Tendances alimentaires 2025 : visions croisées de Carrefour et Delhaize

Lors du salon Saveurs et Métiers, dans le cadre du programme de conférences, deux experts du Retail ont partagé leur vision sur l’évolution du secteur alimentaire en 2025. Bertrand Moreau, Responsable Boucherie chez Carrefour, et Anastasia Vanherrewegen, Category Manager Beverages chez Delhaize, ont abordé les catégories en croissance, l’impact de l’innovation, le développement durable et les nouveaux comportements des consommateurs. Voici les principaux enseignements à retenir de leurs interventions respectives.
Des catégories de produits en pleine mutation
Le secteur alimentaire évolue sous l’effet de nouvelles attentes et de contraintes extérieures. Selon Anastasia Vanherrewegen et Bertrand Moreau, plusieurs grandes tendances se dégagent pour 2025.
Dans les catégories qui ont le vent en poupe, on retrouve l’essor des boissons sans alcool et alternatives aux spiritueux. Il y a bien entendu des campagnes comme Dry January et Tournée Minérale, mais en fait tout au long de l’année on peut constater que la consommation d’alcool diminue au profit des softs et mixers non alcoolisés.
Également, les produits fonctionnels connaissent un fort développement. Parmi ce segment, on retrouve des innovations enrichies en vitamines, en collagène ou en protéines. On retrouve plusieurs exemples dans différentes catégories telles que le frais, les biscuits ou encore la bière.
Dans le futur proche, on observe également que le plantbased devient une norme. Delhaize comme Carrefour constatent que les ventes de produits végétaux surpassent désormais celles des alternatives conventionnelles. Dans le segment de la viande, lorsque l’on observe les alternatives, ne pensons en revanche pas encore aux alternatives à base d’insectes ou encore à la viande cultivée en laboratoire.
Enfin, une autre grande tendance à pointer est le concept de “sharing dinner” : un modèle inspiré des tapas, où l’on partage plusieurs petites portions, permettant une consommation plus variée et une réduction du gaspillage alimentaire.
Ces évolutions des catégories sont toutefois influencées par des facteurs climatiques. Les pénuries de certaines matières premières comme les oranges ou le café, dues aux conditions météorologiques et géopolitiques, imposent une adaptation constante.

L’innovation reste clé
Les acheteurs s’accordent pour dire que l’innovation joue un rôle clé dans l’alimentation de demain.
De son côté, Bertrand Moreau a mis en avant l’importance de maîtriser la matière première pour optimiser les coûts et garantir la qualité. Également, il a souligné qu’en boucherie différentes actions innovantes vont viser à optimiser la catégorie et améliorer l’expérience consommateur. Tout d’abord, il y aura la valorisation de morceaux oubliés en boucherie, comme la poire, l’araignée ou le merlan, afin de proposer de la variété et ne pas proposer que du steak haché en rayon.
L’innovation passe aussi par le packaging, notamment avec des emballages sous azote prolongeant la conservation et intégrant des conseils de cuisson et de traçabilité détaillée sur les étiquettes.
Vers une consommation plus durable
Bien entendu, le développement durable est un enjeu majeur pour tout retailer en 2025. Les équipes continueront de travailler sur la réduction du plastique, des émissions carbones et bien entendu la diminution du gaspillage alimentaire via plusieurs initiatives.
Comme exemple, on peut citer le test de la réutilisation des surplus alimentaires pour nourrir des larves de mouches, transformées en nourriture pour animaux, dans une logique d’économie circulaire.
Une autre initiative à citer est l’éducation des consommateurs. Celle-ci passera via des campagnes de sensibilisation, l’implication d’influenceurs et la publication d’ouvrages culinaires qui proposent des recettes saines et abordables.
Un marché en pleine transformation
Au-delà de 2025, les deux experts anticipent que le plantbased continuera de croître, la premiumisation de l’alimentation sera également toujours recherchée par les consommateurs, les produits fonctionnels gagneront encore du terrain… en clair les tendances énoncées ne s’éteindront pas. Mais ces tendances seront également façonnées par des contraintes externes. L’influence des crises climatiques et politiques risque de forcer les consommateurs à se tourner vers des alternatives alimentaires.
De tous ces éléments, il vous faut retenir que les tendances alimentaires de 2025 montrent un consommateur plus conscient, en quête de produits sains, durables et innovants. Si l’évolution des catégories repose sur des préférences générationnelles et sociétales, elle dépend aussi des stratégies des distributeurs pour allier qualité, accessibilité et engagement environnemental. Les acheteurs, véritables chefs d’orchestre du secteur, doivent anticiper ces mutations en collaborant étroitement avec les fournisseurs, en explorant de nouveaux modèles de consommation et en adaptant leur offre aux réalités du marché.