“LES PETITS PROJETS DE SOINS ET D'HABITAT GROUPE ONT LA COTE" 

DENC!-STUDIO VISE LES PROJETS DE SOINS QUI S'INSCRIVENT DANS LA DUREE 

DENC!-STUDIO, établi à la Voorhavenlaan à Gand, est un bureau d'architecture au caractère flexible qui mise de plus en plus sur les petits projets de soins. Et avec succès! Nous avons discuté avec son directeur, l'architecte Bart Cobbaert, qui s'est fait un plaisir de nous expliquer quelques-uns de ses projets inspirants.

DENC!-STUDIO réfléchit surtout en termes de durabilité, en pensant à l'avenir et à une valeur ajoutée sociale. Des concepts dont raffolent les membres de l'équipe. L'architecte Bart Cobbaert et ses collaborateurs sont à fond derrière cette approche. Au niveau des soins, le bureau aime se concentrer sur les petits projets à taille humaine. Bien loin des mastodontes qui sont vendus sans scrupules comme des logements avec assistance, mais qui sont en réalité développés pour les per­sonnes âgées fortunées. Actuellement, ces logements sont souvent trop chers, si bien qu'ils restent vides.

FORME MODERNE DE LOGEMENT INCLUSIF 

Pour un promoteur privé visionnaire, DENC!-STUDIO a créé un projet résidentiel – de taille modeste, mais joli – dans le quartier Brugse Poort à Gand. Baptisé The Lodge, ce projet a attiré l'attention des médias pour sa vision intégrée et sa petite taille. Ces deux points sont surtout liés à l'échelle humaine. Trois bâtiments d'angle à l'abandon ont laissé place à un projet de soins résidentiels où des personnes autistes, mais sans déficiences mentales cohabitent avec des personnes 'valides' dans un logement adapté avec quatorze unités de soins.

En 2013, l'entreprise de développement de la ville SOGENT cherchait un acheteur pour ces trois bâtiments à l'angle de la Rooigemlaan, de la Gaaipersstraat et de la Boomstraat. Ces immeubles d'appartements faisaient partie d'un projet de logements sociaux datant de 1928, conçus par l'architecte Paul De Taeye. La SOGENT souhaitait une forme de logement inclusif plus moderne. Pas séparée ou isolée, mais incluse au milieu des gens. Au départ, on a pensé restaurer ces immeubles d'angle un peu plus hauts, mais une étude a révélé que ce n'était pas possible à cause du mau­vais état de la construction. De simples matériaux, sobres et circulaires, permettent de créer une structure claire pour les résidents – des personnes avec un trouble du spectre de l'autisme. Bart Cobbaert: “Nous avons créé un envi­ronnement sûr, stable, lisible, clairement structuré et pauvre en stimuli.”

 

UN HABITAT ACCOMPAGNE AVEC UN ASPECT SOCIAL 

Chez DENC!-STUDIO, les projets résidentiels de petite taille sont développés sur mesure. De nouvelles formes de cohabitat apparaissent. De plus en plus de gens veulent intégrer leurs parents dans leur logement de manière spéciale. Le fait de maintenir l'environnement familial favorise le bien-être spirituel de chacun. DENC!-STUDIO a réalisé une solution de ce genre à Billegem. Qualifiée d'habitat intergénérationnel, elle convient aussi comme habitat accompagné.

L'architecte Bart Cobbaert: “Les concepts classiques sont en train de s'élargir. On parle d'habitat kangourou, de cohabitat, ... Les définitions ne sont pas toujours très claires et il n'y a pas de description juridique concluante. Ici, il s'agit d'un habitat accompagné, c'est-à-dire d'une habitation avec une habitation secondaire. C'est le client qui finance le tout.” En fait, il s'agit des personnes âgées qui vivent avec leurs enfants et leurs petits-enfants, et qui disposent d'une partie de l'habitation. Ainsi, l'architecture renforce les liens familiaux, ce qui est un plus à une époque où les membres d'une famille et les amis se voient de moins en moins. Les logements avec assistance de grande envergure ne sont pas intéressants pour tout le monde. La chaleur de la famille – l'aspect social – constitue certainement un atout. La solution prônée par le bureau de conception dans ce projet reposait sur un point: il fallait que les enfants, qui grandissent mais qui aiment encore jouer, aient un accès aisé au jardin. Il était donc logique que la jeune famille ait son espace de vie au rez-de-chaussée tout en dormant à l'étage le plus haut (sous le toit). Les grands-parents vivent donc au niveau intermédiaire: au premier étage. Les deux logements sont donc bien distincts, même si le bureau d'architecture a prévu des connexions visuelles en utilisant des planchers en verre.

Architecture et hospitalité

L'habitat est un jeu conceptuel.
Le Prof. Dr. Ir Gerard van Zeijl a écrit un essai intéressant dont le thème central est Architecture et hospitalité. On y trouve notamment un passage où John Hejduk de The New York Five conçoit une habitation au début des années 80 – The House for the Non Participating Participants – où les habitants deviennent des voyeurs les uns pour les autres et où la convivialité imposée devient un jeu ironique de contrôle social. Afin de se défaire de l'aspect social, la non-représentativité de l'architecture joue un rôle pour se concentrer sur le conceptuel. Ainsi, l'auteur parle d'architecture autobiographique où le rationaliste Giorgio Grassi parle 'le latin du maçon' pour une architecture qui se suffit à elle-même et qui ne s'amuse pas à se justifier en dehors d'elle-même. En outre, l'article se penche sur les corrections architec­turales modernes à une époque où nous sommes entourés par les autres, où nous ne pouvons pas échapper au défi multiculturel et où certaines personnes se demandent avec angoisse si nous ne risquons pas de devenir des étrangers dans notre propre maison.

 (source: Prof. Dr. Ir Gerard van Zeijl, Afscheids­college. Architectuur en gastvrijheid, 2005)

UN HABITAT INTERGENERATIONNEL SUR UNE PARCELL D'ANGLE  

Une autre forme d'habitat intergénérationnel signée DENC!-STUDIO se situe au Coq et porte le nom de Blauwe Hoeve. Ce projet bénéficiait d'un plus gros budget. Cela se voit à son aspect, d'ailleurs. Katrien est pleine de gratitude à l'égard de ses parents. “J'ai toujours été bien chez eux, je veux leur rendre la pareille, maintenant qu'ils vieillissent. Je ne voulais surtout pas les 'parquer' dans une maison de repos.” Son mari Michiel l'a aisément rejointe dans cette aventure. Cet immeuble d'habitat intergénérationnel se situe à un coin de rue. Au moment de l'entretien, l'habitat accompagné était la seule forme d'habitat intergénérationnel reconnue par la loi. Pour faire catégoriser l'habitation comme habitat accompagné, il fallait répondre à plusieurs conditions:

• On ne pouvait créer qu'une petite unité résidentielle au sein de l'habitation. Il était im­possible de créer deux ou plusieurs unités d'habitat accompagné dans l'habitation principale;
• L'unité résidentielle secondaire devait former un ensemble physique avec l'habitation principale (pas d'annexe isolée, ni d'unité de soins mobile);
• L'unité résidentielle secondaire ne pouvait représenter plus d'un tiers du volume de construction de l'habitation totale – sans compter les pièces communes;
• L'habitation principale et l'habitation secondaire devaient appartenir au(x) même(s) propriétaire(s);
• L'unité résidentielle secondaire devait servir à héberger maximum 2 personnes, dont au moins 1 de 65 ans (ou plus) ou au moins 1 personne nécessitant des soins;

Le client avait eu un coup de cœur pour une jolie parcelle d'angle. Etant donné l'orientation et la présence d'un gros arbre au centre de la parcelle, l'architecte a choisi de conserver au maximum le jardin de devant. L'habitation s'est déplacée vers le coin externe de la zone de construction. Ainsi, les fonctions résidentielles profitent du jardin de devant ensoleillé avec une terrasse et un étang de nage. Le volume blanc en plâtre décoratif crée une sécurité sous une couverture de tuiles foncées.

L'architecte Bart Cobbaert: “La forme du toit est une interprétation moderne du traditionnel toit en bâtière et permet, dans le respect des contraintes urbanistiques, d'apporter à toutes les pièces de l'étage le sentiment d'espace et la luminosité souhaités.”

Des évidements dans le volume permettent d'insérer une entrée couverte et une terrasse de toit intérieure. Le projet prévoit au rez-de-chaussée une cuisine commune et un espace de vie avec une zone de couchage facile d'accès pour les parents. L'étage offre une deuxième unité résidentielle avec espace de vie, kitchenette, chambre à coucher et cham­bre pour les invités.

PROJET DE COHABITAT PLURALISTE 

Une nouvelle forme d'habitat accompagné est le projet de cohabitat Waasland, qui réunit 22 ménages dans un environnement économe en énergie avec une grande diversité. Chaque habitation est différente. La nouvelle culture d'habitat accompagné a beaucoup à offrir. DENC!-STUDIO et BLAF Architecten se sont occupés de l'aspect architectural de l'ensemble. Bart Cobbaert: “La collectivité joue un rôle important dans l'habitat groupé. Outre un jardin commun, il y a une maison communautaire ou un pavillon ainsi qu'un logement à part pour les invités. Le groupe de résidents a pu faire appel à l’ASBL Samenhuizen afin de faciliter les décisions en ce qui concerne les éléments communs. Ce genre de groupe est toujours très varié et pluraliste. Ses membres ont un accord commun, généralement sous la forme d'une ASBL ou d'une société. En réalité, il s'agit d'une forme durable de cohabitat. La grand-mère ne se retrouve pas toute seule et la situation est également intéressante pour la génération juste en dessous. En effet, il y a toujours quelqu'un à la maison quand les enfants rentrent de l'école. Quant à l'architecture, elle traduit cet aspect pluraliste, car aucune habitation n'est identique à une autre. Chaque habitant a pu diviser lui-même l'espace de son habitation.”

Une grande partie des techniques utilisées est collective. En effet, il y a un champ BEO collectif (technologie de pompe à chaleur géothermique). Le cohabitat ne présente donc pas uniquement des avantages sociaux, il offre aussi des avantages d'échelle et des avantages énergétiques.

Nouvelle culture résidentielle urbaine

Chaque unité résidentielle du projet de cohabitat Waasland possède une terrasse privée. Et il y a le jardin commun. En outre, les résidents disposent du pavillon. A côté se trouvent un parking pour les voitures partagées et un hangar à vélos. Les blocs sont massifs en interne, avec de grandes portées. L'enveloppe extérieure en bois est facile à isoler et la grande construction en saille du côté nord et du côté sud apporte une note fonctionnelle, mais ludique.

Le nouveau cohabitat est en vogue. Il va encore se passer beaucoup de choses à cet égard. Cette forme de cohabitat est de plus en plus présente dans les agglomérations urbaines. Cela prouve que les jeunes et les moins jeunes s'intéressent à une nouvelle culture résidentielle urbaine à petite échelle.