"Quoi qu'on en dise, les pompes à chaleur sont l'avenir"
La percée des pompes à chaleur connaît quelques retards, mais rien ne l'arrête
"La couverture négative dont font l'objet les pompes à chaleur est injustifiée. Il est grand temps que tout le monde adopte cette technologie". C'est ce qu'a déclaré Christophe Leroy, président de Climafed, la fédération belge des technologies climatiques, lors de la réunion annuelle qui se tiendra à Drogenbos à la fin de l'année 2024. "Car soyons clairs: les pompes à chaleur s'imposent comme la norme pour le chauffage résidentiel."

Les pompes à chaleur vont dominer le marché
La fédération Climafed, anciennement ATTB, regroupe les principaux fabricants et importateurs de solutions de chauffage et de climatisation. Nombre d'entre eux sont également producteurs et distributeurs de chaudières à gaz et à mazout, mais ils partagent néanmoins le même point de vue sur l'avenir du chauffage résidentiel: les pompes à chaleur le domineront.

"Nos membres sont sur la même longueur d'onde", a déclaré le président Christophe Leroy. "Nous sommes tous convaincus qu'il faut abandonner la combustion fossile et que les pompes à chaleur sont la meilleure solution pour le chauffage résidentiel. Il ne reste plus au marché qu'à s'engager pleinement dans cette histoire."
"L'année 2023 semble avoir pris un bon départ à cet égard. En effet, 68% de pompes à chaleur supplémentaires ont été vendues en Belgique par rapport à 2022. Pour la première fois, plus de 50.000 pompes à chaleur ont été vendues pour des bâtiments neufs et existants."
"En 2024, le tableau est différent. 30.500 pompes à chaleur ont été vendues en 2024. C'est 40% de moins qu'en 2023. Sur le marché des pompes à chaleur, ce sont surtout les unités monoblocs qui sont à la peine. Les unités split ne se portent pas aussi mal. "La baisse la plus importante a été enregistrée au début de l'année. Le marché s'est stabilisé en fin d'année", précise Christophe Leroy.
Les pompes à chaleur dans les bâtiments neufs se portent bien
En regardant de plus près les chiffres, on constate que les pompes à chaleur dans les bâtiments neufs se portent bien. "En 2024, la météo a toutefois joué les rabat-joie. Les pluies persistantes ont entraîné de nombreux retards dans les projets de construction. Les taux d'intérêt élevés ont également exercé une pression supplémentaire sur le marché de la construction neuve et sur les ventes de pompes à chaleur dans ce segment."
"Du côté positif, la pompe à chaleur est devenue presque la norme dans les nouvelles constructions. Certainement en Flandre. Aujourd'hui, environ 60% des projets de nouvelles constructions résidentielles sont équipés d'une pompe à chaleur, et ce chiffre ne fera qu'augmenter sous l'impulsion de la réglementation. C'est une bonne nouvelle."
"Malheureusement, le calcul de la période d'amortissement des investissements est généralement effectué sur la base des prix actuels de l'énergie. On ne tient donc pas compte de l'évolution des prix dans le temps"
Le marché du remplacement est au point mort
Le marché du remplacement des chaudières à gaz par des pompes à chaleur a connu un déclin en 2024. "Une légère augmentation des ventes de chaudières à gaz est même signalée en 2024 (+ 9%), passant de 152.000 à 165.000 unités."
Comparée à une chaudière à gaz, une pompe à chaleur est un investissement sérieux. Son prix va-t-il baisser d'ici et dans un avenir prévisible, comme ce fut le cas pour les panneaux photovoltaïques? "Le prix de revient ne baissera peut-être pas de sitôt. Les prix plus élevés des matières premières telles que l'acier inoxydable et le cuivre, entre autres, expliquent en partie cette situation, mais c'est surtout la nouvelle législation sur les gaz fluorés qui, obligeant indirectement les fabricants à revoir la conception de leurs pompes à chaleur, empêche une baisse du prix."
"En outre, le ratio énergétique, qui compare le prix de l'électricité à celui du gaz, est aujourd'hui trop élevé. Cela rend donc les pompes à chaleur moins attrayantes, de sorte que l'on opte encore trop souvent pour le chauffage au gaz."
"Malheureusement, le calcul de la période d'amortissement des investissements se fait le plus souvent sur la base des prix actuels de l'énergie, sans tenir compte de l'évolution des prix dans le temps. Or, taxshift ou pas, les prix du gaz augmenteront de toute façon en raison des taxes européennes sur le CO2 qui seront introduites en 2027. Cet aspect est encore trop peu pris en compte dans les décisions d'investissement actuelles."
"Par conséquent, de nombreuses personnes optent aujourd'hui pour un système de chauffage qui devra être remplacé avant même sa fin de vie afin de répondre aux exigences du législateur européen en matière de durabilité."
Le même entêtement se retrouve pour les chaudières à mazout. "En 2024, elles se sont encore mieux comportées qu'en 2023. Une augmentation remarquable de 9.800 à 12.000 chaudières à mazout vendues (+25%) a été enregistrée. Cette augmentation provient principalement du côté wallon, où l'on anticipe l'interdiction imminente d'installer de nouvelles chaudières à mazout."
Climafed: "En 2024 205 000 générateurs de chaleur on été installés en Belgique, ce qui a maintenu, comme en 2023, les ventes à un niveau historiquement bas. Cela représente une nouvelle baisse d’environ 22 à 23 % par rapport à 2021 et 2022, indiquant que le secteur se situe désormais pour la deuxième année consécutive à un creux historique."
Le chauffe-eau reste en retrait mais constitue un bon investissement
"Les ventes de chaudières à pompe à chaleur ont connu une chute importante en 2024, passant de 37.700 à 16.000 unités (-58%). Pourtant, remplacer une chaudière électrique par une chaudière à pompe à chaleur est un très bon investissement, avec un retour sur investissement en seulement 2 à 3 ans."
"Les ventes de chauffe-eau solaires ont également connu une forte baisse. La hausse de la TVA de 6% à 21% n'a en aucun cas favorisé les ventes. Pourtant, les chauffe-eau solaires sont le moyen le plus économique de produire de l'eau chaude, mais ils ne bénéficient ni de l'intérêt ni du soutien des pouvoirs publics."
Anticiper l'avenir et ne pas se laisser distancer
"Le gouvernement donne encore trop souvent des signaux contradictoires. Par exemple, la réduction par le gouvernement de certaines mesures durables n'a certainement pas favorisé les ventes de pompes à chaleur."
"Toutefois, l'Europe a depuis longtemps tracé la voie à suivre. Le chauffage climatiquement neutre d'ici 2050 reste l'objectif ultime. Et malgré toutes les résistances, les pompes à chaleur incarnent l'avenir du chauffage résidentiel", conclut Christophe Leroy.