Le secteur de la construction bat un nouveau record de morosité
Bouwunie et Embuild tirent la sonnette d'alarme
Le secteur belge de la construction est soumis à une forte pression. Les chiffres récents de l'agence statistique Statbel montrent que pas moins de 1 945 entreprises de construction ont fait faillite au cours des neuf premiers mois de l'année 2024. Il s'agit d'une augmentation de 22,1 % par rapport à la même période de l'année dernière, au cours de laquelle un nombre record de 1 593 faillites avait déjà été enregistré. Pour le seul mois de septembre 2024, 306 entreprises ont fait faillite, soit le nombre le plus élevé jamais enregistré pour un mois de septembre.
Bouwunie : "Un honneur douteux".
Jean-Pierre Waeytens, directeur général de Bouwunie, réagit avec inquiétude. "Le secteur de la construction bat chaque fois son propre record. Un honneur douteux, cela va sans dire. En tant que secteur, on ne se réjouit pas d'un taux de faillite aussi élevé".
Selon Bouwunie, cette hausse est principalement due à la faible rentabilité de nombreuses entreprises. "Trop d'entreprises fonctionnent trimestre après trimestre à l'équilibre, voire à perte. Cette situation n'est pas viable à long terme", a déclaré Waeytens. La faiblesse du marché de la construction neuve en est l'une des principales causes. "Le secteur de la rénovation se porte mieux, mais là aussi, l'incertitude est grande. Les consommateurs vivent avec le frein à main serré", ajoute-t-il.
La taxe sur la rénovation et la réduction de la TVA comme solutions ?
Bouwunie espère que la nouvelle taxe sur les travaux de rénovation pourra apporter un soulagement, mais il plaide en faveur d'une période plus longue pour effectuer des travaux de rénovation. L'organisation suggère d'accorder aux consommateurs un délai de 10 à 15 ans, au lieu des six ans actuels, pour effectuer des travaux de rénovation en vue d'obtenir un label énergétique plus élevé. Ce délai devrait être lié à un plan directeur de rénovation, afin d'éviter les solutions timides et d'assurer la viabilité financière.
En outre, Bouwunie continue de plaider en faveur d'un taux de TVA réduit pour la démolition et la reconstruction, y compris les ventes. Pour les nouvelles constructions de logements modulaires également, un taux de TVA réduit pourrait aider à sortir le secteur du marasme, selon Embuild.
Embuild : "Faibles marges et coûts de démarrage élevés"
Niko Demeester, PDG de la fédération de la construction Embuild, confirme que la construction est sujette aux faillites depuis de nombreuses années. Il souligne le nombre élevé de start-ups dans le secteur, en partie dû aux coûts de démarrage relativement bas, et les faibles marges bénéficiaires auxquelles sont confrontées de nombreuses entreprises de construction. "Actuellement, les volumes de construction sont également sous pression, en particulier dans la construction et la rénovation résidentielles, ce qui rend la survie des entreprises encore plus difficile", explique Demeester.
Embuild appelle les gouvernements à continuer d'investir dans le logement, les bâtiments et les infrastructures pour soutenir le secteur. "Sans investissements supplémentaires, il sera difficile pour de nombreuses entreprises de rester à flot", prévient Demeester.
Les risques de faillite restent élevés
Outre les problèmes structurels du secteur de la construction, Bouwunie souligne également la vulnérabilité des jeunes entreprises. Celles-ci ne disposent souvent pas de réserves financières suffisantes pour absorber les revers en période de difficultés économiques. En outre, le manque de connaissances en matière de gestion d'entreprise et de calcul des coûts reste une cause majeure de faillite. "Le fait que l'on puisse créer une entreprise de construction sans aucune connaissance en matière de gestion d'entreprise est un phénomène que nous constatons avec tristesse", déclare Bouwunie.
Conclusion
La situation du secteur de la construction est préoccupante. Avec près de 2 000 faillites au cours des neuf premiers mois de 2024, le secteur continue de battre des records, mais dans un sens négatif. Tant Bouwunie qu'Embuild appellent à des solutions structurelles, telles qu'une réduction de la TVA pour les nouvelles constructions et une modification de l'obligation de rénovation, afin d'éviter que les dégâts ne s'aggravent.