La quatrième génération est en place
en visite chez F. Claessens et Fils à Verviers
L’entreprise familiale F. Claessens et Fils de Verviers est presque centenaire, mais elle est aujourd’hui entrée de plain-pied dans la modernité et son avenir est désormais assuré par les arrières-arrières-petits-enfants du fondateur Franz Claessens, François et Maxime. Au départ, le grand-père de l’actuel administrateur Bruno Claessens était spécialisé dans la couverture de toits. Ce secteur est aujourd’hui totalement abandonné au profit des installations sanitaires qui représentent 60% de l’ensemble des activités et du chauffage pour le solde.
Une entreprise de toiture
"Mon grand-père était un acrobate", nous dit Bruno Claessens, actuel administrateur de l’entreprise familiale. "Il paraît que quand il installait un coq sur une église, il s’amusait à faire le poirier sur le coq." Quand il s’est lancé en 1926, il était spécialisé dans la couverture de toits. Son fils, François dit Fiquet fit son apprentissage chez son oncle qui lui faisait aussi de la toiture mais développait en parallèle une activité dans le sanitaire. Le pli fut pris.
"Tout le monde ne sait pas prendre les chantiers que nous prenons"
Un choix libre
Quant à Bruno, il a longtemps hésité entre devenir professeur de gymnastique ou rejoindre l’entreprise familiale de son père. "A l’origine, je n’avais pas du tout l’intention de marcher sur les traces de mon père. Il faut dire que l’on ne m’a jamais mis la pression et on m’a laissé faire mon choix. J’ai pu me prononcer librement. Après mes humanités, en section Latin-Sciences, j’ai d’abord voulu être professeur de gymnastique. Mais malheureusement, la natation n’a jamais été mon point fort et j’ai été recalé … Alors je suis entré en 1979 dans l’entreprise de mon père. J’avais 18 ans. J’avais déjà quelques notions du métier et de ce qui m’attendait puisque je l’aidais pendant les vacances scolaires. J’ai donc appris les bases en travaillant avec lui."
Du chauffage au sanitaire
Mais pour avoir accès à la profession, Bruno a suivi des cours et des formations d’apprentissage. "A l’époque", nous dit Bruno, "si vous aviez le chauffage dans vos activités, vous aviez accès automatiquement accès aux sanitaires, le contraire n’était pas vrai." C’est en 1992 que Bruno reprend les rênes de l’entreprise qu’il transforme en sprl.
Aujourd’hui, la couverture de toit ne fait plus partie des activités et désormais, le secteur sanitaire représente 60% des activités contre 40% pour le chauffage au sein de l’entreprise F. Claessens.
Les apprentis ne sont pas des ‘mandaïs’
"Nous formons nous-mêmes nos apprentis et stagiaires. Nous leur apprenons le métier. Nous ne les considérons pas comme des ‘mandaïs’ (homme à tout faire en wallon), comme on dit chez nous. Nous leur apprenons autre chose que de passer un coup de balai (même si c’est important de laisser un chantier propre) … et nous ne débauchons jamais notre personnel chez nos confrères. En revanche, le contraire nous arrive un peu trop souvent à mon goût. Cela prouve sans doute aussi la qualité de nos formations (rires)."
L’entreprise travaille actuellement avec un peu plus d’une bonne vingtaine d’ouvriers, tandis que la partie administrative de l’entreprise est assurée par cinq personnes.
Une clientèle variable et …
Le public cible de l’entreprise est très variable. Il est composé à la foi d’entrepreneurs, de professionnels, d’architectes et bien sûr aussi de particuliers.
"Avec les inondations qu’a connues la région en juillet dernier, nous avons, pour le moment un surcroît de travail important", nous dit Bruno. "Et nous n’avions pas vraiment besoin de cela." Habituellement, l’entreprise établit une moyenne de 350 offres par an. Fin septembre, ce chiffre était cette année déjà de 456. Bruno estime que les inondations en représentent environ 250. "Notre région ainsi que notre personnel ont été particulièrement touchés. Notre entreprise a elle-même perdu deux camionnettes dans cette catastrophe, mais bon il ne s’agit là que de biens matériels, rien à côté du drame humain qui a touché un de nos collègues."
"Le travail au noir ne me fait pas peur. La main d’œuvre étrangère est un problème"
… essentiellement wallonne
L’entreprise familiale aujourd’hui gérée par Bruno travaille essentiellement sur la Wallonie et surtout sur les régions de Liège et de Verviers. Mais rien n’empêche l’entreprise d’aller plus loin, y compris à Bruxelles. La clientèle est fidèle et la publicité se fait essentiellement par le bouche à oreilles.
"Nous avons beaucoup de travail que nous avons acquis grâce à notre réputation. Je ne me sens pas tellement concerné par le travail au noir. Ce qui m’inquiète plus, c’est la concurrence de la main d’œuvre étrangère", nous dit encore Bruno. "Nous restons une entreprise familiale et c’est aussi notre force face à des entreprises qui deviennent de plus en plus des entreprises financières, sans âme et sans contact personnel. Pour moi, la relation avec le client reste un élément très important dans notre métier."
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Pas trop de concurrence
Bruno Claessens estime qu’il ne souffre pas trop de la concurrence. "Tout le monde ne sait pas prendre les chantiers que nous prenons. Nos points forts sont le service, les délais et la qualité de notre travail, ceci dit tout en restant modeste", précise-t-il. "Et en plus, nous avons un très bon rapport qualité/prix, ce qui ne gâte rien."
"Nous restons aussi très maniable au niveau du planning, ce qui nous permet de jongler avec celui-ci, en fonction des aléas d’un chantier, de l’absentéisme éventuel, des fournisseurs de matériaux et de tous ces éléments sur lesquels nous n’avons aucune prise."
Afin d’obtenir les meilleurs produits aux meilleures conditions, l’entreprise Claessens et Fils ne collabore pas exclusivement avec quelques fournisseurs attitrés. Elle préfère les mettre en concurrence et travaille dès lors avec la plupart des grossistes belges afin d’obtenir les meilleurs choix, conditions, délais et prix. Toujours dans l’optique de servir au mieux les clients et de veiller à leurs intérêts.
"Notre région ainsi que notre personnel ont été particulièrement touchés par les inondations"
Former son propre personnel
Apparemment, l’entreprise ne souffre pas trop de problème d’absentéisme. "Nous essayons que notre personnel soit heureux. Nous les formons de A à Z et c’est évidemment une déchirure quand nos collègues viennent parfois nous les débaucher. Il est, en effet, très difficile de trouver du personnel de qualité car il y a de moins en moins d’apprentis, ce qui ne s’arrange pas avec la crise sanitaire. Nous avons noté une certaine démotivation depuis la crise du covid. Il est vrai que les métiers de la construction sont des métiers durs, mais ils présentent aussi de nombreux avantages. A nous de les mettre en avant. Pour nous une bonne solution, outre les filiales d’apprentissage en alternance, est celle proposée par le Forem qui nous envoie des stagiaires que nous formons ensuite à notre main."
Flambée des coûts des matières premières
Parlant du covid, le secteur doit actuellement aussi faire face à une hausse des prix des matières premières et cela devient très inquiétant pour tous les acteurs du secteur. Un exemple parmi d’autres, le prix des radiateurs vient d’augmenter de 14% et on s’attend prochainement à une nouvelle augmentation de 14%. Tout cela n’est évidemment pas très bon pour l’avenir du secteur "mais nous sommes tous logés à la même enseigne", précise encore Bruno.
La réalité de l’aspect financier
Toutes les techniques d’installations de chauffage sont utilisées et proposées par l’entreprise F. Claessens et Fils. "Nous sommes ouverts à tout", précise Bruno "et le choix d’une technique en particulier est toujours le fruit d’une discussion avec le client, même si je suis personnellement plus spécialisé en gaz. Nous devons aussi tenir compte des moyens financiers du client et du fait qu’aujourd’hui, les bâtiments sont de plus en plus isolés. Personnellement et au vu des décisions politiques actuelles, pour moi, on se tournera, à l’avenir, vers la pompe à chaleur avec du photovoltaïque, mais cela reste, à l’heure actuelle, le plus onéreux à l’achat."
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La paperasserie
Pour tout ce qui est paperasserie, l’entreprise peut se reposer sur ses cinq employés administratifs, mais aussi faire appel à des sociétés spécialisées en fonction des soucis rencontrés ou obtenir de l’aide et des informations notamment de la Confédération de la Construction dont Bruno est un membre actif et un ardent défenseur.
Pour se tenir au courant des nouveautés, des nouvelles techniques et des nouvelles législations, l’entreprise F. Claessens et Fils s’informe chez les grossistes, à la Confédération, au Centre Scientifique et Technique de la Construction (pas assez utilisé par ses collègues, estime Bruno) ainsi que via les magazines professionnels.
L’avenir de l’entreprise
"Mon avenir, je le vois de manière sereine", nous dit Bruno. "Je vais bientôt prendre ma pension et me consacrer à mes passions personnelles comme le tennis et l’automobile. Et c’est mon fils François et mon neveu Maxime qui vont reprendre les affaires. Ils nous ont rejoints il y a une petite dizaine d’années et tous les deux sont déjà très impliqués dans la société et j’en suis particulièrement ravi car comme mon père l’avait fait avec moi il y a 42 ans, je n’ai nullement obligé ou poussé mon fils à reprendre la société. C’est son propre choix. Et cela nous amène déjà à la quatrième génération …"
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