“Une maison où il fait bon vivre pour tous”

Atelier Tom Vanhee: une architecture sociale

Une rencontre avec l'architecte Tom Vanhee se fait toujours dans un calme absolu. Ce qui permet un dialogue agréable et profond, tout en douceur. L'architecte est un homme prudent, qui s'applique à ne jamais y perdre une miette. Ce qui se traduit surtout dans sa conception architecturale. Faire en sorte que les gens soient heureux chez eux, en voilà une noble cause.

Architecture à plus-value sociale 

L'architecte Tom Vanhee pèse soigneusement chacun des rares mots qu'il emploie. Dans son approche équilibrée de ses projets architecturaux, on reconnaît vite un humaniste au grand cœur. Dans chacune de ses créations, il recherche constamment le juste équilibre des matériaux et des contrastes appropriés pour créer des espaces chaleureux, en fonction du contexte et de l'environnement. Et lorsque le projet s'y prête, l'architecte n'hésite pas à jouer avec les matériaux les plus divers. Sa priorité est claire, faire de chaque maison un foyer tout en considérant – non sans rappeler Heidegger – que l'habitat fait partie de notre être.

Vivre, bâtir, penser

Le retour aux fondements ancestraux autour de l'habitat de l'homme passionnait Martin Heidegger. L'habitat, c'est l'essence de l'existence de l'homme en tant que mortel sur terre. Habiter un espace est considéré comme un besoin primordial, le seul moyen pour l'homme d'être en sécurité sur cette terre. Heidegger a tiré cette définition du mot buan en viel allemand qui signifie à la fois bâtir, vivre et je suis. Le philosophe allemand a observé une crise au niveau de l'habitat suite à un manque de compréhension de l'essence de la vie. Au XIXe siècle, l'homme est chez lui partout et nulle part. Il manque un lien spirituel avec l'endroit où les gens vivent. Selon le penseur allemand, l'homme n'a qu'une attitude instrumentale à l'égard du monde; tout est question d'utilité et d'efficacité. Sans parler de notre volonté de contrôler la terre. Et c'est ce qui manquait lors de sa conférence Wohnen Bauen Denken en 1951 à Darmstadt. Les architectes présents, en pleine période de reconstruction après-guerre, ont pris cela très au sérieux. C'était plus un exercice de réfle­xion qu'un conseil pratique. Pour Heidegger, cela signifie, e.a., que nous ne définissons pas notre habitat en opposition à la nature, mais que nous devons l'intégrer à la nature. Une approche actuelle, dans laquelle l'homme peut exister, en laissant la nature exister.

Interprétation du lieu

Si nous nous tournons vers l'œuvre architecturale de Tom Vanhee, le discours de Heidegger prend tout son sens. L'interprétation du lieu est essentielle pour l'architecte. On pourrait se limiter à réduire notre environnement bâti à la figuration et à la signification d'une maison. Après tout, on parle d'une maison communale, d'une maison de retraite, ... L'école incarne aussi la maison, et la transition entre la maison et la société. Un havre de paix où les enfants grandissent, mais aussi un centre de cognition. A Woesten, il y a encore une petite école de l'époque où l'on veillait à ce que tout soit bien douillet. Le bâtiment n'est plus une école, mais une 'maison de village'. C'est un tout petit bâtiment, magnifiquement adapté à l'échelle de cette commune près de Courtrai.

Changement d'echelle

D'où vient cet appétit insatiable de créer et de concevoir toujours avec amour?

Tom Vanhee: “J'avais six ans et créer était une obsession. J'ai appris très tôt les ficelles du métier. A Heule, où j'habitais, mes parents ont fait concevoir une maison. J'ai beaucoup aidé à la construire. Aujourd'hui, quand je conçois un bâtiment, je suis en pleine effervescence, toute cette énergie est libérée et me procure énormément de joie, lorsque le projet aboutit.“ L'architecte Tom Vanhee a aussi tendance à se laisser porter par une pulsion sociale, chose assez rare. Il s'exprime de manière prosaïque par rapport à cela: “Je veux aider les gens à être heureux dans leur environnement bâti. Bien sûr, c'est à prendre au sens large, comme pour des projets à grande échelle dans un environnement urbain.“ Il a acquis de l'expérience avec des projets plus importants chez Abscis Architecten à Gand. Tom Vanhee est également paré sur les plans pratique et logistique pour s'attaquer à des projets de plus grande envergure. Il a récemment emménagé dans un bureau plus grand, en plein centre de Bruxelles. Depuis la salle de réunion, il contemple chaque jour la capitale, tout en se concentrant sur le contenu de ses projets architecturaux. Ces projets sont très divers, et ils lui ont déjà valu plusieurs prix et nominations.

 

 

 

 

Solutions creatives

L'architecte Tom Vanhee: “Nous cherchons surtout des solutions créatives, comme la transformation de combles comme ce que nous avons fait à Bruges.“

Tom Vanhee est fortement engagée dans la conception délicate et la recherche de valeur ajoutée, non seulement pour les résidents, mais aussi pour les passants, même s'ils ne se doutent de rien. S'adapter à des situations difficiles, c'est ce qui interpelle Vanhee, un motif qu'il sait combiner avec une bonne dose de créativité. “Nous ne pensons pas seulement aux programmes qui nous sont imposés, nous pre­nons également en compte les aspects urbanistiques.“

 Tom Vanhee: “A Woesten, nous avons surtout fait preuve d'ingéniosité pour éviter intelligemment le 'mauvais' bloc sanitaire qui a été ajouté plus tard. En agrandissant le volume du bâtiment, toutes les fonctions ont été reliées les unes aux autres et l'ensemble a pris tout son sens, y compris la référence au développement et au redéveloppement de l'habitat groupé local. De nombreux aspects ont soudain fusionné: l'architecture, la fonctionnalité, le remplissage et l'expansion dans le futur. Et nous y avons même mis un peu de poésie. Un résultat vraiment magnifique.“

Créer un environnement confortable et honorable est la signature de l'Atelier Tom Vanhee, soutenu par une équipe d'employés enthousiastes. Tout récemment, le studio s'est chargé d'un projet à Koekelberg. L'espace urbain résiduel entre les blocs de construction les plus élevés de cette commune apparaît sous un jour totalement différent rien qu'en remplaçant le toit à deux versants par une maison passive en duplex. Tom Vanhee: “De la maison, vous avez une belle vue sur la ville. Une telle approche a un effet stimulant. Le duplex a été réalisé en ossature bois, est économe en éner­gie et permet de profiter des grandes terrasses extérieures ensoleillées.”