Réduisez les risques d'incendie lors de vos travaux de toiture
Travailler avec une flamme nue sur et autour des toits n'est jamais sans danger
En Belgique, il n'existe pratiquement pas de statistiques sur les causes des incendies. Il y a également très peu de recherches à ce sujet. Pourtant, on entend très régulièrement parler d'incendies de toiture dévastateurs aux conséquences très graves.
Selon Tim Renders, consultant en sécurité incendie, les dernières statistiques relatives aux incendies datent de 2020. "Comme les années précédentes, ces chiffres sont incomplets", explique-t-il. Nous avons demandé à l'expert quels sont les plus grands risques d'incendie lors de travaux sur les toits.
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Il ne s'agit pas de cas isolés
De temps en temps, un article de presse rapporte un incendie qui s'est probablement produit pendant ou après des travaux sur un toit. La plupart des lecteurs se souviennent sans doute de l'incendie dévastateur causé par des travaux de toiture sur le campus de l'Université d'Anvers le 6 juillet 2022, qui a blessé un couvreur et mobilisé la zone de pompiers d'Anvers ainsi que cinq autres zones de pompiers.
Il ne s'agit malheureusement pas d'un cas isolé car les nouvelles de ce genre sont monnaie courante. Même si l'on ne se trouve pas sur le toit, le risque d'incendie se cache dans de nombreuses autres opérations. La même année que l'incendie d'Anvers, à Deerlijk, le patron d'une entreprise de toiture a été tué et son collègue a été très grièvement blessé lorsqu'une bouteille de gaz a explosé dans leur camion.
Les principales causes d'incendie de toiture
Les statistiques disponibles ne fournissent pratiquement aucune information sur les causes, et encore moins sur ce qui est à l'origine des incendies de toiture. "La pratique montre que le travail avec une flamme nue sur et autour du toit est la cause la plus importante. Dans de très nombreux cas, le coupable est le brûleur utilisé pour le roofing. Les bouteilles et les tuyaux de gaz peuvent également présenter un risque, de même que l'utilisation d'apprêts inflammables", explique Renders
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Chaque fois qu'une flamme nue est utilisée, il y a un risque d'incendie. En outre, il n'y a pas que lors de la pose d'une couverture en bitume que vous prenez un risque. Si vous utilisez le brûleur pour sécher de l'eau ou si vous vous trouvez trop près de matériaux d'isolation inflammables, cela n'est pas sans danger.
Toitures en pente et toitures plates
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Il est évident que la pose de tuiles présente moins de risques d'incendie que la pose d'un roofing. Comme on n'utilise pas de brûleur avec les toitures en pente ou qu'on ne travaille pas avec une flamme nue, il est très rare qu'un incendie se produise dans le cadre de ces travaux.
Toutefois, la probabilité n'est jamais nulle. En effet, les étincelles provenant des meuleuses ou des scies peuvent être suffisamment chaudes pour enflammer des matériaux inflammables. Les travaux de zinguerie peuvent également présenter des risques, mais ceux-ci sont négligeables. Seule une négligence peut avoir des conséquences fâcheuses.
Les risques d'incendie lors des travaux de toiture
Pendant le stockage de bouteilles et de tuyaux de gaz
Travailler avec du gaz n'est jamais sans risque. Cela commence par le stockage des bouteilles de gaz. Qu'il s'agisse de propane ou de butane, il est important de ne jamais stocker les bouteilles de gaz dans une cave. Il ne faut pas non plus les stocker près du conduit de ventilation du sous-sol. La raison? Ces deux gaz sont plus lourds que l'air. En cas de fuite, le gaz se dirige vers l'endroit le plus bas, où il s'accumule sur le sol si bien que vous vous retrouvez plus rapidement dans la zone d'explosion. Si vous recherchez la sécurité, optez pour des systèmes de stockage de bouteilles de gaz que vous pouvez placer à l'extérieur.
Les tuyaux de gaz constituent un autre problème. N'oubliez pas qu'ils ont une durée de vie limitée et qu'ils doivent être vérifiés régulièrement. Ne dépassez jamais la 'date de péremption'. Le tuyau à gaz orange classique a une durée de vie maximale de cinq ans. Si, après inspection, vous constatez que ce tuyau est devenu poreux, remplacez-le immédiatement. Manipulez également les tuyaux avec précaution, car si vous les écrasez ou les tirez trop fort, vous risquez de provoquer des trous ou d'autres défauts.
Pendant le transport
Avant de monter sur le toit, il est important que toutes les fournitures nécessaires aux travaux de couverture soient stockées de manière adéquate et sûre pour le transport. Veillez notamment à ce que les bouteilles de gaz et les solvants soient toujours solidement fixés en position verticale, et à ce que vous disposiez d'un nombre suffisant d'extincteurs et d'une trousse de premiers secours bien équipée. Il va sans dire qu'il est strictement interdit de fumer pendant le transport de ces matériaux inflammables.
Pendant les travaux de toiture
Inflammabilité du bitume
En principe, le bitume n'est pas un problème. Le matériau peut s'enflammer s'il est surchauffé ou trop cuit mais ce risque est plutôt faible. Les éléments qui présentent un risque sont les raccords, l'âge de la charpente, la présence de planchers en bois, l'isolation, etc.
Liquides inflammables
Si vous travaillez avec des solvants, des apprêts ou d'autres liquides inflammables, il est important de connaître le point d'inflammabilité et la densité de vapeur des produits que vous utilisez.
Le point d'inflammabilité est la température la plus basse à laquelle un liquide inflammable libère suffisamment de vapeur pour s'enflammer, lorsqu'il est ajouté à une source d'inflammation. En d'autres termes, il s'agit de la température minimale qu'un liquide inflammable doit atteindre pour s'enflammer si l'on ajoute une étincelle/température/source d'inflammation. Plus le point d'inflammabilité est bas, plus le risque d'incendie est élevé.
La densité de vapeur fait référence au poids des vapeurs d'un liquide inflammable. Selon le liquide, les vapeurs sont plus lourdes ou plus légères que l'air. La majorité des vapeurs sont plus lourdes que l'air et, en d'autres termes, descendent vers le point le plus bas, où elles s'accumulent.
L'utilisation d'apprêts en phase aqueuse permet d'éliminer une partie du danger.
Le permis de feu
Vous êtes tenu de procéder à une évaluation des risques d'incendie avant d'entamer des travaux de toiture. En outre, vous devez obtenir du client des informations sur les dangers présents dans l'organisation. Pensez aux substances stockées, aux installations dangereuses et à l'aménagement des locaux. Enfin, le client doit vous informer des procédures à suivre en cas d'incendie, de la présence d'une équipe de secours et des différents points de rassemblement, etc. Toutes ces informations sont regroupées dans ce que l'on appelle le permis de feu: un formulaire qui doit être complété par toutes les parties concernées et qui fixe les procédures à suivre pour les travaux impliquant des risques d'incendie.
Vous devez, à votre tour, informer le maître d'ouvrage des risques liés aux travaux. Cela se fait par le biais d'un document signé avant le début des travaux et cela comprend l'analyse des risques d'incendie et les mesures de prévention nécessaires. Le client, par le biais du permis de feu, donne l'autorisation d'effectuer les travaux, après avoir consulté le conseiller en prévention et, si nécessaire, pris des mesures supplémentaires.
Il est important de noter qu'un permis de feu n'est pas obligatoire pour les travaux effectués dans une maison privée. Néanmoins, il est recommandé d'appliquer les mêmes principes.
Analyse de la structure du toit
Avant d'entamer les travaux, il est essentiel de savoir à quoi ressemble la toiture à l'intérieur et à l'extérieur. Procédez avec précaution et ne sautez aucune étape. Il doit s'agir d'une procédure standard, car non seulement votre tarification sera établie sur base de cette analyse mais en plus, la manière dont vous réaliserez les travaux de toiture dépendra de la situation. Examinez la structure et voyez ce qui se trouve sous le toit. Quelle est l'isolation du toit? De quels matériaux la structure du toit est-elle composée? Y a-t-il d'autres problèmes cachés qui pourraient présenter un risque?
La sécurité avant tout
Une zone de travail sûre
L'ordre et la propreté sont très importants pour créer un environnement de travail sûr. Veillez à ce qu'il n'y ait pas d'obstacles et appliquez une politique de stationnement correcte. En cas d'incendie, vous ne voulez pas que des camionnettes ou des camions gênent les services de secours. Veillez à ce que les bords de toit, les pénétrations de toit, les raccordements aux façades, l'isolation et les autres composants soient protégés contre les flammes nues. Tenez toujours compte des conditions météorologiques le jour des travaux et assurez-vous de connaître les différentes voies d'évacuation. Il va sans dire qu'une trousse de premiers secours bien équipée contribue à la sécurité de la zone de travail. Accordez une attention particulière aux matériaux utilisés pour les brûlures.
Prévoyez des extincteurs supplémentaires
Toute situation susceptible de présenter un risque d'incendie nécessite des extincteurs appropriés. Avoir un extincteur sur le toit est une chose, l'utiliser en est une autre. Sachez quel type d'appareil utiliser pour quel type d'incendie. Vous avez affaire à un incendie au gaz? N'utilisez pas d'extincteur mousse, mais assurez-vous d'avoir un ou deux extincteurs poudre à portée de main. Les extincteurs poudre sont les plus couramment utilisés dans votre secteur d'activité, car ils permettent d'éteindre les incendies de solides, de liquides inflammables et de gaz.
Si vous souhaitez réduire davantage le risque d'incendie ou vous assurer que vous disposez d'une capacité d'extinction suffisante, envisagez de stocker une certaine quantité d'eau sur le toit. Cela peut faire une différence significative en cas de début d'incendie et offre une sécurité supplémentaire au cas où l'un de vos employés souffrirait de brûlures.
Contrôle a posteriori
A la fin des travaux de toiture, il ne faut jamais descendre immédiatement du toit ni quitter le chantier. Un contrôle a posteriori approfondi est indispensable pour éliminer tout risque. Certains permis de feu exigent que vous restiez sous surveillance jusqu'à deux heures après l'utilisation d'une flamme nue ou la réalisation d'activités présentant un risque d'incendie. Le toit n'est pas le seul à mériter votre attention. Veillez également à ranger votre matériel en toute sécurité dans votre camionnette et à fixer les éléments nécessaires de manière à ce qu'ils ne puissent pas se déplacer.
Mieux vaut prévenir que guérir
Vous voulez éviter les demandes de dommages-intérêts qui, sur certains projets, peuvent atteindre des millions d'euros? Ne sautez aucune étape et ne prenez aucun risque.
- Analyse des risques:
Avant de commencer un projet, procédez à une analyse approfondie des risques. Identifiez les risques d'incendie potentiels sur le lieu de travail, tels que les bouteilles de gaz, les liquides inflammables et les flammes nues. Déterminez les conséquences potentielles d'un incendie et élaborez des mesures de prévention appropriées. - Permis de feu:
Obtenez les permis et autorisations nécessaires pour travailler avec des flammes nues ou des matériaux inflammables. Le maître d'ouvrage est tenu d'informer les couvreurs des dangers présents et des procédures à suivre en cas d'incendie. - Choix des matériaux:
Dans la mesure du possible, choisissez des matériaux et des produits ignifuges. Envisagez des matériaux d'isolation, de couverture et de fixation ignifugés. - Méthodes de travail:
Appliquez des méthodes de travail sûres et évitez les comportements à risque inutiles. Veillez à ce que le lieu de travail soit ordonné et rangé, évitez d'entasser des matériaux inflammables et tenez compte des conditions météorologiques telles que le vent et la pluie.
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Comment déterminer la capacité d'extinction?
Il existe différentes classes d'incendie. Pour les travaux de toiture, vous aurez principalement affaire à la classe d'incendie A (solides) et à la classe d'incendie B (liquides).
Il existe une notation fixe pour tester la capacité d'extinction de la classe d'incendie A (solides) et de la classe d'incendie B (liquides) dans des bancs d'essai. Le résultat peut varier énormément. Plus le chiffre pour A ou B est élevé, plus la capacité d'extinction est importante.
Pour vous faire une idée rapide, mettez une virgule entre les chiffres devant le A. Cela représente la longueur du banc d'essai (incendie) que l'extincteur atteint dans un dispositif d'essai pour matières solides, par exemple 44 A correspond à 4,4 mètres, 34 A à 3,4 mètres et 27 A à 2,7 mètres. Vous remarquerez qu'il y a une grande différence.
Le maximum pouvant être atteint est de 55 A.
Pour la classe d'incendie B (liquides), il faut penser en litres. Par exemple, un extincteur classé 233 B peut éteindre 233 litres dans un dispositif d'essai, 183 B peut éteindre 183 litres et 89 B seulement 89 litres. Ici aussi, on constate de grandes différences, qui se traduisent par une capacité d'extinction variable. Le maximum pouvant être atteint est de 233 B.
Tim Renders est consultant en sécurité incendie.
Après 25 ans d'expérience parmi les pompiers et près de 15 ans en tant qu'instructeur, c'est en 2020 que Tim Renders a choisi de se consacrer entièrement à la formation et à la consultance. Envie d'en savoir plus? Consultez son site web.