LA BELGIQUE PASSE COMPLETEMENT AU GAZ A HAUT POUVOIR CALORIFIQUE
Comment préparer les appareils pour une conversion sans accrocs?
Depuis un demi-siècle déjà, nous pouvons compter en Belgique sur le gaz naturel provenant des Pays-Bas. Plus d’un tiers des appareils à gaz y sont raccordés aujourd’hui. Mais cette situation touche peu à peu à sa fin. En 2030, nos voisins du Nord fermeront, en effet, définitivement le robinet de gaz. D’ici là, les quelque 2,8 millions d’appareils belges raccordés au gaz à faible pouvoir calorifique devront être passés complètement au gaz à haut pouvoir calorifique importé d’autres pays. Pour mener cette conversion à bien, non seulement les autorités et les gestionnaires de réseau, mais également les installateurs doivent prendre leurs responsabilités.
Du gaz pauvre au gaz riche
Pourquoi?
En raison des réserves de gaz s’amenuisant et de la problématique croissante de tremblements de terre dans la région de Groningue, les autorités néerlandaises ont décidé en 2012 de mettre peu à peu fin à l’exportation de gaz naturel. L’exportation diminuerait ainsi à partir de 2024, pour être arrêtée complètement six ans plus tard. L’Allemagne, la France, la Belgique et d’autres dépendront donc d’ici peu entièrement du gaz naturel de la mer du Nord et de pays comme la Norvège, l’Algérie, le Qatar, …
Le gaz provenant de la mer du Nord et d’autres sources a toutefois une autre composition et par conséquent une autre valeur calorifique que celui provenant des Pays-Bas. Tandis que le gaz néerlandais a un faible pouvoir calorifique – on parle de gaz L ou pauvre, la valeur énergétique du gaz naturel d’autres sources est, en effet, env. 15% plus élevée. Ce gaz à haut pouvoir calorifique – ou gaz riche ou H – générera donc avec un même volume 15% de chaleur ou puissance en plus.
Qui?
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La conversion ne concerne pas tous les raccordements au gaz. Environ la moitié des appareils à gaz belges sont raccordés aujourd’hui au gaz néerlandais. Cela est principalement le cas à Bruxelles et dans les provinces d’Anvers, du Limbourg, du Brabant flamand et wallon, du Hainaut et de Liège. Par conséquent, la conversion ne sera nécessaire que là. Les autres provinces utilisent déjà complètement du gaz H.
Quand?
Afin de tout mener à bien, les autorités belges ont décidé de réaliser la conversion de manière systématique. La fédération des gestionnaires de réseau Synergrid a établi pour cela un planning indicatif.
Selon ce planning, un certain nombre de régions et communes passeront du gaz L au gaz H chaque été ces dix prochaines années. Les premières de ces conversions ont déjà eu lieu. La région du Limbourg méridional et le quartier anversois Kiel – représentant ensemble quelque 50.000 raccordements – sont ainsi passés en juin 2018 au gaz H. En réalisant la conversion en été, les problèmes pratiques sont évités autant que possible.
Comment?
Pour résumer de manière très simpliste, un robinet de gaz est fermé et l’autre ouvert lors de la conversion. Pour cela, un certain nombre d’interventions spécifiques sont cependant d’abord nécessaires et ce, à différents niveaux:
• Réseau: les gaz à haut et à faible pouvoir calorifique sont transportés dans des réseaux séparés. Afin que l’approvisionnement puisse être garanti à tout moment, un réseau de gaz H complet doit donc être présent au moment de la conversion dans toutes les régions concernées. Des conduites existantes sont idéalement utilisées au maximum pour cela.
• Distribution: étant donné la valeur énergétique plus élevée, le gaz H est fourni à une pression moins élevée que le gaz L, à savoir 21 au lieu de 25 mbars. Pour des raisons de sécurité, cette pression de livraison est donc abaissée avant la conversion par le gestionnaire de réseau de distribution à 21 mbars. Selon la situation spécifique, cela se fait soit dans les cabines de rue ou de quartier concernées, soit directement au niveau des régulateurs de pression des habitations. Si le gestionnaire de réseau de distribution n’a pas accès dans ce dernier cas au régulateur de pression, l’amenée de gaz au point de livraison en question sera coupée (temporairement) pour des raisons de sécurité.
• Appareils: bien que la majorité des appareils des ménages belges soient déjà prévus depuis 1978 pour fonctionner avec du gaz L comme H, cela n’est pas nécessairement le cas pour tous les appareils. Certains ne conviennent réellement pas pour le gaz H, tandis que d’autres exigent une adaptation. Etant donné qu’il n’existe toutefois pas de registre des appareils installés, le caractère approprié de tous les appareils concernés doit être contrôlé avant la conversion. Sinon, il y a un risque de surcharge, d’usure, de pannes inattendues et, dans le pire des cas, de concentrations de CO accrues après la conversion.
Contrôle des appareils à gaz
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Tandis que le réseau et la pression d’alimentation font partie des compétences des gestionnaires de réseau de distribution, le contrôle des appareils incombe avant tout à l’utilisateur et à l’installateur. Le contrôle exige toujours l’intervention d’un technicien habilité – soit un technicien agréé GI ou GII, soit un technicien d’usine – et doit être demandé par l’utilisateur. Afin que les appareils puissent être contrôlés à temps, les utilisateurs comme les techniciens agréés GI et GII sont informés deux ans à l’avance par respectivement le gestionnaire de réseau de distribution et gas.be. Le contrôle peut ainsi être planifié de manière à tomber en même temps que l’entretien biennal imposé par la loi pour les appareils de chauffage central, ce qui est sans aucun doute avantageux pour les deux parties. Dans les Régions flamande et wallonne, il n'y a pas d'obligation légale d'effectuer le contrôle; à Bruxelles, cependant, il a depuis lors été inclus dans l'arrêté du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale (21/06/2018) récemment publié sur ‘l'inspection et l'entretien des systèmes de chauffage et de climatisation et l'agrément des personnes effectuant ces contrôles‘.
Quels appareils?
Tous les appareils à gaz dans les régions concernées doivent être contrôlés: les chaudières de chauffage et les appareils à eau chaude tels que les poêles, les cuisinières, … Selon les estimations, il s’agirait dans notre pays de quelque 2,8 millions d’appareils, répartis entre environ 1,6 million de ménages et entreprises. Les appareils pour un usage processuel n’échappent pas non plus à l’inspection, même si la part de ce type d’appareils est plutôt limitée.
Code de conduite sectoriel
Afin d’épauler les techniciens lors du contrôle et des interventions éventuelles, gas.be a établi, en collaboration avec des fabricants, un code de conduite sectoriel. Il est basé sur le système de classification d’appareils européen et décrit pour chaque catégorie d’appareils les différents points importants et les interventions nécessaires par rapport au changement de gaz.
Ici, deux questions jouent un rôle majeur: l’appareil est-il compatible avec le gaz H et si oui, doit-il encore être adapté pour un fonctionnement optimal et sûr avec le gaz H?Suivre la méthodologie du code de conduite n’est pas (encore) une obligation légale, mais cela offre en cas de litige à l’installateur la couverture juridique nécessaire.
L’appareil est-il compatible?
Pour ce qui est de la compatibilité, la Belgique a une belle longueur d’avance sur les pays voisins devant réaliser la conversion ces prochaines années. Dans certaines provinces, on utilise, en effet, depuis longtemps déjà le gaz H. De ce fait, les appareils destinés au marché belge doivent depuis 1978 obligatoirement être compatibles avec ce gaz à haut pouvoir calorifique.
Dans la pratique, environ 99,5% des appareils concernés pourront donc fonctionner sans problème avec du gaz H. Les 0,5% restants sont constitués d’appareils plus anciens ou d’appareils n’étant pas destinés au marché belge. C’est au technicien habilité d’identifier ces appareils incompatibles à temps. En principe à l’aide de la plaque d’identification ou, s’il n’y en a pas, via une analyse par étapes technologique.
Approche
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d'appareils plus anciens, I2R ou I2E(R)B, sont équipés d'un régulateur
de pression intégré. Ceci doit être réglé avant le passage au gaz H
Si un appareil se révèle être incompatible, il est conseillé de contacter au plus vite le service technique du fabricant. Il est le seul à pouvoir juger si l’appareil peut encore être adapté au gaz H et si le fonctionnement sûr peut dans ce cas être garanti. Cela dépend, entre autres, de l’âge et de l’état de l’appareil, de la disponibilité de pièces de rechange, …
Si le fabricant juge que l’appareil ne peut pas être adapté, ou si le fabricant original ne peut pas être identifié ou tracé, l’appareil doit certainement être remplacé. Les adaptations apportées sans l’intervention du fabricant peuvent donner lieu à des questions relatives à la responsabilité.
Adapter ou non?
Le fait que la majorité des appareils en Belgique soient compatibles avec le gaz H, ne signifie toutefois pas qu’ils y soient aussi tous adaptés. Selon notamment la technologie de brûleur, il faudra encore adapter l’une ou l’autre chose lors de la conversion.
I2 ou I2E+
Les brûleurs atmosphériques de la catégorie I2E+ ou l’ancienne I2 – y compris les cuisinières, grils, émetteurs IR clairs, … – sont compatibles de base avec le gaz H et n’exigent pas d’autre réglage, dans la mesure où elles n'ont pas été modifiées. Vu que le débit de gaz dépend complètement ici de la pression d’alimentation, ces appareils s’adapteront, en effet, automatiquement à l’autre composition du gaz H.
I2R, I2E(R)B ou I2E(R)
Vu que les brûleurs à ventilateur de la catégorie I2E(R) ou, dans le cas d’appareils plus anciens, I2R ou I2E(R)B, sont toujours équipés d’un régulateur de pression intégré et sont ajustés spécifiquement sur site au gaz L, ils doivent toujours être adaptés pour la conversion au gaz H. La pression d’alimentation moins élevée du gaz H n’a, en effet, aucun effet sur ces appareils: le régulateur de pression interne veille à ce que le débit de gaz fourni reste le même dans toutes les circonstances, et donc indépendamment de la pression d’alimentation. Lors de l’alimentation en gaz H et sans adaptation, il y aurait, de ce fait, une surcharge, avec le risque d'une pénurie d'air.
Avant de convertir le réseau au gaz H, la régulation de pression interne et l’amenée d’air doivent donc être adaptées. Cela se fait en deux phases: une première adaptation intermédiaire, consistant en une diminution de la puissance et une augmentation de l’excès d’air, doit être effectuée maximum deux mois avant la conversion; une deuxième adaptation, finale, doit être effectuée dans les deux mois après la conversion.
I2E(S)B ou I2E(S)
Les appareils de la catégorie I2E(S) ou l’ancienne I2E(S)B, avec brûleur à prémélange, sont en principe compatibles et adaptés au gaz H. Cela est du moins le cas s’ils fonctionnent toujours selon les réglages d’usine initiaux, et scellés. Dans la pratique, il arrive cependant souvent que ces appareils, s’ils sont utilisés en combinaison avec du gaz L, soient adaptés pendant leur durée de vie. Par exemple, si l’appareil génère une puissance insuffisante pour assurer l’approvisionnement en ECS, si des concentrations de CO accrues sont mesurées lors d’un entretien périodique ou si d’autres problèmes surviennent à la suite d’un excès d’air trop important.
Pour savoir si un appareil I2E(S) a été adapté par le passé, le technicien doit comparer les valeurs de combustion – plus précisément le pourcentage d’O2 ou de CO2 – avec les réglages d’usine.
Le code de conduite sectoriel fournit pour cela les informations et tableurs nécessaires. Si le pourcentage est trop différent selon ce code de conduite, il faudra à nouveau procéder à une adaptation avant la conversion. Selon la mesure dans laquelle l’appareil a été adapté, cela peut se faire en une ou deux phases. S’il n’y a avec les réglages actuels aucun risque, même avec le gaz H de manque d’air – et donc de concentration de CO accrue, une adaptation finale dans les douze mois après le passage au gaz riche suffit.
Si ce risque est bel et bien présent, l’appareil doit d’abord être adapté – maximum 24 mois avant la conversion – à un réglage L/H temporaire.
Celui-ci peut être calculé à l’aide des tableurs dans le code de conduite sectoriel et garantit aussi un fonctionnement sûr avec du gaz L comme H. Dans les douze mois après la conversion, ces appareils doivent alors aussi être adaptés à un réglage H final – généralement les réglages d’usine.
I2N
Si un appareil est équipé d’une commande de brûleur automatique – appareils de la catégorie I2N, le rapport combustible/air est adapté automatiquement aux circonstances. Dans ce cas, il ne faut donc pas d’autre adaptation.
INFORMATIONS UTILES
En collaboration avec Synergrid et gas.be, les autorités fédérales et régionales ont lancé la campagne Le Gaz Change, axée principalement sur les utilisateurs et leur fournissant les informations de base nécessaires relatives à la conversion. Via le site web legazchange.be/fr, les entreprises et les particuliers peuvent notamment voir quelles communes passeront quand au nouveau gaz, et recevront deux ans avant la date une invitation pour la vérification de leurs appareils. Les installateurs peuvent bien sûr aussi se rendre sur ce site web, même s’ils ont bien plus de sources d’information à leur disposition.
Site web pour les techniciens habilités
Via www.aardgas.be/gasconversie/fr, les installateurs habilités ont accès à des informations techniques complètes et à de nombreux outils utiles, comme des logigrammes, des tableurs, des exemples de documents, une vue d’ensemble du code de conduite et des prescriptions techniques, …
Application
L’application pour smartphone ou tablette de gas.be guide les installateurs en temps réel tout au long de la procédure décrite dans le code de conduite sectoriel et assure directement aussi les calculs nécessaires.
Sessions d’information
Gas.be organise régulièrement des sessions d’information pour les techniciens habilités. Le contexte de la conversion et le code de conduite sectoriel y sont notamment passés en revue.
Helpdesk
Les techniciens habilités ayant tout de même encore des questions peuvent s’adresser au helpdesk mis en place à cet effet par gas.be.