Que faire des panneaux solaires usagés?
Tout savoir sur le recyclage des pANNEAUX PHOTOVOLTAIQUES
Cette information est parfois utilisée comme argument par les opposants à la production d'énergie verte: il paraît que les panneaux solaires contiennent toutes sortes de métaux lourds et de composants chimiques qui provoquent une véritable catastrophe écologique à la fin du cycle. Info ou intox? Essentiellement de l'intox, même si cela nécessite quelques nuances. D'ailleurs, vous aussi pouvez apporter votre contribution. Comment? Découvrez-le dans cet article.
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Approche circulaire
Une économie 100% circulaire, où les déchets peuvent être réutilisés indéfiniment... Aujourd'hui, on voit des initiatives en ce sens dans de nombreux secteurs. Souvent, la circularité est réduite au recyclage. Mais ce n'est pas tout à fait correct. Pour boucler la boucle, il faut aussi qu'il y ait un marché pour les matériaux recyclés, sinon on se contente de déplacer le problème. Mais comment éviter qu'un produit de consommation ne soit tout simplement jeté à l'issue de sa durée de vie? C'est simple: renforcer les contrôles sur les dépôts, augmenter les sanctions pour les dépôts illégaux et en même temps mettre en place un système de collecte facile. Un exemple bien connu de ce dernier pilier est la taxe Recupel, qui consiste à facturer une petite somme supplémentaire pour chaque achat d'appareil électrique. Cette somme est ensuite utilisée pour mettre en place une organisation complète de collecte et de traitement. Un exemple moins connu est Recytyre, un système similaire mais pour la collecte et le recyclage des pneus en caoutchouc. Le secteur des panneaux solaires dispose également d'une organisation similaire sous le nom de PV Cycle.
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DES CHIFFRES MARQUANTS
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Pour l'ensemble de l'Europe, il s'agit de 36.000 tonnes (chiffres de 2010-2019). En 2019 360 tonnes de panneaux solaires ont été collectées en Belgique, ce qui représente une très faible quantité pour les entreprises de recyclage. Cette tendance est toutefois en hausse, puisque 111,5 et 156,8 tonnes avaient été collectées respectivement en 2017 et 2018. Ces chiffres devraient augmenter considérablement dans les années à venir, lorsque les panneaux de la première période d'augmentation (2007-2011) termineront progressivement leur cycle de vie. De plus, les chiffres de la puissance cumulée connectée dans notre pays montrent une augmentation de 170 MW (2016) à 544 MW (2019). A plus long terme, le recyclage des panneaux solaires nécessitera donc plus d'efforts. La répartition géographique montre que le centre de gravité se situe en Flandre. C'est logique: cette région a été la première à finaliser son programme de recyclage. En outre, de nombreux panneaux solaires y ont été placés grâce à un programme de subvention financièrement intéressant.
On constate que les panneaux traditionnels en silicium dominent, avec 298,7 tonnes. Le modèle au CiGS suit avec 59,7 tonnes tandis que le panneau au CdTe est très limité avec 1 tonne.
2 euros par panneau
PV CYCLE Belgium a été fondé en 2016 par six grandes fédérations du secteur de l'énergie solaire (ELOYA, FEE, NELECTRA, ODE (PV-Vlaanderen), TECHLINK et TECNOLEC) dans le but d'organiser l'obligation de reprise des panneaux solaires. En pratique, une contribution environnementale de 2,00 € (hors TVA) doit être facturée sur chaque panneau solaire nouvellement vendu. Cette contribution est utilisée pour organiser un service de collecte et de recyclage. Notez que cette obligation ne s'applique pas encore en Wallonie. La collecte est organisée selon deux axes: pour les particuliers et les utilisateurs professionnels. Les particuliers peuvent déposer gratuitement leurs panneaux usagés aux points de collecte agréés, que l'on peut trouver sur le site https://pvcycle.be/fr/collecte-2/apport-volontaire/.
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Pour les utilisateurs professionnels, il y a deux façons de procéder: d'abord, ils peuvent confier leurs panneaux à des collègues installateurs, distributeurs ou grossistes qui font office de points de collecte volontaires. Une deuxième méthode consiste en une collecte en grosse quantité (à partir de deux palettes) à l'endroit du bâtiment avec les panneaux à recycler. Dans ce cas, il faut remplir un formulaire de demande dans lequel il faut indiquer le nombre de pièces et le type de panneaux concernés (silicium cristallin, silicium amorphe, flexible, CPV, CIGS, CdTe). La grande majorité des panneaux(90 %) sont traités de cette façon.
Devenir soi-même un point de collecte?
La liste des points de collecte ne cesse de s'allonger mais il reste des 'points noirs.
Bertrand Lempkowicz de PV Cycle: "En Flandre, il y a 34 points, en Wallonie 14. A Bruxelles, il n'y a actuellement qu'un seul point de collecte. C'est dû à la législation qui est entrée en vigueur plus tard à Bruxelles. Toute personne qui souhaite faire office de point de collecte en Flandre, à Bruxelles ou en Wallonie peut s'inscrire chez nous. Il suffit d'un petit espace dans votre entreprise pour stocker les panneaux apportés. Lorsque le box de collecte est plein, il suffit d'un simple coup de téléphone pour qu'on vienne le récupérer. Aucune tâche administrative n'est donc requise. En échange de leur rôle de point de collecte, les entreprises reçoivent une petite allocation annuelle".
"En échange de leur rôle de point de collecte, les entreprises reçoivent une petite allocation annuelle"
CADRE LÉGISLATIF
En Belgique, la compétence en matière d'environnement incombe aux trois régions. En Flandre, le système est déjà bien ancré et officialisé, mais la Wallonie et Bruxelles-Capitale sont encore loin du compte. L'accord de politique environnementale relatif aux panneaux solaires avec la Région bruxelloise est maintenant publié au Moniteur belge. En conséquence, l'obligation de reprise est entrée en vigueur dans cette région le 1er janvier 2020 et depuis le 1er juillet 2020, la contribution environnementale de 2 euros est également facturée. En Région wallonne, la transposition de la directive européenne 2012/19/UE a eu lieu mais la mise en œuvre pratique n'est pas encore terminée. Cette mesure devrait prendre effet à partir de 2021. Il existe déjà des points de collecte en Wallonie.
Comment le recyclage est-il effectué ?
Lempkowicz: "Tous les panneaux à base de silicium sont traités en Belgique, les versions au CdTe et au CiGs en Allemagne car il n'y a pas d'installations adaptées dans notre pays. Selon les estimations de PV Cycle, près de 95 % du poids des panneaux solaires fournis peuvent être recyclés. En Belgique, ce chiffre est d'environ 93,5%. C'est un très bon résultat, dû à la nature des produits et des composants d'un panneau solaire: les fractions telles que l'aluminium, le verre, le plastique, le cuivre, l'argent et le silicium peuvent être recyclées relativement facilement et il existe également un marché pour le produit recyclé. On l'oublie parfois: il doit y avoir un marché pour les matériaux recyclés et ceux-ci doivent rester abordables".
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"Les pourcentages restants concernent la poussière laissée dans les filtres. En théorie, elle peut également être réutilisée comme additif à des substances pour l'industrie de la construction. Un autre élément qui n'est pas recyclé est l'encapsulant. Il est généralement en EVA (éthyle-acétate de vinyle) ou en tedlar. En principe, cette substance pourrait être utilisée dans des colorants, mais pour cela, elle devrait d'abord être purifiée. Comme cela nécessite d'énormes quantités d'eau, il est actuellement plus écologique de brûler cette matière et de filtrer l'air par la suite. C'est pourquoi nous ne devons pas nous focaliser sur ces pourcentages élevés. Il faut toujours avoir une vue d'ensemble. Si au lieu d'atteindre 85% en Belgique, nous pouvions atteindre 95% dans une entreprise de recyclage en Pologne, par exemple, nous devrions inclure le transport dans le calcul de l'impact environnemental.
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Qu'en est-il du BIPV et du PV flexible ?
"Pour les entreprises de recyclage, un panneau solaire est relativement facile à recycler: le cadre en aluminium est fondu, le verre et les cellules solaires sont broyés, puis les différentes fractions sont triées. Dans le cas des panneaux au CdTe, le cadmium est isolé et neutralisé par un processus chimique. Comme les niveaux de cadmium sont extrêmement faibles et qu'ils sont encapsulés, il n'y a aucun danger pour l'environnement. Le traitement est entièrement conforme aux directives environnementales locales. Les panneaux en CdTe et CGIS ne sont pas traités en Belgique mais en Allemagne".
"Le BIPV (building integrated PV) et les panneaux flexibles ne relèvent pas de notre système de collecte, mais du système normal des déchets de construction. Ils sont plus difficiles à recycler. Ces panneaux flexibles ne contiennent rien d'autre que du plastique et des cellules solaires. La seule solution est de les brûler et d'utiliser la chaleur comme source d'énergie pour la production d'électricité".
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