Plus de confort avec moins d’énergie? Voici l’immotique

L’automatisation des bâtiments gagne toujours plus de terrain

L'immotique désigne les systèmes automatiques, tels que l'électronique, l'informatique et les télécommunications, qui automatisent fortement les immeubles de bureaux et les installations de production. L'objectif? Accroître le confort des utilisateurs et des propriétaires de bâtiments et économiser sur la facture énergétique. 

Domotique

Le terme ‘domotique’ sonne peut-être un peu plus juste que ‘immotique’. L'immotique et la domotique désignent toutes deux l'automatisation des bâtiments. La domotique (associée aujourd'hui à la maison intelligente) est surtout utilisée pour l'automatisation (simple) des bâtiments résidentiels, l'immotique désigne l'automatisation des bâtiments commerciaux ou industriels, où plusieurs techniques intelligentes doivent être intégrées les unes aux autres. Une autre différence est que la domotique est généralement installée et entretenue par un seul intervenant, tandis que l'immotique est gérée par différents acteurs qui s'occupent chacun d'un élément de l'ensemble.

Au final, les objectifs des deux techniques sont les mêmes: économiser de l'énergie et optimiser le confort.

Une distinction moins pertinente

Cependant, la distinction entre les deux est de moins en moins pertinente de nos jours. Toutes sortes de systèmes (éclairage, CVC, alarme, contrôle d'accès, etc.) sont aujourd'hui également connectés dans les bâtiments résidentiels (neufs ou entièrement rénovés). Il est donc plus pertinent de parler d'‘automatisation simple‘ et d'‘automatisation complexe‘.

L'automatisation simple ne nécessite pas d'‘intégrateur‘. C'est une personne qui intègre les différents systèmes et garde une vue d'ensemble du projet. Dans l'automatisation simple, des systèmes conviviaux sont utilisés et l'installation et la configuration sont effectuées par la même partie. Le contrôle de l'éclairage d'un immeuble de bureaux est un exemple d'automatisation simple (voir plus loin).

Exemples et avantages de l’automatisation des bâtiments:

• L'éclairage s'allume et s'éteint automatiquement grâce à des détecteurs de mouvement, contrôle d'accès, activation et désactivation du système d'alarme. Le chauffage et la ventilation sont adaptés à la présence dans les pièces.
• La station météorologique active la protection solaire si la température est trop élevée et/ou s'il y a trop de soleil. Ainsi, la climatisation aura moins de mal à maintenir les pièces à la bonne température en été.
• L'installation peut être facilement adaptée aux besoins de la pièce.
• La consommation d'énergie reste sous contrôle grâce à une installation synchronisée. Pas de chauffage pendant que le climatiseur essaie d'atteindre la température définie. Les systèmes communiquent entre eux par une mesure dans la pièce. Ou encore, lorsque l'on ouvre une fenêtre – ce qui peut être détecté grâce aux contacts magnétiques du système d'alarme - le chauffage ou le refroidissement est désactivé.
• En cas de problème ou de nécessité de maintenance, un message est envoyé au système de gestion des bâtiments. Le système contactera lui-même les différents fournisseurs requis. Cela facilite la tâche du client et évite les discussions inutiles.

Intégration

L'automatisation complexe nécessite généralement un intégrateur, à moins que l'intégration ne soit rendue possible de manière conviviale par des ’modules d'intégration’.

Ces derniers relient les systèmes d'automatisation à d'autres systèmes d'infrastructure (tels que les appels d'urgence, les alarmes, etc.) et même à des dispositifs intelligents comme Google.

l’integrateur

Dans le cas d'intégrations de grande envergure, le rôle d'un intégrateur est indispensable. La communication entre cet intégrateur et le ou les installateurs est très importante pour mener à bien le projet – trop souvent, ces acteurs se renvoient la balle.

L'intégrateur doit s'assurer que chaque technique est installée par le bon professionnel et que toutes les techniques peuvent communiquer et collaborer parfaitement entre elles. C'est pourquoi il est toujours nécessaire d'avoir une visualisation et une commande intégrées.

Installation

Les techniques d'immotique étant très variées, il n'est pas possible de décrire un plan général étape par étape unique pour l'installation. Toutefois, il est toujours important de déterminer à l'avance ce qui devrait être possible et ce qui doit être ajouté par la suite.

Ceci est particulièrement important dans le cas d'un système câblé. Il convient donc d'examiner avec soin la manière dont l'ensemble va communiquer et s'adapter.

Bien entendu, cette tâche incombe principalement à l'intégrateur et beaucoup moins à l'installateur.

Erreurs fréquentes

En pratique, l'erreur la plus courante est donc que les techniques ne sont pas suffisamment adaptées les unes aux autres. Une bonne communication entre les parties concernées et une bonne coordination permettent d'éviter cela.

plus qu'un simple lieu de travail

Un bureau ou un bâtiment industriel tel que nous le connaissons aujourd'hui est en soi obsolète. Aujourd'hui, les entreprises recherchent plus qu'un simple lieu de travail. Comme les gens passent environ 8 heures par jour dans le bâtiment, celui-ci doit savamment allier confort et efficacité. Comme tout le monde n'est pas présent dans le bâtiment en même temps, il est important, par exemple, que la ventilation et le chauffage soient adaptés à la fréquentation.

Quelques questions

Il y a des questions importantes à se poser dans le domaine de l'immotique. D'abord le budget. Bien entendu, le gestionnaire de l'immeuble décide dans quelle mesure il veut investir dans une automatisation poussée de son bâtiment. La période d'amortissement du bâtiment joue évidemment un rôle dans ce contexte. En outre, il faut essayer de penser à tout: qu'est-ce qui devrait être techniquement possible, qu'est-ce qui devrait être ajouté par la suite, qu'est-ce qui est absolument nécessaire et qu'est-ce qui serait ‘bien’?

Parmi ces considérations, il est important de se demander dans quelle mesure les économies d'énergie et l'augmentation du confort prévalent sur le coût total d'investissement.

Doublons

Grâce à une intégration poussée, de nombreux produits deviennent également superflus car ils se retrouvent en doublons. C'est le cas des capteurs qui peuvent être utilisés à la fois pour le chauffage et la lumière. Cependant, des économies peuvent également être réalisées sur le personnel de maintenance, par exemple en disposant d'un système qui détecte la fréquence d'utilisation de certaines pièces. Ainsi, il n'est pas nécessaire de nettoyer toutes les pièces à chaque fois.

Coût d’investissement

Tous ces aspects d'économie doivent être mis en balance avec le coût d'investissement. Au final, c'est au gestionnaire de l'immeuble qu'il revient de trancher. En tant qu'installateur, vous devez bien sûr avoir conscience du prix des techniques proposées.

Vie privee

Données à caractère personnelles

Il faut aussi prendre en compte l'aspect de la vie privée. Vous pouvez l'examiner sous de multiples angles. Logiquement, l'intégrateur se demandera d'abord dans quelle mesure les données personnelles des personnes présentes dans le bâtiment seront protégées. Où sont-elles stockées, pendant combien de temps et qui peut les consulter? En Belgique, les données personnelles doivent être traitées conformément au RGPD. Il est loin déjà, le temps où il fallait stocker un max de données pour en garder les plus pertinentes. L'occupant du bâtiment en est également de plus en plus conscient.

Il est donc nécessaire de communiquer clairement avec l'utilisateur sur le type de données conservées, sur le cryptage et sur les raisons qui justifient de les conserver. Il est important que les données ne puissent pas être directement liées à des données personnelles.

Sécurité du réseau

En outre, la sécurité du réseau doit également être prise en compte. Des pirates informatiques mal intentionnés pourraient-ils facilement accéder au système? Il va sans dire qu'une bonne sécurité des réseaux est primordiale.

Legislation

Bien entendu, les normes légales en matière de ventilation, de chauffage et d'entretien s'appliquent également à l'immotique.

Il est par ailleurs également important de tenir compte de la sécurité incendie, comme c'est le cas pour toute installation de toute façon. En tant qu'installateur, avez-vous prévu des caméras de surveillance? Si oui, vous devrez obtenir un permis spécial du ministère de l'intérieur.

Il est nécessaire de communiquer clairement avec l'utilisateur sur le type de données conservées, sur le cryptage et sur les raisons qui justifient de les conserver

Centre médical d'Assenede

Au centre médical d'Assenede, toutes les techniques communiquent entre elles.

A 7h30, l'alarme est automatiquement désactivée, la porte coulissante est déverrouillée et la salle d'attente est éclairée et chauffée afin que les patients puissent prendre place dans une pièce agréable.

Tant qu'il n'y a pas de patients, l'éclairage reste atténué (25%). Dès qu'une personne est détectée, l'éclairage passe à 100%. Les cabinets restent fermés pour des raisons de sécurité tant qu'il n'y a pas de médecin présent. Ils ne sont accessibles qu'avec un badge.

A l'arrivée du médecin, il doit présenter son badge. Le système sait ainsi quel cabinet doit être allumé.

L'éclairage des cabinets peut être activé au moyen d'un bouton-poussoir situé dans le cabinet, mais il s'éteint au bout de 10 minutes. Le médecin doit placer son badge dans le lecteur de badges pour allumer l'éclairage en continu, chauffer/refroidir et ventiler la pièce.

La ventilation est contrôlée par des détecteurs de CO₂.

Tant que personne n'est présent au guichet d'information, la centrale téléphonique active automatiquement le cabinet du médecin et y dévie directement les appels. Lorsque le responsable arrive au guichet et place son badge dans le lecteur, l'éclairage, le chauffage et le refroidissement sont activés. Désormais, la centrale téléphonique transmet alors toujours les appels au guichet d'information.

A 18h30, le système est en 'pré-fermeture'. Il vérifie s'il y a encore du mouvement quelque part dans les lecteurs de badges. S'il n'y a plus de mouvement et que tous les badges ont été retirés, le système d'alarme vérifie si toutes les zones sont en mode veille. Si c'est le cas, les portes sont fermées et le système d'alarme est enclenché. Si ce n'est pas le cas, tout reste en fonctionnement normal jusqu'à ce que toutes les conditions soient remplies.

Systèmes qui sont appariés:

• Pompe à chaleur à absorption à gaz avec géothermie
• Contrôle de 11 cabinets médicaux
• + 3 appartements
• Chauffage et refroidissement au moyen de ventilateurs
• Ventilation prétraitée - refroidissement/chauffage/filtration
• Synchronisation du calendrier avec les jours fériés et les jours de fermeture
• Synchronisation du système téléphonique: déviation des appels sur la base de la présence

Maintenance et suivi

La question reste bien sûr de savoir qui sera responsable de la maintenance des différentes techniques dans le bâtiment. L'installateur doit-il devenir une sorte d'informaticien capable de maîtriser toutes sortes de techniques numériques? Ou est-ce au fabricant d'assurer le suivi? En pratique, il subsiste un certain flou actuellement. La numérisation offre l'avantage de pouvoir gérer beaucoup de choses à distance, tant en termes de surveillance que, par exemple, de petits ajustements à un groupe aérien. Cela vaut donc la peine de maîtriser au moins quelques connaissances de base propres aux nouvelles techniques.

Relation avec le client

Cette méthode de travail impacte également la relation avec le client: l'installateur n'a pas à attendre que le client signale un problème – et qu'un problème grave ait déjà endommagé l'installation. Non: l'installateur peut communiquer la nécessité d'une intervention. De plus, lorsque l'état de l'installation est suivi numériquement, ces données prouvent que la maintenance est effectivement nécessaire.

Modèle de rentabilité orienté service

Cela peut contribuer à créer une meilleure relation de confiance à long terme avec le client, ce qui deviendra de plus en plus important en raison de la transition énergétique et d'un modèle de rentabilité qui sera de plus en plus ‘orienté service’ à l'avenir.

Le rôle de l’installateur

L'installateur doit-il se spécialiser dans une discipline particulière à l'avenir ou doit-il devenir un acteur multidisciplinaire qui maîtrise plusieurs techniques?

Chacun de ces choix se défend. D'une part, l'intégrateur choisit un installateur (spécialisé) différent pour chaque application, de sorte qu'il peut être conseillé de se spécialiser. D'autre part, en tant qu'installateur multidisciplinaire, il est plus facile de prendre en charge des projets sans intégrateur et de devenir ainsi un meilleur fournisseur global.

Une chose est sûre: les avancées se succèdent et ne s'arrêteront pas de sitôt. 

Merci à: Qbus, OpenMotics, Legrand, Vecolux