5 eTAPES VERS UN JARDIN SAUVAGE

penser et agir de maniere plus ecologique

C’est aujourd’hui indéniable, il faut penser et agir de manière plus écologique. Votre client se demande lui aussi comment voir la vie en plus vert. “Comment obtenir plus de biodiversité dans mon jardin? Peut-on réaliser un projet avec uniquement des plantes indigènes? Un cadre féerique sans des heures de travail pour l’entretenir, est-ce possible?”
Oui, cela est possible, grâce aux jardins sauvages. Mais comment concevoir ou aménager un tel jardin?

au travail

Dans la pratique, vous vous réunissez préalablement avec votre client pour passer ses attentes en revue. Que voulons-nous voir intégré dans l’espace extérieur? Cela va d’étangs, d’un jardin de plantes aromatiques, d’un potager, d’une prairie fleurie, d’un verger, d’un jardin pour la cueillette de fleurs et de plates-bandes fixes à un enclos à volaille. Un jardin naturel a, en outre, besoin de formes géométriques nettes en réponse aux plantations libres.

Pieter Maes, Guerill Tuinen: “Durant le processus de conception, nous cherchons les bonnes proportions, des lignes fluides et des matériaux naturels, en mettant l’accent sur de nombreux éléments vivants. Chaque jardin est unique; par sa taille, son type de sol, sa situation et son orientation.”

Karolien Deprez, IN BLOOM: “Un jardin naturel, c’est aussi lâcher prise: une végétation spontanée aura l’air un peu plus chaotique et ce n’est pas un souci. Mais il est important de trouver un équilibre en amenant une structure. Par exemple en utilisant des matériaux robustes ou des lignes droites, en intégrant des parties de jardin plus stylisées, tout en conservant les éléments les plus importants d’un jardin naturel.”

Il faut tenir compte autant que possible des conditions sur place. Pour cela, l’observation est cruciale: quelles plantes poussent spontanément sur le terrain? Où le sol est-il plus humide ou plus sec? Quel sol observons-nous? On peut aussi regarder quelle était la fonction du terrain par le passé et il est utile de savoir quels animaux et plantes intéressants ont déjà été observés dans le coin (voir www.waarnemingen.be).

Intermingled plantings

Dans le cas de la plantation mélangée ou ‘intermingled planting’, nous nous écartons des plates-bandes traditionnelles, où la couleur est souvent une des principales propriétés.
Nous sélectionnons des plantes en vue de la transparence de la couche du milieu et du haut, afin que la couche couvrante inférieure reçoive suffisamment de lumière. La conception d’intermingled plantings n’est pas simple mais avec la connaissance et la créativité nécessaires, de superbes plantations peuvent être réalisées. Le terme est généralement employé pour de plus grandes zones. Dans de petits jardins de ville, cela est parfois moins évident. Mais les mêmes critères peuvent aussi donner un meilleur choix de variétés et combinaisons.

1.Plan de plantation et choix des plantes

Le plan de plantation indique quelles plantes viennent où, et en quels nombres. Ici, différents facteurs sont déterminants: type de sol, ombre ou soleil, humide ou au contraire sec et taille du jardin.

Pieter Maes: “Nous tentons d’offrir quelque chose toute l’année, contrairement au jardin traditionnel. Il donne du printemps à l’automne, et la couleur prime. Ici, nous regardons d’abord la forme de la fleur et ses fruits. Vient ensuite la forme de la feuille et puis seulement en dernier, la couleur.“

Karolien Deprez: ”Dans un jardin naturel, on pense en termes de communautés végétales: différentes variétés de plantes remplissent différentes niches. Cela peut se faire de manière très calculée, avec les plantes et bulbes placés en une certaine position (comme pour les intermingled plantings), ou on peut travailler avec des mélanges de semences. Ici, la communauté peut se développer plus spontanément. La stratification des communautés, tant dans l’espace (sommet – milieu – couvre-sol) que dans le temps (floraison printanière – végétation d’été – structures de graines en hiver), est toujours déterminante.”

Bart Backaert, Brigadier en chef du service des espaces verts d’Alost et pionnier ByeByeGrass: “Lorsque nous aménageons un jardin sauvage, nous amenons des plantes sur place soit en les semant, soit en les plantant. La question est alors de savoir si un jardin sauvage doit être uniquement composé de plantes sauvages ou quelles combinaisons de plantes se rapprochent d’un certain côté sauvage.“

Lors du choix des plantes, on tient enfin aussi compte de la fonction de la plante dans le réseau alimentaire: quelles plantes sont utiles comme plante-hôte pour les papillons, les abeilles (solitaires) et autres insectes? Quels arbrisseaux aident les oiseaux en hiver avec leurs baies?

Un gazon sauvage?

Peut-on considérer un gazon comme ‘sauvage’. D’après Thomas van Tetering, Product Manager DLF, cela est possible: “Un gazon normal contient déjà diverses variétés d’herbe et contribue donc de toute manière à la biodiversité. En ne tondant plus (ou en tondant moins) une bande ou un coin, on peut accroître le côté sauvage du gazon.”

Le gazon fait-il alors partie d’un plan de plantation et à quoi ressemble-t-il?

“Un gazon en fait tout à fait partie. Le jardinier peut par exemple travailler en couches, en plantant le long des bords du gazon dans les plates-bandes des herbes ornementales. Il peut ensuite tondre une bande de 1,5 m de gazon moins souvent (3-4 x par an) et plus haute. Cette zone du gazon est ainsi plus longue et plus sauvage. Ces herbes fleuriront et retourneront à l’état sauvage. Sur les roughs autour de terrains de golf, une telle méthode est aussi appliquée. On obtient ainsi une transition d’un gazon lisse et droit vers un jardin ou une plate-bande plus sauvage.”

A quoi le professionnel doit-il prêter attention lors du choix des semences ou des plantes?

“Il existe sur le marché divers mélanges avec différentes variétés d’herbe contribuant à un cachet sauvage et naturel. Un gazon ornemental/d’ombre est bien sûr différent d’un gazon de jeu et de sport.”

Quels sont les avantages pour la biodiversité?

“Un gazon sauvage accroît la diversité de plantes et animaux. La part d’insectes augmentera notamment, ce qui rend aussi le jardin plus attractif pour les oiseaux et autres insectivores.”

2.Orientation

Le jardin sauvage contient des plantes vivant dans la nature dans des conditions similaires en termes de température, de type de sol, de soleil et d’ombre. Comment la plante donne-t-elle le meilleur d’elle-même? Cette connaissance est une des caractéristiques d’un bon architecte-paysagiste et est le fruit d’une solide expérience et d’une bonne observation. La stratification est également une notion-clé déterminante dans le jardin naturel. Dans la pratique, cela signifie qu’en perspective plongeante, chaque cm² de sol est couvert, mais aussi que même la lumière filtrée passant encore à travers la couche supérieure est utilisée par la végétation inférieure.

3.Délimitation

Il va de soi qu’un jardin sauvage n’aime guère être délimité, mais il ne faut pas oublier l’intimité du propriétaire. La meilleure option est alors une clôture naturelle comme des haies à feuillage persistant et à feuilles caduques (la haie mixte est la plus intéressante, mais est trop large dans la plupart des jardins de ville) et des plantes grimpantes. Un tressage en bois, des barrières de branches, etc. sont aussi une solution écologique. Le bois et la pierre sont les matériaux se fondant le mieux au niveau du look dans le jardin naturel. Dans le cas de panneaux solides, il est conseillé de prévoir quelques ouvertures dans le bas afin que de petits animaux comme des hérissons et des amphibies puissent flâner tranquillement. Les gabions avec des pierres, de l’écorce ou des bûchettes sont, eux, de vraies métropoles pour toutes sortes d’insectes et d’araignées.

4.Revêtement

Pieter Maes:

“Un jardin en pierre semble peut-être pratique, soigné et facile à entretenir mais dans la pratique, tout ce gris est surtout triste et exige tout de même beaucoup d’efforts pour le garder propre. Vu le changement climatique (et les dégâts causés par l’eau et le stress thermique allant avec), il n’est plus raisonnable de continuer à poser des revêtements durs. Il s’agit plutôt de les rendre moins durs, et de réduire les terrasses existantes. Dans les jardins naturels, nous n’utilisons pas plus de revêtement dur que nécessaire pour marcher ou aménager une terrasse. Nous optons plutôt pour un revêtement semi-dur et des sentiers perméables à l’eau.“

Des revêtements durs fermés sont possibles aussi, à condition de réfléchir à l’eau de pluie s’écoulant. Dans un jardin durable, l’eau de pluie se retrouve dans une zone de plantation où elle peut s’infiltrer tranquillement.

Karolien Deprez: “Pour ce qui est du choix des matériaux, optez pour du local. Il y a suffisamment de choix de pierre bleue belge et européenne, de producteurs locaux de pavés, de gravier d’origine européenne … On trouve des matériaux locaux dans toutes les classes de prix et dans tous les styles.“

5.Aménagement

Lors de l’aménagement, on procède de la manière la moins destructive possible: dans la mesure du possible, les arbres ou arbrisseaux sont épargnés. On amène ou on évacue aussi le moins de terre possible et la terre avec des pierres est si possible traitée sur place (le choix des plantes doit bien sûr y être adapté). On fait aussi attention au compactage du sol: s’il faut rouler avec des machines, des plaques de roulage sont prévues.