Conduites sanitaires synthétiques : risque de développement de légionelles?
Aux Pays-Bas, il est actuellement déconseillé d’utiliser des systèmes de conduites synthétiques pour les installations sanitaires destinées aux personnes vulnérables (hôpitaux ou maisons de repos). En effet, une étude a récemment révélé que la formation de biofilms et le risque associé de développement de légionelles seraient plus importants dans ces conduites. Cependant, sur la base de recherches menées par Buildwise, il n’est pas nécessaire d’adopter cette recommandation en Belgique, d’autant plus que l'eau de la Belgique est chlorée.
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Le cuivre et l’acier inoxydable sont-ils plus sûrs que le plastique ?
Étude récente aux Pays-Bas
Un récent rapport ISSO intitulé ‘Koper versus kunststof materiaal in leidingwatersystemen’ souligne que, pour la sécurité bactérienne des systèmes d’eau potable, les conduites en cuivre sont préférables à celles en plastique. Ce rapport s’appuie sur une étude approfondie relative au potentiel de développement bactériologique de divers matériaux utilisés pour les conduites de distribution de l’eau courante non chlorée aux Pays-Bas.
Il en ressort que les conduites en cuivre ont un potentiel de formation de biofilms (PFB) plus faible, et qu’il ait donc plus aisé de contrôler la croissance bactérienne (y compris des légionelles) dans de telles conduites. En revanche, les conduites synthétiques – plus précisément celles qui contiennent une forte concentration en plastifiants (plastiques flexibles, par exemple) – présentent des valeurs PFB nettement plus élevées, ce qui constitue un risque bactériologique pour l’eau potable.
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L’étude souligne également la nécessité de sélectionner soigneusement les matériaux et indique que, dans les situations où la sécurité bactériologique est une priorité, l’utilisation de conduites en cuivre ou en acier inoxydable est préférable à celle de conduites synthétiques. Par conséquent, il est judicieux d’éviter les conduites synthétiques dans les installations prioritaires (hôpitaux ou maisons de repos).
Par ailleurs, la valeur PFB maximale autorisée aux Pays-Bas est de 1.000 pg ATP/cm². L’ATP, ou adénosine triphosphate, est un marqueur des micro-organismes. Plus cette valeur est élevée, plus le nombre de bactéries est important. Les Pays-Bas envisagent de la réduire à 400 pg ATP/cm².
Étude menée par Buildwise
Buildwise a mené une étude similaire en mesurant et en comparant la valeur PFB de conduites constituées de
différents matériaux. La concentration en légionelles et le nombre total de germes ont également été mesurés.
Le nombre total de germes est un paramètre alternatif permettant d’estimer la croissance bactérienne totale.
Le graphique de la figure 1 indique la valeur PFB pour des conduites en acier inoxydable, multicouches, en PVC-C
ainsi que pour trois types de conduites en cuivre, dont deux ont été traitées de manière à simuler l’impact de la méthode
de pose appliquée. Comme aux Pays-Bas, des valeurs plus élevées ont été observées pour les conduites multicouches.
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Toutefois, en examinant le nombre total de germes sur une période prolongée, on constate initialement de meilleurs
résultats pour le cuivre (voir figure 2), mais aucune différence significative entre les différents matériaux sur le
long terme.
Les concentrations en légionelles montrent une évolution similaire au fil du temps (voir figure 3). Après
16 semaines, des concentrations plus élevées ont été observées dans les conduites en cuivre que dans celles
en plastique.
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Pas besoin d’adopter les recommandations des Pays-Bas
Comme aux Pays-Bas, notre étude a révélé des valeurs PFB plus élevées pour les conduites synthétiques. Cependant,
comme nous avons examiné d’autres paramètres et n’avons trouvé aucune corrélation entre ces valeurs PFB plus
élevées, le nombre total de germes et la concentration en légionelles, nous ne voyons actuellement aucune nécessité
d’adopter en Belgique ces recommandations.
De plus, les valeurs PFB ne sont soumises à aucune limite légale chez nous et le risque de développement microbiologique est plus faible qu’aux Pays-Bas en raison de la concentration résiduelle de chlore ajoutée à l’eau par nos entreprises de traitement de l’eau potable.
Cet article a été rédigé dans le cadre de l’Antenne Normes ‘Eau et toitures’ subsidiée par le NBN.