La quatrième génération fête ses 100 ans et cherche un partenaire
En visite chez Garage Provoost (Gistel)
On lit parfois que certains ont 'grandi dans un garage'. Mais grandir dans un garage en tant que quatrième génération, c'est plutôt exceptionnel. CarFix s'est rendu chez Garage Provoost. Celui-ci est dirigé par Alex, qui succède à son père Jacky, son grand-père August et son arrière-grand-père Oscar. Le garage fête d'ailleurs son 100e anniversaire en 2023. "J'ai vu beaucoup de changements au fil des ans mais je ne jure que par une approche familiale, honnête et transparente", déclare le garagiste de Gistel.
GARAGE KRUISKALSIJDE
"Mon arrière-grand-père Oscar Provoost a ouvert le garage le 10 février 1923", explique Alex Provoost en reprenant l'histoire depuis le début. Il pose les actes originaux sur la table pour que la chronologie soit exacte.
"Le garage était situé au carrefour Kruiskalsijde si bien qu'il a été appelé comme ça. L'endroit où il a commencé se trouvait juste en face de l'emplacement du bâtiment actuel".
"Lorsque mon arrière-grand-père a ouvert son garage, il n'y avait pas beaucoup de voitures. Les contrôles d'alcoolémie n'existaient pas à l'époque, de sorte que le travail principal de mon arrière-grand-père consistait à repêcher les voitures dans le canal et à les réparer. Il était donc le service de remorquage de la région. Il vendait aussi des petits camions pour les particuliers."
voitures japonaises
"Pendant la Seconde Guerre mondiale (en 1943), le garage a été repris par mon grand-père August", explique Alex. "Ensuite, en 1970, mon père Jacky a pris la direction de l'entreprise. Il a commencé à vendre des voitures et a choisi Mazda comme marque principale. Avec ma mère, Lut Ballegeer, ils ont agrandi le garage et déménagé en 1974 à l'emplacement actuel, de l'autre côté de l'Oostendsebaan.
Au-dessus du garage est venue s'ajouter l'habitation. "Un an plus tard, ils ont commencé à vendre des voitures Toyota, qui sont restées la marque principale jusqu'en 2012. Toyota est connu dans le monde entier pour ses véhicules costauds."
"Le métier de garagiste n'est pas devenu plus facile"
Quatrième génération
Alex a fait son entrée active dans le garage en 1988, après son service militaire. "J'avais 18 ans à l'époque et j'avais passé toute ma vie dans et autour du garage. Comme nous vivions au-dessus du garage, on peut dire que nous nous levions et nous nous couchions avec les voitures".
Le patron a beaucoup appris de son père, mais celui-ci lui manque depuis 2020. "Mon père - qui était aussi mon maître - est décédé alors qu'il avait à peine 72 ans. Heureusement, j'ai partagé les bons moments avec lui. A l'époque, les garagistes locaux se rencontraient encore le week-end - souvent à l'occasion d'événements 4x4 - et se racontaient leurs anecdotes. Malheureusement, cela s'est estompé au fil des ans."
UN SECTEUR EN MUTATION
Les garages disparaissent
La disparition des activités sociales des garagistes locaux n'est pas le seul changement qu'Alex Provoost a remarqué ces dernières années. "Lorsque j'ai commencé, il y avait une quinzaine de garages à Gistel; aujourd'hui, il en reste difficilement quatre. Avec une population de 12.000 habitants, la ville est un peu un entre-deux: elle est plus grande qu'un village mais trop petite pour être une grande ville."
"La vague de rachats qui a vu les grandes entreprises s'emparer des plus petites s'est également manifestée ici. Les exigences élevées et nombreuses imposées par les marques automobiles n'ont pas aidé non plus. En outre, l'augmentation du prix des terrains a également joué un rôle; plusieurs garages ont choisi d'arrêter et de vendre l'œuvre de leur vie en tant que terrain à bâtir."
Coûts, contrôles et comparaisons
"Le métier de garagiste n'est pas devenu plus facile", soupire le patron. "Les frais fixes ont augmenté et toutes sortes de contrôles - souvent assortis d'amendes très élevées et toujours aux heures de pointe en termes de trafic - suivent des règles très compliquées. J'ai déjà eu des inspecteurs qui ne savaient pas eux-mêmes comment effectuer correctement certaines actions administratives... En tant qu'indépendant, les choses ne sont pas faciles."
Le chef d'entreprise ne voit pas non plus comme une évolution positive le fait que les clients se fassent davantage entendre. "Souvent, les prix pratiqués dans les garages professionnels sont comparés à ceux pratiqués par l'amateur qui bricole dans son garage pour arrondir ses fins de mois. Les clients commencent également à comparer les prix des pièces détachées, par exemple avec les prix pratiqués sur Internet. Dans les deux cas, je m'interroge sur la qualité, tant des matériaux que de l'exécution et de l'assemblage."
Correct et transparent
"Ici, nous réparons une voiture à un prix correct. Dans un grand garage - surtout chez un concessionnaire de marque - on paie facilement le double. A cet égard, nous avons toujours suivi notre propre voie et nous ne nous concentrons pas sur le chiffre d'affaires. Notre atelier reste donc accessible aux clients, nous n'avons rien à cacher. Une approche honnête et correcte me semble toujours la meilleure. Nous proposons un service de qualité, en toute transparence."
"C'est pourquoi mon père a choisi la solidité de Toyota. En 1923, mon arrière-grand-père a également misé sur la qualité avec les huiles Petrofina (aujourd'hui TotalEnergies). Au bout de 70 ans, le garage a reçu une plaque en guise de reconnaissance... Je suis curieux de voir ce qu'ils feront pour les 100 ans", dit-il en riant.
Véhicules hybrides et électriques
Comme tout le monde dans le secteur, le Garage Provost est également confronté aux VHE (véhicules hybrides et électriques). "Je vois ces véhicules suivre le même chemin que les vélos électriques", prédit Axel Provoost. "Au début, personne ne pensait qu'ils allaient s'imposer, mais aujourd'hui, ils sont devenus incontournables. Il en sera de même pour les véhicules électriques hybrides. Seulement, l'infrastructure est encore à la traîne.
"En outre, en tant que garage indépendant, on ne voit pas beaucoup de véhicules électrique. Ceux-ci sont le plus souvent réparés sous garantie chez le concessionnaire qui les a vendus. Je pense aussi que c'est une mauvaise idée d'interdire le moteur à combustion interne de cette manière. Les moteurs modernes sont déjà tellement optimisés que leurs émissions ne sont pas si mauvaises. Je pense que les législateurs européens veulent être plus catholiques que le pape, alors que le reste du monde est beaucoup moins strict."
L'AVENIR
Le personnel?
"Moi-même, je bricole encore dans l'atelier tous les jours et avec plaisir. Je collabore toujours avec mon fidèle mécanicien Marc Van Stichel, qui travaille ici depuis 43 ans. Malheureusement, il doit bientôt prendre sa retraite et il est très difficile de remplacer quelqu'un comme lui. Avec toute son expérience, il peut vraiment tout faire. Je n'imagine pas un jeune diplômé y arriver tout de suite."
"Les moteurs modernes sont déjà tellement optimisés que leurs émissions ne sont pas si mauvaises"
La succession?
La question de savoir si une cinquième génération de Provoost reprendra le garage est encore en suspens, même pour Alex, l'actuel directeur. "Ma fille étudie à Gand et mon fils n'a que 17 ans. Notre étudiante n'est pas vraiment intéressée par l'entreprise. Mon fils est un fan de voitures de sport et de jeeps, mais je pense qu'il est trop tôt pour savoir s'il veut poursuivre dans cette voie. Je ne veux pas pousser qui que ce soit car il est important de trouver un travail que l'on peut faire avec tout son cœur."
Des partenaires?
Face à l'incertitude concernant la relève de la cinquième génération et le personnel adéquat, Alex essaie de faire des projets: "Pour l'avenir, je pense de plus en plus à chercher un partenaire pour gérer l'entreprise ensemble."
"L'important est que nous soyons sur la même longueur d'onde, que nous partagions la même ambition et que nous puissions encore retrousser nos manches. L'idéal serait quelqu'un disposant d'un garage devenu trop petit et pouvant amener des mécaniciens expérimentés. Les personnes intéressées peuvent toujours se manifester", ajoute-t-il en riant.
