Le maintien de fonction concerne bien plus que les câbles
Le comportement au feu des câbles selon l'art. 104
Ces dernières années, le comportement au feu des câbles a déjà fait l'objet d'une grande attention. C'est essentiellement dû au RPC. Ce Règlement Produits de Construction définit de nouvelles classes européennes de réaction au feu depuis juin 2016. Obligatoire depuis juillet 2017, il a toujours été une source de confusion pour les prescripteurs et les installateurs. Hélas, ce n'est pas tout. En effet, même ceux qui maîtrisent parfaitement le nouveau système de classification, enfreignent régulièrement la réglementation relative au maintien de fonction.
Le comportement au feu des câbles
L'introduction du RPC a donné lieu ces dernières années à un vaste débat sur – et par conséquent à une attention accrue pour – la réaction au feu des différents câbles. Toutefois, une nuance trop souvent perdue lors de la mémorisation des règles spécifiques et lors de l'attribution ou la détermination de la bonne Euroclasse, est que le CPR ne raconte qu'une partie de l'histoire. Pour l'instant, il ne concerne que la réaction au feu des câbles et non la résistance au feu. Nous allons nous concentrer sur cette distinction.
Réaction au feu
La réaction au feu d'un câble définit son comportement en cas d'incendie. On distingue ici la réaction primaire au feu et la réaction secondaire au feu. La première concerne la propagation de la flamme et du feu le long du câble; la seconde concerne l'impact des substances libérées lors de la combustion du câble, telles que la fumée et les éventuelles gouttelettes.
Résistance au feu
La résistance au feu, quant à elle, indique dans quelle mesure le câble peut continuer à remplir sa fonction en cas d'incendie, même s'il brûle ou dégage de la fumée. Cette propriété est cruciale pour les câbles dont la fonction doit absolument être maintenue.
Article 104
Malgré le grand intérêt accordé au CPR, il est important de rappeler que ce n'est pas ce règlement, mais l'article 104 du RGIE qui définit les normes et exigences belges en matière de comportement au feu des câbles, et ce tant pour la réaction au feu que pour la résistance au feu. Les dispositions dans ce domaine sont exposées plus bas. Attention: le RGIE ne définit que les exigences légales minimales. Les régions et les clients peuvent toujours imposer des exigences plus strictes. En outre, des réglementations supplémentaires s'appliquent aux hôpitaux, aux garderies, à l'hébergement touristique, etc.
Classes de réaction au feu selon le CPR
Les réactions au feu primaire et secondaire d'un câble ont longtemps été exprimées en classes F et S, selon la norme belge NBN C30-004. Mais depuis que le RPC a formulé en juin 2016 une nouvelle norme générale applicable dans tous les Etats membres européens, il existe un nouveau système de classification. La norme européenne EN 50575 définit désormais sept classes générales de réaction au feu (Aca, B1ca, B2ca, Cca, Dca, Eca, Eca, Fca), ainsi que différentes sous-catégories pour la densité de la fumée (s1, s1a, s1b, s2, s3), la propagation via gouttelettes (d0, d1, d2, a2, a3) et l'acidité de la fumée (a1, a2, a3).
L'application du RPC est obligatoire en Belgique depuis le 1er juillet 2017, par ordre de la Note 74 de l'article 104 du RGIE. Toutefois, il est important de signaler que la réglementation belge ne fait référence qu'aux Euroclasses Eca (sans sous-catégories) et Cca (avec sous-catégories). Selon le RPC, chaque Etat membre peut choisir pour son territoire quelles classes de réaction au feu doivent être ou ne pas être incluses dans la norme. Bien que les critères d'essai pour l'Euroclasse Cca soient un peu plus stricts en pratique que ceux de l'ancienne F2, les deux sont considérés comme équivalentes dans la norme belge. En d'autres termes, là où il y avait une exigence F2, il faut maintenant un câble Cca. La même similitude s'applique aux classes F1 et Eca, ainsi qu'aux sous-catégories SA et a1, SD et s1, s1a ou s1b (voir tableau Classification).
Résistance au feu et maintien de fonction
La résistance au feu d'un câble est définie selon la norme belge NBN C30-004 et reçoit la classification FR2. La durée pendant laquelle ce câble continuera à remplir sa fonction en cas d'incendie – la durée du maintien de fonction – est alors définie selon la norme NBN 713-020, add.3 et est exprimée en une valeur RF, en multiple de 30 minutes. Les câbles qui répondent à cette exigence en situation réelle (y compris le système de support de câble et la fixation) pendant au moins 1 heure ou 60 minutes, ont un maintien de fonction de Rf 1h selon NBN 713-020. La classification complète d'un tel câble est alors FR2 Rf 1h. A terme, cette classification belge FR2 devra être remplacée par une Euroclasse générale via le CPR, tout comme celle de la réaction au feu, bien que la norme européenne de classification correspondante (EN 50577) ne soit pas encore d'application aujourd'hui. Par conséquent, le RPC ne contient pas encore de dispositions concernant la résistance au feu ou le maintien de fonction. Ici, il faut encore se baser sur la réglementation originale du RGIE et la classification belge FR.
En pratique
Voilà pour la théorie. Dans la pratique, la manière dont le comportement au feu des câbles est – ou doit être – traité, diffère souvent en raison d'une série d'exceptions, de points d'attention et d'adaptations. Examinons les principales difficultés et considérations.
RPC
Pas uniquement des câbles électriques
Le RPC ne traite pas seulement des câbles électriques, il concerne tous les câbles d'une installation fixe. En d'autres termes, son champ d'application s'étend au-delà du RGIE et inclut également les câbles (fibre optique) pour les données et la téléphonie. Veillez à ce que ceux-ci répondent également aux normes et exigences en vigueur!
Utilisation illimitée de votre stock
Bien que le règlement CPR soit en vigueur depuis plus d'un an, les produits mis sur le marché avant le 1er juillet 2017 et certifiés selon l'ancienne norme belge peuvent encore être utilisés sans problème. Les grossistes peuvent également écouler leur stock, sans limite de temps. En outre, il est possible d'utiliser des câbles avec une Euroclasse qui n'est pas reprise dans la norme belge, mais qui est supérieure à la classe requise. Par exemple, si un câble Eca est requis en fonction des critères environnementaux et de la méthode d'installation, les câbles avec Euroclasse Dca, Cca, B2ca, B1ca ou Aca peuvent également entrer en ligne de compte, quelles que soient leurs sous-catégories. Si un câble Cca s1d2a1 est prescrit, on peut aussi utiliser des câbles B2ca, B1ca ou Aca à condition qu'ils soient également s1d2a1 (voir tableau Application normes incendie).
Même comportement au feu, classe différente
Cependant, les choses se compliquent, lorsqu'on veut utiliser des câbles produits à l'étranger ou des câbles belges pour un projet dans un autre pays européen. Etant donné que chaque Etat membre décide lui-même de l'attribution des Euroclasses, il est possible qu'un câble ayant un comportement au feu équivalent puisse se voir attribuer une Euroclasse différente d'un pays à l'autre.
Prenez le XVB-F2, qui obtient l'Euroclasse XVB-Cca-s3d2a3 en Belgique. En termes de comportement au feu, ce câble est parfaitement conforme aux exigences néerlandaises YmvK. Toutefois, selon l'implémentation néerlandaise du RPC, il reçoit une Euroclasse YmvK-Dca-s3d2a3 – ce qui est insuffisant pour être appliqué dans les mêmes conditions en Belgique. Soyez donc toujours attentif aux exigences exactes et aux Euroclasses, même dans les situations où vous aviez l'habitude de prendre du matériel provenant des pays voisins!
Les préscriptions ne sont pas encore adaptées
Bien sûr, les prescripteurs ne vous facilitent pas toujours la tâche. De nombreuses spécifications se réfèrent encore aujourd'hui aux anciennes normes belges. Parfois, on parle même encore de câbles F3, une exigence supprimée du RGIE depuis 2004. Familiarisez-vous donc avec la relation entre l'ancienne Euroclasse belge et la nouvelle Euroclasse. S'il faut un câble F3, vous devez installer un câble FR2!
Maintien de fonction
Pas nécessairement FR2
Si un maintien de fonction est requis dans une certaine situation -– généralement en plus d'une certaine classe de réaction au feu, l'article 104 du RGIE stipule que le système doit rester opérationnel pendant au moins 1 heure en cas d'incendie. Ceci peut être fait en utilisant:
- des câbles FR2 ou équivalents;
- un câble recouvert d'au moins 3 cm de béton ou de ciment; ou
- un câble enterré à au moins 60 cm de profondeur.
En d'autres termes, l'utilisation d'un câble FR2 n'est pas une obligation absolue.
Bien plus que le seul câble
Toutefois, le maintien de la fonction n'est pas seulement une question de câble. Les différents accessoires, de la goulotte aux boulons et aux chevilles assurant la fixation à la structure, doivent également avoir un maintien de fonction d'au moins une heure. Pour cela, on fait généralement référence à la norme DIN 4102-12, qui exprime le maintien de fonction dans une classification E60 ou, s'il est de 90 minutes, E90. Utilisez toujours des passages et des boîtiers de raccordement certifiés!
L'installation est déterminante
A cet égard, il est crucial que la classification FR2 ne puisse être garantie que si tous les câbles et accessoires sont correctement dimensionnés et installés.
Pour déterminer la section des câbles résistants au feu, il faut donc tenir compte d'une augmentation de la chute de tension due aux températures élevées en cas d'incendie et ce, dans la section de câble la plus longue. Malheureusement, le RGIE ne fournit pas de méthode de calcul, mais les grossistes et les fabricants peuvent généralement aider l'installateur. Pour une installation efficace du système, il faut que les instructions d'installation et les charges maximales de chaque composant soient respectées. Voici quelques points d'attention typiques:
- tous les accessoires doivent généralement être de la même marque;
- les chemins de câbles avec maintien de fonction ne doivent jamais être placés sous des chemins de câbles sans maintien de fonction;
- rien ne doit être accroché aux chemins de câbles avec maintien de fonction;
- les câbles FR2 et non FR2 ne peuvent pas être placés dans le même chemin de câbles;
- les passages certifiés doivent être intégrés conformément à la réglementation spécifique (pas seulement avec du plâtre);
- lorsqu'on utilise des boîtiers de raccordement certifiés, il faut s'assurer qu'ils sont équipés des bornes appropriées. Il s'agit généralement de matériaux céramiques, comme la porcelaine;
- pour les câbles positionnés verticalement, il faut prévoir au moins une décharge de traction tous les 3,5 m.
ERREURS LES PLUS FREQUENTES
On enfreint encore beaucoup les prescriptions, c'est sûr, mais ces infractions ne sont pas toujours délibérées et ne sont donc pas la faute de l'installateur. Voici en tout cas les erreurs les plus fréquentes:
- le devis mentionne les anciennes classes belges, parfois même le câble F3 qui a été retiré depuis 2004;
- une attention insuffisante est accordée à l'ensemble de la classe européenne. Par exemple, un câble LS0H doit être à la fois s1 (ou s1a ou s1b) et a1;
- des accessoires incorrects sont utilisés lors de la pose de câbles avec maintien de fonction; ou
- les exigences d'installation spécifiques de ces accessoires ne sont pas prises en compte.
Cet article est basé sur la présentation 'AREI Article 104' de Nicole Gijsels (Cebeo) lors de la journée d'étude Nelectra IoT Meets Art (23 octobre 2018, Verbeke Foundation)