ECLAIRAGE TENANT COMPTE DE L'HOMME
LE HUMAN CENTRIC LIGHTING CHERCHE L’ÉQUILIBRE ENTRE BIEN-ÊTRE ET EFFICACITÉ
La conception d’une installation d’éclairage est traditionnellement motivée par des considérations économiques et de forme, ainsi que par l’intensité d’éclairage exigée sur les surfaces de tâche. Les prescripteurs cherchent, en effet, avant tout un éclairage efficace, attractif et conforme aux normes. Depuis quelques années, on s’attarde toutefois aussi plus sur l’impact de l’éclairage sur le bien-être de l’utilisateur et le terme Human Centric Lighting se répand. Mais que peut-on entendre ou non par là? Peter Bracke (KU Leuven et Groen Licht Vlaanderen) se penche sur les principaux aspects.
LE HUMAN CENTRIC LIGHTING N'EST PAS UNE SIMPLE FORMULE
“Human Centric Lighting devient peu à peu un mot à la mode”, déclare Bracke. “C’est un peu comme le terme ‘turbo’: dans les années 80, tout était soudain turbo, sans que cela veuille forcément dire grand-chose. On commence à observer le même phénomène avec Human Centric Lighting. Le terme est utilisé à tort et à travers, sans qu’on sache vraiment de quoi il s’agit au juste.
Il est p.ex. très souvent réduit à un aspect apparemment univoque. On le voit dans la discussion sur l’impact de la lumière bleue sur notre sommeil, ou l’idée qu’il est possible de faire travailler les gens plus efficacement en manipulant la température de couleur. Il est certes vrai qu’un éclairage adapté de qualité peut générer une hausse de la productivité, qui peut ensuite avoir un impact énorme sur la rentabilité d’une entreprise, mais on ne réalise pas cet éclairage de qualité simplement en adaptant sa température de couleur. La question est bien plus complexe que cela.”
En quête d’équilibre
“Le Human Centric Lighting s’articule en fait toujours autour d’un équilibre. Il englobe de nombreux aspects et cherche un équilibre entre les effets visuels, émotionnels et biologiques de la lumière sur l’homme. Ici, tant les effets visibles que les aspects non visuels comme l’impact sur notre sommeil, notre productivité, notre humeur, etc. sont pris en compte. Toutes ces choses doivent non seulement être étudiées en profondeur, mais elles doivent aussi toujours être confrontées les unes aux autres et ce, en fonction des exigences spécifiques de l’environnement. On ne peut donc pas ramener le Human Centric Lighting à une simple formule.
Le Human Centric Lighting ne fait, par ailleurs, pas tout non plus”, prévient Bracke. “D’autres aspects, comme la qualité de l’air, ont finalement aussi une influence importante sur le bien-être des utilisateurs. Il faut également en tenir compte.”
ASPECTS IMPORTANTS
Parmi les différents aspects de l’éclairage ayant une influence sur le bien-être de l’homme, Bracke fait une distinction entre les effets visuels et non visuels. Les effets visuels sont en principe directement perceptibles pour l’utilisateur, même si cela ne se fait pas nécessairement consciemment. Les effets non visuels ne peuvent pas être observés directement ou discernés visuellement, mais ils ont néanmoins un effet important sur le rythme de sommeil-éveil et la santé. Dans la partie 2 et la partie 3 de ce dossier, les aspects visuel et non visuels sont expliqués plus en détail.
VERS L'IMPLEMENTATION?
Bien que de nombreux effets soient aujourd’hui documentés et que différentes instances franchissent bel et bien le pas vers le Human Centric Lighting, Bracke pense qu’une implémentation à plus grande échelle n’est pas pour demain. “Il y a encore de nombreux obstacles. Le premier est évidemment l’énorme complexité du problème. Tant d’aspects différents doivent être conciliés qu’une implémentation qualitative exige énormément de recherche et de préparation.”
Importance du plan d’éclairage
“C’est finalement le plan d’éclairage qui détermine si l’éclairage peut ou non être qualifié de Human Centric Lighting, en particulier l’attention pour l’intensité d’éclairage verticale (avec pondération spectrale correcte) en fonction du moment de la journée. Tous les appareils d’éclairage répondant aux exigences visuelles mentionnées, et ne causant pas d’éblouissement gênant, sont en principe utilisables, mais cela ne signifie pas que ces produits d’éclairage garantissent en soi un Human Centric Lighting ou sont HCL.
La commande séparée de l’éclairage indirect est un exemple d’une implémentation typique. Le produit le plus spécifique dans une installation HCL est une régulation de lumière avec commande basée sur le temps.”
Manque de base sociale
“Il règne cependant aussi un certain scepticisme. Tout le monde ne ressentira, en effet, pas les effets aussi fort. L’efficacité est ainsi assez vite mise en cause. Quand il s’agit de gros investissements, avec un return on investment ne pouvant par ailleurs pas être quantifié directement, cela constitue rapidement un obstacle.
Aujourd’hui, les normes ne mentionnent, en outre, encore que peu le bien-être en tant que tel. La loi sur le bien-être comme les normes européennes privilégient encore surtout la visibilité de la tâche et la réduction des risques.”