évitez les efflorescences en protegeant la maçonnerie

Avant d'être stable grâce à la prise du mortier, la maçonnerie doit être protégée contre les dégra­dations mécaniques et les influences climatiques. Si les mesures à prendre ne sont pas (suffisamment) appliquées, il y a, en effet, un risque d''efflorescence' ou de 'lixiviation' des briques de façade. Dans cet article, nous passons les causes possibles de ce désagrément esthétique en revue et voyons comment éviter cette réaction chimique.

Protection contre les influences climatiques

En général, les principales mesures pour la protection de la maçonnerie fraîche sont liées à la préparation du mortier, à la charge de la maçonnerie et à la protection contre les influences climatiques. Ce dernier point est particulièrement important pour éviter les efflores­cences. Nous nous attardons donc là-dessus dans cet article.

Temps pluvieux

Il est vivement déconseillé de maçonner ou de couler du béton lorsqu'il pleut, en raison du risque que le mortier ou le béton soit 'rincé par la pluie'. En cas de pluie, la maçonnerie doit en tout cas être protégée directe­ment contre l'impact de l'eau et après l'exécution des travaux aussi, il faut protéger les briques, le mortier et la maçonnerie fraîche des chutes de pluie possibles.

Le plan supérieur et les 800 mm du haut de la maçonnerie doivent systématique­ment être couverts à la fin de la journée de travail, en tenant compte de l'influence du vent. Cette couverture ne peut pas être posée uniquement avec du bois ou un autre matériau directement sur la maçonnerie, afin d'éviter que ce matériau laisse des traces sous l'effet de la pluie. Les murs isolés doivent être étayés correctement. L'épaisseur du mur, le type de mortier et de briques, et l'exposition au vent déterminent ici les limites de ce qui est admissible sans risque excessif. Pour protéger la maçonnerie finie, il faut poser les briques de couverture, gouttières et tuyaux d'évacuation prévus le plus rapidement possible. La maçonnerie terminée doit également être protégée des conséquences d'activités de construction qui pourraient souiller la surface ou pourraient, dans le cas de maçonnerie plâtrée plus tard, altérer l'adhérence du plâtrage.

Temps froid

Il est aussi déconseillé de maçonner à des températures inférieures à 5 °C. Si on maçonne tout de même par temps froid, on devra prendre des mesures supplémen­taires. La réaction chimique entre l'eau et le ciment demande, en effet, une certaine chaleur initiale et le temps de liaison ainsi que la rapidité de prise dépendent de la température. En cas de température plus basse, ces phénomènes sont plus lents. La maçonnerie doit donc être protégée plus longtemps. Il est également recommandé de préparer le mortier avec de l'eau suffisamment chaude. Après application du mortier, il faut le couvrir au plus vite avec la brique de maçonnerie. Il ne faut en tout cas jamais préparer de mortier avec du sable gelé, jamais maçonner avec des matériaux gelés et jamais continuer de maçonner sur une maçonnerie gelée. Les parties de maçonnerie endommagées par le gel ou autres doivent être démolies.La maçonnerie fraîche doit être protégée contre le gel et l'humidité sur toute la hauteur et avec un minimum de 800 mm. En cas de températures inférieures à 5 °C, elle doit être protégée avec un matériau isolant. Si la température oscille entre 0 et -5 °C, il est conseillé d'employer du ciment caractérisé par des classes de résistance à la compression plus élevées et de l'eau chauffée. Dans le cas de températures encore plus basses, l'eau risque de se transformer en glace dans le mortier frais et la structure du mortier risque d'être perturbée en raison du volume accru allant de pair avec cette transformation. On risque alors également que la réaction entre le ciment et l'eau ne se produise pas (suffisamment). La maçonnerie doit, de ce fait, être démolie par la suite.

Temps sec et chaud

Par temps sec et chaud persistant, il est conseillé de bien humidifier la maçonnerie fraîche à la fin de la journée de travail. Arrosez les briques régulièrement, mais légèrement afin d'éviter que le mortier s'assèche avant d'avoir pris complètement. Vous éviterez ainsi qu'une bonne adhérence ne puisse pas être obtenue.

 

Efflorescences

Si l'une ou plusieurs des mesures évoquées ci-dessus ne sont pas appliquées (suffisamment), la maçonnerie risque par la suite de présenter des efflorescences. Il s'agit de dépôts salés pouvant adopter la forme de voile blanc, de flocons ou de croûtes dures. Ces dépôts sont certes généralement inoffensifs, mais ils sont peu esthétiques et entravent la finition de la maçonnerie. C'est pourquoi il vaut mieux les éviter. Pour ce faire, il faut d'abord connaître les causes possibles. Autrement dit: d'où les sels (généralement du sodium, du potassium ou des sulfates de magnésium) proviennent-ils?

Sol

De nombreux types de sols contiennent des sulfates et des nitrates. Les efflorescences causées par les eaux souterraines montantes peuvent parfois être très néfastes, parce qu'elles entraînent l'effritement des briques ('cancer du mur'). On peut éviter ce phénomène grâce à une couche hydrophobe parfaitement posée dans le bas des murs, ou en dotant les murs entrant en contact avec le sol (murs de cave, de fondations et devant retenir les terres) d'une couche de protec­tion ne laissant pas passer l'eau.

Briques

Des sels très solubles sont présents dans la matière première avec laquelle les briques sont fabriquées, mais ils se décomposent en grande partie pendant le processus de cuisson. La brique contient très peu de sels solubles et ne présentera pas d'efflorescences lors du test selon la norme NBN B 24-209.

 

Mortier

Le ciment contient toujours des matières transformées dans le mortier et pouvant réagir avec les briques. L'utilisation de ciment contenant du sulfate de sodium peut provoquer de très fortes efflores­cences traînant parfois des années. Elles ne peuvent pas être éliminées avec de l'eau; les passer à l'eau aggrave même l'effet. La solution évidente consiste à ne pas utiliser de ciment contenant des sulfates.

Réaction du mortier sur la brique

Le mortier contient toujours des sels libres hydrosolubles. Le ciment contient, en effet, toujours des oxydes de sodium et potassium donnant lors de la préparation du mortier les hydroxydes corres­pondants. Pendant l'hydratation ou la prise de mortier frais, celui-ci n'est au départ quasiment pas capillaire, contrairement à la brique. L'eau de pluie peut, par conséquent, trans­porter les sels et hydroxydes libres vers les briques, où les hydroxydes réagissent avec le sulfate de calcium (CaSO₄) éventuel de la brique et forment des sulfates alcalins (notamment Na₂SO₄ et K₂SO₄). Des tests ont par ailleurs démontré que la teneur en sulfate de calcium dans le ciment était bien plus élevée que dans la brique. Contrairement au Ca_SO₄, les sulfates alcalins évoqués ci-dessus sont extrêmement solubles dans l'eau. Lorsque la maçonnerie sèche, il y a une migration de ces sulfates alcalins vers la surface d'évaporation de la brique, où ils se cristallisent.

Il est vivement déconseillé de maçonner ou de couler du béton lorsqu'il pleut

Autres causes

Le risque d'efflorescences est, enfin, aussi accru lors de l'utilisation d'eau de gâchage ou de sable sale, de l'utilisation de certains agrégats dans le mortier et de la proximité de solutions contenant du sel, de nitrates et de nitrites.

Conclusion

Les efflorescences les plus courantes sont inoffensives et sont éliminées par la pluie après quelques mois. Si toutes les règles de l'art sont suivies lors du maçonnage (surtout la protection de maçonnerie fraîche), le risque d'efflorescences est minime.

 

Lixiviations

On confond souvent lixiviation et efflorescence. Il s'agit ici d'un dépôt blanchâtre, souvent au niveau des joints verticaux, causé par du ciment entraîné par la pluie hors des joints de mortier et dégoulinant sur la façade. Ici aussi, une réaction chimique est à l'origine du phéno­mène: la réaction d'hydratation du ciment libère du calcium libre ou Ca(OH)₂, transporté par l'eau et réagissant avec l'acide carbonique (CO₂) dans l'air en carbonate de calcium (CaCO₃), qui forme en fait le dépôt blanc.

Procédure d'élimination

Ce dépôt est difficile à éliminer, car le dépôt de calcium est difficilement soluble dans l'eau, ce qui signifie qu'il ne peut pas être éliminé très rapidement en le lavant. Une solution possible consiste en la procédure suivante:

• Brossez le dépôt au maximum avec une brosse ou du papier abrasif.
• Protégez tous les matériaux de construction fragiles de la façade.
• Humidifiez généreusement et abondamment la surface à nettoyer avec de l'eau claire, jusqu'à saturation. L'agent mordant utilisé par la suite ne pourra ainsi pas pénétrer jusque dans le matériau.
• Traitez la croûte ou le voile de calcaire avec une solution d'acide (p.ex. acide chlorhydrique ou acide phosphorique pour les briques de couleur claire et blanches), en épargnant les joints dans la mesure du possible. Utilisez une solution d'1 à 3% pour les surfaces dont la brique de ciment ne peut pas être attaquée, ou de 10% lorsqu'elle peut l'être. Attention: les fins granulats sont mis à nu. De ce fait, la texture et la couleur seront modifiées.
• Après avoir laissé agir la solution, rincez la façade à plusieurs reprises.

Ce traitement prenant beaucoup de temps est cependant rarement efficace à 100%. Une utilisation trop fréquente de l'acide est nocive pour le mortier. Il est, par conséquent, plus intéressant d'appliquer le traitement avant de rejointoyer la façade. Vu qu'il s'agit d'un travail bien spécifique, il est conseillé d'avoir recours pour cela à une firme spécialisée. 

Sources: Manuel 'Maçonnerie de terre cuite' (Fédération belge de la Brique) et groupe de travail révision STS 22 'Maçonnerie'