Deux options à privilégier pour le chauffage résidentiel
Nathalie Devriendt (ODE): "La voie de l'avenir est toute tracée, il s'agit maintenant de la mettre en œuvre correctement"
"Nous avons atteint le point de basculement où les énergies renouvelables prennent le pas sur les énergies fossiles." Déterminée à profiter de cet élan dans la transition énergétique, et à ouvrir la voie vers une énergie 100% renouvelable, Nathalie Devriendt est devenue la nouvelle directrice de l'Organisation pour l'énergie durable (ODE) en Flandre le 1er septembre 2024. "Pour le chauffage domestique, les pompes à chaleur et les réseaux de chaleur sont les seules options acceptables."
La bioénergie comme cheval de bataille
Nathalie Devriendt est bioingénieur et peut se targuer d'une carrière bien remplie. Elle a fait ses premiers pas chez Seghers Solids and Air, où elle a travaillé à la conception et à la construction de centrales bioénergétiques. Elle a ensuite plongé dans le monde de la recherche pendant 14 ans au VITO, où elle s'est encore consacrée à l'efficacité énergétique et aux énergies renouvelables.
En 2017, Nathalie Devriendt choisit de voler de ses propres ailes en tant que consultante indépendante. Cinq ans plus tard, en 2022, elle a fait son entrée à l'ODE Vlaanderen où elle a commencé à travailler en tant que chargée de mission Bio-Energie.
"Pour le chauffage résidentiel, il y a deux options: les pompes à chaleur et les réseaux de chaleur, combinés ou non"
L'ODE est la fédération sectorielle des énergies renouvelables en Flandre et représente plus de 300 membres dans cinq technologies d'énergie renouvelable: pompes à chaleur, photovoltaïque, réseaux de chaleur, bioénergie et énergie éolienne. Aujourd'hui, elle dirige l'ODE en tant que nouvelle directrice, succédant à Dirk Van Evercooren. "J'ai contribué à de grandes réalisations dans le domaine de la bioénergie", déclare Nathalie Devriendt, "mais je veux avoir un impact encore plus grand et contribuer activement à un avenir où l'énergie sera 100% renouvelable."
Ces dernières années, un travail considérable a été réalisé au sein de l'ODE pour que tous les membres soient sur la même longueur d'onde. Un texte de vision clair a été rédigé pour chacune des cinq plateformes énergétiques. "Nous avons parfois accusé le gouvernement de ne pas être capable de faire des choix et, en tant que fédération, nous ne voulions pas commettre la même erreur. Aujourd'hui, nous sommes forts parce que nous pouvons envoyer un message clair que nous soutenons tous."
Tout au long de sa carrière, la bioénergie a été le cheval de bataille de Nathalie Devriendt. "En tant que chauffage domestique individuel, la biomasse n'a pas d'avenir sur le long terme. En revanche, la biomasse sera nécessaire pour la poursuite de la défossilisation de l'industrie, par exemple pour la production de panneaux, de matériaux d'isolation, etc. L'hydrogène est également trop cher pour être simplement brûlé dans des applications résidentielles. L'industrie qui n'a pas d'alternative devrait bien sûr pouvoir utiliser l'hydrogène vert", a déclaré Nathalie Devriendt.
Deux options: les pompes à chaleur et les réseaux de chaleur
"Pour le chauffage résidentiel, il y a deux options: les pompes à chaleur et les réseaux de chaleur, combinés ou non. Le message est clair. Pour tous ceux dont les chaudières doivent être remplacées, il n'y a qu'un seul conseil: remplacez-les par l'une ou l'autre."
L'ODE est également un fervent défenseur des systèmes de chauffage collectif. "Il faut chauffer collectivement si possible, et individuellement si nécessaire", a déclaré Nathalie Devriendt. "La production de chaleur collective présente des atouts importants en termes de coût et d'efficacité énergétique. Et les installateurs y seront confrontés encore plus rapidement que prévu. Surtout avec les petits réseaux de chaleur. Je pense, par exemple, à un réseau de chaleur pour un immeuble à appartements alimenté par un champ BEO avec une pompe à chaleur d'accompagnement sous le parking de cet immeuble à appartements."
Parier sur les systèmes collectifs et l'intégration des systèmes
"Un avantage majeur des systèmes collectifs est qu'ils mettent davantage l'accent sur une intégration adéquate des systèmes et sur un contrôle intelligent. Souvent, pour les projets collectifs, un bureau d'études est mis en place pour veiller à ce que les technologies soient coordonnées de manière optimale. Au niveau individuel, en revanche, le coût de l'intégration du système est souvent plus difficile à justifier. Coordonner les panneaux photovoltaïques et la pompe à chaleur reste envisageable, mais dès que l'installation devient plus complexe, par exemple avec la présence d'un ballon d'eau chaude, cela est abandonné."
"Les installateurs seront confrontés à des systèmes de chauffage collectif plus tôt que prévu. Surtout dans le cas des petits réseaux de chaleur"
"Cependant, l'intégration des systèmes est la clé d'un avenir renouvelable. Tant à petite qu'à grande échelle. C'est là une tâche vraiment importante pour l'ODE. La technologie est là, maintenant nous devons aider à trouver un moyen de combiner intelligemment les différentes solutions d'énergie renouvelable."
"Nous adaptons également notre organisation à cet objectif. Comme les technologies sont de plus en plus imbriquées, notre approche interne change également et nous commençons à penser de manière plus globale et à combiner nos différents domaines d'expertise. Pour ce faire, nous organisons, par exemple, des journées d'étude collectives sur certains sujets. Cette coopération entre les plateformes et les secteurs ne fera que s'intensifier à l'avenir."
Les énergies renouvelables prennent le dessus
Depuis sa création en 1996, l'ODE a connu une évolution considérable. "Auparavant, nos membres étaient principalement des pionniers. Aujourd'hui, les acteurs classiques, par exemple les fournisseurs d'énergie, les opérateurs de réseaux, les agences d'études, les fournisseurs, sont également membres de l'ODE, bref, toute la chaîne de valeur."
"Nous avons dépassé le point de basculement où les énergies renouvelables prennent le pas sur les énergies fossiles. Cet élan a été l'une des principales motivations qui m'ont poussé à prendre le poste de directeur de l'ODE. Je ne veux pas rester sur la touche, mais je veux contribuer à façonner la transition énergétique", poursuit Nathalie Devriendt.
"En réduisant les exigences en matière de rénovation, les acheteurs qui souhaitent rénover sont désavantagés par rapport aux acheteurs qui n'ont pas l'intention de le faire"
"Nous sommes au point où la courbe ascendante de l'énergie renouvelable coupe la courbe descendante de l'énergie fossile. Les énergies renouvelables gagnent en importance, au détriment du marché conventionnel, qui perd des parts de marché. Bien sûr, un tel changement n'est pas facile et s'accompagne d'obstacles. Mais il est nécessaire: tout le monde en est désormais convaincu. Entreprises, familles... nous devons tous mettre l'épaule à la roue. Et transformer ces obstacles en opportunités."
Des règles du jeu équitables sont nécessaires
"Bien que nous constations progressivement que tous les nez tournent dans la même direction, les scientifiques s'accordent déjà sur ce point. Parmi les scientifiques, il y a déjà un consensus. Il s'agit maintenant d'obtenir l'adhésion totale des citoyens. C'est une tâche importante pour les hommes politiques. Une politique ponctuelle est pernicieuse. Nous avons besoin d'une vision sur le long terme à laquelle les gens adhèrent. Cela apportera de la clarté et créera des conditions équitables."
"En réduisant aujourd'hui les exigences en matière de rénovation, un jeune couple qui achète une maison et qui tient compte dans son budget des coûts de rénovation nécessaires est désavantagé par rapport à un couple qui ne prévoit pas de rénovations et qui est donc en mesure de faire une offre plus élevée."
Les pompes à chaleur révolutionnaires arriveront de toute façon
"Même si le cadre politique de notre pays est à la traîne, la percée des pompes à chaleur se fera de toute façon. Le gouvernement flamand a inclus un transfert fiscal dans l'accord de coalition, et il y a la législation européenne ETS2, qui entrera en vigueur dès 2027 et augmentera le prix du gaz par rapport au prix de l'électricité, ce qui rendra les pompes à chaleur plus intéressantes. En définitive, la voie est déjà tracée au niveau européen et la Belgique doit la suivre."
"Heureusement, de grandes améliorations ont déjà été apportées. Avant, nos maisons étaient gourmandes en énergie. Nous consommions plus d'énergie en kWh absolus que la Scandinavie. Aujourd'hui, deux maisons sur trois en Flandre sont équipées d'une pompe à chaleur. De plus, nous constatons que les technologies évoluent constamment."
"Prenons l'exemple des panneaux photovoltaïques. L'efficacité des panneaux s'est tellement améliorée qu'ils offrent un bon rendement même lorsqu'ils ne sont pas orientés vers le sud. Nous recommandons même de poser autant de panneaux que possible, dans plusieurs directions, afin de capter le soleil du matin et du soir. Cela signifie que des toits qui n'étaient pas adaptés auparavant peuvent aujourd'hui très bien accueillir des panneaux solaires."
Encore beaucoup de travail
"Bien entendu, la transition énergétique ne se limite pas à la mise en place d'un grand nombre de pompes à chaleur, de réseaux de chaleur et de panneaux solaires. Une approche multidisciplinaire est nécessaire, car le système énergétique conventionnel est ancré dans toutes les couches de notre société et de notre gouvernance. Pensez, par exemple, aux questions juridiques ou aux autorisations. Le fonctionnaire municipal sait-il quoi faire d'une demande de forage, par exemple? L'acte de propriété d'un appartement nouvellement construit contient-il une clause sur les systèmes de chauffage collectif? Un étudiant en septième année d'ingénierie d'installation obtient-il son diplôme avec les compétences nécessaires en matière de pompes à chaleur, ou celles-ci ne sont-elles pas encore incluses dans le programme d'études?"
"En d'autres termes, il y a encore beaucoup de travail à faire. Et même si les échéances imposées par l'Europe approchent à grands pas, nous avons beaucoup de résilience et, à l'ODE, nous sommes convaincus que cette transition n'est pas seulement nécessaire, mais qu'elle est certainement faisable et abordable."
