jardins sauvages: what's in a name?
Verifiez d'abord la definition de votre client
Quand on lui parle d’un jardin sauvage, votre client s’imagine souvent un fort impénétrable de plantes et buissons épineux. Mais est-ce par définition un jardin sauvage? Ou la notion est-elle sujette à interprétation?
What's in a name
Pieter Maes, Guerill Tuinen: “Les jardins naturels sont caractérisés par leur style spontané. Nous tentons de créer un environnement naturel. Il s’agit d’une combinaison de design architectonique, avec une plantation au cachet très naturel. Dans des jardins naturels, l’arrangement est non seulement différent, mais le choix de plantes sera également bien réfléchi. Nous apprenons ainsi à poser un regard différent sur la beauté et la fonction des plantes”.
Bart Backaert, Brigadier en chef du service des espaces verts d’Alost et pionnier ByeByeGrass: “Un ‘vrai’ jardin sauvage est un jardin résultant d’un processus spontané. Ici, l’homme (jardinier) dirige tout au plus les processus naturels ou (mieux encore) ne fait rien du tout. On ne trouve que peu de jardins de ce type en Flandre.”
Karolien Deprez, botaniste et conceptrice chez IN BLOOM: “Jardin sauvage, jardin naturaliste, jardin écologique ou durable, urban jungle … tous ces termes ont le vent en poupe quand il s’agit de jardins. Bien que tous ces termes couvrent différentes approches, ils sont enracinés dans un même désir de se sentir dans le jardin entouré par la nature. La mesure dans laquelle le jardin se rapproche d’un environnement naturel sauvage peut toutefois varier fortement.”
Check-list du jardin naturel
- Limitez le travail humain.
- Cherchez des plantes vivant dans la nature dans des conditions similaires à celles dans le jardin (température, type de sol, ombre/soleil, etc.)
- Utilisez un maximum de plantes indigènes et tolérez la pousse spontanée. Plantez le moins possible de plantes (sur-)cultivées mais plutôt les variétés botaniques originales.
- Visez une stratification, même dans un petit jardin: arbres, arbustes et herbes.
- Cherchez des plantes attractives pour les abeilles, les papillons et autres insectes (biodiversité). Respectez toute la vie dans le jardin, il s’agit d’un élément de l’écosystème local.
- Pensez à l’afterlife. Regardez la (répartition de la) floraison et le caractère attractif après la floraison. Beaucoup de plantes sont belles même sans fleurs.
- Visez une grande diversité en matière de forme de feuilles, de texture et d’inflorescence (épis, ombelles, filtres, etc.) mais aussi de variétés et de formes (plantes annuelles et vivaces, bulbes, couvre-sol, arbrisseaux, plantes grimpantes …).
- Evitez toute perturbation, tout travail et tout compactage du sol.
- N’utilisez pas de pesticides (pas même biologiques), ni d’engrais (pas même organiques).
- Intégrez l’habitation et d’autres constructions (nature verticale).
- Considérez le jardin comme un système fermé: émondes, feuilles mortes et herbe tondue vont sur le tas de compost, servent de couche de mulching, de barrière de branches ...
- Des facteurs abiotiques comme la sécheresse et la chaleur sont des processus naturels auxquels la nature réagit spontanément et pour lesquels des remèdes ne sont pas utilisés (p. ex. arrosage).
Tenez compte des gradations
Le terme ‘sauvage‘ connaît donc quelques gradations. En tant que professionnel, vous devez surtout découvrir quelle est la propre définition de votre client. S’agit-il d’un bout de jardin soigneusement conçu et avec une plantation sélective ayant l’air sauvage, réellement d’un bout de terrain sur lequel la nature peut faire sa vie ou votre client souhaite-t-il un mélange des deux? Ici, une bonne communication est la clé.
Types
Nous avons dit que différents noms étaient donnés à ce type de jardins (naturaliste, écologique, urban jungle …) mais que leur approche était différente.
Bart Backaert cite encore quelques autres types courants:
- “Dans les jardins indigènes, des communautés végétales indigènes sont rassemblées pour éviter qu’elles disparaissent. Cela n’est pas très naturel car des plantes avec différents besoins en matière de sol, d’emplacement ... sont toutes placées au même endroit.
- Dans les prés fleuris, les papillons, abeilles, bourdons et autres insectes en quête de nectar sont invités à une table bien garnie mais ici, on trouve surtout des plantes exotiques. Pour leur reproduction, les amateurs de nectar sont toutefois exigeants et utilisent justement des plantes-hôtes indigènes (sauvages) choisies très spécifiquement.
- De nombreux champs et tapis de fleurs sont souvent qualifiés de ‘sauvages’ alors que des semences exotiques sont tout de même souvent utilisées.
- Le concept de ‘forêt nourricière’ ou ‘jardin-forêt’ est aussi repris sous le nom de ‘jardin sauvage’. On se base ici sur la production de nourriture et on vise une stratification, une grande diversité, peu d’interventions humaines et le respect du sol. Dans une forêt nourricière, une végétation spontanée est aussi tolérée. Les insectes, oiseaux et autres animaux y trouvent leur compte. Une forêt nourricière peut aussi être réalisée au niveau du jardin de ville.”
Avantages
Les avantages d’un jardin naturel sont légion:
- L’atout majeur du jardin sauvage est qu’il booste la biodiversité. Nous y reviendrons plus loin dans ce texte.
- La nature a un effet positif sur la santé mentale et physique de l’homme. Dans son jardin sauvage, votre client profite d’un lieu de cure privé.
- Les jardins naturels forment des maillons avec les bouts de nature environnants et contribuent à créer un ruban vert en expansion.
- Une grande biodiversité augmente la quantité de petites bêtes et de vie dans le jardin.
- La pousse spontanée autorisée garantit aussi des bouts de verdure très intéressants. Les enfants (et les adultes) trouvent cela bien plus chouette et stimulant qu’un jardin parfaitement ordonné.
- Moyennant quelques décisions bien réfléchies, l’entretien est quasiment inexistant pour votre client.
Karolien Deprez: “La manière de procéder classique n’est plus tenable: grandes surfaces de gazon sur-fertilisé devant être tondues courtes chaque semaine, jardins en grande partie revêtus où l’eau de pluie précieuse s’écoule toujours vers les égouts, jardins figés demandant beaucoup de travail où aucune (mauvaise) herbe ne peut pousser de travers … Ces jardins représentent un combat permanent contre la nature avec comme conséquences: pénurie d’eau en été, tracas et un entretien intensif constant … Les choses peuvent aussi être différentes!”
Inconvénients
Pieter Maes: “Dans un jardin où les plantations priment, il faut plus de connaissances en matière de plantes que dans un jardin traditionnel. Les clients veulent comme résultat final un jardin bien dense, mais la voie pour y parvenir peut surprendre désagréablement. La conception avec des plantes reste un lourd processus d’apprentissage.“
Karolien Deprez: “Il faut, en effet, un certain feeling avec la nature pour pouvoir estimer comment les communautés végétales évolueront dans le jardin. Comme les plantes vivent, poussent et meurent, l’aménagement du jardin n’est que le point de départ: sa gestion déterminera finalement le résultat à plus long terme. Un bon plan de gestion ou un accompagnement après l’aménagement peut représenter la solution.“
Plus vous avez de surface disponible, plus vous pouvez vous lâcher. Mais en principe, 1 m² suffit déjà. Une plante grimpante contre une façade, avec quelques fleurs sauvages au pied ... cela peut aussi tout à fait être un jardin sauvage.