"Notre métier devrait être mieux protégé"
En visite CHEZ DIMITRI DEFRANCQ
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Bien que Dimitri Defrancq soit dans le métier depuis 18 ans, il sait mieux que quiconque qu'un bon installateur doit apprendre tout au long de sa vie. Son entreprise éponyme de Hooglede, en Flandre-Occidentale, est donc devenue un partenaire fiable en chauffage, ventilation et climatisation qui assure un climat intérieur confortable du début à la fin.
TOUT en gestion propre
"Au début de ma carrière, j'ai travaillé trois ans comme technicien dans une grande entreprise", raconte Dimitri. "Puis j'ai créé ma propre entreprise. Au début, c'était juste à titre complémentaire, mais cela s'est vite avéré difficile à combiner avec mon emploi fixe. Alors j'ai décidé de me mettre à mon compte."
Deux ans plus tard, Dimitri avait déjà engagé un collaborateur. Aujourd'hui, 16 ans plus tard, son entreprise d'installation est passée d'une entreprise individuelle à une société à responsabilité limitée, avec une équipe fidèle de six personnes. Depuis 2022, c'est un ancien, Wannes Fossaert, qui est co-directeur de l'entreprise Dimitri Defrancq.
"Au fil des années, de plus en plus d'activités se sont ajoutées. Alors qu'au début nous étions une entreprise de plomberie classique, nous nous concentrons aujourd'hui sur le vaste secteur du CVC: ventilation, énergie renouvelable, refroidissement et chauffage, rénovation de salles de bains ..."
"D'une part, parce que le marché ne cesse de croître dans ce domaine, mais aussi parce que nous tenons à ce tout garder en gestion propre. Avant, nous faisions souvent appel à des sous-traitants pour la ventilation, par exemple, mais aujourd'hui, nous ne voulons plus dépendre de personne. Cela nous permet de mieux servir nos clients."
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LA FIN DU PLOMBIER CLASSIQUE
En effet, le métier de plombier classique devient progressivement de l'histoire ancienne, dit Dimitri. "Les mondes de l'électricité et du CVC (chauffage, ventilation et climatisation) sont de plus en plus imbriqués. Aujourd'hui, une maison est presque comme un ordinateur, de sorte que toutes les techniques doivent être parfaitement coordonnées. Autrefois, on installait un ou plusieurs radiateurs là où c'était nécessaire et on se contentait de demander par téléphone comment la maison était isolée."
CHAQUE DÉTAIL COMPTE
Aujourd'hui, avec les techniques modernes comme la pompe à chaleur, tout doit être étudié et dimensionné beaucoup plus minutieusement. "Chaque détail compte: chaque vitre, chaque porte, chaque fente ou ouverture influe sur les pertes de chaleur de la maison", explique Dimitri.
"Cela signifie que nous devons préparer nos chantiers dans les moindres détails – tout doit être parfait du premier coup; il n'y a plus de place pour l'erreur. En outre, les installations renouvelables sont beaucoup plus grandes qu'une chaudière murale à gaz, par exemple. Il faut donc prévoir cet espace supplémentaire à l'avance."
phase de conception
Et c'est là que les choses se gâtent, selon Dimitri. "Nous sommes souvent impliqués beaucoup trop tard dans un projet de construction. En réalité, la phase de conception devrait immédiatement prendre en compte une chaufferie plus grande et des passages vers l'unité extérieure ou des forages."
"Il arrive trop souvent que nous arrivions sur un chantier et que nous commencions à percer dans des dalles de béton parce que nos installations n'ont pas été prises en compte. C'est une source de frustration pour toutes les parties."
"Dans les gros projets, on accorde de plus en plus d'attention à cette question, mais c'est surtout dans les projets de construction et de rénovation privés que le bât blesse. Bien sûr, je comprends que les gens ne soient pas toujours bien informés sur les techniques de construction et que l'esthétique soit souvent plus importante pour eux, mais alors c'est à l'architecte de le leur faire remarquer et d'y répondre."
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APPRENTISSAGE TOUT AU LONG DE LA VIE
Dimitri Defrancq accorde une grande attention à la formation. "Il ne se passe pas une année sans que nous ne mettions nos compétences à jour", déclare le chef d'entreprise. "Bien sûr, il y a de nombreuses obligations mais à côté de ça, c'est tout simplement indispensable pour suivre l'évolution rapide du secteur CVC."
"Je trouve également positif que pour installer une chaudière à mazout ou à gaz, par exemple, il faille être certifié et agréé. En même temps, je pense qu'il y a beaucoup trop peu de contrôle sur ces certifications. N'importe qui peut acheter une chaudière chez un grossiste et l'installer lui-même, sans que cela soit contrôlé. Cela comporte beaucoup de risques."
"Aux Pays-Bas, la profession d'installateur est beaucoup mieux protégée qu'ici. Cela devrait être le cas chez nous aussi."
pénurie de personnel
Dimitri Defrancq a récemment recruté un technicien qui s'occupe uniquement des dépannages. "Si les gens se retrouvent dans le froid en hiver, il faut les dépanner immédiatement. Même si nous dépendons d'un remplacement ou d'une pièce de rechange, nous voulons résoudre le problème dans les 48 heures. Beaucoup d'entreprises font de belles promesses mais elles sont rares à les tenir. Nous nous concentrons vraiment sur ce point, afin de pouvoir toujours aider les gens rapidement."
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Le poste de technicien est resté vacant pendant pas moins de trois ans. "Il est très difficile de trouver des gens qui veulent faire ce métier", explique Dimitri. "C'est pourquoi nous essayons de faire le maximum pour les personnes qui travaillent ici – c'est donnant donnant. Nous avons donc avec une équipe où tout le monde est là depuis plusieurs années. Nous sommes une petite entreprise mais il y règne une atmosphère familiale et tout le monde s'entend bien."
En ce qui concerne la cause possible de la pénurie de personnel dans le secteur, Dimitri est clair: "Il n'y a tout simplement pas de sang neuf. Dans une école technique du coin, il y a cinq élèves. Et sur ces cinq élèves, on ne sait pas encore combien finiront vraiment par travailler dans notre secteur."
"Chaque être humain aura toujours besoin de chaleur et d'eau. Aucun robot ne pourra jamais remplacer ou programmer cela"
"Aujourd'hui, lorsque je vois ce qui est enseigné dans l'enseignement technique, c'est pratiquement la même chose que ce que j'ai appris il y a 20 ans. Et pourtant, plein de choses ont changé au cours de ces 20 années. Pourquoi n'intègre-t-on pas directement dans l'enseignement les formations qui sont obligatoires pour nous?"
"Je trouve que tout ça ne rend pas le métier et la formation très attrayants pour les jeunes. Alors que ce métier est l'un des plus passionnants et des plus agréables de toute la construction – surtout maintenant que la transition énergétique bat son plein. Chaque journée est différente et vous savez que les gens pourront vivre confortablement lorsque vous terminez une bonne installation. C'est une source de satisfaction."
"En outre, on peut supposer que chaque être humain aura toujours besoin de chaleur et d'eau. Aucun robot ne pourra jamais remplacer ou programmer cela."
ÉVOLUTIONS
Il s'agit donc d'un métier d'avenir mais aussi d'un métier d'histoire. En 18 ans d'existence, Dimitri a vu beaucoup de changements. "L'essor des énergies renouvelables est bien sûr le changement le plus frappant", explique-t-il. "Autrefois, il s'agissait d'une niche; aujourd'hui, dans certains cas, il s'agit déjà d'une exigence. Le changement a été extrêmement rapide et ne fera que s'accélérer."
"En outre, les développements technologiques ont énormément progressé. Les installations sont devenues beaucoup plus complexes dans de nombreux domaines. Dans le même temps, les délais sont de plus en plus courts et les gens sont souvent impatients – ce que je peux comprendre, car tout le monde veut être aidé le plus rapidement possible. C'est précisément la raison pour laquelle nous voulons faire tout ce qui est en notre pouvoir, afin de garder le contrôle."
UN 'MOMENT KODAK'
"Je pense que nous allons évoluer de plus en plus vers de grosses entreprises d'installation, qui absorberont les petites. A gauche et à droite, j'entends déjà des installateurs plus anciens dire qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas suivre toutes les évolutions. Mais si on ne prend pas le train en marche maintenant, on se retrouvera hors-jeu."
"J'appelle ça un 'moment Kodak': au début, personne n'était convaincu par la photographie numérique et il y avait un magasin Kodak dans chaque village. Aujourd'hui, on voit dans quelle direction la photographie a évolué...", s'amuse Dimitri.