“LE NIVEAU S OUVRE LA VOIE VERS LE CHAUFFAGE DECENTRALISE”
OLIVIER SCHMITZ (RADSON) VOIT UN BEL AVENIR POUR L'INSTALLATEUR, ARCHITECTE THERMIQUE
Normes plus strictes, ensemble de tâches plus étendu, limites s’estompant entre différents métiers, … Les défis pour l’installateur de chauffage et HVAC sont entre-temps bien connus. Et largement commentés. Olivier Schmitz, directeur des ventes du producteur de radiateurs Radson, refuse toutefois d’aborder les évolutions actuelles comme un problème. “L’installateur peut plus que jamais jouer son rôle de spécialiste du chauffage”, déclare-t-il. “Cela rend non seulement les choses captivantes pour lui, mais cela donne aussi un nouvel élan à une profession souvent sous-estimée.”
26 ANS DANS LA BRANCHE
Olivier Schmitz a suivi une formation économique et a atterri en 1992, après différentes expériences professionnelles, dans le secteur du chauffage, où il a débuté à la direction des ventes de radiateurs design Thermic. En 2004, Schmitz est passé chez Radson, où il occupe aujourd’hui le poste de directeur des ventes pour le Benelux.
“même si les évolutions liées au métier d’installateur au cours de mes 26 ans dans le secteur ne m’ont bien sûr pas échappé.” “Avant, il fallait trois semaines à l’installateur pour placer une installation”, explique Schmitz. “Son travail englobait notamment de la ferronnerie et du soudage, et il était avant tout un artisan. Par la suite, tout est devenu bien plus simple: grâce aux tuyaux à dérouler et aux raccords à comprimer ou à clipser, le chauffage est devenu un genre de meccano. Mais en raison de cette simplicité, l’installateur était moins apprécié à sa juste valeur. Aujourd’hui, les choses ont heureusement à nouveau changé. L’installateur est confronté à tant de demandes et de défis qu’il peut – et doit – jouer plus que jamais son rôle de spécialiste du chauffage.”
”L’installateur doit devenir pour ainsi dire un architecte thermique, pouvant fournir des conseils intelligents et contribuer dans une importante mesure au confort interieur de son client. Il y a de quoi etre fier”
“LE NIVEAU S OUVRE LA VOIE VERS LE CHAUFFAGE DECENTRALISE”
La réglementation PEB peut avoir, selon Schmitz, un impact important sur le métier de l’installateur.
“Avec le passage du niveau K au niveau S, je pense que d’importants pas sont franchis vers un concept de chauffage adapté, à savoir le chauffage décentralisé. Alors que le niveau K se limitait à la coque du bâtiment, bien plus de paramètres doivent être pris en compte pour le niveau S. En lisant un peu entre les lignes, vous voyez qu’il ne s’agit plus d’une seule coque de bâtiment, mais que de plus en plus d’attention est accordée à différents espaces avec leurs propres température et confort. De ce fait, le chauffage par pièce gagnera en importance.”
Besoins de chaleur différents
“Cela est finalement logique,” poursuit Schmitz, “chaque pièce n’a pas le même besoin de chaleur. Ce n’est pas parce que j’ai assez chaud dans le salon que mes enfants qui étudient en haut dans leur chambre, n’ont pas trop froid. Si je devais couper le chauffage, cela leur causerait donc un désagrément. Tandis qu’un système décentralisé avec réglage par zones permet justement de contrôler chaque pièce séparément.”
Produits de chauffage différents
Le chauffage décentralisé est dès lors, d’après Schmitz, indissociablement lié à des choix judicieux des bons produits de chauffage. “Il est absurde de penser qu’une maison doit par définition être chauffée avec un seul produit, alors que les besoins par pièce sont si différents. Ces besoins peuvent, en outre, évoluer avec le temps.
Dans la chambre d’enfant, il ne faut par exemple d’abord qu’un minimum de chauffage, tandis que le besoin augmente au fur et à mesure que les enfants grandissent, pour disparaître finalement complètement quand ils quittent la maison. Il vous faut donc un chauffage capable d’anticiper.”
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“L’ENERGIE RAPIDE A AUSSI UNE PLACE DANS LA MAISON D'AUJOURD'HUI”
“Il ne faut par ailleurs pas perdre de vue non plus qu’en raison du degré d’isolation élevé, le climat intérieur dans nos nouvelles habitations est de plus en plus capricieux”, poursuit Schmitz. “Mieux une habitation est isolée, et plus l’espace est petit, plus l’impact des pertes de ventilation et des gains de chaleur internes est fort. Un petit bureau avec une grande fenêtre au sud chauffera bien plus vite que le grand salon ouvert situé au nord de la même maison. Les produits de chauffage doivent aussi pouvoir réagir ou anticiper de manière adéquate. A cause de la grande inertie du système, le chauffage par le sol qu’on installerait ici dans le salon, n’est p.ex. pas intéressant pour le bureau. Une solution avec un dégagement de chaleur plus rapide semble plus recommandée.”
Radiateurs électriques en plein essor
Outre les corps de chauffe classiques, Schmitz croit cependant aussi beaucoup en le rôle complémentaire du radiateur électrique. “Parce qu’un radiateur électrique est à même de fournir de la chaleur très rapidement, il constitue en tout cas une excellente solution dans la salle de bains. Mais ce n’est pas tout. Un radiateur électrique permet à l’utilisateur de récupérer l’excédent d’énergie solaire de son installation PV et offre, en cas de rénovation, quand les bonnes conduites ne sont peut-être pas posées, les avantages nécessaires en matière de technique d’installation.”
“Personne n’a intérêt à avoir un système décentralisé dont la température ne peut être réglée qu’avec le bouton du thermostat dans la pièce même. Ce qu’il vous faut, c’est une commande centrale"
REGLAGE PAR ZONES
Pour passer à un système de chauffage décentralisé, les corps de chauffe adaptés ne suffisent toutefois pas; ils doivent aussi pouvoir être commandés d’une manière efficace et personnalisée. “Personne n’a intérêt à avoir un système décentralisé dont la température ne peut être réglée qu’avec le bouton du thermostat dans la pièce même. Cela est dépassé. Ce qu’il vous faut, c’est un système décentralisé avec tout de même une commande centrale."
"Cela est p.ex. possible à l’aide de têtes thermostatiques à commande Rf pouvant être placées tant sur les collecteurs du système de chauffage par le sol que sur les radiateurs classiques et électriques, et formant ainsi un système de communication sans fil. L’installateur n’a alors qu’à capter et attribuer correctement les signaux, et éventuellement à ajouter un certain nombre de réglages préférentiels. Ce n’est pas plus compliqué que connecter votre smartphone pour la première fois à votre voiture via Bluetooth.”
“On parle trop souvent de ‘l’installateur’ avec des clichés. Cela fait longtemps que ce n’est plus l’artisan dans sa salopette sale entrant avec un seau plein de clés et pensant résoudre quelque chose rapidement"
L’INSTALLATEUR EN TANT QU'ARCHITECTE THERMIQUE
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La vision de l’avenir de Schmitz est claire: pour chaque habitation, une solution sur mesure. “C’est évidemment aussi là que réside le défi majeur pour l’installateur: il doit estimer correctement les besoins de chaleur de son client comme la géométrie des pièces, pour prévoir ensuite dans chaque pièce un corps de chauffe pouvant y réagir de manière adéquate."
"On peut considérer ceci comme une complication de son métier, mais après tout, n’est-ce pas fantastique? Il devient ainsi pour ainsi dire un architecte thermique, pouvant fournir des conseils intelligents et contribuer dans une importante mesure au confort intérieur de son client. Il y a de quoi être fier.”
“L’installateur ambitieux continue sans cesse de se former”
“On parle trop souvent de ‘l’installateur’ avec des clichés”, déclare fermement Schmitz. “Cela fait longtemps que ce n’est plus l’artisan dans sa salopette sale entrant avec un seau plein de clés et pensant résoudre quelque chose rapidement. L’installateur d’aujourd’hui est dynamique et peut tout aussi bien arriver chez le client dans un beau jeans et un veston, pour discuter des options avec sa tablette ou son ordinateur. Il sait bel et bien ce qu’il fait, et est disposé à faire pour cela les efforts nécessaires, même après 17 heures. Car cela est évidemment important: un jeune installateur ambitieux doit continuer de se former, auprès des autorités comme des établissements d’enseignement, des grossistes et des fabricants.”
“Le fabricant est responsable aussi du succès de l’installateur”
C’est d’autre part, selon Schmitz, aux fabricants et aux grossistes de soulager le plus possible l’installateur. “C’est ce qui fait pour moi la différence entre une marque A et une marque B: les marques A proposent un vaste ensemble de services. L’installateur a ainsi plus de temps pour discuter avec son client et concevoir une installation adéquate. Je pense p.ex. ici à l’établissement d’offres, à la mise à disposition d’une équipe de pose et à l’élaboration de plans de pose et de schémas hydrauliques, ainsi qu’à l’organisation de formations. En découvrant une nouvelle technique ou approche sous les ailes d’un fabricant, l’installateur y adhérera plus rapidement et deviendra peut-être lui-même, à terme, un spécialiste. Cela signifie un succès pour l’installateur comme pour le fabricant.”