Quelles perspectives pour les secteur du bricolage en 2025?
La réception du Nouvel An de HIMA Benelux, qui s'est tenue dans le cadre exclusif du One Eighty - MAS Antwerp, a rassemblé d'éminents acteurs du secteur pour porter un toast et se projeter dans la nouvelle année. L'une des principales conclusions de l'événement est que le marché du bricolage est confronté à des défis majeurs. C'est pourquoi Dobbit Professional s'est entretenu avec Piet De Coninck, directeur général de HIMA, pour une analyse plus approfondie des principales opportunités et des principaux défis du monde du bricolage à l'horizon 2025.
Récessions en vue
Allons droit au but. Quelles sont vos attentes pour le secteur du bricolage en 2025?
Piet De Coninck: "Les perspectives du secteur pour les années à venir sont plutôt sombres. Des analyses économiques récentes, comme celle de McKinsey sur les marchés britannique et français, montrent que l'on peut s'attendre à trois récessions au cours des cinq prochaines années. Il en résulterait une contraction économique de l'ordre de 1 à 2%, une tendance que nous commencerons également à ressentir en Belgique. Les derniers chiffres de GfK confirment cette perspective effrayante. Cela dit, il est difficile de faire des prévisions exactes, car les données recueillies par les détaillants ne sont souvent pas rendues publiques pour des raisons de concurrence."
Pourquoi les perspectives semblent-elles si sombres, et quels sont les facteurs qui jouent un rôle à cet égard?
"Tout d'abord, les incertitudes géopolitiques pèsent sur la stabilité économique mondiale. La hausse des prix de l'énergie, les problèmes d'approvisionnement persistants et l'inflation ont considérablement affaibli la confiance des consommateurs. En outre, les fortes incitations à la croissance liées à la pandémie ont disparu. Au cours de la période COVID-19, de nombreux consommateurs ont effectué des rénovations et des projets majeurs dans leur logement, ce qui signifie qu'une grande partie d'entre eux n'envisagera pas de nouveaux travaux de rénovation dans les années à venir. Étant donné que les grands projets de rénovation suivent généralement un cycle de cinq à dix ans, le secteur se trouve actuellement dans une phase de stagnation relative."
Qu'est-ce que cela signifie pour les consommateurs? Se rendra-t-il moins souvent dans un magasin de bricolage?
"En période de difficultés économiques, les consommateurs sont plus enclins à choisir des achats pratiques et nécessaires plutôt que des rénovations de luxe. Il se peut donc qu'ils envisagent moins souvent des rénovations importantes, mais qu'ils aient plutôt besoin de produits pour les petites réparations et l'entretien de leur maison, comme la réparation du chauffage. Cela pourrait bien réduire la demande de matériaux pour des projets plus importants."
"Les détaillants et les fournisseurs nagent dans les mêmes eaux, mais cette prise de conscience n'est pas encore suffisamment présente"
Le fossé entre les détaillants et les fournisseurs
Dans le secteur, la communication entre les fournisseurs et les détaillants a toujours été un goulot d'étranglement majeur. Que peut-on faire pour améliorer cette relation?
"Les études montrent qu'il existe souvent une attitude critique entre les détaillants et les fournisseurs. Les détaillants ont souvent l'impression que les fournisseurs ne sont pas assez performants, tandis que les fournisseurs partagent le même sentiment à l'égard des détaillants. Grâce à une approche fondée sur les données et à une collaboration plus étroite, nous pouvons non seulement travailler plus efficacement, mais aussi faire de meilleurs choix stratégiques. Il est important de continuer à se parler, de se consulter régulièrement et de se soutenir activement. Aujourd'hui, l'accent est trop mis sur la vente de produits, alors que nous devrions nous concentrer davantage sur la situation dans son ensemble. En fin de compte, nous nageons tous dans les mêmes eaux, mais nous en sommes encore trop peu conscients."
"En outre, il est essentiel d'impliquer non seulement les plus grands fournisseurs, mais aussi les parties de taille moyenne et plus petite. En fait, les détaillants ne partagent souvent leur stratégie qu'avec leurs 50 principaux fournisseurs. Ignorer ces 'petits' acteurs conduit souvent à des malentendus, en particulier lors du lancement de nouvelles initiatives telles que 'Scope 3 Make it Zero'. Sans une communication claire, ces projets se heurtent souvent à une certaine résistance. C'est là qu'une collaboration étroite entre la fédération, le détaillant et le fournisseur peut faire toute la différence."
Agir de manière proactive et ne pas abandonner
Quelles leçons pouvons-nous tirer de 2024?
"Nous devons continuer à anticiper et à agir de manière proactive. Le marché est inconstant et le sera toujours. Les entreprises les plus performantes sont celles qui s'adaptent rapidement et qui sont prêtes à innover. En effet, 2024 nous a appris que l'immobilisme est synonyme de régression. Ceux qui s'accrochent à d'anciennes méthodes de travail sans s'adapter à l'évolution du comportement des consommateurs et aux réalités économiques sont en retard sur leur temps."
Un dernier message que vous aimeriez transmettre à notre secteur?
"Ne baissez jamais les bras! Notre secteur est résistant et plein de potentiel. Mais le succès ne vient pas naturellement. Il faut continuer à parler, à chercher des solutions et à avoir la foi. Car ceux qui ne cherchent pas les montagnes resteront dans la vallée. L'essentiel reste qu'avec des choix judicieux et une bonne communication, on peut déjà faire beaucoup."
