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Le mazout a-t-il un avenir à faible émission de carbone ?

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Il existe plusieurs options potentielles, bien qu'elles ne soient pas toutes aussi avancées dans leur cycle de vie de produit

Un tiers des Belges comptent encore sur le mazout pour chauffer leur logement. Souvent, ce logement ne peut pas être raccordé au réseau de gaz naturel, ou alors avec difficultés, et le placement d’une pompe à chaleur est techniquement ou financièrement irréalisable. Les combustibles liquides pauvres en carbone constituent-ils une solution pour rendre le chauffage des bâtiments plus durable ? 

Réduction des émissions de CO₂

Il est certain qu'un large éventail de solutions est nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques. Le développement de combustibles liquides pauvre en carbone peut également contribuer à la réduction des émissions de CO₂ du chauffage dans les bâtiments. En effet, le mélange de combustibles liquides renouvelables issus de la biomasse ou de l'électricité dans le mazout peut résulter en une réduction de CO₂ allant jusqu'à 90% par rapport au mazout conventionnel. 

L'ampleur exacte de cette réduction dépend de l'origine du combustible renouvelable. Plusieurs options recèlent du potentiel, bien qu'elles ne soient pas toutes aussi avancées dans leur cycle de vie de produit : certains combustibles sont encore en cours de développement, tandis que d'autres sont déjà prêts à être commercialisés. 

Le mélange de combustibles liquides renouvelables issus de la biomasse ou de l'électricité dans le mazout peut résulter en une réduction des émissions de CO₂ allant jusqu'à 90%

BIOMASS-TO-LIQUID 

Différents types de biomasse ou de déchets - par exemple la pâte de bois, l'amidon ou les algues - peuvent être convertis en combustibles liquides décrits comme Biomass-to-Liquid ou Waste-to-Liquid. La manière dont cela se passe dépend de la matière première en question. En d'autres termes, les procédures de production de ces biocombustibles sont aussi diverses que les substances qu'ils peuvent contenir. 

Le plus connu des combustibles BtL est certainement le HVO ou huile végétale hydrotraitée. Ce combustible synthétique est produit à partir d'huiles de cuisson usagées provenant de l'industrie alimentaire et d'huiles végétales impropres à la consommation. Elles sont traitées à l'hydrogène afin d'obtenir un nouveau combustible liquide propre. 1,23 tonne d'huile végétale suffit pour produire 1 tonne de HVO. Le HVO est un combustible stable dont les propriétés de densité sont proches de celles du mazout traditionnel. Par exemple, son pouvoir calorifique est presque identique à celui du fioul pour les applications de chauffage et sa composition chimique est identique à celle du diesel XTL, un carburant synthétique déjà utilisé dans le secteur des transports en Belgique. 

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La société Neste transforme sa raffinerie de Rotterdam, ce qui augmentera le volume de HVO pour l'Europe (© Neste)

Power-to-Liquid

Les e-fuels ou PtL (Power-to-Liquid) sont des combustibles synthétiques issus d'énergies renouvelables. Cette énergie est utilisée pour l'électrolyse de l'eau, qui produit de l'hydrogène. En combinant ensuite cet hydrogène avec du dioxyde de carbone, on obtient des hydrocarbures liquides, qui sont à leur tour raffinés en un combustible liquide utilisable. Le CO₂ nécessaire à la production de ces e-fuels est extrait de l'air, par exemple des émissions des cheminées. De cette manière, le CO₂ généré par la combustion du combustible est en quelque sorte recyclé pour sa production. C'est ce qu'on appelle un cycle fermé du carbone, qui pourrait réduire les émissions de gaz à effet de serre jusqu'à 98% par rapport aux combustibles liquides classiques. 

Power-and-Biomass-to-Liquid

Si le CO₂ destiné à la production des e-fuels est extrait de la transformation de la biomasse, on parle alors de la forme mixte Power-and-Biomass-to-Liquid (PBtL). En principe, cela entraîne la même réduction des gaz à effet de serre que le procédé PtL, mais selon des chercheurs de l'Université norvégienne des sciences et de la technologie et de l'Université canadienne Queens, cela fait passer l'efficacité énergétique du procédé Biomass-to-Liquid de 38% à 90%. En d'autres termes, par rapport au BtL, on pourrait produire 2,4 fois plus de combustible à partir de la même quantité de biomasse. 

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(© Neste)

APPLICATIONS Possibles

Les combustibles liquides pauvres en carbone ont souvent les mêmes propriétés que leurs homologues fossiles. Ils peuvent donc être utilisés dans un large éventail de secteurs : du transport de marchandises aux transports de passagers, de la chimie et de l'industrie au chauffage des habitations privées. En théorie, toutefois. Car en Belgique, seules les entreprises qui souhaitent rendre leurs transports plus écologiques utilisent actuellement des combustibles liquides pauvres en carbone. 

Un aspect positif est qu'il n'est pas nécessaire d'investir dans de nouveaux et coûteux réseaux de distribution, car l'infrastructure de production et d'achat est en place. En outre, les techniciens n'ont pas besoin de se recycler. 

Les combustibles liquides pauvres en carbone présentent généralement de nombreuses propriétés identiques à celles de leurs homologues fossiles

Processus de production coûteux

Plusieurs facteurs entravent l'utilisation à grande échelle des combustibles liquides pauvres en carbone. Par exemple, il n'y a pas de volonté politique de les exempter d’impôts. Par ailleurs, le coût de production des e-fuels est élevé : la production ne se fait actuellement qu'à petite échelle et la plupart des procédés ne sont pas encore totalement au point. La disponibilité d'électricité renouvelable à faible coût et le fait que la capture du CO₂ n'a pas encore atteint sa maturité, sont également des inconvénients. 

Le HVO constitue une exception. Il est déjà produit à l'échelle commerciale aux Pays-Bas, en Italie, en France et en Finlande, entre autres, et avec un coût de production d'environ 1 euro par litre, il n'est pas nécessairement plus cher que le mazout traditionnel. Le secteur du chauffage regarde donc aussi dans cette direction dans un premier temps. 

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Différents types de biomasse ou de déchets peuvent être convertis en combustibles liquides décrits comme Biomass-to-Liquid (© Cargill)

Le HVO est le plus réaliste

Le HVO est un combustible stable qui, en raison de sa composition chimique, est compatible avec le mazout classique. Par conséquent, il peut être mélangé au mazout en toutes proportions - il s'agit donc d'un véritable produit « drop-in ». Au Royaume-Uni, en Autriche et en Finlande, il existe déjà des installations de chauffage qui fonctionnent à 100% au HVO. 

Actuellement, quelques 8 millions de tonnes de HVO sont produites chaque année. La société Neste transforme sa raffinerie de Rotterdam, ce qui augmentera de manière drastique le volume destiné à l'Europe. En outre, d'autres raffineries envisagent également de produire du HVO. 

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L'hiver dernier, Informazout a mis en place un vaste projet de démonstration avec le R33, un mélange de HVO et d’EMAG incorporé au mazout conventionnel

Intégration par étapes

Le fait que le HVO puisse être utilisé pur ou en mélange sans devoir apporter de modifications importantes à l'installation présente des avantages pour une conversion éventuelle. En effet, cela ne doit pas se faire du jour au lendemain, mais peut se faire progressivement. Seul l'avenir nous dira quand l'intégration du HVO dans les applications de chauffage en Belgique se fera réellement. Pour cela, les normes produit des combustibles liquides actuels (gasoil-chauffage 50S et gasoil-diesel 10S) devront peut-être être adaptées pour intégrer le HVO et/ou d'autres combustibles pauvres en carbone. En février 2020, Informazout a démarré un premier test de terrain en Belgique, avec les mélanges de 20% d'EMAG et 80% de mazout, et de 20% de HVO et 80% de mazout. 

L'hiver dernier, Informazout a mis en place un autre grand projet de démonstration avec le R33, un mélange de 26% de HVO (NBN EN 15940) et de 7% d’EMAG (NBN EN 14514) incorporé dans du mazout classique, qui a permis de réduire les émissions de CO₂ de 30 % par rapport au combustible fossile pur. 

DES PERSPECTIVES D'AVENIR PLUS LARGES

En termes de disponibilité, de coût et d’efficacité, à court terme au moins, le HVO - éventuellement en combinaison avec l’EMAG - est la plus réaliste des diverses options futures de combustible pour le chauffage domestique. Mais cela ne s'arrête pas là, selon le secteur. En effet, comme indiqué précédemment, des réductions de CO₂ encore plus importantes peuvent être obtenues avec des solutions PtL et PBtL. En outre, le cabinet de conseil britannique Frontier Economics prévoit que certains combustibles PtL atteindront un prix de 5 à 10 centimes d'euro/kWh d'ici 2050, soit à peu près le même prix que les combustibles conventionnels cette année-là. En d'autres termes, il existe de nombreuses autres pistes à plus long terme, et le secteur s'attend à ce que les combustibles liquides classiques soient progressivement remplacés par leurs homologues durables dans tous les secteurs au cours des prochaines décennies. 

QUE DIT LA LÉGISLATION?

Depuis le 1er janvier 2022, la réglementation est très différente d'une région à l'autre. En Wallonie et à Bruxelles, il est encore permis d'installer une nouvelle chaudière au mazout dans une maison nouvellement construite et de remplacer une ancienne chaudière dans une maison existante alors que ce n’est plus le cas au nord du pays.

Depuis le 1er janvier 2022, il n'est plus permis en Flandre d'installer une chaudière au mazout dans les bâtiments existants qui peuvent être raccordés au réseau de gaz naturel. Si aucun raccordement n'est possible, vous pouvez encore remplacer une chaudière au mazout existante par une chaudière au mazout à haut rendement. Dans les projets de construction neuve ou de rénovation énergétique importante dont le permis d'environnement est demandé après le 1er janvier 2022, vous ne pouvez plus non plus installer de chaudière au mazout à haut rendement.

Quelques remarques à ce sujet:

- En cas de défaut technique de la chaudière, il est encore permis de réparer et de remplacer des pièces détachées, comme un nouveau brûleur, la régulation, la pompe, etc. 
- Les chaudières commandées avant le 19 novembre 2021 peuvent encore être installées jusqu'au 31 mars 2022. Si l'installation est réalisée après le 1er avril 2022, l'utilisateur final peut présenter des contre-arguments à la VEKA (agence flamande de l'énergie et du climat) si une procédure d'exécution est engagée. Ces contre-arguments peuvent être basés sur des documents de l'installateur (historique de commande, autres documents du fabricant, etc.) VEKA décidera si le délai de livraison indiqué après la commande est acceptable.

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Écrit par Florus Tack

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