passages: les maillons faibles de la stratEgie de prEvention de l’incendie?
Le passage A travers des ELEments ignifuges demande une attention suffisante
Il ressort des statistiques que moins de la moitié des passages de conduites et de câbles dans des parois ignifuges sont exécutés de façon correcte. Une bonne réalisation est néanmoins inévitable pour garantir la sécurité incendie dans les bâtiments. Ceci entraîne quelques défis, surtout dans la construction en bois.
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La pratique
L’Arrêté Royal Normes de Base stipule que les passages de conduites, câbles, conduits de ventilation et autres affaiblissements à travers des éléments constructifs ignifuges (tels que des cloisons, murs et sols) ne peuvent pas influencer de façon négative la résistance au feu de ces éléments. En d’autres termes, lorsqu’une paroi doit être ignifuge, cela vaut aussi pour les passages. Pour de plus amples informations à ce sujet, nous renvoyons vers la NIT254 et les dossiers CSTC 2016/3.12.
Afin de garantir la résistance au feu de la paroi, tous les passages présents doivent être colmatés de façon correcte. Lors du choix d’un dispositif ignifuge spécifique, on doit toujours vérifier que celui-ci convient à l’application visée. C’est ainsi que les mousses polyuréthane ne peuvent pas être utilisées en principe pour colmater les passages (voir illustration 1). En effet, de telles mousses sont exclusivement destinées à colmater toutes sortes de joints linéaires. Le passage ignifuge d’une goulotte dans l’illustration 2 a été exécuté avec un dispositif testé et validé (panneaux de laine de roche et revêtement moussant).
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solutions-types
Pour répondre aux exigences de l’Arrêté Royal, on peut placer soit un dispositif ignifuge spécial, soit utiliser les solutions-types de l’annexe 7 de l’Arrêté.
Ces solutions-types ne doivent pas être étayées par un rapport d’essai ou un document de classification. Le placeur doit bel et bien tenir compte de leur champ d’application (voir NIT 254) dans leur exécution. C’est ainsi que les solutions-types conviennent uniquement pour colmater des conduites et des câbles, mais pas pour colmater des conduits de ventilation et des conduits de fumée. Ces solutions consistent à exécuter un pur colmatage avec du mortier (ciment ou plâtre) ou à utiliser un fourreau. Ils ne visent que les conduits de diamètre limité.
Quid de la construction
(A ossature) bois?
A l’heure actuelle, on utilise de plus en plus souvent des parois à ossature bois ou des parois massives en bois dans la construction ou la rénovation des bâtiments. Dans les cas auxquels s’applique l’Arrêté Royal précité, une attention suffisante doit être accordée à la résistance au feu des passages exécutés. La majorité des essais effectués à ce jour concernent toutefois des parois massives en maçonnerie ou en béton cellulaire et des cloisons légères avec une structure à ossature métallique. Les résultats ne peuvent pas être appliqués indifféremment aux parois à ossature bois ou parois massives en bois.
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Construction à ossature bois
Lorsqu’on doit exécuter des passages ignifuges dans des parois à ossature bois, on doit de préférence disposer d’un document de classification d’un passage déjà testé dans ce type de paroi spécifique. La grande diversité dans l’érection de parois à ossature bois (lamellés-collés, isolation, épaisseur, …) rend quasi impossible l’essai pratique de toutes les configurations.
La norme d’essai européenne NBN EN 1366-3 relative aux passages autorise le remplacement de la structure métallique de l’ossature dans des cloisons légères par des montants en bois. Dans ce cas, on doit toutefois bel et bien satisfaire aux conditions suivantes:
- La résistance au feu (R)EI de la paroi à ossature bois doit être au moins identique à celle de la cloison et doit être validée par un rapport de classification;
- La paroi doit comporter au moins autant de panneaux que la paroi testée;
- L’épaisseur de la paroi doit au moins être égale à l’épaisseur de paroi testée;
- Le passage doit se situer au moins à 100 mm des montants en bois;
- Autour du passage, on doit placer une isolation ininflammable de 100 mm (A1 ou A2) au minimum (pour des raisons pratiques, il est recommandé de remplir le module complet);
- La densité de l’isolation doit au moins être identique à celle de l’isolation testée.
Parois massives en bois
Afin de vérifier la résistance au feu des passages de conduites et de câbles à travers des parois massives en bois (bois stratifié en croix CLT), on recourt de préférence à un essai selon la norme d’essai européenne NBN EN 1366-3. Etant donné le large éventail de composition des éléments CLT, il est toutefois quasiment impossible pour les fabricants de dispositifs ignifuges de tester toutes les configurations. Ceci n’empêche pas que plusieurs fabricants peuvent entre-temps présenter des rapports de classification pour leurs passages à travers des parois en bois massives. En outre, la croissance du marché engendre le développement de nouvelles solution sans cesse plus nombreuses. Les dispositifs ignifuges testés dans une cloison légère (standardisée) ou un mur massif pourraient également être appliqués dans des éléments CLT, pour autant que certaines conditions soient remplies:
- La résistance au feu et l’épaisseur de la paroi CLT doivent être supérieures à celles de la paroi (massive ou légère) testée.
- L'élément CLT doit sans aucun doute être protégé dans et autour de l’ouverture par des lamellés-collés ignifuges qui répondent au critère K2 30.
Source: Dossier CSTC 2019/01.07
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