"la construction démontable selon notre philosophie"
pour GAFPA, le contexte et la structure définissent le domaine architectural
Une réunion avec le Bureau d'architecture et d'urbanisme GAFPA est une source de satisfaction en raison de la vision forte du bureau d'études. Ce genre d'événement fait du bien parce que les concepteurs ne négligent pas la perception, la beauté et l'aspect pratique. Souvent, les interventions font preuve de simplicité structurelle et d'empathie.
GAFPA – dont le nom est tiré du roman 'Kaas' de Willem Elsschot – se définit comme un bureau d'architecture et d'urbanisme. Cela suggère que l'architecture et l'urbanisme convergent de plus en plus aujourd'hui. "Le contexte entre toujours en ligne de compte", explique Floris De Bruyn, cofondateur du bureau d'architecture avec Philippe De Berlangeer et Frederick Verschueren en 2008.
"Les concours sont un moyen intéressant d'obtenir des projets,
mais aussi de développer des idées"
Une fraîcheur inspirante
L'architecte nous accueille dans l'une des dépendances du site Vynckier emblématique de Gand. Un lieu où de nombreuses entreprises créatives prospèrent et se développent aujourd'hui. Au 19e siècle, il abritait une usine textile, puis, dans l'entre-deux-guerres, une entreprise de renommée internationale spécialisée dans l'appareillage électrique. GAFPA s'y est installé sobrement. Des structures murales délimitent l'espace de bureau. Autour d'une table bleue en forme de rein, dessinée par l'entreprise, les conversations s'engagent. Le poêle à granulés est en veilleuse. Dans la fraîcheur piquante de l'espace, notre attention reste concentrée sur une conversation chaleureuse à propos des principes architecturaux et des projets réalisés.
GAFPA a-t-elle pris un bon départ à l'époque? Floris De Bruyn: "Je me permets de souligner que nous avons travaillé très dur. Nous ne pouvions pas compter sur de la famille qui avaient déjà un pied dans la construction. Au contraire, nous avons surtout participé à des concours. Les concours sont une manière intéressante d'obtenir du travail, mais aussi de développer des idées. Par exemple, les projets non construits sont parfois aussi importants que les projets construits. De Hoge Rielen à Kasterlee, un endroit absolument magnifique, nous a échappé. Le projet était vraiment fascinant en termes de réflexion sur l'utilisation des typologies militaires d'une manière contemporaine."
Le pouvoir du lieu
"Lorsque nous avons obtenu notre diplôme, nous nous sommes tous les trois lancés dans l'aventure", explique Floris De Bruyn. "Depuis, nous avons réalisé de nombreux projets en Flandre. Des projets à petit budget également. Dès le début, nous avons relevé le défi de savoir comment nous pouvions parfois faire la différence avec les bonnes interventions. Il s'agit souvent de projets pour lesquels les gens souhaitent une solution pragmatique, notamment pour des raisons budgétaires. En utilisant des moyens simples, nous essayons de sublimer la solution dans une architecture qui, bien que découlant du contexte, possède une certaine autonomie. Dès le début, nos projets ont été fortement structurés."
Dès le départ, GAFPA n'est pas passé inaperçu et a fait la différence. "La seule chose dont on a toujours besoin dans le domaine de l'architecture, c'est d'une structure. C'était et c'est toujours notre point de départ. À partir d'une colonne et d'une poutre, nous créons un ordre avec un nombre limité d'éléments. Nous avons compris dès le départ qu'il fallait coopérer avec le contexte, et non pas aller à son encontre. Nous utilisons la force du lieu. Et cela fonctionne."
Déconstruction
Sur votre site web, vous parlez de déconstruire le contexte existant ... Floris De Bruyn: "Cela coïncide avec ce que j'ai dit précédemment. Vous empruntez certains des éléments avec lesquels vous travaillez à la situation dans laquelle vous vous trouvez. Avant de commencer une intervention, il est important d'analyser correctement ce que l'on trouve."
Dans tous les projets de GAFPA, l'écho du contexte résonne. "Il s'agit parfois d'une logique structurelle trouvée que nous transposons dans un autre matériau ou d'une adaptation subtile de systèmes de construction industriels. C'est ainsi que l'on construit un langage qui tire sa force de son environnement et se renouvelle sans cesse. L'intervention structurelle est une priorité pour nous; pour la finition, nous dialoguons avec les utilisateurs." GAFPA n'est pas synonyme d'architecture lisse. Ce qui est construit forme un cadre dans lequel la vie peut se dérouler.
pragmatisme
Votre approche est pragmatique ... Floris De Bruyn: "Nous faisons ce qui est nécessaire pour obtenir un certain espace ou une certaine lumière avec un minimum de moyens. Nous intervenons avec le strict nécessaire. Nous n'utilisons pas un principe de style particulier ou quelque chose que vous avez déjà pensé à appliquer à l'avance. Nous n'essayons pas de fixer des fonctions; nous purifions l'espace. Nous gardons ouverte la possibilité de changer la destination des bâtiments à l'avenir. Vous le remarquez dans nos projets: ils ne sont en quelque sorte jamais terminés, ils offrent la possibilité de les recouvrir d'une nouvelle couche ou de gratter des couches. Par conséquent, nous laissons certains éléments visibles, ce qui vous permet de comprendre comment nous traitons les bâtiments existants d'un point de vue structurel. Vous pouvez également voir cela dans notre bureau, où nous avons laissé certaines interventions de l'utilisateur précédent en l'état et y avons ajouté nos propres interventions. Nous trouvons que la stratification ainsi créée est intéressante en tant que méthodologie de conception."
"Avec les grands projets, la marge d'expérimentation est souvent plus réduite"
Centre d'accueil des visiteurs
La beauté est importante, mais pour GAFPA, c'est quelque chose qui émerge d'une quête. Floris De Bruyn estime que l'architecture couvre un certain domaine dans lequel l'approche fonctionnelle et pragmatique est fortement prédominante et que, par-dessus tout, vous devez réaliser et comprendre que c'est votre terrain de jeu.
Le centre d'accueil des visiteurs de Dilsen-Stokkem est l'un des projets remportés par GAFPA. Le complexe se trouve non loin de la célèbre tour de De Gouden Liniaal Architecten. Floris De Bruyn: "Notre projet est en fait très primaire; il comporte deux noyaux porteurs et une travée. Nous avons conçu un bâtiment en gradins et l'avons entouré d'une enveloppe qui sera entièrement occupée par la végétation naturelle. Cette double enveloppe contient la circulation extérieure jusqu'à une plate-forme d'où l'on regarde la Meuse. Ces projets publics nous intéressent, de même que les lotissements et les études d'urbanisme. Nous ne nous contentons pas de nous lancer dans de grands projets, nous n'avons jamais perdu de vue les petits. Dans les grands projets, la marge d'expérimentation est souvent moindre; dans les petits projets, on peut expérimenter un peu plus."
Chapelle résidentielle à Ninove
Comme pour le projet de la chapelle de Ninove, que GAFPA a restaurée et transformée en habitation. Floris De Bruyn: "Ce n'était pas si évident: le corps d'une église a une apparence assez dominante. Dans ce projet, nous aurions pu nous contenter d'une boîte dans une boîte, mais nous voulions utiliser l'espace au maximum. Nous avons opté pour une interprétation plus légère. Le premier étage abrite les chambres et est logiquement fermé, mais il y a une ouverture à travers laquelle vous pouvez découvrir le plafond voûté. Nous avons orienté une poutre sur l'axe cérémoniel qui occupe la longueur de la chapelle. La structure qui l'entoure est très légère et se compose d'un tablier métallique en porte-à-faux et de panneaux de contreplaqué. L'ensemble est entièrement démontable et repose sur quatre colonnes rondes et élancées."
L'expérience accumulée dans la pratique quotidienne de la conception de divers projets, Floris De Bruyn la met au service de ses étudiants (Campus Sint-Lucas Gent) avec beaucoup d'enthousiasme. "J'explique à mes étudiants comment certains choix sont faits et comment les systèmes de construction peuvent conduire à des solutions architecturales. Dans l'atelier, nous étudions ce que j'appelle l'architecture anonyme: des bâtiments de tous les jours qui ne portent pas la signature de l'architecte. Nous regardons comment quelque chose a été fait, quels choix ont été faits, ce qu'il y a de pragmatique là-dedans. Nous analysons ce qui se passe et recherchons des typologies structurelles ayant un potentiel architectural. Je transmets cela comme une attitude: dès le début, regarder et apprendre ce qui est nécessaire."
"La maison de Wachtebeke est une construction très légère dans laquelle nous avons intégré des éléments préfabriqués en T provenant de la construction industrielle", explique l'architecte. "La construction en bois repose comme une maison contemporaine sur pilotis sur les fondations légères. Le plan est conçu comme un U irrégulier qui s'ouvre sur le paysage. La maison est entièrement démontable – aujourd'hui, c'est un thème pour construire de cette façon, chez GAFPA, nous avons été les premiers à l'adopter en 2011. Ce n'est pas un hasard, c'est le fruit de notre philosophie."
relief historique
Les conceptions thématiques de GAFPA sont variées. L'architecte ne veut pas nous cacher le projet à Herentals qu'ils sont en train de réaliser avec TEd'A Arquitectes de Majorque. "La collaboration est une bonne chose. Surtout si le projet est bien adapté, c'est un plaisir", explique Floris. Contrairement à la maison de Wachtebeke, conçue avec légèreté, ce projet – un concours international lancé par le bureau du Vlaams Bouwmeester – sur le terrain du château de Herentals est plutôt lourd et massif.
"En y regardant de plus près, votre langage architectural devient beaucoup plus riche"
Floris De Bruyn: "Ici, la méthode de construction répond aux fortifications historiques de Herentals, où il y avait une butte défensive. Elle a disparu, mais nous faisons quelque chose avec cette mémoire: nous reconstruisons le négatif en fabriquant un coffrage carré de 20 x 20 m. Nous créons ensuite cette butte défensive historique à l'intérieur du coffrage, nous y coulons du béton et nous creusons la terre par la suite. Cela crée un espace 'en négatif'. Le résultat final se fond dans l'environnement. Rien ne rappelle une église classique, bien que l'espace résultant évoque toutes les caractéristiques d'un espace religieux. Il s'agit d'un espace ouvert où l'on peut sentir les éléments tout en organisant une cérémonie. Une chapelle chauffée et intime a été aménagée dans l'un des trois 'pieds' du bâtiment. Comme nous avons été obligés de démolir l'ancienne église, nous avons transformé les vestiges en une sorte de béton cyclopéen à l'imitation des Romains. C'est vraiment ce qui nous a intéressés dans ce projet. Parvenir à évoquer le passé. On structure l'endroit pour en faire un environnement significatif. Nous allons remettre les anciens remparts sous eau, parce qu'ils étaient secs. Il s'agit d'un projet à long terme – ce qui est également nécessaire, car chaque aspect doit nous convenir."
Langage architectural
Un autre exemple d'approche structurelle est la conversion d'un ancien hangar en brique en maison d'habitation. Floris De Bruyn: "Au départ, le client voulait utiliser tout le bâtiment et l'isoler à l'extérieur. Nous avons accepté la qualité de l'endroit et laissé les anciennes structures en place, mais nous avons ajouté une troisième structure légère en bois: un volume habitable compact de deux étages, mur à mur. Sa structure est identique à celle du squelette en béton existant. Dans l'auvent en béton, le toit et la dalle ont été découpés pour créer un jardin clos. La structure en béton existante est conservée dans le jardin et on peut la voir copiée dans la structure portante en bois de la maison. En y regardant de plus près, le langage architectural devient beaucoup plus riche."
Tour Belgacom
Même si cette approche demande parfois plus d'efforts, force est de constater que la société n'y reste pas insensible. M. De Bruyn y voit un revirement: "Il ne faut pas le sous-estimer: une certaine culture est de toute façon déjà en train de percer." Mais lui aussi est évidemment bien conscient de la pression imposée par les promoteurs, entre autres. L'architecte nuance toutefois: "Avec les promoteurs immobiliers, il faut tenir compte du fait que l'on travaille avec des paramètres différents. Parfois, comme dans le projet d'extension résidentielle à Alost que nous avons récemment achevé, il est possible d'obtenir des résultats plus précis en conservant des éléments plutôt qu'en les démolissant."
L'architecte prend immédiatement l'exemple de la tour Belgacom à Gand: "Nous travaillons avec Coussée Goris Huyghe architecten pour ce projet. En dehors des églises, c'est l'une des seules tours du centre historique de Gand. Ce qui est particulier, c'est que le bâtiment existant a une structure fantastique. C'est la plus belle ossature de Gand. Cette hauteur et cette portée libre sont en fait très bonnes, sauf que nous devons transformer une tour de bureaux – ce qui est l'exercice – en une tour résidentielle. Nous avons notamment développé une nouvelle enveloppe à cette fin, qui est créée en ajoutant une tour de chaque côté et en l'entourant de terrasses. Là encore, nous avons mené des recherches approfondies sur la structure et sur la manière dont le nouvel ajout interagit avec l'existant. Grâce à cette nouvelle enveloppe, nous avons également renforcé le lien entre le bâtiment et son environnement."
