"Une communication claire est essentielle"
Christophe Serneels remporte le Groenaannemer-award 2021
Pour l'aménagement du cadre de verdure autour du nouvel hôtel de ville de Beveren, Christophe Serneels a reçu le Groenaannemer-award 2021 du VLAM et de la VVOG (l'association pour les espaces verts publics). "Nous avons misé sur l'harmonie avec le bâtiment."
un Plan de plantation mûrement réfléchi
"Nous avons reçu la demande de Democo sa, qui était responsable de la construction de la nouvelle maison communale", explique Christophe Serneels, concepteur de jardins. "Nous avions déjà travaillé avec eux au ZOO d'Anvers. Ils étaient satisfaits de notre travail et cherchaient quelqu'un pour embellir la maison communale de Beveren. Ce projet avait été dessiné par un architecte. Or un architecte a moins le sens de la verdure, si bien que le service des espaces verts de Beveren a insisté pour que l'on fasse appel à un concepteur de jardins. C'est ainsi qu'est née une coopération très agréable."
Serneels n'a pas hésité à prévoir des zones de verdure supplémentaires dans le projet. "Au départ, il y avait à l'extérieur de grandes zones bétonnées avec très peu de verdure. Nous avons essayé d'exploiter au maximum les espaces qui nous étaient impartis. Résultat: la commune reçoit maintenant beaucoup de réactions positives. Elle trouve que le résultat est beau et coloré. Il se marie très bien avec l'imposant bâtiment."
CHOIX DES PLANTES
A l'entrée du centre administratif, Serneels a prévu une grande zone de plantation avec des arbres, des arbustes, des graminées et des plantes vivaces, ainsi que deux pièces d'eau. Le parking a également été reverdi avec des variétés de Prunus aux couleurs variées et des plantations basses attrayantes. Côté nord, Serneels a créé un jardin ombragé avec des plantes basses à feuilles persistantes et des Parrotia persica multi-troncs, qui donnent une belle couleur automnale. L'entrée vers la Gravenplein est devenue une allée, avec de larges bandes de Prunus lusitanica des deux côtés et avec des Acer rubrum. La clôture du parking de la police a été végétalisée avec de la vigne sauvage.
"Nous avons fait écho au rouge des briques dans notre choix de plantes, même en ce qui concerne la décoloration. Du début du printemps à l'automne, il y a toujours quelque chose de beau à voir – et nous avons prévu suffisamment de plantes à feuilles persistantes pour l'hiver. Pour séparer le chemin piétonnier de la piste cyclable, nous ne nous sommes pas contentés de planter une haie: nous voulions faire quelque chose de différent. C'est pourquoi nous avons travaillé avec des herbes affichant un éclat rouge. De cette façon, nous avons voulu créer un ensemble harmonieux."
Les défis du ZOO d'Anvers
Christophe Serneels aime les défis créatifs. Cette créativité était indispensable pour relever les défis spécifiques posés par la rénovation du ZOO d'Anvers. "Le zoo d'Anvers a été conçu à l'origine comme une sorte de jardin botanique. Au fil des ans, l'aspect végétal s'est atténué et le but était d'y remédier. C'est pourquoi l'endroit possède maintenant une variété de plantes que l'on ne trouve pas dans un jardin normal. En revanche, les vraies plantes tropicales sont difficiles à obtenir à cause du climat d'ici. Il faut donc simuler. Nous avons placé de la vigne sauvage contre les grillages, par exemple. Cette plante grimpe et à un moment donné, elle pend comme une liane."
"On ne peut pas épandre de l'engrais dans un zoo"
"L'interaction entre les plantes et les animaux est également fascinante: dans le biotope des oiseaux, les échassiers se promènent au milieu des gens. La concertation avec le zoo a été cruciale dans le choix des plantes. Dans un jardin normal, par exemple, on épand de l'engrais, mais dans un zoo, c'est impossible: les oiseaux le mangeraient. Les suricates vivent dans des galeries, nous les avons faites avec des tuyaux de drainage. Il fallait que les arbres soient suffisamment grands tout de suite, ce qui a nécessité un transport spécial. Dans le centre d'Anvers, cela n'a pas été facile. Ailleurs, on trouve des faux rochers fabriqués par des artistes. Nous sommes très bien placés pour relever ce genre de défi. Nous avons les gens pour ça."
L'importance des bonnes personnes
Actuellement, Serneels travaille avec vingt employés fixes, ainsi qu'avec un grand nombre d'entrepreneurs de confiance. "Nous collaborons depuis des années. Quand j'ai besoin de quelqu'un, je ne vais pas le chercher sur le marché. Chacun a sa spécialité: l'arrosage, le travail du sol, le pavage... J'ai commencé en 1993, en me lançant dans l'architecture de jardin, et j'ai grandi systématiquement. Je n'ai pas commencé avec l'idée que je deviendrais très grand; c'est arrivé tout naturellement. Aujourd'hui, nous construisons des piscines complètes, avec nos propres techniciens, mais nous nous sommes également lancés dans les petits étangs. En revanche, nous n'effectuons pas l'entretien de tout ce que nous avons construit, nous n'y arriverions pas."
"Si quelqu'un venait me demander un jardin sur 2 m2, je ne refuserais pas"
"Ces jours-ci, nous réalisons beaucoup de grands projets, mais je ne refuse aucun travail. Si quelqu'un venait me demander un jardin sur deux mètres carrés, je ne refuserais pas. C'est toujours un défi d'en faire quelque chose de chouette: cela ne fait qu'élargir le regard. De cette manière, on entre en contact avec d'autres architectes de jardin et on apprend les uns des autres." Serneels pense donc qu'il n'a pas de concurrents. "Je n'ai absolument aucun problème à dire que quelqu'un a créé un beau jardin. Tout le monde y a droit – et c'est ce que j'ai toujours pensé. Ce n'est pas le travail qui manque dans notre secteur. Ça aide. Je n'ai jamais besoin de faire de la publicité. Notre site web est désuet. Nous ne sommes pas sur les réseaux sociaux. Nous n'avons tout simplement pas de temps pour ça. Même avec 20 employés, je suis toujours impliqué dans chaque projet. Je ne pourrais pas me passer de cette créativité."
CRÉATIF SUR DEUX MÈTRES CARRÉS
Christophe Serneels a déjà réalisé une création sur deux mètres carrés. "C'était un balcon. Il y avait un carrelage standard sur des plots. Nous l'avons enlevé et nous avons installé des planches en bois. Nous avons fait un banc d'un côté et de l'autre côté, un pot de fleurs en pierre bleue fabriqué sur mesure, des plantes grimpantes contre le mur, d'autres petits pots pour rendre l'endroit plus accueillant, une lampe sur la façade, et c'est tout. Le prix au mètre carré est alors assez élevé. (rires) La logistique n'est pas facile non plus, surtout s'il n'y a pas d'ascenseur, comme c'était le cas ici."
Tendances
Quelles sont les tendances en matière de design que Christophe Serneels perçoit? "Nos jardins sont principalement caractérisés par le principe du 'less is more': des ondulations douces dans les plantations. Les haies rigides d'autrefois ont disparu. Nous travaillons beaucoup avec des massifs à feuilles persistantes, quelques hortensias ou toute autre végétation donnant une fleur. Je choisis souvent des plantes solitaires: il s'agit de beaux arbres multi-troncs qui attirent le regard, qui fleurissent à des moments différents, qui offrent de magnifiques couleurs d'automne. Dans un projet, nous privilégions toujours les formes, puis les plantes et les matériaux. Ce qui m'a particulièrement frappé depuis le corona, c'est que beaucoup de gens sont devenus plus conscients de leur jardin et veulent les - faire - embellir. Je pensais que la tendance s'atténuerait après les confinements, mais pour l'instant le nombre de demandes reste stable."
Planification et communication
Autre tendance: le téléphone, qui n'arrête pas de sonner chez Serneels. "Pourtant, je ne refuse jamais un chantier. Je suis toujours très honnête avec mes clients. Nous travaillons avec un planning assez strict; si nous ne pouvons commencer qu'après six mois, je le dis franchement. C'est ensuite au client de décider s'il souhaite ou non s'adresser à une autre partie. Un calendrier serré est crucial. Les clients sont satisfaits si vous respectez vos accords. Il y aura toujours ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas attendre, mais ils peuvent prendre eux-mêmes la décision d'aller ailleurs."
"Nous travaillons de manière plus structurée qu'auparavant. Notre personnel dispose de sa propre tablette et place les photos du projet dans le bon dossier client immédiatement après une visite. Des photos des chantiers sont prises tous les jours – pratique si quelque chose ne va pas par la suite: on peut alors intervenir immédiatement. C'est aussi pratique pour moi. J'essaie de passer sur chaque chantier tous les deux jours si je ne peux pas le faire, je suis quand même informé afin de garder le contact avec le client et les employés."
Pénurie de matériaux
Serneels n'échappe pas non plus aux pénuries de matériel. "Nous pouvons encore trouver tous les matériaux dont nous avons besoin, mais les prix ont flambé récemment. Cela ne peut pas continuer car cela aura probablement un effet sur l'emploi encore plus néfaste que le corona. Je peux comprendre qu'il y ait une certaine pénurie mais certains en profitent aussi. Au bout d'un moment, les gens vont laisser tomber. C'est déjà le cas. Nos offres sont nécessairement assorties de prix quotidiens. Nous achetons des matériaux, même si nous ne pouvons les utiliser que dans trois ou quatre mois, afin d'être sûrs de pouvoir maintenir le prix. Nous le communiquons clairement. Le client en paie aussi une petite partie. De cette façon, il est impliqué dans le projet. Une communication claire est d'une importance vitale; je m'occupe chaque jour de la planification et de la communication. Ainsi, nos chantiers ne s'éternisent pas: c'est mieux pour le client et pour nous."