Innovations et défis vers un cycle circulaire des emballages
La révolution de l'emballage durable allie fonctionnalité et respect de l'environnement
En moyenne, chaque Européen produit près de 180 kg de déchets d'emballage par an. Il faut abattre de nombreux arbres et puiser beaucoup de pétrole pour produire des emballages alimentaires en papier et en plastique. Afin de réduire les déchets et l'impact sur l'environnement, les législateurs, les producteurs et les consommateurs se tournent de plus en plus vers des solutions durables. Bien que de nombreuses alternatives soient déjà disponibles sur le marché, il reste encore un long chemin à parcourir pour parvenir à une circularité totale.
La fonctionnalité avant tout
Il semble presque impensable de commercialiser des produits alimentaires sans emballage. En effet, l'emballage offre une protection cruciale aux produits alimentaires, non seulement en termes de sécurité alimentaire, mais aussi en termes de possibilités de distribution. En outre, l'emballage alimentaire joue un rôle de communication important vis-à-vis des consommateurs. Toutes ces exigences requièrent donc des solutions d'emballage spécifiques.
Une approche écologique va encore plus loin et crée une interaction harmonieuse entre fonctionnalité et durabilité. Alors que divers matériaux et revêtements barrières garantissent la qualité et la conservation des aliments, on recense également divers développements durables tels que les mono-matériaux, le recyclage et la réutilisation. Il en résulte un équilibre optimal entre l'efficacité requise, d'une part, et la durabilité, d'autre part.
Refuse, reduce, reuse & recycle
Tout emballage, quel que soit le matériau dont il est constitué, a un impact écologique. Mais pour minimiser au maximum les dommages causés à l'environnement, on a élaboré le Packaging and Packaging Waste Regulation (PPWR). Ce règlement stipule que tous les emballages de l'Union européenne devront être réutilisables ou recyclables d'ici 2030. À cet effet, on a élaboré une stratégie de durabilité basée sur quatre piliers: refuse, reduce, reuse en recycle (refuser, réduire, réutiliser et recycler).
Grâce au développement de mono-matériaux, de techniques de recyclage innovantes et de scénarios de réutilisation, l'industrie évolue lentement mais sûrement vers un cycle circulaire des emballages
'Refuse' vise à éviter les formats d'emballage nocifs ou superflus. Afin de réduire les déchets, on a établi une liste d'emballages interdits d'ici 2030. Elle comprend entre autres les emballages en plastique pour les fruits et légumes pesant moins de 1,5 kg. 'Reduce' se concentre sur la réduction des (sur)emballages. Par exemple, l'amélioration des couches barrières ou la réduction du volume de l'emballage favorisent un meilleur recyclage, ce qui permet d'économiser une plus grande quantité d'émissions de CO2.
Enfin, 'reuse' et 'recycle' visent un cycle circulaire des emballages, où la durée de vie de l'emballage s'étend au-delà de la phase de consommation. En encourageant la réutilisation ou en optimisant les techniques de recyclage, on couvre l'ensemble de la chaîne de valeur. À long terme, il en résultera des matériaux d'emballage secondaires qui pourront remplacer les sources primaires tout en maintenant la qualité.
Les défis du recyclage pour une gestion durable des déchets
Bien que la Belgique figure parmi les premiers recycleurs d'Europe, le secteur doit encore relever de nombreux défis. Par exemple, chaque application de recyclage nécessite un flux de déchets distinct. Actuellement, le verre, le papier et 15 flux de déchets PMC sont collectés avec succès pour le recyclage en Belgique. Malheureusement, de nombreux matériaux sont encore jetés par erreur avec les déchets résiduels, comme les emballages biodégradables qui ne sont pas triés correctement ou le papier/carton sale et humide qui n'est pas adapté au recyclage selon les directives de tri belges.
En outre, le succès du recyclage dépend fortement des consommateurs qui, trop souvent, jettent encore tout ensemble dans le sac poubelle malgré la présence de matériaux séparables. Pour l'instant, le rPET est le seul matériau recyclé qui, selon la loi, peut être utilisé pour des applications alimentaires. L'industrie travaille donc activement sur des procédés de recyclage mécaniques et chimiques innovants. Par exemple, des recherches approfondies sont menées afin d'utiliser du PS recyclé et extrudé pour fabriquer des pots de yaourt ou des barquettes alimentaires durables.
La tendance aux mono-matériaux de couleur naturelle
En raison des problèmes de contamination et de détection dans les techniques de recyclage européennes actuelles, les emballages composés de plusieurs matériaux sont très difficiles à recycler. C'est pourquoi le marché est fortement orienté vers les mono-matériaux et les mono-couches, en particulier pour les emballages en plastique. Les produits fabriqués à partir d'un seul type de matériau et avec un minimum de composants supplémentaires, tels que les doubles couches et les étiquettes, sont non seulement plus recyclables, mais aussi plus respectueux de l'environnement.
En outre, l'utilisation de matériaux d'emballage noirs ou foncés complique le processus de tri de la technologie NIR. Plus la couleur de l'emballage est foncée, plus la détection est difficile et plus le risque que cet emballage finisse dans l'incinérateur est élevé. Ainsi, pour favoriser un processus de tri plus efficace, il est recommandé de privilégier les couleurs naturelles avec une couverture minimale de la surface d'emballage.
La boucle est bouclée grâce à la réutilisation
Le recyclage ne permet pas à lui seul d'atteindre l'idéal de durabilité pour les emballages alimentaires. En fait, il est également nécessaire de réduire l'utilisation d'emballages à usage unique et de développer des solutions d'emballage réutilisables. En réutilisant les emballages au moins trois fois pour la même application alimentaire, il est possible de réaliser des économies significatives sur les matières premières précieuses et les matériaux déjà extraits restent plus longtemps en circulation dans la chaîne. Il faut pour cela passer de la culture du jetable à la réutilisation.
Cependant, la réutilisation des emballages alimentaires se heurte à de nombreux obstacles. Par exemple, des processus de lavage sophistiqués sont nécessaires pour garantir la sécurité alimentaire. Cela nécessite des matériaux de haute qualité et des considérations logistiques, telles que des points de collecte en nombre suffisant. Aujourd'hui, les protocoles standardisés à cet effet sont loin d'être en place. Toutefois, à partir de 2030, un code QR indiquant la composition et les possibilités de réutilisation sera apposé sur les emballages des consommateurs.
Bioplastiques: une tromperie circulaire?
L'utilisation de bioplastiques dans les cycles d'emballage circulaires semble à première vue durable, mais il y a beaucoup de confusion à ce sujet. Les bioplastiques sont un terme générique pour des matériaux très différents. Alors que les plastiques biosourcés sont fabriqués (in)directement à partir de sources naturelles telles que la biomasse, la matière organique, le CO2 ou le CH4, les plastiques biodégradables ne sont biodégradables dans l'environnement qu'après consommation, sous l'influence de facteurs environnementaux tels que la température et l'humidité. Dans cette dernière catégorie, les emballages peuvent également être compostables, tant au niveau domestique qu'industriel.
Par définition, les plastiques biosourcés ne sont pas toujours biodégradables et vice versa. Cependant, les deux types peuvent contribuer à réduire les émissions de CO2 ou la demande de matières premières fossiles. Mais pour ça, les plastiques biosourcés, biodégradables et compostables doivent répondre à des conditions strictes. D'un point de vue juridique, le terme 'bioplastique' est donc incorrect et il est préférable de se référer à la composition biosourcée exacte ou au temps de dégradation des produits biodégradables.
Rethink: des techniques de conception durable
Pour développer des emballages alimentaires durables, il est essentiel d'utiliser les bonnes techniques de conception en mettant l'accent sur le recyclage, la réutilisation et la fermeture de la boucle. Ici, ce n'est pas seulement l'emballage fonctionnel qui compte, mais aussi tout le système d'utilisation qui l'entoure. L'analyse du cycle de vie (ACV) est donc la méthode de recherche de prédilection pour cartographier ce système du début à la fin. L'impact relatif de l'emballage alimentaire sur la durabilité est ensuite calculé pour chaque acteur de la chaîne de valeur.
La qualité d'une ACV dépend de la précision et de l'objectivité des données utilisées
Si les ACV sont incroyablement populaires et constituent un outil utile en théorie, le modèle de recherche est également fortement critiqué en raison des différentes méthodes de calcul. Alors que certaines calculent le cycle jusqu'à la porte de l'usine (cradle-to-gate), d'autres vont plus loin, jusqu'à la consommation (cradle-to-grave). En outre, la fonctionnalité de l'emballage n'est souvent pas prise en compte.
En d'autres termes, la qualité d'une ACV dépend de la précision et de l'objectivité des données utilisées. Par conséquent, le résultat dépend toujours du modèle choisi et des hypothèses formulées. En raison de l'absence de méthode normalisée, il est encore très difficile de comparer différents résultats de recherche et de garantir l'objectivité de l'ensemble.
En route vers le succès circulaire
Grâce au développement de mono-matériaux, de revêtements plus fins, de techniques de recyclage innovantes, de scénarios de réutilisation et même d'emballages intelligents dotés d'un passeport numérique, l'industrie évolue lentement mais sûrement vers un cycle circulaire pour les emballages. Sous l'influence de facteurs clés tels que le budget et la persuasion des consommateurs, l'avenir révélera quelles innovations conduiront finalement à des pratiques d'emballage durable bien établies et couronnées de succès.
En collaboration de AP Hogeschool Antwerp, Arteveldehogeschool, Fost Plus, Normec, Pack4Food et POM West-Vlaanderen
