De l'intelligence à l'autonomie: quel est le rôle de la numérisation omniprésente, de l'IA et des applications pour smartphones?

Peter Gorrebeeck (Siemens)

Les bâtiments intelligents sont déjà une réalité aujourd'hui, mais selon Peter Gorrebeeck, Director Portfolio Buildings et Sales Director Buildings chez Siemens, nous sommes à la veille d'une nouvelle phase: la transition vers les bâtiments autonomes. Lors de la conférence BuildUp, il a expliqué comment la numérisation, l'intelligence artificielle et les applications pour smartphones allaient radicalement changer la gestion et l'utilisation des bâtiments.

Des silos de données aux plateformes intégrées

La génération actuelle de bâtiments intelligents est équipée de nombreux systèmes numériques pour le chauffage, la ventilation et la climatisation, l'éclairage, la protection contre les incendies et l'accès. Mais chaque système fonctionne en grande partie dans ses propres silos de données. Cela conduit à des inefficacités: seulement 10 à 20% des données sont utilisées efficacement.

"Seulement 10 à 20% des données relatives aux bâtiments sont utilisées - l'intégration est la clé d'une véritable intelligence"

Selon M. Gorrebeeck, la solution est similaire à la révolution apportée par le smartphone. Android et iOS ont permis de mettre en place un système dans lequel les données sont disponibles et les applications sont développées sur la base de ces données.

Les smartphones offrent une certaine connectivité via le wifi et le bluetooth, entre autres, couvrant les besoins des utilisateurs. Nous devrons également poursuivre cette connectivité dans les bâtiments. Cette possibilité existe grâce à Building X: une plateforme ouverte qui rassemble des données provenant de différentes sources - tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du bâtiment - qui peuvent être utilisées par différentes applications.

Une plateforme, de nombreuses applications

Une telle plateforme permet de développer des applications personnalisées. Par exemple, un gestionnaire d'énergie peut utiliser une application qui prédit la consommation d'énergie et détecte les écarts, tandis qu'un gestionnaire d'installations peut utiliser une autre application pour surveiller les tâches de maintenance. Les besoins des individus sont ainsi pris en compte, ce qui crée une "usine de cas d'utilisation".

Un exemple cité par M. Gorrebeeck est l'utilisation de scanners 3D pour l'installation de détecteurs d'incendie. Alors qu'il fallait auparavant consulter des plans sur papier, Siemens Buildings France utilise aujourd'hui un scan numérique du bâtiment relié à la plateforme, ce qui accroît l'efficacité opérationnelle des activités de service. Ce scan montre non seulement l'état actuel du bâtiment, mais peut également être complété par des fiches techniques et des données de capteurs en temps réel. Pour les installateurs et les équipes de maintenance, cela représente un gain de temps considérable: ils voient immédiatement où de nouveaux détecteurs doivent être installés, lesquels sont déjà présents et comment le bâtiment peut être sécurisé de manière optimale.

Grâce à des API ouvertes, les données peuvent être récupérées et des parties externes peuvent également développer des applications, comme dans un magasin d'applications pour smartphone. Les utilisateurs téléchargent l'application et paient pour celle-ci aussi longtemps qu'ils en ont besoin. Ce modèle - Plateforme en tant que service et Logiciel en tant que service - offre des opportunités pour de nouveaux modèles d'entreprise et une innovation accélérée.

"Les bâtiments autonomes se dirigent d'eux-mêmes - avec l'IA comme copilote"

Le rôle de l'IA

L'intelligence artificielle joue un rôle crucial. Gorrebeeck distingue trois niveaux:

• L'apprentissage automatique: principalement axé sur la reconnaissance des formes. Un exemple simple est celui d'un groupe d'air qui continue à refroidir alors que la température de la pièce ne baisse pas. Le système reconnaît qu'il s'agit d'une erreur et peut envoyer automatiquement une notification, ce qui permet de détecter les pannes plus rapidement et d'effectuer la maintenance de manière plus ciblée.
• Apprentissage en profondeur: pour une reconnaissance des formes plus complexe. Dans les bâtiments, cet apprentissage est appliqué à l'analyse vidéo. Par exemple, les caméras peuvent détecter des mouvements inhabituels dans un parking ou signaler un comportement anormal dans un environnement de bureau. Il s'agit également de compter les personnes présentes dans une pièce pour surveiller les taux d'occupation.
• L'IA générative: une application plus récente, où l'IA génère un nouveau contenu ou de nouvelles idées sur la base des données collectées.

Selon M. Gorrebeeck, ces modèles ne sont pas développés pour remplacer les humains, mais pour fournir aux professionnels des outils plus intelligents. Ils aident les techniciens, les administrateurs et les gestionnaires à prendre des décisions plus rapidement, plus efficacement et de manière plus fiable.

Les applications aujourd'hui

L'évolution vers des bâtiments autonomes n'est pas un avenir lointain, mais est déjà visible aujourd'hui dans une variété d'applications. M. Gorrebeeck a illustré son propos par des cas d'utilisation concrets.

Gestion opérationnelle

Les applications permettent aux gestionnaires d'installations de connaître en temps réel les performances des espaces. Par exemple, une vue d'ensemble montre quels étages répondent aux objectifs de confort en matière de température et d'humidité, et où ils ne le font pas. Cela permet de prendre des mesures immédiates, sans que les utilisateurs n'aient à formuler de plaintes au préalable.

En termes de maintenance également, le système est déjà appliqué. Alors que la maintenance était auparavant essentiellement préventive, selon des calendriers fixes, les bâtiments intelligents sont en train de passer à la maintenance conditionnelle. Les systèmes reconnaissent lorsqu'une installation présente un comportement anormal et créent automatiquement un ordre de travail. Les pannes sont ainsi réparées plus rapidement, les installations tombent moins souvent en panne et le personnel peut être déployé plus efficacement.

Optimisation du chauffage, de la ventilation et de la climatisation

Grâce au contrôle en boucle fermée basé sur l'IA, le chauffage et le refroidissement sont continuellement ajustés en fonction de facteurs internes et externes. Le système tient compte, entre autres, de la température extérieure, du rayonnement solaire, des prévisions météorologiques et de l'occupation de la pièce. Cela permet de maintenir un climat intérieur confortable, tout en réduisant considérablement la consommation d'énergie. M. Gorrebeeck parle d'une économie d'énergie mensuelle supplémentaire de 6,5% grâce à l'automatisation de l'IA. De cette manière, un bâtiment peut même anticiper les pics de demande en ajustant les installations à l'avance.

Gestion de l'énergie

Les bâtiments collectent des données sur l'électricité, le chauffage, l'eau, le refroidissement et même l'air comprimé ou les rendements photovoltaïques toutes les 15 minutes. Des modèles d'IA analysent ces flux, prédisent la consommation et identifient les anomalies. Cela permet à un gestionnaire d'énergie non seulement de faire des économies en achetant plus favorablement sur le marché de l'énergie, mais aussi de réagir plus rapidement en cas de forte consommation inattendue ou de défaillance d'un équipement.

Ces applications sont déjà mises en œuvre dans la pratique. Au Police LRH à Hasselt et au Mediahuis à Hasselt, la plateforme Building X de Siemens a été mise en œuvre en collaboration avec The Energy Circle. Le système a rassemblé diverses sources de données - du CVC et du KNX aux systèmes de gestion existants - et a fourni une surveillance et une transparence fiables. Selon Peter Gorrebeeck, ces projets montrent que la numérisation et l'IA ne sont plus des projets pilotes, mais des outils concrets qui rendent dès aujourd'hui les bâtiments plus efficaces sur le plan énergétique, plus sûrs et plus conviviaux.

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Qui est Peter Gorrebeeck?
Peter Gorrebeeck est passionné et expérimenté en matière de technologies de bâtiments intelligents, en stimulant l'innovation et la transformation. Dans le cadre de sa double fonction chez Siemens Smart Infrastructure, il dirige des initiatives stratégiques en France et en Belgique, contribuant à façonner l'avenir de la sécurité incendie, de la sécurité, de l'automatisation, des logiciels et de la durabilité dans les bâtiments. Peter est fortement engagé dans la numérisation et la durabilité des bâtiments, visant à améliorer l'efficacité énergétique, la performance opérationnelle et l'expérience des utilisateurs grâce à des technologies avancées et des solutions intégrées. Il est partisan des plateformes ouvertes, des systèmes interopérables et de la co-création - selon lui, des éléments essentiels sur la voie des bâtiments autonomes: des environnements qui peuvent optimiser, s'adapter et contribuer activement à un avenir plus durable.