Eline Van de Walle élue 'Jeune entrepreneuse flamande de l'année'
"Voir grand à notre petite échelle"
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Le 8 octobre 2024, Eline Van de Walle, 25 ans, a été élue "Jeune entrepreneuse flamande de l'année" par Embuild. Eline dirige depuis plusieurs années l'entreprise familiale de menuiserie Schrijnwerk Van de Walle à Oostakker, où elle est actuellement responsable des mesures et des devis. Sa passion pour le secteur du bois est née principalement au cours de ses études en technologie du bois. La période de crise sanitaire a d'ailleurs joué un rôle important dans la tournure de sa carrière.
Spécialisation dans la menuiserie extérieure en bois
Le gérant actuel, Jean-Pierre Van de Walle, est le premier à prendre la parole: "Notre entreprise de menuiserie Schrijnwerk Van de Walle est une entreprise familiale, fondée par mon grand-père. Ce qui a commencé par des travaux de menuiserie générale s'est transformé en une entreprise de plus de 20 employés. Les activités comprenaient alors tout ce qui avait trait à la menuiserie: travaux de couverture, menuiserie extérieure et intérieure..."
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"Aujourd'hui, nous avons choisi de nous concentrer entièrement sur la menuiserie extérieure en bois. Le parc de machines de notre atelier est d'ailleurs entièrement orienté dans ce sens. Nous avons toujours pris l'habitude d'investir de manière intensive afin de pouvoir répondre à la demande du marché."
"Ne pas avancer, c'est reculer, surtout dans notre secteur. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé à bon nombre de nos collègues. Soit ils ont démissionné, soit ils ont fait fabriquer leurs menuiseries extérieures chez nous et les ont ensuite installées."
Une fille dans l'entreprise
Jean-Pierre Van de Walle: "Lorsque j'ai rejoint l'entreprise en 1992, mon père travaillait avec deux employés. Au fil des ans, nous avons remanié notre entreprise de menuiserie pour atteindre environ sept employés, auxquels s'ajoutent Eline, mon épouse et moi-même."
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"En 2018, nous avons fait un gros investissement et acheté une Conturex de Weinig, une très bonne machine qui était - et reste d'ailleurs - nécessaire pour les productions que nous menons actuellement. En 2018 également, Eline a terminé ses études en sciences humaines. Je lui ai alors demandé si elle serait intéressée par l'idée de rejoindre l'entreprise."
"Et c'était le cas", ajoute Eline Van de Walle. "Après mes secondaires, j'ai également commencé à étudier la technologie du bois. Trois ans plus tard, j'ai obtenu mon diplôme. J'avais l'intention de faire un premier stage chez le commerce de bois Cras, mais cette période de stage est tombée en pleine période de Covid. Après à peine un mois, j'ai été obligée, comme tout le monde, de rester à la maison."
"C'était le moment idéal pour créer notre propre menuiserie et apprendre toutes les ficelles du métier auprès de mon père. Ainsi, nous sommes restés bien à l'intérieur de notre bulle familiale. Cela fait maintenant plus de quatre ans que je suis actif au sein de Schrijnwerk Van de Walle."
Un cadeau du Covid
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"Le Covid a été une aubaine pour nous, finalement", déclare le père Jean-Pierre Van de Walle. "D'un coup, nous avons gagné une force de travail. La charge de travail était un peu moins importante qu'en temps normal, ce qui a permis à Eline de découvrir tranquillement tous les aspects de notre entreprise."
Comme son père, Eline Van de Walle n'était pas pressée de rejoindre l'entreprise. "Après mes humanités, je voulais en fait étudier la gestion d'entreprise ou l'architecture. Mais ma mère m'a conseillé de jeter un coup d'œil aux matières de la technologie du bois pour voir si elles me plairaient. Et elle a eu raison."
"C'est ainsi que tout s'est mis en place et que, trois ans plus tard, j'ai obtenu mon diplôme. J'ai également une sœur, qui vient d'obtenir son diplôme en RH et qui a commencé à travailler pour une autre entreprise. Elle n'a pas eu l'étincelle comme moi."
Un rayon concentré
Au fil des années, la spécialité de l'entreprise familiale est toujours restée la menuiserie extérieure. "Nous proposons bien sûr des fenêtres et des portes classiques", explique Jean-Pierre Van de Walle. "Mais nous avons aussi des portails dans notre gamme. Nous utilisons les essences de bois les plus courantes, mais surtout des bois durs tropicaux."
"Nos clients sont pour moitié des particuliers et pour l'autre moitié des entrepreneurs, des promoteurs immobiliers et d'autres menuisiers. Nous essayons de travailler le plus près possible d'Oostakker. Et pas pour des raisons de problèmes de mobilité dans notre pays."
"Cela tient au fait que nous travaillons avec un matériau naturel qui nécessite un certain type d'entretien et de suivi. Si vous devez ensuite parcourir une centaine de kilomètres jusqu'au domicile d'un client pour assurer ce suivi, cela devient vite plus compliqué. Les clients de notre région peuvent donc compter sur un service de qualité de cette manière."
Spécialisé dans le patrimoine
Schrijnwerk Van de Walle emploie actuellement sept personnes. "Nous pouvons faire face au travail avec les personnes qui sont là actuellement", déclare Jean-Pierre Van de Walle. "Mais notre porte est bien sûr toujours ouverte aux travailleurs motivés et qualifiés qui ont le sens du détail et de la finition."
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"En fait, avec notre entreprise, nous essayons de voir grand à notre petite échelle. Nous avons beaucoup de chantiers à Gand. Il s'agit souvent de rénovations de bâtiments protégés en tant que patrimoine ou paysage urbain. S'il s'agit d'un paysage urbain, nous pouvons facilement reproduire la menuiserie d'origine dans un matériau plus durable. S'il s'agit de patrimoine, nous fabriquons les menuiseries exactement comme elles étaient fabriquées il y a des centaines d'années."
"Grâce à de nombreux projets remarquables, nous nous sommes forgé une solide réputation sur le marché du patrimoine. Et nous l'avons obtenue en mettant l'accent sur l'artisanat de la menuiserie. Mais cela n'enlève rien au fait que nous utilisons des techniques modernes pour recréer des pièces historiquement identiques."
Deux femmes sur 140 étudiants
Une femme active dans la construction, cela reste une exception - et c'est bien dommage. "Mais c'est une réalité, malheureusement", reconnaît Eline Van de Walle. "Dans la filière Technologie du bois, nous étions deux femmes sur 140 étudiants. Les proportions sont donc claires, n'est-ce pas?"
Eline plaide pour que davantage de jeunes (femmes) envisagent une carrière dans le secteur de la construction
"En ce qui me concerne, je n'ai pas fait ça pour prouver quoi que ce soit. J'étais simplement intéressée par la matière et le matériel. Pourquoi y aurait-il une différence entre les hommes et les femmes à cet égard? Bien sûr, j'ai aussi commis des erreurs au début, mais ni plus ni moins qu'un collègue masculin."
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Jean-Pierre Van de Walle: "Je peux imaginer que la première fois qu'Eline est allée prendre des mesures seule, elle était un peu mal à l'aise. Mais c'est la même chose pour tout le monde. Entre-temps, elle est devenue notre mesureuse attitrée et se montre particulièrement sûre d'elle auprès des clients. Et puis, je lui ai également laissé l'entière responsabilité de l'établissement des devis."
Recherche de jeunes femmes dans le secteur de la construction
Eline a donc clairement saisi sa chance. Aujourd'hui, elle plaide pour que davantage de jeunes, et surtout de jeunes femmes, envisagent une carrière dans le secteur de la construction en général, et dans celui du bois en particulier.
"Je sais que notre secteur n'a pas une image très positive auprès des jeunes, mais je peux leur assurer, la main sur le cœur, que c'est un secteur génial. Même si on ne s'en rend compte que lorsqu'on y travaille. En outre, pour moi personnellement, il serait agréable de rencontrer davantage de jeunes collègues féminines. Je peux donc que conseiller à celles qui hésitent de se lancer pour au moins essayer."
Un prix bien mérité
Récemment, Eline a été élue 'Jeune entrepreneuse flamande de l'année', un prix décerné par Embuild, le principal porte-parole du secteur de la construction, qui représente plus de 10.000 entreprises membres.
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"Je suis active parmi les jeunes d'Embuild. Un engagement actif était l'une des conditions pour obtenir le prix. Tous les deux mois, nous nous réunissons en groupes de travail pour organiser des événements. Le jury recherchait un lauréat qui souhaitait promouvoir activement le secteur de la construction, comme une sorte d'ambassadeur. Et cela correspondait tout à fait à mes attentes."
"Je suis bien sûr très heureuse d'avoir gagné. J'ai déjà reçu beaucoup de messages de ma famille et de mes amis. Même la télévision régionale AVS est venue tourner ici. Je ne m'attendais pas du tout à cette attention médiatique. Je ne vois pas d'impact direct sur l'entreprise dans l'immédiat, si ce n'est que cela va nourrir notre réputation."
Transmission
Schrijnwerk Van de Walle peut désormais se prévaloir d'une expérience de près d'un siècle. Il n'en reste pas moins que le regard est résolument tourné vers l'avenir.
"À terme, l'intention est évidemment qu'Eline s'occupe entièrement de l'entreprise. Elle parle déjà de déménager dans un atelier plus grand, mais ce sera surtout son affaire. Je suis heureux de continuer à participer à ce projet, mais je ne serai plus l'élément moteur."
"L'année dernière, nous avons rejoint le projet Familio de VOKA pour préparer plus ou moins la cession d'entreprise. Chaque mois, nous nous réunissons avec quatre autres familles qui en sont au même stade. C'est une démarche prospective, mais nous y travaillons déjà."