QUE DES MATERIAUX DE CONSTRUCTION ECOLOGIQUES CHEZ EURABO

Peter Suys a une mission claire

La mission d’Eurabo est claire et nette: contribuer à un secteur de la construction durable. Pour y parvenir, le négociant en matériaux de construction écologiques a fait quelques choix radicaux. Eurabo ne propose quasiment que des produits d’origine écologique: bois et produits de bois certifiés pour la construction de mai­sons et toitures, matériaux d’isolation, étanchéité à l’air et au vent, et un assortiment restreint de parquet et bardages en bois. “Il n’est pas question de vendre tout et n’importe quoi”, déclare Peter Suys, le fondateur. “Je sais ce qui est important pour moi, ce que je veux faire et où je pense pouvoir faire la différence.”

Essor de la construction écologique

‘Est-ce que cela est rentable?’, est la première question qui vous vient à l’esprit à la lecture de cette introduction. La réponse est oui, selon Peter Suys, fondateur et propriétaire. “Pour 2018, nous visons un chiffre de 10 millions d’euros. Nous nous développons; la construction écologique a le vent en poupe. Il y a cinq ans, nous avons ouvert un deuxième établissement à Gand et il cartonne aussi. Tout le monde dans notre entreprise a de l’ambition; pas forcément pour croître, mais pour promouvoir au maximum la construction écologique.”

Travail de pionnier

Suys a un passé d’entrepreneur. Déjà alors, il voulait travailler le plus écologiquement pos­sible, mais cela n’était pas simple. “Les matériaux que je voulais utiliser, existaient bien, mais étaient difficilement disponibles. Presque personne ne les vendait et ceux qui les vendaient, n’avaient souvent pas de stock. Il fallait acheter par grosses quantités, par palette. Or, un entrepreneur achète les matériaux par projet. Peu à peu, j’ai remarqué que des collègues entrepreneurs se mettaient à acheter ces matériaux chez nous, car nous devions acheter de grosses quantités. Et c’est ainsi que j’ai ouvert un commerce en 1997.”

L’écologique gagne du terrain

“Il y a vingt ans, la construction écologique n’était pas une niche, elle était inconnue. Les matériaux que nous vendons et pour lesquels nous étions les seuls à l’époque, se répandent de plus en plus. Les panneaux de sous-toiture en fibre de bois, p.ex. On trouvera l’isolation en fibre de bois dans de nom­breux commerces de bois, surtout en Wallonie.”

Mission

Peter Suys a une mission. “Nous voulons faire en sorte que la construction en général soit plus durable. Nous entendons concrètement par là: une utilisation accrue de matériaux de construction d’origine écologique. C’est pourquoi nous utilisons de plus en plus la construction en bois. En vingt ans, les choses ont déjà beaucoup évolué, en grande partie aussi grâce à notre travail de pionnier. Mais il y a encore un long chemin à parcourir.”

Formations

“Les professionnels, et il y a malheureusement aussi de plus en plus d’autoconstructeurs, doivent aussi bien exécuter ce travail. Ils doivent utiliser les bons matériaux pour la bonne application, et les utiliser de la bonne manière. La formation est essentielle. Et nous tentons de jouer là-dessus aussi. Nous collaborons avec le RTC et les organisations faîtières d’écoles afin d’avoir le plus d’impact possible. Par ‘malheureusement plus d’autocon­structeurs’, j’entends: malheureusement pour les entrepreneurs et pour nous. Nous consacrons énormément de temps aux conseils. Les conseils à un entrepreneur profitent longtemps au secteur, tandis que les conseils à un particulier ne servent que pour son propre projet. L’exécution est, elle, généralement, très bonne, car les autoconstructeurs écologiques sont généralement aussi très motivés et intéressés.”

Coque de bâtiment isolante

“Notre troisième objectif est une coque de bâtiment isolant mieux que cela n’est le cas aujourd’hui. Je suis aussi un des membres fon­dateurs et suis administrateur de la Passiefhuis Platform, rebaptisée Pixii. Nous investissons énormément dans les formations et le transfert de connaissances pour rendre ceci possible.”

ASSORTIMENT

Une telle vision écologique implique donc aussi un assortiment écologique. “Notre assortiment est axé sur la coque du bâtiment, avec une offre limitée de finition correspondante. Il consiste concrètement en bois et produits de bois pour la construction d’habitations et de toits, les matériaux d’isolation allant avec, et l’étanchéité à l’air et au vent. Nous avons aussi des bardages de façade en bois certifié et traité thermiquement, et une gamme limitée de parquet en bois certifié FSC.”

Matériaux d’isolation écologiques

“Il y a entre-temps de nombreux matériaux d’isolation écologiques. Un grand groupe est composé de dérivés de fibres de bois. Un deuxième groupe est le lin, un troisième le coton recyclé, et un quatrième l’isolation en liège expansé, en panneaux ou en grains. Nous ne vendons pas de mousse PU, mais seulement des matériaux renouvelables. Il y a quelques exceptions, comme un film pare-vapeur, un film d’étanchéité à l’air. Il est évidemment en matière synthétique. Mais le PU, la laine de verre, la laine de roche, les choses d’origine minérale: nous n’en vendons pas. Tout pour les sous-toitures est en fibre de bois. Nous ne proposons pas non plus de matériaux de couverture de toiture. Il y a peu de possibilités écologiques – ce qu’on voit ces derniers temps, c’est p.ex. le bardage de façade en bois continuant vers le toit, mais cela est plutôt exceptionnel.”

Pas forcément plus cher

Quand on demande si ces produits sont tou­jours plus chers, la réponse est un ‘non’ convaincu. “Parfois bien, parfois pas. Il n’y a pas de règle. Nous avons des produits plus chers et moins chers, selon le type et la marque. Il y a quelques différences entre les produits écologiques et les autres. Une différence essentielle est l’origine renouvelable d’exploitation certifiée. On ne lésine donc ni sur le travail, ni sur le capital pour veiller à ce que, lorsqu’une forêt est exploitée, une forêt pousse à nouveau à cet endroit par la suite, ce qui permet une nouvelle récolte. Lorsque des matières premières sont extraites du sol, personne ne fait quoi que ce soit pour les y remplacer. Quel en est le coût? Nous dévorons nos ressources et nous ne payons pas pour faire en sorte d’en faire apparaître de nouvelles. Dans le cas du lin et du chanvre, on sème à nouveau.”

“Pour les commandes lointaines, je renvoie au moins aussi souvent à un collègue plus proche. Si je dois livrer dix-huit plaques de fibres-plâtre à Louvain, est-ce écologique?”

Egalement des pellets

“Nous proposons aussi des pellets, car nous regrettons que beaucoup de pellets viennent actuellement de l’autre bout du monde. Nous proposons les produits d’un producteur local, qui achète son bois dans un rayon d’env. 150 km autour de son usine. Nous considérons plus ceci comme un service supplémentaire à nos clients: leur permettre d’acheter des pellets un peu plus durables. Les pellets ne sont pas l’option la plus écologique. On a certes une meilleure combustion contrôlée et donc moins de substances nocives se dégageant, et il s’agit en principe d’un sous-produit. Mais il est absurde, et on le voit de plus en plus, de penser qu’une seule source d’énergie, technique ou famille de matériaux constitue la solution pour tout. Il est premièrement très difficile de définir ce qui est bon pour quoi, c’est une argutie. Il n’y a pas une solution unique, et il n’y en aura pas non plus demain. Et dix ans plus tard, ce sera à nouveau autre chose.”

Importance de l’engagement

“Il faut s’efforcer de rester à la page. Garder les yeux ouverts, regarder autour de soi, se rendre à des salons, suivre la presse spécialisée. En restant assis toute une journée à votre bureau, vous ne voyez et n’apprenez rien. J’ai aussi fait partie de nombreuses commissions techniques où on découvre de nouvelles choses. En tant qu’entrepreneur, vous ne passez pas la journée à votre bureau, pour rentrer chez vous quand il est l’heure, et re­garder la télévision. Pas toujours pour gagner de l’argent: beaucoup de ce que j’ai fait, n’était pas payé. Mon engagement dans les associations professionnelles, la création et l’administration de la Passiefhuis Platform, je ne suis pas payé pour cela. Quand je me rends à un salon, cela me coûte de l’argent, et je n’y vais pas non plus seul. Je peux compter sur des collaborateurs motivés proposant aussi des idées. Vous avez ainsi un dialogue permanent au sein de votre entreprise, et c’est une bonne chose.”

SERVIR LES CLIENTS

“Nous avons énormément de stock des matériaux que j’ai énumérés. Je trouve stupide de proposer plein de choses dans votre dépliant, que vous n’avez pas en stock. Vous décevez ainsi vos clients. Ce sont les clients qui comptent. L’un préfère ceci, l’autre cela. Ce n’est jamais non plus rationnel, il y a toujours une part d’émotion. Je veux dire par là que cela n’a pas de sens de pointer les clients du doigt et d’être doctoral. Vous devez, en revanche, veiller à être visible; un client n’achètera pas ce qu’il ne connaît pas. Votre offre doit deuxièmement aussi être disponible; le seuil ne doit pas être trop haut. L’aide est importante; c’est pareil pour un commerce de matériaux de construction que pour la supérette du coin. Le suivi de votre commande – la livraison, la facturation – doit également être bon. L’époque où on pouvait se permettre de chipoter un peu, est heureusement révolue.”

Salle d’exposition

En raison de cette visibilité, Eurabo a aussi un petit show-room. “Dans notre cas, il ne doit pas être bien grand. Nous sommes en train de construire un nouveau bâtiment. Il sera plus spacieux, mais l’espace supplémentaire ser­vira de réserve. La visibilité est surtout garantie par notre site web et nos formations. Je ne vais tout de même pas me mettre à vendre tout et n’importe quoi. Je sais clairement ce qui est important pour moi, ce que je veux faire et où je pense pouvoir faire la différence. Si je vendais aussi de l’acier, des enduits, des produits en plastique ou des tuyaux, je perdrais ma mission de vue.”

SITE WEB

“Une autre manière encore d’accroître la visibilité est le site web. Il remporte un franc suc­cès, avec 20.000 à 25.000 visiteurs par mois. Nous envoyons souvent une lettre d’information; elle est ouverte dans une assez im­portante mesure. Nous participons à BIS et tous les trois ans à ProWood. Avant, nous avions aussi le salon de la Passiefhuis Platform. Pour le reste, les formations sont importantes: nous attirons plus de mille personnes.”

“Il n’est pas question de vendre tout et n’importe quoi”

E-commerce

“Nous nous soucions aussi de l’e-commerce, mais lorsque je fais quelque chose, je ne le fais pas à moitié. Si je propose quelque chose en ligne, je trouve que cela doit être fluide pour le client, mais cela n’est possible que si tout est fluide pour nous aussi en interne. L’histoire en ligne doit sans aucun doute être complètement intégrée dans l’histoire hors ligne. Nous y sommes pour ainsi dire, et nous développons maintenant un nouveau site web avec la possibilité de commander. Je veux que mes clients puissent, lorsqu’ils savent ce qu’ils veulent, s’enregistrer comme client, avec commande de livraison et de paiement, et établir jour et nuit une offre pour eux-mêmes et passer une commande, en sachant quand est prévue la livraison.”

FICHE
• nom: Eurabo;
• sites: Renaix et Gand;
• fondée: 1997;
• personnel: 25 temps plein;
• part de clients particuliers: 10 à 15%;
• services supplémentaires: transport, conseils, envoi sur mesure;
• objectif de chiffre d’affaires 2018: 10 millions d’euros.

Rayon de livraison limité

Ici non plus, Suys ne perd jamais la mission de l’entreprise de vue. “Notre site web est si connu que nous recevons des demandes de France et des Pays-Bas. Parfois, nous répondons à ces demandes, mais je renvoie au moins aussi souvent à un collègue plus pro­che. Si je dois livrer dix-huit plaques de fibres-plâtre à Louvain, est-ce écologique? Il y a assez de possibilités à proximité. Nous vendons aussi des poutres et chevrons, mais vous pouvez en acheter partout. Cela vaut mieux pour mon client, et je suis moi-même ma propre mission, si je dis: ”Vous devriez plutôt faire autrement.” Ou: ”Ce que vous deman­dez pour cette application, n’est pas une bonne idée, ou c’est de l’overkill.” Je ne vends pas pour vendre.”

NOUVEAU SITE

“Nous sommes en train de construire sur un nouveau site, et nous tenons là aussi à travailler de manière écologique. Le bureau est construit en bois et nous allons utiliser une technique hybride très novatrice pour la dalle d’étage, alliant bois et béton. Le chauffage et le refroidissement sont assurés par activation du noyau de béton, avec une pompe à cha­leur à géothermie. Pour les bâtiments industriels, nous avons opté pour une solution mixte: du béton pour les fondations et du bois pour la structure du toit. Il y aura une installation PV limitée pour la consommation du bureau, et nous sommes en train d’examiner si nous pourrions placer une plus grosse instal­lation pour la consommation de toute l’entreprise.”

Bornes de recharge

“J’ai plaidé pour une place centrale pour les bornes de recharge rapide pour les voitures électriques, au lieu de chacun sur son propre terrain. Cela est plus intéressant d’un point de vue économique, vous pouvez aussi la mettre à la disposition du public le week-end. Ce n’est pas parce que nous vendons des matériaux naturels que nous ne trouvons pas la technologie importante. En faisant de telles choses, vous pouvez rendre cette technologie abordable et lui permettre de se répandre. Ce que nous vendons existe déjà, nous ne l’inventons pas. Seulement, ces produits étaient si difficilement disponibles que personne n’en faisait rien. Méconnus, difficiles à obtenir, et trop chers. Il fallait y remédier, hein? La législation doit suivre, mais les gens aussi. Pour ces bornes de recharge centrales, je reçois les remarques: ”Oui, mais alors, les gens doivent marcher cinq minutes!” Oui, et alors? Je le vois ici aussi: nous avons des places de parking, mais même chez nous, les gens rou­lent jusque devant la porte, descendent et lais­sent le moteur tourner. Ils m’entendent alors!”

AVENIR

Suys envisage l’avenir avec optimisme. “Nous continuons de chercher dans la branche des produits complémentaires intéressants. Cela ne fait pas très longtemps que nous proposons les granulats en mousse de verre, on n’en trouve pas encore partout. Nous ne vendons aussi du liège que depuis deux ans et nous venons seulement de débuter la vente d’isolation en coton. Je sens spontanément plus de demande de poutres lamellées, alors que nous ne les promouvons pas. Mais je ne nous vois pas vraiment évoluer vers un commerce de matériaux de construction proposant de tout. Tout le monde peut très bien gamberger quant à l’avenir, ce n’est pas mon truc. Croyez en quelque chose, battez-vous pour cela, essayez d’avancer. Si vous êtes confronté à des difficultés, regardez quelles sont les opportunités, et saisissez-les. Cela peut être aussi simple que cela.”