« L’eau n’est pas un acquis, même en Belgique ! »
Article d’opinion par Tom Van Den Bosschelle, Responsable BeLux chez Xylem
Ouvrir un robinet pour se servir un verre d’eau, voilà un geste quotidien qui ne soulève aucune sorte d’inquiétude dans notre pays. Disponible à volonté et toujours propre, l’eau potable fait partie de notre mode de vie à tous. L’idée qu’il s’agit en réalité d’une ressource fragile que nous nous devons de préserver ne nous viendrait tout simplement pas à l’esprit. Et pourtant, l’eau est un privilège de pays riche. Son abondance dans les années à venir est menacée par un trio inquiétant : changement climatique, croissance démographique, et infrastructures vieillissantes. Alors que l’heure est au renouvellement des trois plans régionaux de gestion de l'eau, penchons-nous un instant sur les enjeux-clés de l’eau en Belgique.
L’eau, une ressource sous pression
Lorsqu’on aborde le sujet de l’accès à l’eau, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Un quart de l’humanité est actuellement confronté à un stress hydrique intense, et plus d’1,8 milliard de personnes vivront dans des zones de pénurie d’eau d’ici à 2025, soit dans… quatre ans. Impensable chez nous. Hormis des mesures ponctuelles en période estivale interdisant d’arroser la pelouse, de laver la voiture ou de remplir la piscine, le Belge n’est que rarement confronté à la problématique de l’eau. Pourtant, si la disponibilité et l’accès de l’eau connaissent une pression sans pareil dans les zones les plus arides du monde, la Belgique n’est pas épargnée.
En Flandre, on constate une baisse de la quantité d’eau disponible pour la récolte (eaux de surface) et l’extraction (eaux souterraines). Le volume d’eau potable produite a en effet connu une diminution de -5% depuis 2001. À Bruxelles, Vivaqua rapportait en 2019 que la production des captages gravitaires avait atteint le seuil le plus faible jamais enregistré avec une moyenne journalière sur l’année de -15% par rapport aux 12 années précédentes, conséquence directe de l’intensification des périodes de canicule que connaît notre pays.
Les réseaux d’eau, notre maillon faible
Outre la pression émanant du changement climatique et de l'augmentation démographique globale, qui constituent des menaces grandissantes pour la disponibilité et la distribution d’eau dans les années à venir, un point d’alerte important concerne ce qu’il se passe sous nos pieds. Plus de 100 000 kilomètres de canalisations sillonnent en effet notre sous-sol et celles-ci se font vieillissantes, leur pose datant majoritairement de la première moitié du 20ème siècle.
En Wallonie, bien que l’état du réseau - qui s’étend sur plus de 40 000 kilomètres de canalisations - soit stable depuis 2005, on enregistre une perte de 4 à 5 m³ d’eau potable par kilomètre et par jour. “ Les pertes annuelles en eau potable sur le réseau belge de distribution atteignent plusieurs dizaines de milliards de litres”, s’exclame Tom Van Den Bosschelle. “Ces pertes se répercutent sur le coût de l’eau pour les consommateurs. Ensemble, nous devons remédier à cela en remplaçant et en réparant les canalisations de la manière la plus efficace possible : à l’aide d’outils digitaux toujours plus précis”.
Vers une meilleure préservation de la ressource en eau
Malgré ces constats inquiétants, il y a de bonnes raisons d’être optimistes. Car nous sommes aujourd'hui mieux placés que jamais pour résoudre les grandes menaces liées à l'eau. Les solutions numériques permettent en effet aux services de distribution de réaliser des économies spectaculaires en matière d'eau, d'énergie et de coûts. L’analyse des données récoltées, combinée à des produits et des technologies fiables, permettent déjà de soulager des communautés du monde entier et pavent la voie vers un secteur de l’eau plus durable.
Partout dans le monde, les états se mobilisent, et il en va de même en Belgique. Entre 2013 et 2017, la Wallonie a investi 282 millions d’euros annuellement dans le secteur de l’eau, dont 122 millions pour le renouvellement du réseau d’eau d'adduction et de distribution. Dans la région de Bruxelles-Capitale, le montant des investissements sur le réseau de distribution est passé de 17,5 millions d’euros en 2016 à 21,2 millions en 2019.
Gageons que cet éveil des consciences, associé à une mobilisation de tous les acteurs de l’eau – pouvoirs publics, distributeurs, industriels – nous offrira cette opportunité unique pour résoudre, ensemble, le problème de l'eau.