Une innovation qui a de l'impact: e5 remporte le Prix Mercure 2025
Lors d'une cérémonie festive le 15 octobre, Comeos, la fédération du commerce et des services, a décerné à e5 le prix Mercure 2025. Depuis plus de 35 ans, ce prix prestigieux met en lumière les détaillants qui font la différence grâce à des idées novatrices. Non seulement pour leur entreprise, mais aussi pour l'ensemble du secteur et de la société.
Innovation et impact
L'édition de cette année était placée sous le signe de l'innovation et de l'impact. Un jury d'experts du commerce de détail, dirigé par le professeur Gino Van Ossel (Vlerick Business School), a choisi le lauréat final parmi les neuf lauréats les plus brillants. "Ce qui ressort cette année", déclare Van Ossel, "c'est l'applicabilité concrète des innovations. Pas de grands projets de R&D abstraits, mais des solutions tangibles qui répondent aux besoins de la société, aux attentes des clients et à la durabilité. Qu'il s'agisse de vêtements circulaires, d'aliments frais pour animaux, d'e-mobilité ou de magasins neutres sur le plan énergétique, les lauréats prouvent que l'innovation aujourd'hui est avant tout une question de pertinence et de détermination."
Le Prix Mercure est depuis longtemps considéré comme un baromètre de l'innovation dans le commerce belge. Chaque année, il rassemble des projets inspirants qui montrent comment les détaillants restent flexibles dans un monde en mutation, sans perdre de vue leurs clients ou leurs valeurs. En couronnant e5, Comeos réaffirme que l'avenir du commerce de détail n'est pas seulement numérique, mais aussi durable, axé sur les personnes et socialement pertinent.
e5: la circularité intégrée dans le fonctionnement
e5, la chaîne de magasins de mode dont le siège se trouve à Sint-Niklaas, a reçu le Prix Mercure pour sa vision ambitieuse de la circularité. Il ne s'agit pas d'un projet de développement durable distinct, mais d'une stratégie intégrée impliquant les clients, les employés et les fournisseurs. L'élément central est la 'stratégie Refive': un modèle circulaire avec lequel e5 collecte, récupère, réutilise et recycle les vêtements. Chaque année, la chaîne collecte plus de 800.000 kilos de vêtements, soit plus de trois millions d'articles. La plupart d'entre eux connaissent une nouvelle vie ou sont réintroduits dans les magasins grâce à la collaboration avec Oxfam.
"Chez e5, nous voulons maximiser l'impact positif de la mode. Nous concevons et vendons des vêtements que les gens aiment et portent longtemps", explique Peter de Sutter, directeur général. "Grâce à l'écoconception, à la mode sans âge et à notre service de réparation, nous contribuons à un secteur plus durable. En tant que seul détaillant de mode net positif en Belgique, nous remettons plus de vêtements en circulation par l'intermédiaire de Refive que nous n'en vendons nous-mêmes. Cette reconnaissance est une énorme motivation pour continuer à innover."
Le jury a particulièrement salué l'exhaustivité du concept. "Leur stratégie va bien au-delà de la simple collecte: ils prolongent la durée de vie des vêtements par la réparation et la réutilisation, s'engagent à recycler les vieux matériaux pour en faire de nouveaux produits et créent en même temps une valeur ajoutée sociale grâce à leur partenariat avec Oxfam. Ils ont intégré la circularité dans leur fonctionnement d'une manière qui a un sens commercial et social", indique le rapport du jury.
Pascal De Greef: le secteur du commerce de détail à un point de basculement
La remise du prix Mercure a également été l'occasion pour le nouveau PDG de Comeos, Pascal De Greef, de faire ses débuts en public. Il est à la tête de l'une des principales fédérations sectorielles du pays depuis le 1er octobre. De Greef est un cadre expérimenté dont la carrière s'étend sur plus de 32 ans dans divers secteurs, notamment les services, le commerce électronique, la logistique et la vente au détail. Il a occupé des postes dans les domaines de la finance et de la gestion générale, et est connu pour son leadership fort, sa vision stratégique et sa gestion énergique des parties prenantes, selon Comeos.
Le conseil d'administration l'a chargé de guider Comeos à travers un avenir difficile. "C'est un grand honneur de recevoir la confiance de Comeos", a déclaré De Greef. "Avec l'équipe et les membres, je veux continuer à construire un commerce fort et tourné vers l'avenir en Belgique: dynamique, innovant et durable."
Il a souligné que le secteur du commerce de détail se trouve à un point de basculement: confiance fragile des consommateurs, pression sur les marges, pression sur le pouvoir d'achat... Il a déclaré que les modèles qui ont fonctionné pendant des années ne sont plus suffisants. Il a appelé à un changement de mentalité dans le secteur: "L'innovation n'est pas un mot à la mode, mais un état d'esprit", a-t-il déclaré. "Trop souvent, j'entends dire que l'innovation est synonyme de numérisation, mais ce n'est pas le cas. L'innovation, c'est la capacité que vous avez, en tant que détaillant, d'accepter le changement."
Il a également souligné qu'une concurrence loyale reste une exigence fondamentale pour un marché sain. L'afflux de colis bon marché en provenance d'Asie, souvent sans normes de qualité ou de respect de l'environnement, compromet l'égalité des conditions de concurrence. Il a donc appelé à davantage d'investissements dans les technologies intelligentes qui rendent le contrôle plus efficace.
JBC: la durabilité est un avantage concurrentiel
Le fait que la circularité ne soit pas une tendance temporaire est également prouvé par Bart Claes, PDG de JBC et lauréat du Prix Mercure 2024. "Avec notre initiative JBC Re-Nouveau, nous rachetons à nos clients des vêtements d'enfants de seconde main", explique-t-il. "Nous n'acceptons que nos propres marques, ce qui nous permet d'être sûrs de la qualité et de donner une nouvelle vie aux vêtements au niveau local. Nous n'envoyons rien à l'étranger, nous le revendons sur le marché belge."
Le projet, qui a débuté en 2023, compte aujourd'hui neuf pop-ups répartis dans toute la Flandre. Toutes les pièces sont soigneusement contrôlées, réutilisées ou transmises. "La durabilité commence par la qualité", affirme Claes avec détermination. Au total, plus de 223.000 vêtements pour enfants ont déjà connu une deuxième, voire une troisième vie.
Selon Claes, la reconnaissance du Prix Mercure a donné à son équipe l'énergie nécessaire pour continuer à construire sur ce modèle circulaire: "Pour nous, la circularité n'est pas une mode, mais un système qui fonctionne pour le client, la planète et l'entreprise."
Heleen Buldeo Rai: la facilité stimule la vague de retours
Lors de la cérémonie de remise des prix, le professeur Heleen Buldeo Rai (VUB), membre du jury et experte en logistique durable, a apporté de nouvelles informations sur le comportement des consommateurs en ligne.
Ses recherches dans dix pays européens montrent que les consommateurs belges retournent en moyenne quatre achats en ligne par an. C'est moins qu'en Allemagne (une dizaine), mais c'est tout de même important. Les jeunes citadins en particulier semblent être des 'serial returners': ils retournent plus de la moitié de leurs commandes. Selon Buldeo Rai, la raison réside dans le comportement d'achat et la culture de la facilité. "De nombreux consommateurs utilisent leur salon comme cabine d'essayage. "Tant que les retours resteront gratuits et fluides, ce comportement ne changera pas. La solution réside dans une meilleure information sur les produits, une plus grande transparence sur les tailles et les coupes, et une communication claire sur l'impact des retours."
Elle a appelé à une plus grande collaboration entre les détaillants et les chercheurs afin de traduire les connaissances comportementales en solutions concrètes. "La durabilité dans le commerce électronique ne concerne pas seulement l'emballage ou le transport, mais aussi la manière dont nous apprenons à choisir en tant que consommateurs."
Selon Buldeo Rai, il y a là une grande opportunité pour le marché belge. "Les détaillants qui gèrent activement les flux de retour peuvent non seulement réduire leurs coûts, mais aussi réduire de manière significative leur empreinte écologique", a-t-elle déclaré. Elle a cité des exemples de boutiques en ligne qui ont expérimenté des cabines d'essayage virtuelles ou qui ont donné plus de contexte aux tableaux des tailles, ce qui a permis de réduire les retours de plus de 20%. "Le défi ne consiste pas à les interdire, mais à guider intelligemment le comportement des consommateurs. Ceux qui y parviendront rendront la durabilité tangible et rentable."
