Restauration d’Un faux marbre dans un presbytere
ARTEZ et ses projets de renovation dans les regles de l’art
ArteZ a remporté un Trophée Décoration 2019 dans la catégorie Peinture d’intérieur Technique Artisanale après avoir participé à la restauration du presbytère du béguinage de Hoogstraten. Ce projet a été commandé par la fabrique d'églises Sint-Jan-Evangelist et orchestré par les architectes Beeck & Hermans. Le projet de restauration totale comprenait un lambris en trompe-l'œil du XIXe siècle imitation marbre, conservé dans le hall d'entrée, restauré et reconstruit en partie par Philip Colla. Pour chacun des éléments à restaurer, ArteZ a fait appel à des spécialistes et procédé selon les règles de l'art.
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A chaque projet ses experts
Restauration et rénovation
Paul Van Gils chef d’entreprise, a créé ArteZ à Hoogstraten en 2009. Avant de se lancer, il s'est bâti une solide expérience de plus de 10 ans dans tous les domaines de la construction. Pour son dernier employeur, il était en charge des rénovations et des restaurations. C'est là qu'il a eu un coup de cœur. Dès la création de son entreprise, ses activités ont donc ciblé les restaurations et les rénovations, et c'est toujours le cas. Paul Van Gils: ”Parfois, nous gérons aussi des projets de nouvelle construction dans le cadre d'une rénovation/restauration, ou lorsqu'il s'agit de commandes spécifiques, comme une construction à ossature bois. Mais mon cœur bat avant tout pour la restauration et la rénovation, et surtout s'il s'agit d'œuvres réalisées par des artistes. Il est crucial de contribuer à la préservation de notre patrimoine, de préserver le passé pour l'avenir et ce, dans le plus grand respect des techniques ancestrales.”
Un marché de niche
Paul Van Gils: ”Notre société possède 28 licences de construction et de rénovation et réalise des projets uniques et complexes qui sont souvent l'exclusivité des grandes entreprises. Les plus petites entreprises n'osent pas toujours relever ces défis par peur de s'exposer à de trop grands risques. Forts d'un haut niveau de spécialisation et d'une approche déterminée et flexible, nous arrivons à nous distinguer de la concurrence. Nous visons des projets inhabituels qui nécessitent nos connaissances. Les restaurations historiques et les constructions artistiques sont des projets bien plus satisfaisants que les commandes classiques, et c'est cela, notre moteur.”
“Nous trouvons important de preserver le passe pour l'avenir, et ce, dans le plus grand respect des techniques ancestrales” - Paul Van Gils
Des sous-traitants de confiance
ArteZ ne travaille qu'avec des sous-traitants spécialisés pour son équipe. Chaque volet d'un projet est pris en charge par des pros possédant le savoir-faire nécessaire. Paul Van Gils: ”En général, nous travaillons avec les mêmes sous-traitants spécialisés originaires de Campine, qui savent bien ce qui définit notre entreprise. Notre approche et nos engagements n'ont plus de secrets pour eux, et ça marche. Pour des projets très spécifiques, nous utilisons des sous-traitants avec lesquels nous avons déjà travaillé sur des projets antérieurs, ou dont nous avons entendu parler grâce au bouche à oreille ou auprès d'architectes et de clients. Pour le trompe-l'œil dans le presbytère de Hoogstraten, p.ex., nous avons fait intervenir de très nombreux spécialistes.”
beguinage de HOOGSTRATEN
Un défi ambitieux
Le directeur de restauration, Luk Ghys: ”L'actuel presbytère du béguinage de Hoogstraten est une construction de 1874 qui remplaçait l'ancienne résidence de fonction. L'aménagement intérieur et extérieur a été bien conservé. Un couloir central va de la façade avant à la façade arrière, avec la salle de réception et le salon à droite et le bureau et l'ancienne cuisine à gauche. A l'arrière, le bâtiment s'ouvre sur une extension dont la structure est plus ancienne, où se trouvent actuellement la cuisine et la toilette.”
Appel d’offres
Le projet de rénovation a été commandé par la fabrique d'église Sint-Jan-Evangelist de Hoogstraten. C'est pour ainsi dire tout naturellement que le client a atterri chez ArteZ. Luk Ghys: ”ArteZ a participé à l'appel d'offres en juin. Il était hors de question de laisser passer une telle opportunité dans notre propre ville. Pour ce genre de projets, nous devons souvent nous déplacer dans des grandes villes. Notre prix était très compétitif. La demande du client portait sur la restauration complète de l'intérieur et de l'extérieur. Le projet avait été confié aux architectes Beeck & Hermans de Malines.”
Exécution des travaux
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La liste des travaux exécutés est pour le moins impressionnante. Luk Ghys: ”Cela va du démantèlement du bâtiment, désamiantage inclus. En outre, nous avons dû réparer la maçonnerie intérieure et extérieure, et refaire l'installation technique pour la plomberie, le chauffage et la ventilation. Les travaux d'électricité ont été réalisés par un sous-traitant. Le plâtre à la chaux sur les murs et les plafonds a été restauré et renouvelé, et toutes les moulures et les décorations ont été refaites. Une nouvelle moulure en chaux a été réalisée pour la façade. Certains revêtements de sols en bois et en pierre naturelle existants ont été restaurés, et de nouveaux sols en bois et en pierre ont été posés ailleurs dans le bâtiment. Nous avons aussi restauré les cheminées ornementales en marbre, dont une qui se trouvait dans un piteux état. La restauration de la menuiserie intérieure et extérieure existante comprenait un renouvellement partiel de la menuiserie extérieure selon le modèle existant et l'installation partielle d'une nouvelle menuiserie intérieure, ainsi que la restauration et la réalisation d'imitations de bois sur les portes intérieures existantes. Enfin, nous avons repeint l'intérieur comme l'extérieur du bâtiment. Et enfin, cerise sur le gâteau, nous avons restauré et recréé une peinture imitation marbre au rez-de-chaussée.”
un Trompe-l’œil comme piece maitresse
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Le dossier prévoyait déjà la restauration de l'imitation de marbre dans le couloir latéral. Cependant, une fois les lambris contenant de l'amiante enlevés, l'équipe a découvert des traces d'une belle imitation de marbre dans le couloir principal. Des parties ont été retrouvées au-dessus des lambris et sous l'ancien papier peint. Il s'agissait de panneaux peints pour un effet de marbre blanc de Carrare dans un cadre en marbre rose de Napoléon. Ce trompe-l'œil étant considéré comme précieux, les restaurateurs ont décidé, en concertation avec le client, le cabinet d'architectes et l'Agence flamande du patrimoine, de réparer, restaurer et compléter cette œuvre. Aujourd'hui, la peinture imitation marbre apporte de la texture au couloir central et une véritable ajoutée au bâtiment.
Une réalisation complexe
Paul Van Gils: ”Ce qui a vraiment été difficile, c'était de combiner la longue restauration du trompe-l'œil avec tous les autres travaux réalisés en parallèle. Surtout que le couloir principal n'est pas très large et est le seul accès à la plupart des pièces du rez-de-chaussée et aux escaliers menant à l'étage.”
un exercice maitrise
ArteZ avait déjà réalisé des projets similaires. Paul Van Gils: ”Nous avions restauré plusieurs maisons de maître dans le quartier de Zurenborg à Berchem, comme Les Nénuphars et l'Automne, l'un des bâtiments quatre saisons de style Art nouveau. Il y a aussi eu la restauration de la maison de l'artiste Panamarenko à Anvers. Nous avons aussi rénové le couvent de Meersel Dreef. Sans oublier les projets uniques de restaurations spécifiques de graffitis, de panneaux de mosaïque et de sols. Nous sommes actuellement en pleine restauration de trois béguinages à Malines, et participons à la rénovation et à l'agrandissement du presbytère d'Oosthoven. Et enfin, nous sommes en train de lancer le chantier du monastère de Meer avec trois bâtiments historiques.”
“UN RACCORD PARFAIT AVEC TOUTES LES RETOUCHES A LA PEINTURE A L’HUILE”
Philip Colla (Monucore) travaille comme indépendant et nous vient de Diepenbeek. Il a obtenu son Master en Conservation et Restauration, atelier Peinture à Anvers, avant de suivre une fomation ManaMa de deux ans sur la conservation des monuments et des paysages dans l'option sciences architecturales. Il travaille actuellement pour Monumentenzorg Limburg en tant que gardien: Philip Colla est en charge des inspections d'églises et de bâtiments privés, cartographie leur état et émet des recommandations en termes d'entretien et d'éventuelles restaurations. Il effectue parfois des petites interventions d'urgence, par exemple lorsqu'une ardoise se détache et doit être remise en place temporairement pour éviter que la situation n'empire.
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Une restauration complexe
Les lambris en imitation marbre du presbytère couvrent une surface totale de près de 60 m². Philip Colla: ”C'est une restauration assez complexe. Dans ce cas, certains restaurateurs conservent une petite partie de l'original et d'autres préfèrent tout refaire, mais j'ai choisi de conserver tout le support original. Le plâtre n'était pas assez résistant, et nous avons commencé par enlever les panneaux d'amiante et l'ancienne couche de vernis jauni, ce qui a encore plus détérioré l'œuvre. Pour respecter la méthode, la couche de peinture à l'huile d'origine a été fixée avec de la colle à base de cellulose. Des compresses ont été appliquées à divers endroits pour extraire les sels. La couche de plâtre a ensuite été fixée à l'aide d'un liant à base de chaux. Nous avons alors appliqué par-dessus un mortier de chaux; une première couche grossière, puis une couche plus fine. Il fallait surtout bien veiller à ce que les raccords avec les retouches à la peinture à l'huile soient parfaits et quasi invisibles pour que l'ensemble retrouve un aspect bien lisse.”
Dans les règles de l’art
Philip Colla: ”Pour obtenir une imitation de marbre parfaite, il faut se mettre à la place de l'artiste et maîtriser absolument tous les paramètres. Il faut respecter les pigments historiques et les techniques de peinture à l'huile - vaporisation, glacis ... - et veiller à la transparence, à la texture de la peinture, au rapport huile-solvant, au degré de brillance et aux temps de séchage pour un résultat abouti. Par ailleurs, il faut également s'intéresser à l'artiste, dans les détails: conception, traits, approche, choix des bonnes nuances et des tons de couleur. Une fois ces éléments réunis, on retrouve l'espèce de chaos organisé qui caractérise une imitation de marbre.”
La qualité avant tout
Philip Colla: ”J'avais déjà réalisé des imitations de marbre assez simples et restauré du faux marbre. Mais ici, c'était la première fois que je réalisais un projet de ce type. C'était un fameux, et j'y ai consacré beaucoup de temps. La qualité passe avant tout, et après durcissement et application des touches finales, je peux dire que je suis très satisfait du résultat. Le produit final est vraiment durable. La peinture à l'huile se conserve jusqu'à 100 ans, sur un support sain mais en tenant compte de l'efflorescence des sels et de l'humidité résiduelle due aux autres travaux dans le bâtiment. Elle résiste notamment aux contacts, car elle est assez facile à laver et ne se décolore pas.”