“L’ENVIRONNEMENT FAIT UN BATIMENT, RAREMENT L’INVERSE”
L'OBJECTIF DE A2O EST UNE ARCHITECTURE AU CARACTERE LIANT
Un atelier d’architecture et d’environnement, voilà ce que représente a2o. Et les concepteurs le prennent au pied de la lettre. Au sein du groupe, pas de place pour une hiérarchie à paliers – tout le monde parle à tout le monde – et l’environnement ou la ville sont déterminants pour les projets de a2o. Pour y parvenir, le bureau travaille avec des disciplines très diverses. L’objectif visé est de proposer une architecture dotée d’un caractère liant.

QUETE D’UN EQUILIBRE
a2o est un concepteur d’espace et d’environnement. Ici, le leitmotiv est toujours la ville ou l’environnement. “Même si des lieux ou des bâtiments se ressemblent, ils sont toujours différents. Tel est le point de départ de la manière dont nous abordons les projets. Grâce à la façon dont nous regardons les conditions connexes d’un projet, nous parvenons à faire de chaque marché un projet unique. L’approche est donc toujours la même, et le résultat toujours différent”, commencent Wout Sorgeloos et Stefaan Evers, tous deux associés au sein de a2o.
Dans cette approche, a2o vise une valeur ajoutée. Les concepteurs tentent dans leur projet de rendre quelque chose à la ville. Il peut s’agir d’espace public vert ou de la manière dont ils intègrent un projet dans l’armature urbaine. “Chaque projet est la quête d’un bon équilibre. Avant de poser le moindre trait sur le papier, nous étudions que faire ou non. On trouve de beaux exemples de cette valeur ajoutée dans la résidence-services Clarenhof où nous avons transformé la chapelle de l’ancien cloître en espace public pour des expositions ou des conférences. Ou au palais de justice à Hasselt où UHasselt et la justice exploitent ensemble une bibliothèque juridique pour les avocats et les étudiants en droit. L’après-midi, les étudiants peuvent aussi s’exercer à plaider dans les salles d’audience”, motive Sorgeloos.

(photo © Filip Dujardin)
SUBORDONNE A L’ENVIRONNEMENT
L’architecte pourrait encore compléter la liste d’exemples. Chaque exemple est caractérisé par l’approche de a2o, qui regarde au-delà des limites du projet et examine quels atouts l’environnement offre pour créer de nouvelles opportunités. “Les bâtiments ne sont pas isolés, mais en rapport avec leur environnement. C’est pourquoi nous nous demandons pour chaque projet comment un projet collaborera avec le paysage et inversement, quelle influence l’environnement aura sur le projet. Nous sommes, en effet, convaincus que les bâtiments parlent avec leurs voisins, qu’il s’agisse de lieux, de la nature ou de bâtiments", explique Evers.
Le crématorium Stuifduin à Lommel et le projet d’urbanisation Sion à Lierre illustrent de manière frappante comment cette approche se traduit dans la pratique. “Le concours de PPP pour la conception et la construction du crématorium Stuifduin partait d’un champ à côté du cimetière de Lommel. La base dans notre projet était de restaurer le paysage historique de dunes et de landes avec une petite intervention. Dans ce paysage en pente, nous avons ‘enfoui’ un bâtiment léger et ouvert. Concrètement, le crématorium est composé de trois bâtiments autour d’une place intérieure – un Campo Santo. Les bâtiments sont reliés par un auvent. Grâce à l’ouverture, il y a un lien fort avec l’environnement extérieur. L’idée à la base du concept, c’est de faire faire un voyage aux visiteurs. Ils ne passent jamais deux fois au même endroit. Cela génère une certaine lenteur, donnant le temps de dire adieu. Pour le succès du concept, l’architecture du bâtiment était subordonnée à l’environnement”, raconte le duo.

a2o SUR LES MATERIAUX NOVATEURS
“Nous sommes plutôt prudents quant à l’utilisation de matériaux novateurs. Quand cela est justifié, cela est possible. Mais en regardant nos références, vous constaterez que nous avons souvent recours aux matériaux traditionnels et les appliquons d’une manière innovante. Il ne s’agit pas seulement de brique, mais p.ex. aussi de steeldeck au crématorium Stuifduin de Lommel. Il confère au support visible pour le toit une couleur sable et avec l’éclairage, une couche intermédiaire surprenante a été créée.”
NATURE TIREE A L’INTÉRIEUR
Sur le bord des douves au niveau de la Mechelsepoort à Lierre, a2o a créé avec le projet d’urbanisation Sion un pont légendaire entre la zone naturelle Nazareth et le centre-ville de Lierre. Le projet de PPP englobe, en deux phases, 99 appartements, 48 maisons urbaines, la rénovation et l’agrandissement de la Stedelijke Academie voor Schone Kunsten (SASK) et l’aménagement du domaine public.
“Le projet pour Sion est un ensemble de rues et de places dans le centre-ville de Lierre comme support pour le programme varié. La taille de la ville comme le lien avec le Nete et la zone naturelle sont traduits et réunis dans le projet. En disposant les bâtiments en forme de doigts sur le site, les concepteurs parviennent à tirer la verdure et l’eau loin sur le site Sion, tout en conservant la vue sur le bâtiment classique de la SASK depuis les douves. Le plan prévoit des espaces de séjour et de jeu de qualité sur le site … et en dehors.
“Par analogie avec notre vision de l’environnement, nous avons intégré dans notre plan global une proposition pour compléter le domaine public à côté des douves avec de la verdure et un espace de détente”, explique Sorgeloos.
a2o SUR LE DURABILITE
“Pour nous, la question écologique est plus qu’une réponse technologique au problème d’économie d’énergie. Nous voyons la durabilité dans un sens bien plus large et tentons de transformer les non-endroits dans nos villes en projets stratégiques et de restaurer les maillons manquants (missing links) dans la ville. Pour nous, cela signifie aussi concevoir un bâtiment adaptable ou accessible en préservant l’intimité des utilisateurs. Les promoteurs ramènent souvent la durabilité à un petit espace avec des gadgets technologiques. Mais qu’en reste-t-il si vous retirez la technologie? Dans notre vision de la durabilité, un jeune ménage doit pouvoir habiter le plus longtemps possible – et idéalement à vie – dans cet espace de la ville, indépendamment des changements au sein de la famille.”

(photo © Filip Dujardin)
FINI L’EXAMEN DU PROGRAMME
Dans la conception de bâtiments et d’espaces publics, Wout Sorgeloos constate une évolution vers l’adjudication sous la forme de PPP. “En dix ans, on observe un net revirement. Alors qu’avant, il y avait d’abord un trajet de conception détaillé entre le maître d’ouvrage et le concepteur, ce n’est plus le cas aujourd’hui dans les adjudications de PPP. A présent, l’entrepreneur général a directement sa place à la table et on définit tout d’abord le budget."
“En soi, c’est une bonne chose qu’on veille ainsi à l’utilisation sensée des deniers publics. Mais en revanche, on réfléchit souvent trop peu ou trop à la légère au programme. C’est souvent un consultant ou un avocat qui réalise la description du marché sur la base de quelques chiffres et de vagues besoins. Il n’y a plus de véritable recherche d’un programme adapté à l’utilisateur final.”
“Je constate également que la conception de l’espace public est de plus en plus souvent confiée au promoteur immobilier. Ce n’est pas mal en soi que le promoteur contribue au nouveau contenu de l’espace public, mais je ne suis pas convaincu que le promoteur doive déterminer à quoi cet espace ressemblera.”
a2o SUR LES CONCOURS
“Ils sont importants. Ils coûtent énormément d’argent, mais les grands tournants pour le cabinet ont toujours été déterminés par des concours. Nous pensons au Vlaams Administratief Centrum à Hasselt, qui a sonné la création du cabinet, au site Sion à Lierre coïncidant avec l’agrandissement d’échelle ou la Maison du Port à Anvers.”