L'ISR dans la pratique de la construction: découvrez les opportunités!
Peter D'Herdt (Buildwise)
Lors de BuildUp 2025, Peter D'Herdt, expert en R&D chez Buildwise, a mis le doigt sur un outil relativement nouveau que l'Union européenne met de plus en plus en avant: le Smart Readiness Indicator (SRI). L'objectif? Un moyen uniforme de mesurer l'état de préparation des bâtiments aux applications intelligentes.
Un instrument politique européen

Le Smart Readiness Indicator (SRI) a été introduit par la Commission européenne en 2018 en tant qu'outil volontaire dans le cadre de la directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD). Mais avec la révision prévue en 2024, le ton a changé: l'ISR passe d'un concept facultatif à une obligation progressive.
M. D'Herdt a expliqué comment la SRI devrait combler une lacune: bien que les bâtiments contiennent de plus en plus de technologies, le potentiel de l'automatisation et de la surveillance est encore souvent insuffisamment exploité. La SRI rend cela visible et sensibilise les propriétaires, les gestionnaires et les concepteurs.
Que mesure exactement la SRI?
L'ISR mesure la capacité d'un bâtiment à s'adapter aux besoins de ses utilisateurs et du réseau grâce à des applications intelligentes, telles que les technologies de l'information et de la communication, ainsi qu'à améliorer l'efficacité énergétique et les performances globales. En d'autres termes, il ne s'agit pas de savoir si un bâtiment est actuellement intelligent, mais de connaître son potentiel.
"Un faible score ISR est un choc: les propriétaires se rendent soudain compte que leur bâtiment est à la traîne"
La méthode s'appuie sur trois points principaux, également connus sous le nom de "trois G". Ces trois points sont ensuite décomposés en sept critères d'impact:
- Bâtiment: efficacité énergétique et maintenance
- Utilisateur: confort, facilité d'utilisation, santé et bien-être, et information de l'utilisateur
- Réseau: flexibilité
Ces critères sont vérifiés dans neuf domaines techniques: chauffage, refroidissement, eau chaude sanitaire, ventilation, éclairage, enveloppe dynamique du bâtiment, électricité, électromobilité, surveillance et contrôle.
Au total, 54 services sont définis pour tous les domaines dans le catalogue européen des normes, chacun pouvant comporter jusqu'à cinq niveaux. Par exemple, un bâtiment peut obtenir une note pour la synchronisation intelligente de la consommation d'énergie ou la réponse automatique aux tarifs dynamiques de l'énergie. En fonction du niveau atteint, une note comprise entre -2 et +3 est obtenue à chaque fois.
L'évaluation par domaine et par critère d'impact se fait en comparant le score X et le score maximum Y obtenu. Ces scores sont ensuite additionnés en fonction de leur importance. Par exemple, en Belgique, le domaine "chauffage" est plus important en termes de "consommation d'énergie" que le domaine "refroidissement", alors qu'en Grèce, ce serait l'inverse. Au final, on obtient un score pondéré pour chaque critère d'impact.
Sensibilisation et feuille de route
Selon M. D'Herdt, la SRI ne doit pas être considérée comme un outil d'audit classique. Il s'agit avant tout d'un outil de sensibilisation et d'amélioration. Un score faible peut provoquer un effet de choc: les propriétaires voient noir sur blanc que leur bâtiment est à la traîne. C'est alors que la SRI peut devenir une feuille de route pour l'amélioration. Le score global est également une bonne valeur pour commencer à se comparer à d'autres bâtiments (benchmarking).
Les sous-cotes fournissent à leur tour des informations détaillées: un bâtiment peut avoir une bonne note pour le confort, mais une faible note pour la flexibilité, ou être performant pour le refroidissement, mais à la traîne pour la climatisation. Un bâtiment peut être bien noté pour le confort, mais faiblement pour la flexibilité, ou être bien noté pour le refroidissement, mais moins bien pour l'électromobilité. De cette manière, la SRI permet d'identifier des domaines d'amélioration ciblés, également à différents niveaux.
M. D'Herdt compare cela à une visite chez le médecin: l'évaluateur SRI pose un premier diagnostic, identifie les pistes possibles et renvoie vers des spécialistes - concepteurs, installateurs ou entrepreneurs - qui élaborent des solutions concrètes. Ces spécialistes sont en effet mieux à même d'évaluer les travaux, leur faisabilité et leur impact. Après les interventions, le SRI peut être recalculé, révélant ainsi les progrès accomplis. L'évaluateur SRI et les spécialistes sont tous deux responsables du suivi.

Logique européenne, liberté nationale
La SRI est ancrée dans la législation européenne, mais laisse aux États membres la possibilité de définir leurs propres priorités. L'Europe définit les grandes lignes: les trois G, les critères d'impact, les domaines et les classes d'évaluation. Mais les pays peuvent définir leurs propres catalogues de services, facteurs de pondération ou conditions supplémentaires (telles que l'interopérabilité). L'Europe elle-même propose deux catalogues standards, l'un simple et l'autre plus détaillé.
Aujourd'hui, une quinzaine d'outils officiels existent, dont le paquet d'évaluation ISR de la Commission européenne et des solutions à bas seuil développées dans le cadre de projets européens tels que Smart Ready Go et SRI2Market. Les premiers projets pilotes ont également été lancés en Belgique. Pour l'instant, la Flandre se concentre sur les compétences nécessaires à la formation des assistants ISR, une étape cruciale pour que l'outil soit adopté dans la pratique.
Enthousiasme et difficultés initiales

Actuellement, des phases d'essai sont en cours dans de nombreux pays européens. Mais cet enthousiasme suscite aussi de grandes attentes. M. D'Herdt a prévenu qu'il y avait encore des goulets d'étranglement. Par exemple, les bâtiments peuvent parfois recevoir des notes négatives ou même dépasser 100 % pour certains critères - des résultats intuitivement étranges qui affectent la robustesse de la méthode.
M. D'Herdt compare la Belgique à un escargot: l'évolution se fait très lentement. Sur la carte (voir à gauche), la Belgique n'est pas colorée. En effet, la Belgique se compose de trois régions et seule la région flamande est en phase de test officielle. Malgré le fait qu'une phase de test soit en cours en Flandre, M. D'Herdt émet une critique. Selon lui, la Flandre ne va pas assez loin, car elle ne se concentre actuellement que sur la formation nécessaire pour les évaluateurs ISR et pas assez sur l'applicabilité et la solidité de la méthodologie.
En outre, il existe un risque de prolifération des interprétations. Si chaque pays applique ses propres règles, l'étalonnage international devient difficile. Selon M. D'Herdt, l'approche doit converger. La robustesse et la cohérence sont essentielles pour rendre l'ISR crédible.
Vers un ISR belge
Buildwise travaille sur une proposition d'approche belge, dans le plus grand respect du cadre européen, mais avec des adaptations au contexte local lorsque cela s'avère avantageux, voire nécessaire. Les points d'attention importants sont l'élimination des valeurs négatives, l'augmentation de l'applicabilité pratique et le renforcement de la synergie avec d'autres instruments politiques, tels que l'obligation d'automatisation des bâtiments (BACS).
L'objectif final est de fournir un outil pratique qui aide les propriétaires, les concepteurs et les gestionnaires à choisir des bâtiments prêts pour l'avenir avec un minimum d'efforts supplémentaires.
Qui est Peter D'Herdt?
Peter D'Herdt travaille pour l'unité Buildwise's Buildings Technologies.
Il est expert en R&D pour la détermination et le contrôle de la performance énergétique. Son travail se concentre sur l'automatisation des bâtiments et, en particulier, sur la mise en œuvre et l'application pratique des réglementations. Il dirige le projet prénormatif TESS (Towards Effective Implementation of Smart Services) qui vise à combler le fossé entre les instruments politiques (normes, législation, outils) relatifs à l'automatisation des bâtiments et les parties prenantes dans la pratique. Il est co-animateur du Comité des bâtiments intelligents de Buildwise et membre de l'équipe chargée des systèmes techniques et de l'automatisation des bâtiments dans le cadre du projet d'action concertée EPBD, qui soutient les États membres européens dans la mise en œuvre de la directive EPBD. Enfin, il travaille également au sein du projet Standards Antenna sur l'isolation thermique et les installations dans les bâtiments.
www.buildwise.be