Eviter la pollution sonore via murs mitoyens
Party wall, équilibre de confort & technique
Dans le cadre de notre dossier sur l'acoustique et la construction à ossature bois, nous concentrons ici nos flèches sur le mur mitoyen ou 'party wall' en anglais. Egalement, le concepteur doit chercher un équilibre pénible entre confort acoustique, d'une part, et stabilité, sécurité incendie, efficacité-coût, ... d'autre part. Mais une étude scientifique récente nous guide sur le bon chemin.

La construction classique ne suffit pas
Le 'party wall' classique, comme encore fréquemment utilisé aujourd'hui dans, par exemple, les maisons de rangée ou accouplées, est constitué de deux murs extérieurs à part entière, séparés par un ressort acoustique en laine minérale (voir dessin de principe ci-dessous). Cet ensemble, par analogie à une construction massive. L'une des principales raisons de s'en tenir à cette disposition est l'idée que l'on apprécie de considérer chaque maison comme une entité distincte. Le raisonnement stipule que si une maison est démolie (ou s'affaisse à cause d'un incendie ou d'un tremblement de terre), la maison adjacente peut parfaitement rester à sa place.
Malheureusement, cette disposition obtient un résultat assez faible en matière d'acoustique. Les murs commencent à vibrer par résonance, surtout à des tonalités plus faibles sous les 100 Hz (lisez: les lourdes basses de l'installation de musique ou le système de home cinéma du voisin affecté par de légers phénomènes de surdité). Un problème qui, du reste, ne se pose pas dans une construction massive, étant donné que la masse y est assez grande pour amortir les vibrations.
Retirer la massa du centre
La solution est de délaisser quelque peu la classique disposition du 'party wall', et donc l'idée des maisons comme entités libres. Au lieu de deux murs plaque-montant-plaque séparées avec un ressort intercalé, on doit parvenir à un seul mur plaque-montant-plaque. Le creux entre les plaques, certes rempli de laine minérale, est particulièrement large. Et c'est précisément ce que permet le système pour endiguer aussi fortement la transmission des tonalités plus basses.
Impact sur la sécurité incendie
Cette intervention relativement simple peut apporter une amélioration significative sur le plan acoustique; en même temps, elle pose au concepteur et à la société de construction à ossature bois quelques défis importants en matière de sécurité incendie. Au sein du système classique, chacun des murs plaque-montant-plaque a pu satisfaire séparément à l'exigence pour la résistance au feu REI 60 (certes moyennant un dimensionnement correct) et en même temps, on était certain que lors de l'affaissement du premier bâtiment, l'autre bâtiment pouvait encore rester debout de façon autonome.
Pour conserver ces mêmes prestations dans la nouvelle disposition, il est nécessaire d'accomplir quelques interventions réfléchies. Ainsi, il est préconisé dans le travail avec une ossature bois de protéger les côtés en bout non protégés par des bandes étroites en fibro-ciment ignifuge ou une plaque de gypse renforcée de fibres. Si on ne le fait pas, le feu se fraie vite un chemin à travers le bois et ce, à une vitesse de 1 cm par dix minutes. Des tests indiquent que si l'on prévoit des sections de bois plus petites que 120 mm x 45 mm² pour l'ossature, le mur ne peut pas rester debout pendant une heure sous une charge d'incendie standard. Les bandes protectrices sont aussi une nécessité, quand une résistance au feu plus sévère que REI 60 est prescrite. Les bandes doivent être plus larges que les montants en bout, ce qui procure un avantage complémentaire, à savoir qu'elles maintiennent les colis de laine minérale ignifuge en place dans le cas d'un affaissement éventuel d'une partie du mur commun.
Si l'on n'utilise pas les bandes protectrices, on doit fixer la laine minérale via une colle spéciale, un treillis, des profilés à crampons métalliques ou un autre matériau non inflammable.

Bruits de contact
La nouvelle disposition de mur proposée offre une prestation acoustique améliorée sur le plan du bruit transmis par l'air, mais assez faible en matière de bruit de contact. Nous avons alors le vrombissement de, disons, une unité de ventilation, une pompe, des pas sur un escalier en bois qui est fixé contre le mur commun, des portes qui se ferment, ou autres bruits d''impact'.
Creux technique
La solution réside dans la réalisation d'un creux technique des deux côtés du mur commun. Ce creux, destiné à masquer le câblage électrique ou les conduites d'eau, est en tout cas nécessaire, étant donné qu'on ne peut perforer nulle part le mur commun, dans l'optique de la résistance au feu et de l'étanchéité à l'air. Le creux, qui est rempli normalement de laine minérale, assure un désaccouplement supplémentaire, si bien que les bruits de contact ont moins de chance de se propager dans la construction. Nous devons placer une petite note en marge: le creux technique affaiblit légèrement l'isolation des bruits d'air pour des tonalités dans la plage de fréquence de 200 Hz.
Mesures supplémentaires
Pour encore amortir davantage les bruits de contact, on peut désaccoupler les montants de la paroi technique du mur commun (principe de la contre-cloison acoustique). Bien entendu, il est aussi préconisé de placer, si possible, certains espaces et équipements (cuisine, salle de bains, escalier, locaux techniques et autres sources potentielles de bruits de contact durs), loin du mur mitoyen.

Transmission de bruit accompagnante
Un rôle très important dans le récit lié au party wall est dévolu au phénomène de la transmission du bruit accompagnante. Un mur mitoyen peut être aussi bien conçu que possible, le bruit peut toujours 's'échapper' par la façade, les fondations, les hourdis, la toiture, ... vers la maison adjacente. Pour éviter ou endiguer ceci, on doit aussi prévoir des désaccouplements sur ces points cruciaux.
Fondations et plaques de béton
Les sols flottants parfaitement détaillés et exécutés dans les deux maisons peuvent compenser en grande partie l'impact négatif des hourdis et fondations continus. Néanmoins, le désaccouplement de la construction de béton complète est la méthode de travail la plus indiquée. Chaque point de contact est et reste un affaiblissement.
Façades et toits
Les façades et les toits doivent être séparés par un joint élastique. Le risque de transmission de bruit accompagnante est aussi déterminé par le choix de l'isolation thermique pour ces éléments constructifs. Les matériaux tels que XPS et PUR sont nettement plus mauvais sur le plan acoustique que la laine minérale.
Grilles de ventilation
Les grilles de ventilation ne sont pas toujours pourvues d'une isolation thermique ou acoustique. Si les grilles des deux maisons adjacentes sont ouvertes, une nuisance sonore peut se créer par ce chemin. Vous voyez que la maison parfaitement isolée d'un point de vue acoustique est un idéal difficile à approcher. Même si certains détails sont conçus et exécutés au mieux, le confort acoustique maximal à réaliser est en grande partie limité par les maillons faibles, pas toujours entièrement évitables.

1. Film étanche à l'air;
2. Film plastique avec fonction protectrice pendant le montage sur le chantier;
3. Bandes de laine minérale (largeur: 140 mm) aux propriétés ignifuges spécifiques;
4. Tasseaux de bois qui garantissent la stabilité pendant un incendie éventuel;
5. Montants en bois (45 mm x 45 mm) pour fixer la contre-cloison technique;
6. Plaque de gypse renforcée de fibres (15 mm d'épaisseur);
7. Laine minérale qui remplit l'ouverture de 4 cm entre les constructions de sol attenantes dans l'optique de la sécurité incendie;
8. Bande de plaque de fibro-ciment pour la sécurité incendie;
9. Bande de caoutchouc comme espaçateur élastique entre la plaque de coffrage de la chape et le mur vertical;
10. Plaque d'aggloméré de 12 mm d'épaisseur;
11. Ecran antipluie perméable à la vapeur;
12. Plaque de gypse ignifuge de 18 mm d'épaisseur