Pathologie N
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Idéalement, la poussière de bois devrait être immédiatement éliminée par un système d'extraction adapté. Pourquoi cela est-il nécessaire - en dehors de l'ordre et de la propreté évidents dans l'atelier? "La poussière de bois peut être considérée comme un tueur à long terme", explique Joeri Luts, conseiller à la Fedris (agence fédérale pour les risques professionnels). Fedris s'occupe de l'étude, de la prévention et de l'indemnisation, ainsi que du suivi sanitaire continu des maladies professionnelles. Fedris intervient également dans des dossiers tels que le décès, l'invalidité (temporaire ou permanente) et les soins de santé.
Dans le secteur du bois, Fedris traite différentes pathologies:
- Pathologie A: surdité causée par un bruit excessif supérieur à 85 dB(A).
- Pathologie C: syndrome du canal carpien. "Surtout au poignet, à cause des vibrations et des chocs mécaniques."
- Pathologie D: troubles de la peau. "Ceux-ci sont plutôt dus aux produits chimiques (laques, colles...) et aux additifs au bois comme les résines époxy."
- Pathologie N: cancer du sinus causé par la poussière de bois.
- Pathologie R: problèmes respiratoires. "Les grands coupables sont le formaldéhyde et l'amiante, par exemple lors de travaux sur de vieilles portes coupe-feu et autres."
- Pathologie T: Souches articulaires. "Des atteintes comme les tennis elbows et autres", dit le médecin.
"La poussière de bois peut être considérée comme
un tueur à long terme"
"La pathologie N est très spécifique et se produit presque exclusivement dans le secteur du bois. Après une exposition de quelque 20 à 25 ans, le risque relatif est supérieur à 250, ce qui signifie que si vous êtes exposé à la poussière de bois, vous avez 250 fois plus de chances de développer cette pathologie qu'une personne non exposée."
"Heureusement, ce n'est pas très fréquent, nous traitons environ 12 cas de cette pathologie par an, ce qui d'ailleurs n'est pas forcément une image générale du secteur car tout le monde ne le signale pas. De plus, lorsqu'elle se produit, elle a souvent de graves conséquences."
tueur silencieux
Le professeur Philippe Dejonckere poursuit: "Environ 44% de tous les cancers des fosses nasales et des sinus paranasaux ont une origine professionnelle. La prévention est donc primordiale: pensez à l'aspiration des poussières et aux protections respiratoires de toutes sortes. Attention: les masques buccaux que nous utilisons aujourd'hui pour la prévention du COVID ne sont absolument pas adaptés à cette situation."
"Les cancers des fosses nasales et des sinus paranasaux résultent du contact prolongé de la poussière de bois avec les cellules muqueuses de nos sinus, proches de nos yeux et de notre cerveau. Les maladies causées par la poussière de bois rappellent aussi quelque peu les cancers causés par l'amiante: ici, elles ne se manifestent souvent qu'après des années d'exposition - en moyenne après 26 ans, mais dans un tiers des cas seulement après 40 ans. Par conséquent, la plupart des victimes sont des personnes âgées, avec ici une moyenne d'âge de 63 ans."
Les cancers des sinus ne se manifestent souvent
qu'après des années d'exposition
Le développement des tumeurs comporte quatre stades, de T1 à T4a et T4b. "Au début du développement de la tumeur, au stade T1, on est confronté à une obstruction nasale unilatérale. Dans 99% des cas, tout le monde pense à un rhume ou à une sinusite. Avec le temps, cependant, vous commencerez à souffrir d'une congestion nasale unilatérale chronique. À un stade plus avancé, vous souffrirez également de saignements de nez, de maux de tête ou de douleurs dans la région des sinus.
Un gonflement autour des yeux ou une 'vision double' sont également fréquents, de même que des modifications de l'odorat. Dans ces phases, vous remarquez que quelque chose ne va pas, après quoi vous allez chez le médecin ou à l'hôpital et la vérité éclate."
Ainsi, dans 75% des cas, le diagnostic est posé aux stades T3 ou T4. "C'est problématique", explique le professeur Dejonckere, "car le taux de survie (après cinq ans) chute de façon spectaculaire à mesure que l'on passe d'un stade à l'autre de la tumeur."
Traitement
Lorsqu'un carcinome sinonasal causé par la poussière de bois est diagnostiqué, plusieurs traitements sont possibles. "Soit nous procédons à une chimiothérapie, à une radiothérapie, ou à l'ablation chirurgicale de la tumeur. Dans les stades ultérieurs, lorsque la tumeur s'est déjà considérablement développée, une telle opération est invasive pour le visage car elle peut impliquer l'ablation d'un œil."
Prenez soin de votre personnel
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Heureusement, le cancer du nez peut être évité. "D'une part par la prévention, d'autre part par le suivi médical", explique le professeur Dejonckere. "Si vous souffrez d'un nez bouché d'un côté depuis longtemps sans raison évidente, ou de saignements de nez spontanés ou autres, il n'y a pas de mal à consulter votre médecin pour un examen nasal. Grâce à une endoscopie, le médecin peut rechercher les causes de ces symptômes et, si nécessaire, effectuer une biopsie pour des examens plus approfondis."
"Un tel examen par le médecin de la NKO peut être effectué gratuitement, si vous remplissez quelques conditions. Avez-vous au moins 55 ans et avez-vous travaillé dans l'industrie du bois pendant au moins 20 ans (au cours desquels vous avez été exposé à la poussière de bois)? Ensuite, vous pouvez vous inscrire au suivi médical continu, ce qui vous permet de bénéficier d'un examen gratuit du nez par un médecin de la NKO deux fois par an. Fedris rembourse alors la consultation et les actes techniques (comme une endoscopie ou une biopsie).
Les examens et les traitements ont également des conséquences financières, souligne le professeur Dejonckere: "On peut estimer le coût approximatif total des cancers du nez et de la gorge à environ 50.000 euros pour les T1 et T2. Pour la T3 et la T4, on atteint 80.000 ou 100.000 € - et environ 6.500 € pour les contrôles. Il est donc littéralement payant d'être en mesure de poser le diagnostic à un stade précoce - ou d'éviter les cancers en investissant dans des mesures de prévention."