“LA CONSTRUCTION MANQUE DE DYNAMISME"
La confederation construction insiste sur les investissements strategiques
Fidèle à son habitude, la Confédération Construction a présenté les chiffres de la conjoncture de l'année précédente le 31 janvier, lors d'une conférence de presse en préambule à Batibouw. Ces chiffres sont, d'après l'administrateur délégué Robert de Mûelenaere, “plutôt une bonne nouvelle", bien que la Confédération Construction reste prudente. “L'évolution positive découle de certaines circonstances favorables," explique de Mûelenaere, “mais cela ne durera pas. Le secteur de la construction manque une dynamique interne et nous devons changer cela au plus vite."
2016 PLACE LA BARRE HAUT
Bien que les chiffres de 2016 ne soient encore qu'en partie disponibles, il est d'ores et déjà évident que le secteur de la construction a eu un impact particulier sur la croissance économique générale l'année écoulée. Si l'Institut des Comptes Nationaux (ICN) mentionne une croissance de l'économie belge de 1,23%, la croissance du secteur de la construction est estimée à 3,7%. La construction en tant que telle assure une croissance d'environ 0,4% de l'économie belge.
A noter que la croissance s'observe cette fois dans tous les sous-secteurs. Dans la construction résidentielle, il s'agit de 5 à 6%, dans la construction non résidentielle, on parle de 6 à 7%, et le marché de la rénovation a progressé de quelque 3%. Seul le génie civil a stagné. Du reste, la hausse de l'activité se répercute enfin à nouveau dans les chiffres de l'emploi. Après quatre ans de forte baisse, ils se sont stabilisés en 2016. Le nombre de salariés est resté au niveau de fin 2015.
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BESOIN DE NUANCES
“Les chiffres pour 2016 sont indéniablement bons," déclare de Mûelenaere, “mais les prévisions pour 2017 montrent à nouveau un affaiblissement, avec des chiffres de croissance autour de 1 à 2%."
Circonstances exceptionnelles
La raison en est le concours de certaines circonstances exceptionnelles en 2016, qui ne se répéteront peut-être pas en 2017. C'est ainsi que le marché de la nouvelle construction a profité du grand nombre de demandes de permis introduites encore avant le renforcement des exigences PEB flamandes, que des efforts supplémentaires ont été consentis pour la protection dans le marché de la rénovation, à l'occasion des attentats, et que la construction non résidentielle a pu compter sur une forte impulsion du projet Ecoles de Demain. Le secteur du génie civil constitue à nouveau l'exception: là, on attend justement plus d'activité en 2017, une évolution classique en préambule aux élections communales.
L'intensité de l'emploi continue de baisser
Dans les chiffres sur l'emploi, Mûelenaere fait une importante observation. “Pour aboutir à la stabilisation actuelle," explique-t-il, “nous avions besoin d'une croissance annuelle de 3,7% . Si elle ne se poursuit pas en 2017, et rien ne l'indique, nous nous orienterons à nouveau vers une baisse." La cause de la baisse de l'intensité est entre-temps connue: année après année, le nombre de travailleurs détachés augmente, également en 2016. “Une partie de notre croissance disparaît irrémédiablement vers l'étranger."
DYNAMIQUE INTERNE
La croissance de 2016 ne peut masquer les défis structurels du secteur, en d'autres termes. “Les facteurs de croissance de 2016 ne sont pas structurels," souligne de Mûelenaere, “et si nous poursuivons l'analyse, nous voyons que notre secteur manque d'une dynamique, à tout le moins en matière d'investissements et d'emploi." La Confédération Construction identifie quatre défis cruciaux et lorgne en premier lieu vers la politique pour apporter une réponse. Une politique réfléchie et une politique d'investissements structurels et stratégiques sont incontournables.
QUATRE DEFIS
Investissements
La Confédération Construction réagit de façon positive au Pacte National pour les Investissements Stratégiques que le gouvernement a conclu en automne 2016 et qui met l'accent sur la mobilité et l'énergie. “Une étude du Bureau Fédéral du Plan a confirmé récemment que le niveau des investissements de notre gouvernement est médiocre", explique de Mûelenaere. “Avec ce pacte, il peut offrir une réponse, quoique l'initiative doive être concrétisée de façon rapide et réfléchie. On doit oser opérer des choix fondamentaux."
Fiscalité
Idem pour la fiscalité, trop souvent contraire aux tendances en vigueur sur le marché de la construction et du logement, au lieu de les soutenir. Dans cette optique, la Confédération Construction plaide pour un taux de TVA réduit généralisé pour la reconstruction après démolition et des mesures fiscales qui incitent à investir sur le marché locatif.
Pacte social
Malgré la stabilisation de 2016, l'emploi restera sous pression dans les prochaines années. Si la baisse des charges se fait encore attendre, les plans pour de plus longs délais de préavis à partir de 2018 affecteront aussi la construction. Pour redonner de l'oxygène aux entreprises de construction, la Confédération Construction vise un pacte entre gouvernement et partenaires sociaux.
Numérisation
La Belgique est un mauvais élève en matière de digitalisation et d'optimisation du processus de construction. Peu d'entrepreneurs belges sont conscients de l'impact de la révolution numérique, tandis que d'autres pays sont déjà bien plus avancés. Avec les groupes de recherche sectoriels, la Confédération Construction veut accompagner les entreprises dans la transition, tout en comptant sur l'appui du gouvernement. Celui-ci devra prévoir des formations, des accords de collaboration et des mesures d'aide. Lors du Forum Construction du 16 février, la Confédération Construction mettra la numérisation à l'honneur.