les émissions."

"Exclure des technologies est la mauvaise voie, et est davantage lie a des motifs commerciaux tels qu l’acquisition d’une part de marche qu’a ameliorer le climat"

"Selon une récente étude "Natural Gas Study" de septembre 2019 de l’Energy Watch Group en Allemagne, une transition massive du charbon et du mazout vers le gaz naturel entraînerait même une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, de pas moins de 40% par rapport à aujourd’hui, essentiellement en raison de la hausse des émissions de méthane. L’étude RDC de 2005 aboutit à la même conclusion. La mise à jour technique de cette étude en 2012 a même montré un léger avantage pour le mazout.

Comme il s'agissait à cette époque principalement de gaz naturel provenant des Pays-Bas et que celui-ci sera à l'avenir progressivement supprimé, une nouvelle étude a débuté en 2019. Elle vérifiera notamment quelle sera l’influence de l’approvisionnement venu de contrées lointaines. Cette étude sera disponible dans le courant de 2020."

Effet de serre

"L’International Panel on Climate Change, en abrégé IPCC, a montré que l’effet de serre du méthane est plus important que celui du CO₂. De plus, le méthane ne reste pas dans sa forme originale dans l’atmosphère mais est converti (en grande partie) en CO₂, un processus qui dure de nombreuses années.

Sur une période de 20 ans, un mètre cube de méthane est dès lors 86 fois plus toxique que le CO₂. Envisagé sur 100 ans, le méthane est environ 30 fois plus toxique que le CO₂."

Neutralité technologique

"En d’autres termes, le choix résolu du gaz naturel comme technologie de transition ne contribue pas à protéger notre climat. Le contraire est vrai: passer entièrement du mazout au gaz naturel accélère uniquement le changement climatique en raison d’une hausse alarmante des émissions de méthane.

C’est pourquoi Informazout plaide pour un traitement équivalent par les pouvoirs publics des appareils de chauffage au mazout et au gaz dans cette phase cruciale de la transition énergétique. Seule la neutralité technologique fera en sorte que l’innovation et le développement nécessaires de substituts neutres en carbone pour les sources d’énergie fossiles soient suffisamment stimulés."

Technologie

Tout comme pour le transport, une seule technologie ne remplacera pas toutes les autres technologies dans le chauffage des bâtiments, affirme Voets. "Un scénario ‘all-electrics’, souvent évoqué, entraînera sans coup férir de grands problèmes d’approvisionnement et une perte considérable de confort thermique dans nos logements existants. Car on oublie souvent que 1 kWh d’électricité prélevé à la prise de courant a toujours besoin de façon primaire de 2,5 kWh d’électricité à la source. Une pompe à chaleur ayant un COP de 2,5 est donc aussi économe en énergie qu’une chaudière cc. Ceci déplace le problème de la maison vers l’approvisionnement en énergie, qui n’est pas équipé pour cela aujourd’hui."

Mix de solutions

"C’est pourquoi il est bien plus réaliste et plus réalisable d’envisager un mix de solutions et de sources d’énergie qui, chacune à sa manière, doit contribuer à la transition énergétique vers une société plus pauvre en carbone. Exclure des technologies aujourd’hui est une erreur totale et lié davantage à des motifs commerciaux tels que l’acquisition d’une part de marché qu’à l’amélioration du climat."

Combustibles liquides neutres pour le climat

"Avec la technologie de condensation actuelle, les installations de chauffage au mazout apportent déjà une contribution quantifiable à la réduction des émissions", précise Voets. "Remplacer une ancienne chaudière au mazout par une chaudière à condensation moderne induit une baisse de la consommation de mazout allant jusqu’à 30% et une baisse tout aussi importante des émissions de CO₂. En combinaison avec la production d’eau chaude sanitaire par une source d’énergie renouvelable, telle qu’un boiler solaire ou un boiler pompe à chaleur, on émet encore 10 à 15% de CO₂ en moins."

Associés à ces appareils de chauffage économiques, des combustibles liquides 'drop-in', pauvres en carbone et neutres pour le climat, pourront être mis en œuvre systématiquement dans une phase suivante. "Ces combustibles peuvent être utilisés dans un mix avec le mazout ou dans une forme non mélangée dans des appareils de chauffage au mazout existants. Les premiers projets pilotes ont déjà démarré en Flandre. Les familles-test chauffent leur logement avec un mix B20 de 80% de mazout et 20% de HVO, ainsi qu’avec des combinaisons de 80% de mazout et 20% de FAME ou EMAG (Ester Méthylique d'Acide Gras).

Les tests sont très réussis: lors du démarrage de la combustion, le CO n’atteint pas de pic spécialement élevé et il se stabilise aussi fort bien, vers une combustion normale, respectueuse de l'environnement."

Entre théorie et pratique: un gouffre

C’est entre-temps une évidence: le fossé entre le cadre politique et les installateurs sur le terrain est parfois très grand. "Il n’existe pas de solution unique pour tout. Chaque projet demande une approche spécifique en matière de chauffage et d’eau chaude sanitaire. En outre, un sondage de la Bouwunie atteste aussi de ce fossé: celui-ci indique que 87% des installateurs de la Bouwunie estiment que l’on doit accorder aujourd’hui la priorité absolue au remplacement professionnel d’anciens appareils de chauffage par des chaudières à condensation efficaces. Ceci autorise de sérieux gains de CO₂, avec légitimité."

L’installateur

C’est justement la raison pour laquelle le rôle de l’installateur est si important: en concertation avec son client, il doit prodiguer les bons conseils et chercher une bonne solution, notamment avec l’aide des labels énergétiques pour appareils et installations de chauffage. Informazout dispose aujourd’hui de plus de 700 ExpertsMazout, des installateurs qui ont, tous, une grande expérience du mazout et sont évalués tous les trois ans par Informazout. "Ils croient donc clairement dans le rôle du mazout comme partenaire dans la transition énergétique", confie Voets. "Bon nombre d’entre eux ont entre-temps franchi le pas vers d’autres techniques, comme les pompes à chaleur et les boilers solaires, sans toutefois oublier la base des techniques de chauffage traditionnelles. Chaque client et sa maison demandent une solution technique adéquate."

Quels sont les combustibles liquides neutres en carbone?

Il existe quatre types de combustibles neutres en carbone. Certains sont des biocombustibles, d’autres sont des combustibles synthétiques, tels que les Power-to-Liquids, dénommés aussi e-fuels, le ‘e’ signifiant électricité verte.

Parmi les biocombustibles figurent le FAME ou EMAG, le HVO et le B-t-L.

• FAME ou EMAG (Ester Méthylique d'Acide Gras): un combustible renouvelable fabriqué à partir d’huiles animales et végétales recyclées mélangées au mazout pour le rendre plus durable. Le secteur du transport utilise déjà ce carburant.

• B-t-L (Biomass-to-Liquid): un combustible liquide et neutre en carbone obtenu à partir de la biomasse et de déchets végétaux, comme la pulpe de bois, l’huile végétale ou les algues.

• HVO (Hydrogenated Vegetable Oil): est fabriqué par le traitement d’huiles végétales et de déchets d’huile de cuisson avec de l’hydrogène. Actuellement on produit plus de HVO à partir de fractions de déchets et de résidus de l’industrie de l’alimentation, du poisson et des abattoirs qui ne sont pas de qualité alimentaire.

• E-fuels: combustibles synthétiques qui sont fabriqués à l’aide de l’énergie solaire ou éolienne. Cette électricité verte est employée pour produire un combustible renouvelable qui capture également le CO₂ de l’air. Ainsi une partie du problème de l’effet de serre devient une partie de la solution.

Projet Copernic

Dans le projet Copernic allemand s’effectue la recherche et le développement de solutions technologiques capables de recycler les gaz à effet de serre et de les transformer en combustibles liquides synthétiques – ‘Power-to-Liquid’ – neutres en carbone. Durant le processus de production, on maximise l’énergie renouvelable, produite par le soleil et le vent. Les premiers produits sont entre-temps commercialisés et on s’efforce d’augmenter les volumes de production.

Ces produits sont ce que nous appelons des combustibles liquides ‘drop-in’. Ils peuvent être mélangés sans problème et de façon graduelle au mazout.

Les mélanges peuvent être parfaitement utilisés dans les installations de chauffage actuelles au mazout, sans adaptation notable, mais avec une réduction considérable du CO₂ comme conséquence.